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Exo "First love never dies" : Si je tombe...

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Message  Lizzie Sam 14 Juil 2012 - 17:12

Si je tombe...

Sœur, si jamais je tombe
Tu es mon seul double au monde

G. De Palmas, "Mon Alter Ego"

Il a largué sa copine hier. A fait sa valise, tranquillement, repris ses CD et le dernier tome de 1Q84 qu’il n’a toujours pas terminé – je l’attends depuis deux mois-, et il est rentré à la maison.
Il ne trouvait plus ses clés, comme d’habitude, alors il a sonné. J’ai coupé le son de la télé, j’ai claudiqué jusqu’à l’entrée – mon genou me lance à nouveau. J’ai su que c’était lui bien avant la deuxième pression, je sais toujours lorsque c’est lui.

— Hello, toi.
— Hello.
— T’es seule en ce moment ?

Philippe m’apparait, je le relègue illico dans les passe-temps techniques.

— Ouais.
— Cool.

Ben entre, jette son blouson sur le fauteuil du salon. Il regarde autour de lui comme s’il ne connaissait pas.

— ‘Tain, faudrait changer le papier peint. Quand tu vis ici, tu oublies. Ça fait vraiment vieux, tu sais ?
— En même temps, c’est vraiment vieux. Papa a retapissé en… quelle année, déjà ? Tu t’en souviens, toi ?

Mon frère grimace :

— Je sais plus. Deux ans avant la mort de Maman, non ? Je bossais chez Decault, à Londres. J’étais revenu à Noël et tout avait changé, ici.
— Tu veux quelque chose à boire ? T’as mangé ?
— Non, je veux rien, merci.

Il se laisse tomber dans le canapé, je le rejoins. On se tait. J’ai remis le son de la télé, des clips défilent, on est l’un contre l’autre, on se réhabitue doucement. Sa cuisse contre la mienne, sa hanche contre ma hanche, son bras qui se glisse dans mon dos. Je le dévisage : de près il a vieilli, les petites rides sous les yeux, le grain de peau moins lisse. Passé quarante ans, les nuits blanches, pas si anodin… Je me sens forte et jeune pour deux. Je pose la tête sur son épaule. Il soupire, caresse ma nuque quelques minutes puis me repousse doucement.

— Je monte.

Il empoigne son sac et grimpe l’escalier. Je le suis des yeux, son corps qui disparait de marche en marche ; les cheveux, le dos, les jambes et enfin les chevilles nues dans les chaussures bateau. Encore une fille de larguée, quelques mois pour lui et moi. Je sors du salon, décroche le téléphone, j’annonce à Philippe qu’on ne se verra pas ce soir, ni demain, que je fais une pause dans notre relation. Oui, quelqu’un d’autre.


***


Un jeune ado au zoo. Il porte une enfant blonde et potelée qui enserre sa taille de ses genoux ronds. Il se penche un peu en arrière, elle est lourde, elle se cramponne à son cou. Il montre un perroquet : A-RA, lui dit-il à l’oreille. La petite observe l’oiseau, ravie, puis son frère. Il l’embrasse sur le nez, elle l’étrangle un peu et lui rend son baiser, la mère prend la photo. Un cliché en noir et blanc, dans un cube en plexiglas posé sur l’étagère dans la chambre du garçon.


***


La petite fille s’assied en tailleur dans le jardin. Au fond, plus loin que la balançoire, tout contre la haie. Un mégot de gitane a été jeté là. Elle le prend entre ses doigts, éprouve la tiédeur qui couve encore, le porte à sa bouche, aspire là où il a aspiré.


***


— Lætitia, sors de là !

Lætitia est sous l’escalier, elle se bouche les oreilles, très fort, elle ferme les yeux, très fort. Ses traits sont tordus, elle est laide et toute ridée quand sa mère la tire violemment par le bras.

— Lætitia, c’est fini ces gamineries ? Viens tout de suite dire au revoir, Ben est pressé. C’est loin, Nice, il doit rouler longtemps.

Lætitia ne veut pas, elle se tortille et échappe à l’étreinte, elle s’enfuit et s’enferme dans sa chambre. Rien à faire, elle ne sortira pas. Elle entend le bruit de la mini qui démarre. Son frère est parti. Six mois, une vie. Elle voudrait se retourner le corps et s’arracher les cheveux.


***


Il l’a invitée à passer l’été chez lui, à Paris, pour ses seize ans. Le matin, il part travailler et elle, elle rêve dans le grand lit. Elle se drape dans son peignoir, écoute ses disques, savoure ce qu’il lui a préparé, le café encore chaud et les tartines croustillantes – le boulanger est juste en bas, Ben va lui chercher chaque matin du pain frais.
A midi, elle le rejoint rue de la Convention. Ils déjeunent en tête à tête, le patron les sert rapidement, des collègues les dévisagent. Les plus curieux lancent des réflexions, le voilà en bien galante compagnie ! Il ne les détrompe pas. Le soir, il l’emmène au théâtre, il lui dit que les cheveux relevés lui vont bien, ils errent dans Paris la nuit et la vie est belle.


***


Un jour, il remonte l’allée avec une femme en bandoulière. Sur le seuil, le père et la mère sont là, plantés comme deux radis, roses et blancs et boursouflés. Leurs sourires de contentement suintent de gras. Derrière, à l’affut, Lætitia tout en jambes et en bras happe le spectacle. Des filles, il en a déjà eu, bien entendu. Mais jamais à la maison, chez les parents. À Paris, Ben vit sa vie, loin des obligations bien-pensantes de province. Lætitia sait, à dix-sept ans on n’est plus une enfant, mais voir, c’est autrement plus réel.
La femme n’est plus toute jeune. D’ailleurs, elle est déjà divorcée. « À force d’attendre, plus que des secondes mains », a grommelé la mère avec dépit.
Lætitia avance pour se présenter, les yeux scotchés au sol. La femme porte des ballerines sombres avachies vers l’extérieur. Lætitia remonte le long des jambes, épilées, bronzées, certainement douces à effleurer. Une jupe droite et moulante, des abdos fermes, admet-elle. De petits seins, comme les siens, un visage pointu.
La femme avance tout sourire vers les parents, elle se trompe de cible. Enfin, elle remarque Lætitia, alors que Ben annonce :

— Voilà, je vous présente Elise.

La mère s’exclame :

— Oh, c’est drôle, ça ! Déjà que vous êtes blonde comme ma fille, en plus vous portez son second prénom !

Lætitia se redresse, défie l’inconnue. Elise lui rend son regard en serrant la main de Ben. Lætitia retient ses paroles, elle sait qu’elle est encore maladroite, évidente. Alors, elle lui sourit sans les yeux.


***



— Elle me déteste.
— Mais non, Læti, penses-tu ! Simplement, vous ne vous connaissez pas encore.
— Pourtant, depuis que vous vivez ensemble, elle ne fait aucun effort. Ne prétends pas qu’elle ne se plaint pas à chaque visite, à chaque coup de fil, qu’elle ne te répète pas à quel point elle me trouve pénible. Tu ne sais pas me mentir. Tu vas voir, je suis sûre que tu vas y avoir droit dès qu’on raccrochera.
— Arrête, ça me saoule, cette histoire. Je lui parlerai.
— Surtout pas ! Déjà qu’elle ne me supporte pas, là, c’est un coup à ce qu’elle m’élimine pour de bon !
— T’es bête…
— On sait jamais, hein… elle a de ces regards, parfois ! Enfin, on verra l’ambiance le mois prochain, au chalet.

Ben raccroche, retourne au salon. Du fond du canapé, Elise lance, acerbe :

— C’était encore ta colle de sœur ? Si seulement elle pouvait disparaître, ça nous ferait des vacances !

Ben ouvre la bouche, la referme. Sort de la pièce, agacé.


***


C’est une belle randonnée : du haut de la Dent du chat, on contemple un paysage à couper le souffle, du Rhône au Mont Blanc. Simple, avec ça : quatre heures de marche, des pitons dans les deux cheminées. L’an passé, les cousins y ont emmené leur petite de dix ans, c’est pour dire…

Lætitia a convaincu Ben qui a convaincu Elise de participer à la randonnée. Si même une enfant de dix ans… Lætitia n’a pas mentionné les deux touristes tués dans une glissade malheureuse. Le chemin est étroit, le dénivelé mortel. Un accident est vite arrivé.

Ils sont partis tôt, Elise baille dans la voiture. Lætitia, à l’arrière, se pelotonne dans son pull et guette le ciel. C’est beau le ciel au sortir de la nuit, sombre, presque noir à l’ouest, et ce dégradé vers la lumière de l’est... Ils sont les premiers au parking. Ils grimperont au frais.

Les chaussures sont lacées. Ben s’énerve des plaintes d’Elise : ses godasses sont bien trop lourdes, trop rigides. Lætitia est efficace, comme son frère. Ils échangent un regard, vérifient l’équipement avant de s’enfoncer en silence dans le sous-bois. Le frère et la sœur marchent du même pas régulier, sérieux. Ben retient une branche en travers du chemin, Lætitia le frôle, suivie par Elise. Elise qui parle, envisage, prévoit, l’armoire de la chambre, le lit à acheter au retour, un peu dans l’esprit de celui du chalet, mais en plus citadin, bien entendu. Ben soupire, mais Elise ne voit rien, poursuit son monologue. Lætitia adresse à son frère une grimace, relève comme par hasard l’absence d’oiseaux, effrayés sans doute par leur raffut.

— Ecoute la forêt, Elise, dit-elle.
— Pff, ça va, c’est que des arbres ! Ben et moi, on a des choses à discuter, tu vois ?

Ben ne répond pas, mais Lætitia sait, à la tension de ses épaules sous le sac, qu’il aimerait du silence. Ben a toujours aimé grimper en silence, même leurs pas s’assourdissent quand ils marchent. Ils ont si souvent marché, souffert, frémit, sur ces sentiers caillouteux. Si bien, si loin, en famille, puis tous les deux, lorsque leurs parents ont préféré la douceur du jardin au mordant du vent d’altitude. Des heures fortes, à se crisper dans les pierriers, à se passer l’eau et les fruits secs, muets, attentifs. La parole est un outrage parfois. Et cette femme est une vraie plaie, pense Lætitia.

Elise se tait enfin : il s’agit de se concentrer, à présent les mollets travaillent et le souffle s’économise.

Deux heures de marche, pause dans le dernier plat au soleil. Ensuite, le chemin tourne au nord autour de la dent jusqu’aux cheminées.

Ben passe devant, Lætitia s’attarde avec Elise, lui décrit la station de parapente et son baptême de vol l’année précédente. Elles avancent pas à pas sur le sentier qui n’est plus qu’un étroit chemin entre la roche et le vide, parfois masqué par quelques arbres agrippés on ne sait comment. Elise regarde ses pieds, les rochers à contourner. Lætitia bavarde, sa paume suit le flanc de la montagne, ressent l’humidité de la pierre encore gorgée de nuit.
Courage, on arrive, pense-t-elle. Deuxième virage. Ben, devant, a disparu derrière l’arête : maintenant !
Lætitia bondit, agrippe Elise, l’entraine vers le précipice. Elise hoquète, se braque, résiste, mais Lætitia est sûre d’elle, elle lui crache :

— Toi, tu vas dégager !

Puis elle hurle :

— Elise, Nonnnnnnn ! Laisse-moi ! Ben, au secours !!!!

Ben a entendu les cris et les bruits de lutte, il arrive. Lætitia inspire violemment, lâche Elise et saute dans le vide, sous les yeux de son frère qui ne retient que la confusion de corps mêlés.
Elise ne comprend rien, elle se penche mais déjà Ben est là qui la rejette contre la paroi, Ben affolé qui appelle, agrippé au bord du ravin :

— Læti ! Læti !

Lætitia git quelques mètres au-dessous. La montagne offre un refuge providentiel à cet endroit précis, un large surplomb. Recroquevillée, elle tient son genou en gémissant, lève les yeux vers son frère : « Ben, aide-moi… elle m’a poussée… » avant de s’évanouir, livide.

Ben se redresse, décomposé, fixe Elise qui bredouille, éberluée, « Mais… mais non… C’est elle qui… », puis réalise qu’il ne l’écoute pas, qu’il ne l’écoutera plus.


***


J’attends Ben dans la cuisine, plantée devant la fenêtre. Il a raison, c’est vieillot, ici. Peut-être devrions nous vendre, quitter Lyon, retourner vivre à Paris. C’était pas mal, Paris. Mais Ben travaille ici depuis des années, à présent, et moi, j’aime être près des montagnes.

Mon frère me rejoint, m’enlace, contemple les monts qu’on aperçoit au loin. Je lui propose :

— Si on sortait, ce soir ?
— Pff, non, j’ai pas envie. On n’est pas bien, là, ensemble ?

Je me laisse aller contre lui. Si, on est mieux que bien, là, tous les deux.


***

Lizzie

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Message  Invité Sam 14 Juil 2012 - 17:35

Excellent, à part peut-être la scène de la montagne (on peut essayer de "tuer" l'autre de manière moins voyante, surtout en "littérature" ).
Mais c'était un plaisir de le lire, vraiment.

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Message  Invité Sam 14 Juil 2012 - 19:38

Une histoire d'amour familial, vénéneuse à souhait sous ses airs gentils...
Tu excellesà distiller les poisons, additionnés de miel, à montrer l'absolu de cette relation, en la présentant comme tout à fait naturelle et passez muscade, on se dit qu'elle a eu bien raison : son frangin n'aurait jamais été heureux avec cette péronnelle !
C'est beau de savoir où est son devoir et de ne pas s'y dérober !!!
Blaguap, c'est très finement écrit.

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Message  Janis Dim 15 Juil 2012 - 5:57


VE, forum monfrère.com (plusieurs auteures ces temps-ci évoquent un frère !)

Un beau style, très agréable, et une lecture assez jubilatoire (qu'elle crève cette emmerdeuse !)

l'amour de la petite, puis de la grande fille pour son frère aîné m'a fait penser à Frankie Adams, de Carson Mac Cullers
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Message  Rebecca Dim 15 Juil 2012 - 8:13

Un first love en eaux troubles, beaucoup de perversité dans un récit par moments comme si de rien n'était, un suspense bien mené, joli travail.
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Message  Phylisse Dim 15 Juil 2012 - 8:51

Je l'ai lu hier soir avant d'aller me coucher... M'est restée une petite impression Hitchcockienne qui m'a beaucoup plue.

J'ai eu un peu de mal à m'y retrouver dans la première partie, ne comprenant pas qui était celui qui rentrait, et quand j'ai lu "Philippe m'apparaît", je n'y comprenais plus rien. Et puis tout s'est éclairé. C'est bien amené, vif, bien écrit, la complicité entre le frère et la soeur est sur le devant de la scène, indestructible.

Chouette texte, Lizzie.





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Message  Invité Dim 15 Juil 2012 - 9:38

Un texte fort... moi qui n'ai que des soeurs, je suis soufflée par la puissance de l'amour évoqué ici. Troublante atmosphère à la Cocteau... "Les enfants terribles"...

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Message  Chako Noir Dim 15 Juil 2012 - 12:45

Personnellement je n'ai pas de soeur (aurais bien aimé pourtant) mais ce texte m'a touché aussi. J'en aurais voulu un peu plus, une fin qui dure peut-être un peu plus après la scène de montagne... un peu de mal à cerner Ben, tout de même. Mais c'est ça aussi qui fait le "never die": un amour ardent qu'on n'a jamais pleinement consumé brûle toujours.
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Message  Invité Dim 15 Juil 2012 - 13:09

C'est comme dans un film. Au début on ne sait pas trop où on va, mais on devine qu'il va se passer des choses.
La ballade en montagne installe le suspense.
La chute (dans la double acception du terme) est délicieusement surprenante.
J'ai bien aimé.

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Message  Invité Dim 15 Juil 2012 - 13:25

On sent sourdre la haine au détour de chaque phrase. Brrrr... Et cet amour possessif aussi, est inquiétant et dévorant.


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Message  Invité Lun 16 Juil 2012 - 5:43

"La petite fille s’assied en tailleur dans le jardin. Au fond, plus loin que la balançoire, tout contre la haie. Un mégot de gitane a été jeté là. Elle le prend entre ses doigts, éprouve la tiédeur qui couve encore, le porte à sa bouche, aspire là où il a aspiré."

"La petite fille s’assied en tailleur dans le jardin. Au fond, plus loin que la balançoire, tout contre la haie. Un mégot de gitane a été jeté là. Elle le prend entre ses doigts, éprouve la tiédeur qui couve encore, le porte à sa bouche, aspire là où il a aspiré."


beaucoup de choses très fortes comme ça dans ce texte que j'ai vraiment beaucoup beaucoup aimé!
bravo Lizzie.

étrange et singulier, oui, c'est vrai entre les enfants terrible et hitchcock...

très original.


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Message  Invité Lun 16 Juil 2012 - 5:45

"Lætitia bavarde, sa paume suit le flanc de la montagne, ressent l’humidité de la pierre encore gorgée de nuit."

désolée pour le doublon plus haut, omission de prévisualisation...

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Message  Kash Prex Lun 16 Juil 2012 - 6:46

Lizzie, à chaque fois que je te lis, j'ai une impression de proximité entre nos deux approches de l'écriture, le sentiment que si j'avais eu à écrire cette histoire, j'aurais produit quelque chose de semblable. Je ne saurais pas mieux expliquer ça...

Pour revenir à ce texte, j'en ai aimé le déroulement, le retour dans le passé, les étapes. Cette espèce d'inceste platonique m'a questionné. A la fin, je ne suis pas sûr de partager leur bonheur de se retrouver, ces deux personnages me semblent juste étranges. J'ai été pris entre le "ils s'aiment" et "ils s'aiment trop", et la gêne qui en résulte est, pour moi, la force de ce texte.
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Message  elea Lun 16 Juil 2012 - 18:44

Aimé à la fois les bouts de passé qui montrent la relation ambigüe et la montée du suspens lors de la randonnée, c’est très bien mené, jusqu’aux détails du genou claudiquant.
À la fin de la lecture persiste une impression de malaise face à ce qui ressemble plus à une sorte de possession un peu perverse qu’à de l’amour. Mais c’est un texte subtil, profond et intéressant dans ce qu’il explore et dit.

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Message  Lutti Lun 16 Juil 2012 - 19:55

Super bien écrit, soigné. L'atmosphère étouffante, l'enfermement s'installent progressivement. La scène de la falaise, qu'on croit deviner délivre un autre dénouement : un meurtre symbolique. Pervers et vénéneux, oui, c'est ce que je ressens. Bravo!
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Message  Lizzie Lun 16 Juil 2012 - 20:49

Un grand merci pour vos commentaires ! J’ai voulu coller à l’esprit « first love », mais en suivant la voie de la fiction – mes "first love" sont d’une banalité trop affligeante pour intéresser quiconque.

Pour répondre aux remarques / interrogations :

Pour Coline, Rebecca, Phylisse, Dusha, Iris, Elea, Lutti… sur le côté noir, voire « pervers » : ah bon, c’est pas comme ça dans vos familles ? : -)
Je pense qu’il n’y a qu’à écrire ce qu’on voit, en forçant à peine le trait, en changeant l’éclairage, pour que les sentiments paraissent exacerbés. Merci, en tout cas, pour vos remarques : s’il y a eu perception de l’excès, du malaise, c’est que le texte a fonctionné pour vous.

Aseptans a écrit:Excellent, à part peut-être la scène de la montagne (on peut essayer de "tuer" l'autre de manière moins voyante, surtout en "littérature").
Il ne s’agissait pas de « tuer » Elise, mais de l’écarter. Enfin, assassinat d’un couple, donc. A part ça, je ne suis pas satisfaite de la scène cruciale de la montagne. Je ne sais pas ce qui cloche, mais, pour moi, un truc cloche. Peut-être que dans quelques mois je comprendrai mieux…

Janis a écrit:l'amour de la petite, puis de la grande fille pour son frère aîné m'a fait penser à Frankie Adams, de Carson Mac Cullers
Je ne connais pas, donc… dans ma liste de rentrée, zou ! merci !

Phylisse a écrit:J'ai eu un peu de mal à m'y retrouver dans la première partie, ne comprenant pas qui était celui qui rentrait, et quand j'ai lu "Philippe m'apparaît", je n'y comprenais plus rien. Et puis tout s'est éclairé.
Ok, il faut que je change la phrase avec un verbe plus clair que « apparaitre » (je pense à Philippe, ou autre). Merci, ça m’aide.

Chako noir a écrit:J'en aurais voulu un peu plus, une fin qui dure peut-être un peu plus après la scène de montagne... un peu de mal à cerner Ben, tout de même. Mais c'est ça aussi qui fait le "never die": un amour ardent qu'on n'a jamais pleinement consumé brûle toujours.
Plus ? Disons que l’épisode me paraissait terminé. Après, ce serait une suite, un autre épisode.
Ben : l’intrigue est vue par les yeux de la sœur, c’est sur elle que j’ai zoomé. Le frère… j’avais commencé par lui, en fait, dans un exo en direct (13 janvier 2012, j’ai recherché). Je commençais à explorer ce thème. La famille est un vrai filon, à mon sens.

Sinon, ta dernière phrase correspond à ce que je pense.

Kash Prex a écrit:Cette espèce d'inceste platonique m'a questionné. A la fin, je ne suis pas sûr de partager leur bonheur de se retrouver, ces deux personnages me semblent juste étranges. J'ai été pris entre le "ils s'aiment" et "ils s'aiment trop", et la gêne qui en résulte est, pour moi, la force de ce texte.
Je ne sais pas si nos écritures sont proches, ou dans le même esprit : je vais aller te lire. J’aime bien cette idée, en tout cas, de « résonances » avec d’autres personnes.

J’ai hésité, et finalement je n’ai rien dit sur l’existence d’un inceste ou pas. Ça m’a semblé préférable de ne pas trancher sur une nouvelle aussi courte. S’il y avait inceste, il serait tellement naturel entre eux qu’on n’en parlerait pas. Les gestes sont pudiques et tendres comme ceux d’un vieux couple, et ce qui se passe dans la chambre reste privé. Un inceste platonique est tout aussi probable, à mon sens. En fait, je n’en sais rien ! :-)
Oui, ils s’aiment « trop », certainement, mais où est la frontière ? Qui fixe les limites ?

Merci encore pour vos lectures. C’était un long bavardage de ma part, mais réfléchir fait progresser !

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Message  Lucy Mar 17 Juil 2012 - 1:09

"Un jour, il remonte l’allée avec une femme en bandoulière." Mention spéciale ! Tellement visuel et bien trouvé.

Je pensais à un possible meurtre, mais ceci étant plus tordu (et un peu risqué, car elle aurait pu manquer son coup, quand même) me voilà bien contente de ce retournement.

Un inceste particulier, mais bien écrit.
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