Exo "First love never dies" : Grand brun méchant

[Janis]

Si tu n'es pas the first, tu es le never dies.


Tu t'es pointé au lycée, gueule d'amour, tout le monde aussitôt fut dingue de toi.
Pas moi.
Pour pas faire comme.
Je te préférais les autres.
J’avais mon petit succès et en profitai sans vergogne.
J’aimais. À chaque fois, pour une heure une nuit une vie.
Et on m'aimait en retour.
Oui mais.
Ça t'énervait.
Tu m'énervais aussi.

Nous faisions la route en parallèle.
Comment pourquoi un matin je t'ai retrouvé dans mes draps bleus, mystère.
Après
nous nous sommes tout fait : le pire et le meilleur.

Si je pense first love, c'est toi.
Si je pense never dies, c'est toi.

On se téléphone on s'écrit
on se dit des mots bleus

et puis on se souvient

ma tête entre tes poings
ta tête dans mes doigts
on se battait comme des catcheurs, pour un oui, pour un non
pour un autre, pour une autre
c'était bon
tu me disais "t'es mon p'tit mec"
"t'es ma duchesse"

tu me trompais tout le temps
je serrais les dents
cavernes rouges clopes et café

tes victimes venaient pleurer sur mon épaule
me confiaient des lettres
les idiotes
on ricanait
on était camarades

mais
tu devenais fou si tu m'apprenais infidèle
pauv'conne ! devant le lit défait
toi, rempli de la nuit d'une autre

Quand même ça me plaisait ton succès, ta jalousie
je savais que j'étais The One.

Jusqu'au jour où
à la lisière du drame.
Fini de jouer.

Tu es quelqu'un qu'on voit à la télé, maintenant. Tu pars dans des pays en guerre. Tu es beau, toujours. Je laisse mes doigts glisser sur l'écran.

Mes amours te jalousent tes amours me jalousent.

Tu ne meurs pas sur un champ de bataille, parce que je te l'ai interdit.

First love never dies.

[Invité]

Que fait ce texte sur un site d'amateurs ?
C'est la grande classe. Hyper-sensible et désinvolte.
On y joue finement sur les acceptions de "first".
Never dies

[Rebecca]

D'un champ de bataille à l'autre un amour en dents de scie, en dent pour dent, un amour en dedans avec un oeil dehors, où l'on serre les dents où on serre les poings, où on s'en sert à l'occasion, un amour occasionnel mais de toute première main. De main de maitre. Ou de maitresse.
L'amour n'est pas un long fleuve tranquille malgré le déroulé de ton texte clair net précis.

[Invité]

Un grand méchant loup ! J'aime l'amour carnassier !
Un beau texte, Janis.

[Phylisse]

J'aime beaucoup l'entrée en matière "Si tu n'es pas the first, tu es le never dies", moins le titre qui, si ce n'avait été l'exo, ne m'aurait pas invitée à la lecture. Sans doute le mot "méchant", que je ne retrouve pas dans ton texte. Mais bon, j'ai mis trois plombes à trouver le mien (de titre) alors hein, je vais pas l'ouvrir non plus.

J'aime vraiment ta poésie, Janis, tu sais trouver les mots, je ne sais pas comment définir ta manière d'écrire dans ces moments là, mais tout est rendu attachant, il y a un subtile mélange d'énergie et de douceur affective, ici d'amour sans faille, quelque chose de protecteur qui m'enveloppe à chaque fois.

La dernière phrase est bouleversante... D'autant plus si on la rattache à la première.

[Lizzie]

Argh, Janis, que dire… ça se lit comme toujours d’une traite, on est dedans. C’est toi, c’est nous. Ou on aurait tellement aimé que ce soit nous.
Pour faire la pénible, j’ai buté sur «Quand même ça me plaisait », mais bon, je cherche la petite bête, c’est vrai.
« Jusqu'au jour où
à la lisière du drame.
Fini de jouer. » : pas sûre, trop ou trop peu.

Sinon, mention spéciale pour « Tu ne meurs pas sur un champ de bataille, parce que je te l'ai interdit. » parce que plus vrai, comme phrase, y’a pas.

J’ai beaucoup aimé, donc.

[Invité]

Je me demande, Janis, si je ne reconnaîtrais pas tes textes, quand bien même tu ne les signerais pas. C'est un compliment !

[Invité]

Très fort, très Janis. Bien sûr que tu n'as pas besoin de signer pour qu'on reconnaisse tes textes !

J'ai juste tiqué sur :

Oui mais.
Ça t'énervait.

Pour moi, ça ne colle pas.

[Lutti]

P'T'1 de poésie, de chanson, de force et de création!
J'aimerais écrire comme ça la vérité de la vie qui n'est pas un fleuve tranquille... mais un struggle for life!

[Invité]

ah ça,
ça ne m'étonne pas de toi, hein...!

j'ai lu en imaginant les scènes, et elles avaient la couleur des films des années post 68, mais en version reportage, vieux caméscope tremblé dans les coupé/collé.
euh
au stade des coms où j'en suis, je ne sais plus si j'écris en bon français là...?

et bref, j'ai bien aimé ce film!!!

[elea]

Si peu de mots qui en disent tant, en creux et en pleins, en bonheurs et en tensions, la vie quoi, dans toute son intensité.

[Invité]

oui, voilà c'est ça:
la vie,
toute,
pleine,
ronde,
et rauque.

classe, non?
à bloc,
mais tout en finesse.

[Lucy]

"Toi, rempli de la nuit d'une autre" : oui !

Une écriture nerveuse, un titre qui tue. Moi aimer ça.

[Pussicat]

J'aime te lire, j'aime tes textes, ton écriture, ton style, et je ne sais pas critiquer... que dire alors ?
Rien ! sinon que ton "grand brun méchant" me rappelle quelqu'un...

[Janis]

Pour une fois, je remercie mes lectrices (et teurs)
un texte dont je doutais beaucoup, ça ne me semblait pas être un texte !

pussicat, ne me dis pas que...
t'es pas venu pleurer sur mon épaule ricanante, au moins, parce que mon grand brun méchant t'avait malmenée ??!

(nan je wigole)

[Pussicat]

Pour une fois, je remercie mes lectrices (et teurs)
un texte dont je doutais beaucoup, ça ne me semblait pas être un texte !

pussicat, ne me dis pas que...
t'es pas venu pleurer sur mon épaule ricanante, au moins, parce que mon grand brun méchant t'avait malmenée ??!

(nan je wigole)

Ben si... chuis sensib', c'est pas ma faute à moi... souvenirs, souvenirs

[Sahkti]

On reconnaît ta patte, une belle plume, avec cette manière efficace de marier l'humour, la gravité, le mouvement et la réflexion.

[Invité]

voilà, c'est absolument ça...
une classe écriture.
et oh que c'est bien dit, Sahkti !!

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