Vos écrits
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le Deal du moment :
Pokémon EV06 : où acheter le Bundle Lot ...
Voir le deal

Ce jour-là, à Samothraki

5 participants

Aller en bas

Ce jour-là, à Samothraki Empty Ce jour-là, à Samothraki

Message  Kash Prex Mar 17 Juil 2012 - 10:33


Ce jour-là, à Samothraki, je fis l’erreur parfaite : celle qui enseigne beaucoup mais qui ne coûte rien. Et même si mon comportement fut détestable, il s’inscrivit dans la logique de cette phrase que j’emploie souvent : découvre le monde pour te découvrir toi-même. C’est en s’observant dans de nouvelles situations, de nouveaux lieux, face à de nouveaux choix que l’on découvre des réactions insoupçonnées que l’on est capable d’avoir, que l’on progresse vers la connaissance de soi. Ce jour-là, j’appris comme j’étais capable de ne pas m’écouter au point de me mettre en danger. Je constatai que ce que je voulais être, ce vadrouilleur solitaire indépendant, voilait une autre partie de ma personnalité et pouvait biaiser mes décisions. Ce jour-là, je marchai onze heures pour revenir au point de départ, mais j’avançai vers moi-même.



Mon pied droit, encastré dans un creux évidemment trop étroit pour lui, me procurait un équilibre fragile. Il fallait que mon pied gauche, qui pendant ce temps tâtonnait la roche, trouve dans les secondes qui suivraient une autre faille où se réfugier. Sinon, la chute devenait franchement envisageable.

Mes mains attendaient la permission d’aller explorer en amont, permission censée venir de ce même pied gauche qui devait leur donner une impulsion vers le haut. Et ce, toujours avant que mon pied droit ne glisse.

A ma gauche, la cascade, l’eau qui me montrait à quoi ressemblerait ma chute, à se cogner contre les rochers, à s’écraser en bas, à croire que c’était fini, à se faire embarquer dans la cascade suivante, sans rien comprendre. Sûr que je pouvais mourir là, et j’en avais pleinement conscience, même si ça ne tenait en grande partie qu’à moi. Plus je me le disais, plus je pensais à elle qui, le regard inquiet et amoureux, m’avait clairement demandé d’être prudent. « Je sais de quoi tu es capable » ; elle n’avait pas prononcé cette phrase, mais moi, je l’avais entendue quand même. J’avais répondu que, bien sûr, je serais prudent, que je connaissais la montagne, que je ne tenais pas à me faire mal pour rien, etc. Et me voilà. Ma vie tenant à quelques centimètres carrés de roche, je continuais vers la difficulté, je grimpais encore, en me demandant pourquoi je rendais les choses si compliquées, mais en le faisant quand même.

Nous étions à Samothraki, une île grecque réputée paradisiaque, attirant des gens du monde entier. Avec moi, Jacob, un Allemand de vingt ans rencontré à Istanbul quelques jours plus tôt. Thanassis, mon ami grec avec qui j’étais parti pour ce voyage, s’était arrêté plus bas, au premier bassin, au début des cascades. Car c’est là tout le charme de Samothraki : ses montagnes, ses rivières que l’on remonte, de cascades en cascades, de petits bassins naturels en grimpettes raisonnables. Et puis de moins en moins raisonnables ; libre à chacun de s’arrêter quand il le souhaite. On nous avait prévenus qu’après quatre ou cinq bassins, la montée devenait impraticable, que nous rebrousserions chemin. Mais que c’était déjà une jolie balade. Nous n’avions pas compté les bassins, mais nous étions, Jacob et moi, dans la partie impraticable, à n’en pas douter. Et lorsque de longer les cascades ne fut plus possible, même pour deux têtus, nous partîmes sur la gauche, dans les rochers, dans la forêt dense aux petits arbres qui vous agrippent la peau, dans les couloirs de pierres qui roulent sous vos pieds, et la pente qui place le sol à portée de vos mains. Par moment, c’était même de l’escalade. C’était insensé, stupide, fou, tout ce qu’on voudra, mais il n’y avait de toute façon plus le choix : faire demi-tour était impossible. Ce que l’on monte aussi difficilement, on ne le descend pas. En nous élançant dans une pareille ascension, nous nous étions engagés à redescendre par une autre voie. Sans signer aucun contrat.

Pas une minute ne passait sans que je ne pense à elle. Je n’avais jamais été comme ça auparavant. Dans l’inconnu, dans l’incertitude, le danger, je laissais habituellement me saisir cette anxiété stimulante qui vous rend vif, j’avais ce goût du défi qui ne laissait pas de place à la peur, et, conscient du risque, j’allais de l’avant avec d’autant plus d’attention et d’énergie que la situation se compliquait. Mais ce jour-là, la peur avait fait sa percée, et elle placardait sur le paysage des images subliminales de celle qui, à quelques îles de là, m’attendait entier. Et je m’en voulais de lui faire ça, de me mettre en danger pour rien, de nous menacer, nous qui nous aimions. Finalement, je la mettais elle aussi en péril, et ça, je n’y avais pas pensé.

Les branches me griffaient comme pour donner vie à mes pensées. Mais l’heure n’était pas aux regrets ou aux élans sentimentaux. A présent, il fallait atteindre le sommet de cette montagne, où qu’il soit, afin d’y dénicher un moyen de regagner le niveau de la mer. Une autre voie existait nécessairement, et cette idée nous inventait une raison d’être là et de forcer encore sur ces pierres lâches, ces branches fières, ces jambes vulnérables. L’ascension n’en finissait pas ; le sommet se trouvait pourtant bien quelque part. « Ah ! Je crois bien que dans vingt mètres, on y est ! » Mais nous n’y étions jamais. Les morceaux de ciel que nous apercevions au bout de couloirs rocheux n’étaient que des étapes qui en appelaient toujours d’autres. Pourtant, y croire nous faisait grimper. Tous ces pseudo-sommets nous donnaient pertinemment l’impression de toucher au but, et si on nous avait dit, dès le début, à combien d’heures de combat se situait le vrai sommet, peut-être bien que nous aurions essayé de faire demi-tour, alors l’accident aurait été probable. « L’espoir fait vivre ». Je n’aime pas cette phrase (« L’espoir fait vivre, et ceux qui vivent d’espoir meurent de faim », écrit le rappeur Lino), mais il faut dire qu’elle décrit bien cet enchaînement de mirages qui nous donna la force de poursuivre.

Au milieu d’une montée, je demandai à mon compagnon s’il savait que ce que nous étions en train de faire était stupide. J’étais sérieux, je crois que lui aussi. Il me répondit que oui, et qu’il aimait les choses stupides. Trouvant ce propos étrange, j’affirmai que moi, non, je n’aimais pas les choses stupides. Quelques secondes plus tard, je tins à préciser : « Quand je dis que je n’aime pas les choses stupides, c’est une généralité, mais celle-ci, je l’aime bien. Je ne sais pas pourquoi. » Sur le moment, je ne savais pas si j’étais sincère. Maintenant, je sais que non. J’ai prononcé cette phrase machinalement, d’une part parce qu’il me fallait conserver ma complicité avec Jacob dans cette épreuve, d’autre part parce que j’étais habitué à penser ainsi. Quelques mois plus tôt, je l’aurais dite avec sincérité. Ce jour-là, elle n’était pas vraie. Parce que dorénavant, je ne jouais pas juste avec mon corps, je jouais aussi avec le bonheur de celle que j’aimais, et si cette idée n’était pas encore complètement claire dans mon esprit à ce moment, elle n’y injectait pas moins ses gouttelettes d’angoisse qui erreraient en moi jusqu’au retour en lieu sûr.

A défaut du sommet, nous finîmes par atteindre un point suffisamment élevé pour nous offrir une vue dégagée sur ce qui nous entourait : des montagnes. A gauche, des montagnes, à droite, des montagnes, en face, la montagne dont nous nous étions mis en tête de gagner le sommet. Derrière, l’interminable trou qui venait d’accoucher de nous, lentement, durement, et qui nous avait posés là. Nous aurions voulu apercevoir une ferme, en contrebas, dans la vallée, ou une trace de peinture sur un rocher, indiquant qu’un sentier passait par là, que nous n’avions plus qu’à le suivre. Après plus de quatre heures d’ascension, dont peut-être trois de véritable acharnement, nous aurions voulu que les choses deviennent faciles. Mais il n’y avait aucune raison à cela. On n’attend pas un accueil chaleureux après avoir enfoncé une porte. Non, que des montagnes. Le sommet, face à nous, nous permettrait d’accéder aux autres sommets par des cols suffisamment élevés pour ne pas trop jouer au yoyo. Mais à droite et à gauche, des pentes abruptes nous proposaient de nous laisser aspirer dans deux vallées dont nous ne distinguions aucune issue. Il nous fallait voir plus, et donc monter encore, et nous nous obstinâmes à désirer ce sommet qui nous fuyait depuis trop longtemps et paraissait toujours si proche.

Mais la montagne continuait de s’amuser, et à mesure que nous progressions, l’apparente ligne droite qui nous séparait du but ne tarda pas à révéler ses irrégularités, ses cassures, ses rechutes de plusieurs mètres qu’il faudrait remonter ensuite. Amères surprises que ces détours de dernière minute étant donné ce qu’un seul pas nous coûtait déjà à ce moment, sous le soleil estival grec de 14 heures, alors que le niveau de remplissage de nos bouteilles d’eau était passé sous l’étiquette et que des heures d’ascension peu conventionnelle faisaient la loi dans nos muscles. Il était tentant de sombrer dans la complainte, de trouver la montagne traîtresse, elle qui nous laissait croire que tout nous était si accessible alors que rien ne l’était plus qu’une carotte pour l’âne. Mais si j’avais été la montagne ce jour-là, si j’avais vu deux crétins faire les malins dans mes cascades, mes forêts et mes rochers, pour sûr, je les aurais fait cavaler comme elle nous a fait cavaler, et non sans un certain plaisir. Nous n’avions rien à exiger, nous étions les auteurs de notre histoire et nous récoltions les fruits de nos décisions absurdes.

Où dormirions-nous le soir ? La situation semblait bloquée. Il faudrait peut-être s’allonger quelque part, sans tente, sans sac de couchage, sans eau, sans rien, et attendre le retour du jour. Mais il était encore tôt, certainement trop pour ce genre d’inquiétudes. Je me mis à penser à ma mère, qui me répète régulièrement cette idée à laquelle je ne prête jamais attention : je suis soi-disant né sous une bonne étoile. Et moi qui suis habituellement le premier à n’accorder aucun sens à ce genre de propos, moi qui ne suis ni superstitieux, ni déiste, moi qui refuse d’entendre parler de destin, d’astrologie ou de je-ne-sais-quelle lecture de l’avenir, moi, je me mis à ce moment-là à penser à cette « bonne étoile » que ma mère m’attribue. Après tout, il y avait bien une petite chance qu’elle existe, il fallait bien admettre que, du haut de mes vingt-quatre ans, tout ce que j’avais entrepris jusque-là s’était toujours bien soldé. Et si cette bonne étoile était bel et bien à mes côtés, alors je ne devais pas trop m’inquiéter, nous trouverions un moyen de redescendre sans reprendre les mêmes risques que durant les heures précédentes. Si je m’étais imaginé un jour penser ainsi… Cet apparent optimisme n’était évidemment que pure faiblesse, lâcheté consistant à me décharger de mon sort en le confiant à une mystérieuse étoile échappée de l’esprit humain dans le but de scénariser la vie pour la voir plus douce qu’on ne la fait parfois. J’étais haïssable. Car la réalité était tout autre. La réalité, c’était mes deux baskets abîmées que mes deux jambes fatiguées devaient mener vers un hypothétique quelque part. C’était mes deux yeux scrutant, une à une, deux trop vastes vallées, avec l’espoir gratuit d’y trouver une échappatoire. La réalité, c’était des duos usés. Et usants. C’était Jacob et moi, là, et un choix à faire. Et le regard accusateur d’une femme m’ordonnait, bien plus que n’importe quelle étoile, de m’acharner, de chercher, de trouver.

« Putain, regarde, c’est une route, là-bas ! » Il y avait une route, là-bas. Une ligne orangée qui serpentait et semblait pouvoir nous ramener sur Terre en douceur. Elle se situait complètement à notre gauche, sur une autre montagne, et descendait probablement vers la mer. Elle fut à la fois un immense soulagement et une intraitable sanction : elle était loin, sans doute bien plus que nous ne pouvions l’imaginer de là où nous la zyeutions, le regard plissé, la bouche crispée. La montagne place tout à portée de regard, rien à portée de main. Nous avions deux solutions. La première était d’atteindre ce sommet qui nous résistait pour ensuite accéder à la montagne à la route en passant de sommet en sommet, par les cols. Cette perspective nous exaspérait tant ce sommet s’était davantage comporté comme une image que comme une réalité matérielle jusqu’alors, reculant à mesure que nous avancions. La seconde solution, pour laquelle nous optâmes, était de nous enfoncer dans cette grande vallée, de la traverser et de remonter de l’autre côté, sur la montagne à la route. Bien entendu, cela semblait plus facile que ce ne l’était, mais nous prenions l’habitude. L’avantage de cette descente dans la vallée résidait, sans que nous le disions clairement, dans l’espoir d’y trouver un ruisseau pour remplir nos bouteilles. Car poursuivre ainsi toute l’après-midi, sans eau, promettait de la souffrance, peut-être du danger.

La descente était très raide, et lorsque nos jambes alourdies tombaient sur les pierres, ces dernières dévalaient parfois la pente comme pour refuser leur aide. De plus, nous avions à faire depuis le début d’après-midi à un nouvel ennemi, une plante en forme d’oursin géant qui jonchait le sol, agressait nos chevilles et taggait nos mollets. Il nous arrivait, lorsque nous glissions sur une pierre lâche, de nous agripper par réflexe à ce que nous trouvions de plus proche pour ne pas suivre la pierre dans sa fuite, et ce que nous trouvions de plus proche était parfois cette espèce de hérisson verdoyant qui écrivait alors en pointillés des insultes sur nos mains. Cette accumulation de petites douleurs, la chaleur, le manque d’eau, l’épuisement, tout cela aurait pu nous écraser le moral, nous mettre à bout de nerfs, mais non. Non, pour une simple raison : nous n’étions plus en danger. Aucune chute grave n’était plus à craindre, et nous avions aperçu cette route qui nous assurait que nous n’aurions pas à faire demi-tour vers les falaises d’où nous venions. Une tranquillité s’était installée, et la douleur physique pouvait bien aller et venir, elle ne restait qu’une inconséquente broutille en comparaison aux inquiétudes passées. Alors nous descendions, apaisés, un peu, même si tout n’était pas facile, et mes pensées, comme moi, cahotaient.

A mesure que j’évitais ou écartais les obstacles sur mon chemin se dégageait ma vue sur moi-même. Quand on est amoureux, on change ; sur moi, c’est flagrant, mais je ne m’en rendis compte que ce jour-là. Ce vadrouilleur solitaire que j’aimais être était parti. Dorénavant, je voulais voyager avec elle, rencontrer des gens avec elle, camper sur les plages avec elle, parcourir les montagnes avec elle. Mais à Samothraki, elle n’était pas là. Et c’était pour me convaincre que cela m’indifférait que je m’étais lancé dans cette ascension kamikaze, comme je l’aurais fait avant avec le cœur léger. Mais cette attitude ne me correspondait plus, et j’avais refusé de le voir, préférant m’ériger contre moi-même, m’auto-leurrer, et même m’affronter. L’angoisse est un conflit intérieur dont on ignore les deux opposants. Je les démasquais à présent. Je désirais l’amour tout en le craignant, je refusais le sentiment de dépendance qu’il engendrait en moi, alors je me faisais croire qu’il n’existait pas. Pour cette raison uniquement, j’aurais pu tomber ce jour-là, cette raison aux allures de déraison.

Nous trouvâmes de l’eau par hasard, en contournant une petite colline. Un ruisseau prenait discrètement sa source dans ce coin de vallée. Nous mangeâmes nos tiropita et spanakopita (tartes grecques) que l’anxiété avait éloignées de nos envies jusqu’à ce milieu d’après-midi. Nous longeâmes le ruisseau et passâmes ses premières esquisses de cascades, traversant les paysages qu’elles sublimaient sous nos yeux. Tout haut, nous disions la fierté que nous avions malgré tout d’être des rares personnes à passer par là, à admirer de tels spectacles. Lorsque les cascades devinrent plus conséquentes et que certains passages humides demandèrent plus d’agilité, je compris pourquoi mon père m’avait répété pendant des années de ne jamais partir en montagnes en baskets. On nous met tellement en garde contre tout et rien qu’il devient difficile de faire le tri. Ce conseil-là était certainement à garder, même s’il ne m’avait jamais servi auparavant. Au bout d’une heure de ce flirt ressourçant avec la rivière, je jetai un regard autour de nous et déduisis que nous nous trouvions au pied de la montagne à la route. Jacob voulait poursuivre par la rivière, mais il se ravisa lorsque je lui rappelai que nous nous trouvions encore à une altitude élevée et que les charmantes petites cascades qui nous faisaient de l’œil pour le moment ressembleraient bientôt à celles que nous nous efforcions de fuir depuis de longues heures. Nous nous lançâmes donc dans cette dernière ascension, sans hésiter plus que cela. A la moitié de la montée, toujours accompagnés de la traîtrise des pierres et de l’agressivité des plantes, nous bifurquâmes sur la gauche, suivant nos observations effectuées quelques heures plus tôt, avant la plongée dans la vallée. A droite, le sommet, à gauche, le ravin. Tout droit, quelque part, la route, et cette dernière ligne droite pour l’atteindre. Même si les appuis étaient nombreux et les difficultés rares, un certain danger résidait dans notre épuisement et nos gestes approximatifs. Nous redoublâmes de concentration autant que cela fut possible. Après quelques faux espoirs, la route apparut devant nous comme une terre promise. Nous dormirions dans la tente le soir. La descente puis le retour au village s’opérèrent comme espérés, en douceur, durant plus de deux heures, aidés de deux conducteurs qui nous prirent en autostop sur un ou deux kilomètres chacun. Une fois arrivés, nous rejoignîmes Thanassis qui buvait une bière en terrasse. C’était fini.



Plus tard, nous apprîmes que le ruisseau que nous avions suivi dans la vallée et que Jacob voulait descendre jusqu’à la mer s’appelait « o Fonias » (le meurtrier) et mutait rapidement en une dangereuse rivière aux cascades infranchissables. Bon choix que de nous en être éloignés. Nous allâmes nous y promener deux jours plus tard, en partant cette fois d’en bas, comme tout le monde, et nous nous arrêtâmes au troisième bassin, comme n’importe quel randonneur à peu près sain d’esprit.
Kash Prex
Kash Prex

Nombre de messages : 1776
Age : 35
Localisation : Parfois
Date d'inscription : 17/09/2007

http://www.zikpot.fr/artiste-Kash%2BPrex

Revenir en haut Aller en bas

Ce jour-là, à Samothraki Empty Re: Ce jour-là, à Samothraki

Message  Invité Mar 17 Juil 2012 - 11:06

Tout au long de la lecture, j'ai pensé à l'inconscience de partir en baskets pour une telle virée. Jusqu'au moment où fut évoquée la sage et élémentaire recommandation du père.

La précision et la clarté avec lesquelles est décrit le site font que l'on visualise bien tous ses écueils. Et en partageant les sueurs froides du conteur, on se prend à se féliciter d'avoir fait la randonnée bien en sécurité derrière son écran.

Souvent, la nature nous invite à nous mesurer avec nous-même. Et lorsqu'en plus elle nous oblige à nous mesurer avec elle, il faut compter sur la chance pour s'en sortir.

Né sous une bonne étoile ? Sûrement !
Merci pour cette lecture que j'ai suivie d'un bout à l'autre en tremblant face aux dangers encourus.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Ce jour-là, à Samothraki Empty Re: Ce jour-là, à Samothraki

Message  Invité Mar 17 Juil 2012 - 11:51

J'ai conscience d'être passée à côté d'une partie de ton propos, à savoir l'immense liberté que l'on peut se permettre quand rien ne nous lie à rien ni à personne, et les devoirs que l'on a envers ceux à qui l'on est liés.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Ce jour-là, à Samothraki Empty Re: Ce jour-là, à Samothraki

Message  Invité Mar 17 Juil 2012 - 11:56

Un beau texte bien écrit, avec précision, et aussi une sobriété de ton que j'apprécie, vu les circonstances.
J'aime toujours tes récits de vadrouilles, ce n'est pas nouveau.

Dans le cas présent, je dirais que ce qu'il y a à retenir de cette expérience se résume à ces quelques lignes - l'essentiel : "L’angoisse est un conflit intérieur dont on ignore les deux opposants. Je les démasquais à présent. Je désirais l’amour tout en le craignant, je refusais le sentiment de dépendance qu’il engendrait en moi, alors je me faisais croire qu’il n’existait pas. Pour cette raison uniquement, j’aurais pu tomber ce jour-là, cette raison aux allures de déraison."

Bienvenue au club.


Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Ce jour-là, à Samothraki Empty Re: Ce jour-là, à Samothraki

Message  Invité Mar 17 Juil 2012 - 12:13

"Pour cette raison uniquement, j’aurais pu tomber ce jour-là, cette raison aux allures de déraison."

cette raison aux allures de déraisons fait écho...c'est l'étrave de bien des parcours

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Ce jour-là, à Samothraki Empty Re: Ce jour-là, à Samothraki

Message  Invité Mar 17 Juil 2012 - 12:14

déraison au singulier, pardon

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Ce jour-là, à Samothraki Empty Re: Ce jour-là, à Samothraki

Message  Janis Mar 17 Juil 2012 - 14:53


Ça fiche la trouille !

c'est très bien conté
et on trouve forcément un parallèle entre le danger de l'ascension d'une montagne et le danger de l'engagement amoureux (surtout l'amour en baskets...)
Janis
Janis

Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011

Revenir en haut Aller en bas

Ce jour-là, à Samothraki Empty Re: Ce jour-là, à Samothraki

Message  Invité Mar 17 Juil 2012 - 20:52

Un texte à l'écriture précise, qui fait bien apparaitre le cheminement intérieur en parallèle avec celui dans la montagne.
Il me manque quand même un peu de chair : tout est clairement analysé, avec froideur et détachement : tu dis avoir eu peur, mais je ne sens pas ta peur...
Un trop grand goût de la maîtrise ???? ;-)
Gaffe aussi à un détail : tu commences énormément de phrases par mais

Mais il n’y avait aucune raison à cela. On n’attend pas un accueil chaleureux après avoir enfoncé une porte. Non, que des montagnes. Le sommet, face à nous, nous permettrait d’accéder aux autres sommets par des cols suffisamment élevés pour ne pas trop jouer au yoyo. Mais à droite et à gauche, des pentes abruptes nous proposaient de nous laisser aspirer dans deux vallées dont nous ne distinguions aucune issuMais la montagne continuait de s’amuser, et à mesure que nous progressions, l’apparente ligne droite qui nous séparait du but ne tarda pas à révéler ses irrégularités, ses cassures, ses rechutes de plusieurs mètres qu’il faudrait remonter ensuite. Amères surprises que ces détours de dernière minute étant donné ce qu’un seul pas nous coûtait déjà à ce moment, sous le soleil estival grec de 14 heures, alors que le niveau de remplissage de nos bouteilles d’eau était passé sous l’étiquette et que des heures d’ascension peu conventionnelle faisaient la loi dans nos muscles. Il était tentant de sombrer dans la complainte, de trouver la montagne traîtresse, elle qui nous laissait croire que tout nous était si accessible alors que rien ne l’était plus qu’une carotte pour l’âne. Mais si j’avais été la montagne ce jour-là, si j’avais vu deux crétins faire les malins dans mes cascades, mes forêts et mes rochers, pour sûr, je les aurais fait cavaler comme elle nous a fait cavaler, et non sans un certain plaisir. Nous n’avions rien à exiger, nous étions les auteurs de notre histoire et nous récoltions les fruits de nos décisions absurdes.
e. Il nous fallait voir plus, et donc monter encore, et nous nous obstinâmes à désirer ce sommet qui nous fuyait depuis trop longtemps et paraissait toujours si proche.[/quote] sans mentionner les chèvres ! ( oui, je sors...)
Je suis sévère... parce que tu le vaux bien !

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Ce jour-là, à Samothraki Empty Re: Ce jour-là, à Samothraki

Message  Invité Mar 17 Juil 2012 - 20:52

et j'ai merdé mes quotes, comme d'habitude !

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Ce jour-là, à Samothraki Empty Re: Ce jour-là, à Samothraki

Message  Invité Mar 17 Juil 2012 - 21:11

Tiens, une chose que je me suis dite après coup : ça manque de dialogues, d'échanges.
Une manière de rendre le texte plus chaleureux, moins dans la narration "clinique" ?

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Ce jour-là, à Samothraki Empty Re: Ce jour-là, à Samothraki

Message  Invité Mer 18 Juil 2012 - 9:40

ici ce sont les paysages qui ouvrent ma lecture sur ce qui est de l'ordre de la vie qui bat, et viennent ainsi humaniser cette réflexion "clinique", certes, mais parce que sans doute la distance est nécessaire face à l'aspect implacable du ressenti vécu. on est dans l'analyse. la clairvoyance. une exigence dont on sent un ancrage solide, et le choix courageux d'une ascension périlleuse à la fois folle et sensée.

"Ce jour-là, je marchai onze heures pour revenir au point de départ, mais j’avançai vers moi-même."

"Pas une minute ne passait sans que je ne pense à elle."

"Les branches me griffaient comme pour donner vie à mes pensées."

"Mais l’heure n’était pas aux regrets ou aux élans sentimentaux."

"A mesure que j’évitais ou écartais les obstacles sur mon chemin se dégageait ma vue sur moi-même."

"Pour cette raison uniquement, j’aurais pu tomber ce jour-là, cette raison aux allures de déraison."

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Ce jour-là, à Samothraki Empty Re: Ce jour-là, à Samothraki

Message  Invité Mer 18 Juil 2012 - 9:57

mais en fait il y a des échanges avec les compagnons d'ascension, ça reste beaucoup humain on n'est pas du tout dans le monologue autistique.

(désolée je m'y suis prise en plusieurs fois pour ce com, c'est que c'est un petit pavé quand même, faut le temps et tout! et on a pas toujours que ça à faire...)

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Ce jour-là, à Samothraki Empty Re: Ce jour-là, à Samothraki

Message  Invité Mer 18 Juil 2012 - 14:59

Bon. je ne suis pas du tout contente de ces com's brouillons et avec des fautes, désolée Kash. Oublie ça:

Remplace le par ceci:

C'est un sujet qui me parle parce j'avais fait, il y a quelques années, pour la télé le commentaire d'un documentaire de 52mn dont le thème était : qu'est ce qui pousse (comme un drogue, un besoin plus fort que tout) les alpinistes à grimper aux sommets, au péril de leur vie. Le moteur est différent d'un alpiniste à l'autre, les interviews étaient très instructives, et surtout il se dégage de ces "voyages" particuliers, beaux et douloureux mais totalement volontaires, un supplément d'âme au retour, intime, personnel. Ici ce n'est pas d'alpinisme qu'il s'agit mais tu invoques des choses du même ordre: confronté à la nature implacable, des choses de nous remontent: l'essentiel. Et si techniquement on lutte contre le danger, la fatigue, la soif, la peur, on lutte aussi contre soi. Mais surtout POUR soi. Pour transcender. Il y a la montagne. Et il y a notre montagne. En montagne on ressent que la vie, et notre vie, est à la merci du moindre faux pas, de la moindre inattention, ou la moindre faiblesse. La mort est techniquement possible. on est obligés d'être humble, et fort. Et malin, pour revenir entier. Il y a aussi un autre aspect très important: la "cordée". On est seul, et responsable de soi dans cette mission, mais en même temps lié à l'autre. Interdépendants. Ça ressort bien dans ton texte quand tu parles de Jacob. Pareil pour la personne qui "n'est pas là".

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Ce jour-là, à Samothraki Empty Re: Ce jour-là, à Samothraki

Message  Lifewithwords Mer 18 Juil 2012 - 20:09

Super texte ! Il traite très bien le dilemme qu'il peut y avoir entre l'engagement amoureux et la liberté d'être soi à travers une "petite balade".
Je suis sure que ta réflexion ne va pas s'arrêter là !

Lifewithwords

Nombre de messages : 785
Age : 32
Localisation : Hauts de Seine
Date d'inscription : 27/08/2007

Revenir en haut Aller en bas

Ce jour-là, à Samothraki Empty Re: Ce jour-là, à Samothraki

Message  Sahkti Sam 21 Juil 2012 - 7:36

Par moments, beaucoup trop explicatif pour moi, il y a des détails qui n'apportent rien, si ce n'est créer des longueurs. Il y a aussi, au début du texte, un ton plaintif qui alourdit passablement le récit et risque de lasser le lecteur avant qu'il n'arrive à la fin. Ce qui serait dommage car le propos est intéressant et tu le décortiques plutôt bien, on sent la réflexion (personnelle ou non peu importe finalement, il y a réflexion) et le parallèle que tu établis est porteur. Il reste juste le ton a alléger, simple avis perso.
Sahkti
Sahkti

Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005

Revenir en haut Aller en bas

Ce jour-là, à Samothraki Empty Re: Ce jour-là, à Samothraki

Message  Marine Ven 27 Juil 2012 - 15:55

Il faudra que je relise ce texte que j'ai découvert grâce au fil « discussion sur les textes » et que j'ai beaucoup aimé. J'ai apprécié surtout que cette marche en montagne et ce danger soient propices à une réflexion, un retour sur toi-même. Je marche souvent en montagne également, j'ai déjà connu cette peur des passages difficiles, cette conscience soudaine de notre vulnérabilité face aux forces implacables de la nature, des cascades et des rochers. Le style est bon, fluide, avec quelques lourdeurs cependant. Je trouve le premier paragraphe du texte, en introduction, totalement superflu : tu y fais trop tôt le travail conclusif de la pensée du lecteur quand il parvient à la fin du texte. J'ai retrouvé dans ton récit beaucoup de mes expériences personnelles : l'attente interminable du sommet et les bosses successives qui nous donnent à chaque fois l'illusion de sa venue prochaine, la descente de l'eau dans les bouteilles -bien aimé l'expression « en dessous de l'étiquette » pour signaler le danger, comme une jauge sévère- et la hâte fatiguée mais fiévreuse de rejoindre enfin la route, puis le soulagement encore teinté des inquiétudes de ce qui aurait pu arriver. Chez moi les petites plantes hérissons auxquelles on se rattrape sont des chardons ! Le passage sur la bonne étoile est intéressant également : ce besoin de se raccrocher à quelque chose pour garder l'espoir au cœur et se remotiver pour ne pas flancher, je connais ça aussi en montagne.
J'aime bien le commentaire d'Igloo également, que je trouve pertinent. C'est vrai que la montagne et la rencontre avec la chaleur, les pierres, les paysages, cette nudité si riche, permet de se retrouver face à sa soi-même, à sa vie. J'ai toujours l'impression que la montagne reste toujours la même, stable, calme, immuable, même en temps de tempête, par rapports à nos humeurs et à nos passions qui elles défilent souvent sans trouver de point d'ancrage sur lequel s'accrocher. Quand je marche en montagne j'ai l'impression de pouvoir faire un bilan.

PS : Je rejoins Sahkti sur le commentaire plus littéraire, y'a matière à alléger, on ressort de ta lecture la tête trop fatiguée.
Marine
Marine

Nombre de messages : 1030
Age : 29
Date d'inscription : 30/07/2011

https://www.facebook.com/#!/groups/137962346214700/

Revenir en haut Aller en bas

Ce jour-là, à Samothraki Empty Re: Ce jour-là, à Samothraki

Message  Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum