Vos écrits
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
-29%
Le deal à ne pas rater :
PC portable – MEDION 15,6″ FHD Intel i7 – 16 Go / 512Go (CDAV : ...
499.99 € 699.99 €
Voir le deal

Charlie

3 participants

Aller en bas

Charlie Empty Charlie

Message  TerebHantin Mar 31 Juil 2012 - 19:34

Il s'agit du début que je pense "lisible" d'un roman déjà bien entamé. Par avance, merci à ceux qui me feront avancer, par quelque remarque que ce soit.



Charlie.


« Je m’appelle Charlie Bellâtre.

...

J’ai vécu plus qu’il n’aurait été raisonnable. Aujourd’hui, je vais mourir.

Ceci est mon enfance. »

Peut-être suis-je fou...


1


« Je vole. »

J’étendais mes bras dans l’immensité des cieux.
Je flottais. Comme par enchantement. Noyant mon regard dans la contemplation. Mes yeux se perdaient dans l’aurore pourpre. Elle saignait abondamment, déversait sa vie dans chacune des nuances célestes. Et le gris des nuages rougissait sous la jupe bleue du lointain alors qu’une tache blanchâtre - la lune-, me faisait un clin d’œil. Le vent froid de la nuit soulevait ma chemise. Elle ondulait à la manière d’un drapeau.

Je jouissais de cet acte comme un ivrogne aurait joui de sa bouteille. Ivre! Saoul de bonheur !
Un sourire étira ma peau tendue. Je ris à m’en fendre le ventre.

En bas, la cime des arbres décorait la terre de son feuillage, tel un manteau de velours sur le corps squelettique d’un mendiant. Ils s’élevaient du sol avec fierté, et tendaient leurs multiples bras vers le ciel.
La réprimande des anciens.
C’est là qu’ils se courbèrent sous l’ire d’Éole. Dévalant les roches ternes d’un souffle, il obtint jusqu’à l’insidieuse révérence des fleurs.
« Si belles… »

Leurs pères sont si vieux qu’une brise les soufflerait.

A genoux!


*
* *

Un vacarme assourdissant me tira hors de mon sommeil.

Je me redressai d'un coup
« Maman! »

Et me figeai.
La porte de ma chambre sortait honteusement de ses gonds, criblée de bosses. Mes traits s’affaissèrent. Je réalisai ce qui s’était passé : on était entré ici par effraction.
Autour de moi, tout était jeté, retourné, frappé, forcé et abandonné. Un frisson d’inconnu dégoulina le long de mon échine.
Qui ? Comment ? Pourquoi ? Quand ?

Mes pensées retombèrent.
Je sortis de mon lit à pas feutrés, m’approchai du battant avec le courage d’un lion « Inspire, expire. » et fis irruption dans le couloir, prêt à rouer de coups une quelconque présence. Mais rien.
Rien d’autre que mon souffle rauque brisant le silence d’une nuit où je m’étais si souvent endormi, dans une tranquillité tout à coup affligeante.
La chambre de mes parents était ouverte, mais rien n’était visible. Je descendis les escaliers en trombe, alors que la terreur resserrait son nœud autour de ma gorge.
Arrivé en bas, toujours rien.

Impossible de rester. Je devais sortir d'ici.

Dehors, le constat était aussi horrible. Le feu dévorait le toit des maisons voisines et projetait crûment l’éclat du brasier sur la route, qui s’illuminait de couleurs chaudes et menaçantes. La figure horrible des ombres, témoins de cet évènement, claquait des dents et se contorsionnait sans cesse dans une danse macabre. Je m’effondrai. Les gravillons de l’allée percèrent mes genoux.
J’étais abattu, dans l’incompréhension.
Aurais-je pu dire cette fois que cela ne me faisait rien ?
Qu'à la manière d'un héros sans peur, je m’apprêtais à remuer ciel et terre pour me venger ?

... j'étais un enfant.
Je pleurais. La peur avait gelé toute force en moi et continuait de m’accabler.

Je suis coupable. Coupable d’avoir survécu.

Il ne restait pas une maison intacte.
Partout, plâtre et tuiles rouges faisaient de la route un chemin de cimetière. Des amas de toitures, d’éclats de pierre et de verre formaient une passerelle entre les deux bords de la rue.
Des bâtiments gisaient sans fenêtres ni portes, avec des moitiés de murs branlantes, destitués de toutes formes.

Ce spectacle dansant au rythme des flammes m’horrifiait.
La lumière semblait fêter sa victoire sur la vie à chaque ondulation qu’elle faisait dans le bois. Une simple bataille, pensais-je pour me rassurer... sans grande conviction.

Pas à pas, je découvrais le nouveau visage ma vie.
Ce jour sera à marquer d’une pierre blanche, me soufflait une des voix.

La maison de Rose était en ruine.
Je me doutais qu’il n’y avait probablement pas de survivant, mais n’en fus pas moins troublé lorsque mes yeux se posèrent sur une large main qui émergeait au milieu des décombres. Inerte, bien sûr.
Etait-ce son père ?

Une odeur que je n’avais encore jamais humée vint à moi. Doucereuse, écœurante, semblable à l’haleine d’un ivrogne. C’était le parfum des corps sans vie. Celui qui vous prend au détour d’une charogne, qui vous donne des hauts le cœur incontrôlables et vous fait penser le pire. Le renouveau était là, dans ses habits de clochard.
Je portais les mains à ma bouche, pour ne pas vomir.
Mes larmes coulaient toujours sans que je puisse les arrêter. De désespoir, je criai : « N’y a-t-il personne ? ».

Le silence fit écho à mes paroles.

Je partis dès l’aube, le lendemain, parce que cela me semblait l’unique chose à faire.

Sur le chemin, je parvins à saisir une grosse dame pour lui demander ce qui s’était passé. Sa réponse m’affligea.

« La guerre, gamin. La guerre. Elle nous est tombée dessus dans la nuit. Sans crier gare. »

La guerre.

Ce mot évoquait en mon esprit de grandes batailles à dos de cheval, où l’honneur et la bravoure l’emportaient perpétuellement. Je n’avais pour illustrer ce terme que les contes qu’on me lisait jusqu’alors.
Je me souvins d’un petit paragraphe, dans un livre d’histoire que mon père lisait… je crois.
Oui. Ce devait être lui.

« Lorsque la guerre était annoncée, tous ceux qui voulaient y échapper quittaient la ville, et s’exilaient parfois dans les tréfonds de la forêt. Il fallait alors éviter de croiser qui que ce soit. Vivre en Hermite. »

Je continuais ma route contre un flot incessant d’exilés aux visages mornes, abattus. Pas un seul ne regardait le ciel, d’où naitrait une nouvelle frappe aérienne. Ils avaient perdu tout espoir en une nuit.
« Que fait l’armée ? » était la question qu’on entendait le plus souvent. Des rumeurs circulaient, sur le fait qu’elle aurait été anéantie.
L’air était lourd, Il formait un voile qui enserrait chacun de nos pas, et nos yeux étaient rouges, à force de ne pas dormir.
Des larmes venaient encore le long de mes paupières.
Je clignai des yeux, et comme elles glissaient le long de ma joue avec douceur, l’essuyai d'un revers de manche.
L’école était entièrement calcinée. Aucun de ces pauvres platanes que nous escaladions ne tenait encore debout. Il ne restait qu’un tas de gravier noir et de poutres fumantes où mes souvenirs rampaient, mutilés par le feu.
TerebHantin
TerebHantin

Nombre de messages : 27
Age : 83
Localisation : Picardie
Date d'inscription : 31/07/2012

Revenir en haut Aller en bas

Charlie Empty Re: Charlie

Message  Invité Mar 31 Juil 2012 - 20:37

A part virer le début qui ne sert à rien :

Charlie.

« Je m’appelle Charlie Bellâtre.

...

J’ai vécu plus qu’il n’aurait été raisonnable. Aujourd’hui, je vais mourir.

Ceci est mon enfance. »

Peut-être suis-je fou...


Le reste est intéressant ; quant à tenir sur "longue distance" (roman) bon courage pour que ça le reste.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Charlie Empty Re: Charlie

Message  Invité Mar 31 Juil 2012 - 20:46


Bonjour, TerebHantin
ça démarre fort !
J'ai moyennement aimé ce passage que je trouve un peu "précieux" et qui contraste beaucoup avec le spectacle de désolation qui suit (lui, très bien décrit)
Noyant mon regard dans la contemplation. Mes yeux se perdaient dans l’aurore pourpre. Elle saignait abondamment, déversait sa vie dans chacune des nuances célestes. Et le gris des nuages rougissait sous la jupe bleue du lointain alors qu’une tache blanchâtre - la lune-, me faisait un clin d’œil.
la jupe bleue du lointain est une fort jolie trouvaille mais qui me semblerait plus à sa place dans une poésie que dans le tout début d'un texte qui nous plonge immédiatement après dans une réalité violente. et pourtant je suis éssez amateur de contrastes !

Par ailleurs, certains détails me font hésiter sur ce que ressent l'enfant : il y a comme une ambivalence, peut-être voulue, la suite nous le dira sans doute
Ce jour sera à marquer d’une pierre blanche, me soufflait une des voix.
Cette phrase semble indiquer que malgré la peur et le chagrin, il aurait quelque chose de bon à tirer des évènements...
Je lirai la suite avec grand plaisir, il y a une grande maîtrise de l'écriture et j'attends de voir la tournure que ça prendra...
Bienvenue ici, en tout cas !

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Charlie Empty Re: Charlie

Message  Lucy Mer 1 Aoû 2012 - 1:56

Une belle écriture, un peu intemporelle. Je suis curieuse de voir ce que cette histoire va donner sur le long court (sans jeu de mot ^^).

"je parvins à saisir une grosse dame pour lui demander ce qui s’était passé" le saisir m'a un peu gênée.

J'aime, déjà, la poésie qui se dégage de ce que tu viens de nous offrir à lire.
Lucy
Lucy

Nombre de messages : 3411
Age : 46
Date d'inscription : 31/03/2008

Revenir en haut Aller en bas

Charlie Empty Re: Charlie

Message  Sahkti Mer 1 Aoû 2012 - 8:11

Je suis quelque peu partagée en pensant que ceci devrait être un roman, car je crains que sur un long format, ça ne tienne pas la route, ça s'épuise très vite. Il y a certes une belle poésie, une volonté de se la jouer de temps en temps "éthéré", ce qui est agréable et intéressant mais seulement sur un tel format, pas sur du plus long. L'histoire reste cantonnée en arrière-plan, la trame n'est pas tout le temps claire, or je pense que cela devrait être modifié si le récit doit occuper de nombreuses pages.
Si j'occulte la volonté d'en faire un roman, le texte y gagne alors en qualité à mes yeux car il épouse bien cette taille et cette manière de raconter, qui en dit beaucoup tout en maintenant la part de mystère inhérente au texte.
Sahkti
Sahkti

Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005

Revenir en haut Aller en bas

Charlie Empty Re: Charlie

Message  Invité Mer 1 Aoû 2012 - 16:03

Je trouve tout ça très long, tortueux.
Si ça démarre comme ça, je crains que le roman devienne pavé, pas à cause d'éventuelles et multiples péripéties, mais du choix de la narration.

Du coup, je suis très mitigée, n'ayant pu vraiment focaliser mon attention sur l'intrigue, empêtrée que j'étais à me frayer un chemin au coeur de tous ces mots.
Cela dit, je conçois bien que ça puisse plaire, parce qu'il y a un réel effort, un travail sur la forme.
Mais je doute que ce soit pour moi.
Bon courage en tout cas pour la suite.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Charlie Empty Re: Charlie

Message  Invité Mer 1 Aoû 2012 - 19:53

la partie sur l'odeur des morts n'est pas réaliste. vous devriez y penser.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Charlie Empty Re: Charlie

Message  TerebHantin Sam 4 Aoû 2012 - 14:46

Je suis content que ça ne plaise pas à tous. J'aurai au moins ça à faire, les prochains jours. Ecrire.
Pandaworks, j'ai beau y penser, rien d'évident se dévoile. Peut-être pourrais-tu m'éclairer ? On m'a déjà fait une remarque semblable, ailleurs ; je fais de l'analogie là. Pour ma défense, je n'ai pas encore éprouvé l'odeur des morts. (Ouh ! Quelle excuse ! )
aseptans a écrit:
[...]
Le reste est intéressant ; quant à tenir sur "longue distance" (roman) bon courage pour que ça le reste.
Espérons le.

Merci
TerebHantin
TerebHantin

Nombre de messages : 27
Age : 83
Localisation : Picardie
Date d'inscription : 31/07/2012

Revenir en haut Aller en bas

Charlie Empty Re: Charlie

Message  Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum