Pisser dos à la route
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Pisser dos à la route
Pisser dos à la route, les yeux en l’air au jour levant, un de ces matins d’été ou la terre moissonnée exhale cette odeur indéfinissable, empreinte de paix et de silence, comme la brume qui écharpe les traits en creux du paysage.
Je n’ai fait que voyager, non pas en errances convenues d’aventurier ou d’écrivain, mais comme un condamné à devoir toujours regarder ce qu’il y avait derrière le décor. Aussi rester planté les jambes écartées contemplant l’arc doré qui vient rejoindre la rosée dans le soleil en fumant, reste pour moi un de ces instants ou le tambour de galère arrête enfin de scander la cadence..
Pisser sur une berme après quelques heures de solitude au volant d’un long semi remorque, dont le chant du diesel , monotone et mélancolique vous entraîne vers un sommeil doucereux aux destinées funestes. L’air est frais, la machine éteinte redevient objet, je redeviens vivant naissant aux parfums du matin.
A ces heures les odeurs sont dures presque brutales: Fumées d’usines, macadam tiédit par l’averse d’orage, garrigue où serpente l’autoroute, champs d’herbe recouverts rosée, pierrailles encore tièdes de la veille. Même les sons ont une pureté presque métallique, sans doute est ce à cause de l’air plus froid, un peu comme ces jours de grands gels où les bruits, les voix semblent se mouvoir comme des éclairs.
Tout à l’heure j’arriverais à l’usine en même temps que les ouvriers, ils passeront devant moi, imaginant milles voyages, mille aventures, mille paysages et pourtant :
Routiers
Je scrutais l’infini au fil de longues routes
Prisonnier des machines qui traversaient la nuit
Sur ces rubans d’asphaltes qui striaient le pays
Horizons d’autoroutes, désespoirs linéaires
Se dénouaient alors d’immobiles voyages
Aux rêveries interdites bercées par les diesels
Et sur mon âme en veille s’estompait mon ennui
Horizons d’autoroutes, désespoirs linéaires
Menotté au volant d’interminables heures
A quoi d’autre penser qu’à ces destins funestes
De ceux tout comme moi condamnés aux galères
Horizons d’autoroutes, désespoirs linéaires
J’atteindrais le matin vers les usines blêmes
Joignant les ouvriers s’en venant sous la brume
Qui me croyaient alors les yeux pleins de voyages
Horizons d’autoroutes, désespoirs linéaires
Je scrutais l’infini au fil de longues routes
Prisonnier des machines qui traversaient la nuit
Sur ces rubans d’asphaltes qui striaient le pays
Voir l’aube, c’est parfois connaître le repos après une de nuit de veille, ressentir le soulagement de celui qui va bientôt s’éteindre et pour qui le matin est un sursis offert pour un jour encore. Immenses instants de solitudes au terme d’heures épouvantables, magie d’un instant qui nous rapproche de celle qu’on aime, partage intérieur entre celui que nous sommes et celui que nous aurions voulu être :
L’anis de te yeux
Je n’ai jamais vécu
Qu’à l’aune de mes rêves
Errant sur ces chemins
Escarpés d’évidences
Allant le nez aux vents
En vaines amertumes
Enjambant des ruisseaux
Aux murmures souverains
Certes il y eut quelquefois
De splendides aurores
Ces incendies d’amour
En gerbes d’étincelles
Qui dévoraient la brume
De ces matins de Juin
Je cheminais enfin
Délivré du mépris
Qui nous ronge souvent
Lorsque l’on a souffert
D’avoir trop attendu
L’anis de te yeux
Et le grain de ta peau
A l’envie de tes cris
Dans la moiteur des draps
Et mon âme consumée
Aux braises de tes cheveux
Le jour qui vient est comme une feuille qu’on tourne, pleine de promesses ou de rancoeurs. D’un côté les pages qui s’épaississent en chapitres clos, écrits infalsifiables qui retracent nos erreurs, nos vanités, les bonheurs qu’on à pas su prendre et ceux qu’on à laisser filer, une vie quoi. De l’autre côté une fin dont on ne connaît ni l’épaisseur ni l’intrigue, peut être est ce pour cela que le matin doit vécu comme un présent au sens propre et figuré : Celui de rencontrer la réalité et celui d’être en vie :
Pourquoi faut-il.. ?
Pourquoi faut-il aimer autrui
S’embarrasser de mansuétude
Et s’affliger de ses ennuis
A vivoter comme les gens
C’est à soi même que l’on ment
Pourquoi faut-il gagner sa vie
Pour à la perdre passer son temps
Comme ces moutons en bergerie
A vivoter comme les gens
C’est à soi même que l’on ment
Pourquoi faut-il parler autant
Des maux qui ne servent qu’à dire
Que nous sommes seuls éperdument
A vivoter comme les gens
C’est à soi même que l’on ment
Je m’en vais seul désormais
Dans des matins épouvantables
Où se lève un soleil aimable
Estrémadures, toscanes, campagnes Anglaises, Nord, Sud, Ouest, Est, les hommes y sont pareils. Petits destins souvent les contentent et il m’est venu parfois de les envier. Leur prêtant une vie simple sans littérature, de la maison à l’usine, du départ tôt un matin de vacances avec la voiture apprêtée la veille…
Je n’ai fait que voyager, non pas en errances convenues d’aventurier ou d’écrivain, mais comme un condamné à devoir toujours regarder ce qu’il y avait derrière le décor. Aussi rester planté les jambes écartées contemplant l’arc doré qui vient rejoindre la rosée dans le soleil en fumant, reste pour moi un de ces instants ou le tambour de galère arrête enfin de scander la cadence..
Pisser sur une berme après quelques heures de solitude au volant d’un long semi remorque, dont le chant du diesel , monotone et mélancolique vous entraîne vers un sommeil doucereux aux destinées funestes. L’air est frais, la machine éteinte redevient objet, je redeviens vivant naissant aux parfums du matin.
A ces heures les odeurs sont dures presque brutales: Fumées d’usines, macadam tiédit par l’averse d’orage, garrigue où serpente l’autoroute, champs d’herbe recouverts rosée, pierrailles encore tièdes de la veille. Même les sons ont une pureté presque métallique, sans doute est ce à cause de l’air plus froid, un peu comme ces jours de grands gels où les bruits, les voix semblent se mouvoir comme des éclairs.
Tout à l’heure j’arriverais à l’usine en même temps que les ouvriers, ils passeront devant moi, imaginant milles voyages, mille aventures, mille paysages et pourtant :
Routiers
Je scrutais l’infini au fil de longues routes
Prisonnier des machines qui traversaient la nuit
Sur ces rubans d’asphaltes qui striaient le pays
Horizons d’autoroutes, désespoirs linéaires
Se dénouaient alors d’immobiles voyages
Aux rêveries interdites bercées par les diesels
Et sur mon âme en veille s’estompait mon ennui
Horizons d’autoroutes, désespoirs linéaires
Menotté au volant d’interminables heures
A quoi d’autre penser qu’à ces destins funestes
De ceux tout comme moi condamnés aux galères
Horizons d’autoroutes, désespoirs linéaires
J’atteindrais le matin vers les usines blêmes
Joignant les ouvriers s’en venant sous la brume
Qui me croyaient alors les yeux pleins de voyages
Horizons d’autoroutes, désespoirs linéaires
Je scrutais l’infini au fil de longues routes
Prisonnier des machines qui traversaient la nuit
Sur ces rubans d’asphaltes qui striaient le pays
Voir l’aube, c’est parfois connaître le repos après une de nuit de veille, ressentir le soulagement de celui qui va bientôt s’éteindre et pour qui le matin est un sursis offert pour un jour encore. Immenses instants de solitudes au terme d’heures épouvantables, magie d’un instant qui nous rapproche de celle qu’on aime, partage intérieur entre celui que nous sommes et celui que nous aurions voulu être :
L’anis de te yeux
Je n’ai jamais vécu
Qu’à l’aune de mes rêves
Errant sur ces chemins
Escarpés d’évidences
Allant le nez aux vents
En vaines amertumes
Enjambant des ruisseaux
Aux murmures souverains
Certes il y eut quelquefois
De splendides aurores
Ces incendies d’amour
En gerbes d’étincelles
Qui dévoraient la brume
De ces matins de Juin
Je cheminais enfin
Délivré du mépris
Qui nous ronge souvent
Lorsque l’on a souffert
D’avoir trop attendu
L’anis de te yeux
Et le grain de ta peau
A l’envie de tes cris
Dans la moiteur des draps
Et mon âme consumée
Aux braises de tes cheveux
Le jour qui vient est comme une feuille qu’on tourne, pleine de promesses ou de rancoeurs. D’un côté les pages qui s’épaississent en chapitres clos, écrits infalsifiables qui retracent nos erreurs, nos vanités, les bonheurs qu’on à pas su prendre et ceux qu’on à laisser filer, une vie quoi. De l’autre côté une fin dont on ne connaît ni l’épaisseur ni l’intrigue, peut être est ce pour cela que le matin doit vécu comme un présent au sens propre et figuré : Celui de rencontrer la réalité et celui d’être en vie :
Pourquoi faut-il.. ?
Pourquoi faut-il aimer autrui
S’embarrasser de mansuétude
Et s’affliger de ses ennuis
A vivoter comme les gens
C’est à soi même que l’on ment
Pourquoi faut-il gagner sa vie
Pour à la perdre passer son temps
Comme ces moutons en bergerie
A vivoter comme les gens
C’est à soi même que l’on ment
Pourquoi faut-il parler autant
Des maux qui ne servent qu’à dire
Que nous sommes seuls éperdument
A vivoter comme les gens
C’est à soi même que l’on ment
Je m’en vais seul désormais
Dans des matins épouvantables
Où se lève un soleil aimable
Estrémadures, toscanes, campagnes Anglaises, Nord, Sud, Ouest, Est, les hommes y sont pareils. Petits destins souvent les contentent et il m’est venu parfois de les envier. Leur prêtant une vie simple sans littérature, de la maison à l’usine, du départ tôt un matin de vacances avec la voiture apprêtée la veille…
Re: Pisser dos à la route
Ah!
globalement, j'aime beaucoup, c'est sûr...!
vraiment.
déjà rien que le titre, incisif.
mais je reviendrai sûrement commenter de manière plus constructive,
comme par exemple à propos de ce mélange prose/poésie.
pour l'instant le temps me manque, mais je peux déjà dire que je n'ai pas compris pourquoi
"L’anis de te yeux"
qui est volontaire puisque deux fois répété.
et
les trois dernières lignes ont enlevé quelque chose au plaisir que j'avais pris à cette lecture, je ne sais pourquoi...
globalement, j'aime beaucoup, c'est sûr...!
vraiment.
déjà rien que le titre, incisif.
mais je reviendrai sûrement commenter de manière plus constructive,
comme par exemple à propos de ce mélange prose/poésie.
pour l'instant le temps me manque, mais je peux déjà dire que je n'ai pas compris pourquoi
"L’anis de te yeux"
qui est volontaire puisque deux fois répété.
et
les trois dernières lignes ont enlevé quelque chose au plaisir que j'avais pris à cette lecture, je ne sais pourquoi...
Invité- Invité
Re: Pisser dos à la route
Je ne sais si les intermèdes en prose font partie intégrante d'un long poème. A mon sens ils n'apportent rien, ils desservent plutôt les poèmes: ça fait un peu blabla radiophonique destiné à établir une liaison entre des séquences. Sans vouloir te vexer, parce que tu sais bien que tes poèmes n'ont besoin ni de présentation, ni de justification.
Sinon:
1)Le titre est génial
2)Le premier poème "parlé" pourrait s'arrêter à " ils passeront devant moi"
3)Dans "L'anis de tes yeux", la dernière strophe casse tout, quel dommage!
4)Dans "Pourquoi faut-il" , le mot "mansuétude" détone dans l'ambiance de simplicité et de "platitude" que tu installes, et ce vers est lourd.
5)Les trois dernières phrases: t'as perdu ta gomme ou quoi?
Sur cet ensemble, la densité poétique est en dessous de ce à quoi tu nous avais habitués...
Sinon:
1)Le titre est génial
2)Le premier poème "parlé" pourrait s'arrêter à " ils passeront devant moi"
3)Dans "L'anis de tes yeux", la dernière strophe casse tout, quel dommage!
4)Dans "Pourquoi faut-il" , le mot "mansuétude" détone dans l'ambiance de simplicité et de "platitude" que tu installes, et ce vers est lourd.
5)Les trois dernières phrases: t'as perdu ta gomme ou quoi?
Sur cet ensemble, la densité poétique est en dessous de ce à quoi tu nous avais habitués...
Polixène- Nombre de messages : 3287
Age : 61
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
Re: Pisser dos à la route
moi j'aime l'enchaînement poème en prose poème en vers, on a l'impression qu'une melodie se lance dans la tête du personnage, une melodie qu'il aurait déjà fredonné mille fois, monotone comme les routes qu'il sillone. le passage sur les autoroutes est de loin mon préféré. je trouve dommage que le personnage fasse une distinction entre lui et les autres à petit destin à la fin (juste parce que lui écrit), puisqu'en un sens ils prennent les mêmes routes, même si lui ne va pas à l'usine, ils partagent la même route, ils y rêvent et finissent par s'y endormir, mais bon là c'est un avis strictement personnel. je tiens à dire aussi que ça fait plaisir d'entendre parler de diesel ou d'autoroutes dans un poème, moi ça me touche
pachyderme- Nombre de messages : 72
Age : 37
Date d'inscription : 10/12/2011
Re: Pisser dos à la route
Pourtant ça vaut le coup d'être lu même si c'est plain d'une vraie tristesse, assez peu coutumière chez Loïc. Le mélange des amples paragraphes en prose et des étroits poèmes propose une suite de tableau au bord du récit, l'accumulation dit de l'homme.
Dans tout cela une perle (j'ai mis en gras ce qui est le plus fort à mes yeux mais bien sûr ne vaut sans le reste) :
L’anis de tes yeux
Je n’ai jamais vécu
Qu’à l’aune de mes rêves
Errant sur ces chemins
Escarpés d’évidences
Allant le nez aux vents
En vaines amertumes
Enjambant des ruisseaux
Aux murmures souverains
Dans tout cela une perle (j'ai mis en gras ce qui est le plus fort à mes yeux mais bien sûr ne vaut sans le reste) :
L’anis de tes yeux
Je n’ai jamais vécu
Qu’à l’aune de mes rêves
Errant sur ces chemins
Escarpés d’évidences
Allant le nez aux vents
En vaines amertumes
Enjambant des ruisseaux
Aux murmures souverains
Re: Pisser dos à la route
Une belle balade dans l'émotion! J'ai beaucoup aimé.
On reconnait bien Loïc dans tout ça!
On reconnait bien Loïc dans tout ça!
Maryse- Nombre de messages : 811
Age : 80
Localisation : Montélimar
Date d'inscription : 22/09/2010
Re: Pisser dos à la route
Slut loïc. Je rejoins le commentaire de pachyderme. Etj'ai aimé te lire, comme souvent.
Re: Pisser dos à la route
Me suffirait la partie poème
je suis comme toujours scotchée par les alliages, alliances de mots : matins épouvantables, soleil aimable, les machines qui traversent la nuit, tout ça.
Assez déchirant, ce texte
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
Re: Pisser dos à la route
joli morceau,
le petit bémol pour moi, c'est que j'y vois deux sujets.... le routier..... l'amour aux yeux d'anis.... et je trouve que les deux me sonnent un peu coller en force
d'aprés bibi, pour garder les deux, je collerais bien un numéro de chapitre ou les séparerais bien par des étoiles **
et dans ce cas je renforcerais le lien entre les deux, dans une fin plus quelquechose, ... ou j'en ferai deux poèmes.
sinon j'aime beaucoup le routier (ayant pas mal conduit de PL, 45places et autres engins agricoles, çam'parle)
pour l'odeur, celle du départ,
je la connais celle-là, je suis beauceron d'origine
et je peux même te dire que c'est un peu ma madeleine, comme celle de mon voisin Proust,
cette odeur, dans la plaine, quand tout est déchaumé,
c'est parce qu'il ne reste plus, dans tout ce paysage, qu'une seule et unique odeur, l'odeur de la terre,
t'es la première personne que je croise qui, comme moije, est imprimé de ce truc là,
j'me récapépète, oui à toute la première partie, la seconde oui aussi, mais pas forcément ensemble
le petit bémol pour moi, c'est que j'y vois deux sujets.... le routier..... l'amour aux yeux d'anis.... et je trouve que les deux me sonnent un peu coller en force
d'aprés bibi, pour garder les deux, je collerais bien un numéro de chapitre ou les séparerais bien par des étoiles **
et dans ce cas je renforcerais le lien entre les deux, dans une fin plus quelquechose, ... ou j'en ferai deux poèmes.
sinon j'aime beaucoup le routier (ayant pas mal conduit de PL, 45places et autres engins agricoles, çam'parle)
pour l'odeur, celle du départ,
je la connais celle-là, je suis beauceron d'origine
et je peux même te dire que c'est un peu ma madeleine, comme celle de mon voisin Proust,
cette odeur, dans la plaine, quand tout est déchaumé,
c'est parce qu'il ne reste plus, dans tout ce paysage, qu'une seule et unique odeur, l'odeur de la terre,
t'es la première personne que je croise qui, comme moije, est imprimé de ce truc là,
j'me récapépète, oui à toute la première partie, la seconde oui aussi, mais pas forcément ensemble
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