Vos écrits
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le Deal du moment : -28%
Brandt LVE127J – Lave-vaisselle encastrable 12 ...
Voir le deal
279.99 €

Enfin une bonne nouvelle !

+3
Phylisse
Jano
Frédéric Prunier
7 participants

Aller en bas

Enfin une bonne nouvelle ! Empty Enfin une bonne nouvelle !

Message  Frédéric Prunier Jeu 23 Aoû 2012 - 6:31


1

Enfin une bonne nouvelle !
Vous me demandez, ma chère, de vous écrire quelques pages, et vous m'assurez que vous rêvez déjà de me lire… Me permettriez-vous toutes les libertés ?
Parce que je vous préviens, je n'attendrai pas d'avoir la confirmation de cette demande, et je préfère prendre le risque de vous choquer ou de vous déplaire, plutôt que manquer un seul de vos désirs, et surtout ici, dans le secret d’écrire.
Je m’empresse donc de vous transcrire, le rêve que j’ai voyagé cette nuit.
Le trottoir est étroit. Vous ne le savez pas, mais je vous ai suivi. Et bien sûr, je prends un malin plaisir à contempler votre silhouette, surtout vos fesses. Vous disparaissez sans cesse de ma vue, à cause du nombre affolant des piétons que l’on croise et qui se promènent dans ces rues ombragées de la vieille ville.
Aujourd’hui est superbe, c’est une journée d’été, avec par chance, une très légère brise qui s’ajoute au bonheur …
Je ne peux espérer vous aborder, vous me repousseriez. En plus, j’ai bu, plus que de raison, et j’en ai conscience, je suis dans cet état limite d’un triple mélange aux effets de l’euphorie, de l’excitation animale et de la drogue. Le monde entier m’appartient.
J’aurais voulu le crier, le prouver, démontrer à tous ces gens que je croise combien je suis maître de mon art, l’art d’aimer, de ressentir, de comprendre et de vous le montrer, que ce soit pour une pierre, un arbre, une ville entière et tous ses habitants, les chiens, les pigeons ou les humains !
Ah ! Si j’avais osé vous aborder à ce moment-là, je me serais mis à danser autour de vous, parce que le ciel est si bleu, le soleil si jaune et que vous êtes si belle. J’aurais pris votre main, je vous aurais forcé à courir dans une farandole, en chantant à tue-tête, en serpentant entre les gens, et je vous aurais parlé sans cesse, de moi, de mes rêves, de vous, dans ce rêve, et tous les autres :
- Je vous aime !!! et je me sens aujourd’hui le maître, le maître de cet art à la fois si inutile et si obligatoire du vivre !!!...Oh ! Pourtant, je ne suis pas un dieu et je me sais éphémère. J’ai même la chance d’être un animal de chair et de sang, fait de cette boue si misérable, décriée par les sages. Et c’est à cause de cela, tout simplement, que je peux aimer, désirer, et ressentir pleinement.
Alors aujourd’hui, mes yeux se régalent du plaisir si simple et si tout bonnement humain, de la vue de votre silhouette.
Ceci est d’autant plus délicieux que vous ne le savez pas.
Et heureusement, car je connais votre caractère si féminin et vos coquetteries de princesse. Je sais combien vous ne supportez pas le regard de ces hommes que vous appelez les « connards », qui sont attirés par l’artifice de votre féminité, et qui ne savent y résister.
Vous pouvez me traiter de goujat, mais je vous connais suffisamment pour affirmer que vous
ne sauriez apparaître, sans avoir vérifié, au moins d’un coup de peigne, que tout est parfaitement en place.



2
De toute façon, sachez que c’est ainsi que je vous aime et que je vous admire, belle et heureuse, jouant de ce corps que vous savez rendre si pleinement attirant. Je le sais, parce que je connais par cœur vos fenêtres, vos horaires, et vos habitudes ! Mais n’ayez crainte, je ne suis pas dangereux …
Je suis certain que vous avez connaissance de mon petit manège, vous ne pouvez être dupe. Malgré tout, si cela est, j’imagine alors votre surprise, en ce moment où vous lisez ces lignes, et je souris à la pensée de votre gêne. Vous rougissez ou vous êtes en colère?
Pour appuyer le trait de ce que j’affirme, souvenez-vous, de cette dernière soirée, si écrasante de canicule, et cette pesanteur si moite, que porter le moindre vêtement était insupportable. Il est si agréable, dans ce moment-là, de rafraichir et de calmer un corps éprouvé par la chaleur extrême, et même le plus prude des êtres humains ou l’eau fraîche d’une douche aura toutes les peines du monde à juguler cet appel impérieux.
Maintenant, il vous faut savoir qu’il y a toujours un instant où la prudence se relâche, et que pour un curieux, le hasard se provoque beaucoup plus facilement qu’il n’y paraît.
Vous venez d’entrer, chez le boulanger-pâtissier, à l’angle de la rue. Et je dois continuer mon chemin, sinon vous pourriez comprendre trop facilement que je m’amuse à vous suivre.
Je me suis interdit de jeter le moindre coup d’œil, en passant, vers l’intérieur de la boutique, mais mon imagination complètement déraisonnable m’assaille de crèmes, de mille-feuilles et je confonds même meringues et chantilly. J’ai quelques résonances de noms évocateurs : babas, chouquettes, croquets, religieuses, et des images, des souvenirs qui éclatent et m’éclaboussent encore le nez. La poudre du sucre glace, qu’il est toujours difficile de ne pas respirer, les bocaux de bonbons en vrac, au désir exhibé derrière leurs vitres inaccessibles, et l’odeur, comme une patine obligée, des empreintes de farine.
Vous devez ressentir en ce moment ces mêmes choses, devant l’étal, tant de sucreries devant vous, et vous les approchez, vos sens s’éveillent, le temps de fixer votre choix. Aujourd’hui, ce sera... J’entends les mots de notre boulangère, ces petites phrases d’habitudes, qu’elle nous dit sans réfléchir. Elle doit en ce moment vous observer, peut-être cherche-t-elle la marque de votre parfum ? Je ne sais pas vraiment comment les femmes se regardent et s’observent entre elles. Sont-elles jalouses ? Envieuses ? A toujours soumettre leurs jugements aux comparaisons, aux différences physiques, impliquant obligatoirement une classification morale, hiérarchique ou sociale ?
Si j’étais boulangère, je profiterais de ce temps pour m’imprégner de vous, en laissant défiler les secondes, puisque vous hésitez entre toutes ces gourmandises. Je vous rêve indécise, et cela me rassure, parce que j’en conclus que votre plaisir est donc aussi mué par l’implacable dilemme des désirs et des envies, et que vous n’êtes pas uniquement prisonnière de votre satisfaction de plaire.
Que faîtes-vous ? Vous ne ressortez pas ? Vous devez discuter.
Je me suis assis sur le premier banc du jardin public. Les arbustes qui longent la grille me cachent, et si vous sortez, vous ne pourrez pas me voir. En me baissant un tout petit peu, j’aperçois juste la façade de la pâtisserie. Je ne peux pas vous rater.
Tout à l’heure, l’ombre de quelqu’un s’est approchée de la porte, et il m’a semblé reconnaître la manche de votre chemisier. Vous êtes restée un moment, la main posée sur la poignée, prête à partir. Mais vous avez de nouveau disparu et la porte ne s’est pas ouverte.



3

Je reste là, dans l’attente de vous apercevoir de nouveau. Je connais ces moments où je ne peux plus m’extraire de mon rôle de spectateur figé devant l’instant futur. Je reste suspendu, le dénouement final aura certainement la frustration des plaisirs trop fugaces, mais je vis cette attente des prémices de jouissance comme un luxe, une oisiveté calme de rentier. Je peux profiter de ma paresse et je suis comme le mendiant d’une cité opulente , sûr que vous lui donnerez son plaisir. Je sais que je peux vous attendre ainsi des heures, s’il le faut. Vous viendrez. Je n’aurai plus qu’à vous cueillir…
Il y a toujours, sur les bancs des jardins publics, quelques personnages dans mon genre, des observateurs dans la marge, des inventeurs de compagnie, qui parfois vous parlent, mais même dans ce cas, cela reste un monologue. Ce jour-là, en vous attendant, j’ai eu droit à un de ceux que j’appelle « apitoyeurs », qui déambulent à longueur de temps. Ces personnages vous accostent et vous récitent leur vie en lambeaux qu’ils tournent en spirales, en passant de leurs problèmes de voisinages à l’actualité politique du moment, sans transition ni cohérence.
Je pense donc de celui-là comme de tant d’autres déjà rencontrés et qui vous obligent à les écouter. Lui, on devrait le mettre sous tutelle. Si je l’écoute, dans quelques minutes, il me faudra lui prêter de l’argent et ça, il n’en est pas question. Bien sûr qu’il me dira que je peux compter sur lui, qu’il n’y aura pas de problème, il me le rendra, il n’a qu’une parole, le dit est dit, il est toute droiture, portée en étendard … je l’arrête tout net.
Mais je m’égare, c’est l’attente, et je chasse un peu brutalement ce gêneur. Je peux me le permettre, n’oubliez pas que mon rêve est plus important que toute la misère du monde et que même, si je suis le témoin de la pire des horreurs, je l’ignorerais, si vous me le demandez.
Que faites-vous ? Vous n’avez quand même pas une relation caressante avec la boulangère… ? Pourtant cela expliquerait beaucoup de mes incompréhensions. Ce n’est pas la première fois que vous restez ainsi plus que de raison dans cet endroit, et je suis tout à fait prêt à m’engouffrer dans ce genre de littérature. Tous les après-midi, vous venez la voir, à cette heure de sieste et de digestion où les commerces de bouches sont inactifs. Il paraît d’ailleurs que c’est à ce moment que les mitrons se reposent des patrons…
Je décide de m’approcher de la devanture et de regarder à l’intérieur. Le magasin est vide. Sur la porte de l’entrée le petit panneau suspendu à sa chainette est tourné sur la face visible « fermé », et il est écrit plus bas réouverture à 15h30. J’hésite. En prenant la petite ruelle, il y a le porche à l’arrière, avec au fond de la cour, le vieux pétrin stocké sous l’appentis. J’ai déjà aperçu là-bas, à une fenêtre de l’étage, notre matrone fermer vivement ses rideaux. Amstramgram… J’y vais ou je reste ? J’aimerais surprendre vos ombres, en contre-jour, qui se croisent et se mélangent.
Alors j’y vais.



4
Cet après-midi là, je n’ai pas cessé de faire l’aller-retour, entre le jardin public et la ruelle. Mais je n’ai rien vu. Ni boulangère, ni vous, ni personne. Dommage, pendant tout ce temps, j’avais plein d’images dans la tête, des petits bouts de films, des dessins, des débuts de romans. Oh ! Rien d’original, tout ça est déjà inventé, rabâché, des millions de fois. Mais pourtant, quel plaisir, toujours si immense, à chaque fois renouvelé, de croire que j’allais enfin savoir et tout voir. Il est même plausible que ma présence vous était connue, et que dans une communion imaginaire, vous avez profité de toute la puissance de mon être survolté.
Je me demande vraiment si un jour, j’arriverais à être rassasié de tant vous désirer. Et si tout cela se passait réellement, comme dans ses envies qui me taraudent, est-ce que je perdrais alors tout de ce plaisir imaginaire ?
Certaines personnes expliquent par exemple, que le naturisme rend la nudité invisible et que l’habitude supprime l’excitation. Il y a sûrement, d’après moi, de légères différences entre ces dires et la pensée intime de ceux qui les énoncent, mais si cette affirmation est la stricte et pure vérité et qu’elle est unanimement constatée, et bien je vous le dis comme je le pense: quel dommage !
Cela fait déjà quelques heures que je suis là, que je vous cherche et vous attends. Je n’ai ni l’envie ni le courage de penser à autre chose et je suis bien dans cette léthargie. Le soleil de l’après-midi écrase de sa lumière les façades de la ville, et je me délecte des bruits stridents du vol supersonique des martinets, en chasse d’insectes, et qui se jouent de nous comme de vulgaires obstacles. J’ai soif, mais je ne veux surtout plus d’alcool, et même si l’image et l’odeur d’une bière mousseuse venait me frôler les papilles, mon corps me la refuserait car il a besoin de se régénérer et de s’apaiser, sa brûlure de centrale à combustion chimique est trop intense. J’ai soif de cette eau translucide, sans autre goût que minéral et liquide. Mon esprit la réclame aussi, même s’il se complait encore dans un état somnolent de torpeur, que le temps, qui devient orageux et lourd au fil des heures, n’arrange pas, au contraire.
La soif m’oblige en fin de compte à quitter mon poste de surveillance et je me dirige vers la boulangerie-pâtisserie, car je sais qu’ils vendent aussi quelques boissons en accompagnements des sandwichs. J’entre et je suis surpris par la fraîcheur. En d’autres saisons, le lieu est plutôt comme un cocon tiède, avec cette odeur de viennoiseries au sortir du four, mais aujourd’hui, à cause de la différence de température avec l’extérieur, les vitrines réfrigérantes sont les vainqueurs de l’air ambiant, et les lampes aux néons en accentuent l’effet. Je reste un petit instant tout seul, et enfin, la patronne sort de son arrière boutique.
Je suis dépité, je bredouille, tout se mélange, je ne sais plus exactement ce que je fais là et si c’est un rêve, ou la réalité. Elle est seule, vous n’êtes pas là et elle me regarde de son visage rond comme une pâte à croissant. Son corps, lui aussi est tout rond, il est recouvert d’une blouse à rayures en nylon, qui s’écarte de boutons en boutons. Elle me sourit et me demande ce que je désire.
Ce que je désire? Mais toi ! et toutes les deux ! Et si je vous compare, bien sûr que vous êtes les extrêmes de mon usine à délires, et cela n’a rien à voir, pas de comparaison possible !
- Vous avez de l’eau minérale ?



5
Je rentre chez moi, dépité. Mais avant, je fais le détour obligé, celui d’apercevoir vos fenêtres. A cet instant, je n’ai plus envie de rien, le dégoût et la frustration m’ont complètement envahis. A quoi bon tout ce temps perdu, ces longues heures d’espérance, toujours à grappiller quelques instants supplémentaires pour d’hypothétiques plaisirs volés … Encore quelques secondes, je compte jusqu’à dix et si vous n’êtes pas là, cette fois c’est décidé, je vous quitte.
Et vous n’êtes jamais là, ou si peu. Je sais que votre vie n’est pas compatible avec l’univers que je vous décris ici et que je vous perdrais sûrement si vous lisez ces lignes, mais je n’y vois pas le mal. Je ne ressens pas de honte, et je ne comprends pas le jugement moral qui réprime ce délice de laisser dérouler le bonheur que m’ordonne mon corps animal. J’enrage de devoir toujours faire bonne figure et de tout concéder au réel. Alors, je me promets d’arriver devant chez vous, de frapper à votre porte et de vous embrasser.
Et si je dois maîtriser mon instinct, si vous me le demandez, pour le rendre plus intense au final, et bien, malgré tout, je serais le plus heureux des hommes. Je rêve de vous contempler et de ressentir quand vous partagerez cette sensation d’un plaisir identique à celui que je promène ici, entre mes lignes.
Pour vous, j’aimerais, sans cesse, inventer d’autres promenades, où je serais aussi sage que vous le souhaitez, tendrement à votre bras, tout plein d’une fidèle amitié, et peut-être aurons-nous la chance de vivre ainsi, de plus en plus fort, de plus en plus longuement. Mon rêve est de jouir de mon corps, avec vous, si vous le voulez bien, maintenant, et quand nous serons centenaires.
J’arrête ici mes délires. Vos volets sont clos, je m’en doutais, car tous les après-midi, comme partout dans cette ville, le soleil enrobe les immeubles d’une chape brûlante. Il faut bien rechercher ou s’inventer la fraicheur relative de la pénombre… Qu’est-ce que je fais ? J’ai dit que… mais si vous croyez que c’est facile, de passer au-dessus de ses rêves ou de s’embarquer avec. J’ai la peur du débutant, la timidité de l’orgueil et surtout la crainte de l’échec.
Ne souriez pas, je vous assure que j’enrage de devoir choisir et d’être obligé de franchir ce cap. La vraie vie, la vraie vie, je voudrais bien savoir combien d’êtres humains l’assument si facilement que ça. Et combien de nos réflexions et de nos choix, finissent inutiles et stériles, sans solution, jetés au hasard, après un jugement hâtif, en quelques coups de dés. Ce que je voudrais ici, c’est lire dans votre esprit, avant de tenter l’impossible, et je refuse de vous découvrir autrement que l’exacte portrait que j’ai créé dans mon désir, je ne veux pas tout gâcher car vous êtes mon jouet, et je ne veux pas le casser.
A force de ne pas savoir ce qu’il me faut choisir, j’ai tout à coup une immense envie de crier. Je voudrais pouvoir cogner et renverser toutes les poubelles de la ville. Ma vie est celle d’un prisonnier en cage, qui passe son temps à secouer ses barreaux, et maintenant, je reste là, sans bouger, incapable de partir ou d’aller de l’avant.



6
Il faut admettre que les règles de conduite et de morale du monde que nous avons façonnés, tant bien que mal, nous ont fait bien trop complexe, et je suis comme tant d’autres, constamment tiraillé entre l’impuissance et la possibilité de faire à l’envie, selon mes désirs.
Je regarde l’heure à ma montre, je ne vous reverrai pas avant ce soir, peut-être à la tombée de la nuit, ou plus tard encore. Je vais partir, essayer de bâcler mes affaires, me reposer, afin de pouvoir revenir au plus vite.
Je suis maintenant chez moi, épuisé, et je retrouve moi aussi un peu de fraicheur et de pénombre. J’ouvre le réfrigérateur et les bouteilles en verres qui sont rangées au garde à vous sur un des balcons de la porte, s’entrechoquent et m’appellent ! J’aime ce bruit, il me rappelle des soirées apéritives avec la maison pleine, et plein de monde partout. Je sors une bouteille, je me déshabille et je m’abandonne quelques instants au laisser aller, pour me rafraîchir et compenser comme je peux, cette après-midi inutile.
Demain c’est promis, je ferai autrement.
Je viens de me réveiller en sursaut. Ma pièce est dans le sombre. J’approche de la fenêtre et j’entrouvre les volets. Pour parodier un monstre d’écriture que je vénère, je dirais que j’en suis là, à cette heure blême, où d’habitude la campagne « blanchoît ». Ici, c’est la ville, encore blafarde, et il doit être temps, le temps de partir. Je le dois, je suis en retard, et je marcherai, comme tous ces piétons qui se croisent sans rien dire, avec mes rêves tournoyant comme des nuages prêts à éclater d’orage, tout plein de trop plein, de cette ivresse aventureuse qui m’a fait semblant, semblant de vivre autrement.
En fait, je ne sais pas si nous sommes déjà le matin ou encore le soir, j’ai perdu le sens du vrai dans toute cette histoire. Je n’ai plus rien à boire et j’ai très mal à la tête.
Demain, je sais que je vous croiserai peut-être, encore, comme toujours, et que le cycle de mes désirs insensés recommencera. Cela fait des années que je vous tourne autour, et j’espère secrètement que vous aussi, vous tournez autour de moi, et que vous me maudissez parce que je suis paralysé, comme un idiot incapable, et vous attendez que je vous fasse un tout petit signe, un premier pas…
Je devrais peut-être vous offrir un bouquet de fleurs, je ne sais pas comment faire. Je sais bien que je vais rester ad vitam aeternam dans cet état comateux qui m’empêche d’exister. Il paraît que l’on est nombreux dans ce cas, des légumes ils appellent ça. Il n’y a pas de traitement, et si certains, un jour, ont le déclic et se décapsulent, la plupart d’entre nous vivent sans vivre, à côté de tout ce qu’ils auraient pu ou dû faire, spectateurs, en attendant de mourir.



7

C’est le matin, maintenant j’en suis sûr. Je reconnais l’odeur un peu grasse des croissants que cette infirmière a toujours dans sa poche, elle vient de prendre son service. Depuis que vous travaillez ensemble, je dois vous avouer que vous êtes toutes les deux mes nounous préférées. Elle est pourtant un peu brutale votre copine, mais je l’aime bien, et elle a surtout, une blouse en nylon, qui s’écarte, de boutons en boutons. Je l’entends, je sais qu’elle vous parle. Comme d’habitude, vous êtes en contre jour, mais votre parfum vous a trahi.
De toute façon, tout cela n’a aucune importance, ils ont dit que je ne retrouverai jamais la vue, même si je sors un jour de mon état végétatif. Il paraît que tout a explosé lors de l’accident. Cela m’apprendra à trop me pencher, pour apercevoir je ne sais plus quoi d’ailleurs…mais je préfère ne pas m’en souvenir, c’est trop con.
La toilette commence, c’est vraiment un moment agréable de la journée, votre quatre mains sur un humain désaccordé. Si je m’en sors, j’en ferais un titre de polar.

- Alors, notre légumineux tétraplégique va bien aujourd’hui ? Tu veux bien m’aider ma chérie, aujourd’hui c’est son jour de grande lessive. C’est pas parce qu’il est dans le coma profond depuis des années qu’il n’a pas droit à sa petite beauté. Et avant de lui changer les draps, on lui fait la complète. Ongles, cheveux, et tout et tout… Mais c’est pas possible ! Comment arrive-t-il à faire ça, les draps sont encore tous souillés. S’il continue à nous faire ses cochoncetés toutes les nuits, il faudra que j’en parle au médecin. Ca ne peut plus durer, c’est vraiment un gros dégueulasse !


11 Mai 2012.
Frédéric Prunier
Frédéric Prunier

Nombre de messages : 3568
Age : 62
Localisation : MONTLUCON
Date d'inscription : 08/09/2011

http://www.quai-favieres-antiquites.com

Revenir en haut Aller en bas

Enfin une bonne nouvelle ! Empty Re: Enfin une bonne nouvelle !

Message  Invité Jeu 23 Aoû 2012 - 9:25

C'est effectivement une très bonne nouvelle.
Derrière l'agaçant déversificoteur se cachait un prosateur de talent.
Je suis à cours de dithyrambes pour exprimer mon "ressentir"
Bravo Frédéric et merci pour cette écriture aux petits oignons.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Enfin une bonne nouvelle ! Empty Re: Enfin une bonne nouvelle !

Message  Invité Jeu 23 Aoû 2012 - 14:52

J'ai quelques difficultés à lire sur écran. (vais pas raconter mes misères quand même)
Vu la longueur de ton texte, j'ai cru que je n'arriverais pas... et j'ai eu la surprise d'arriver à la fin, captivée par tes mots.
La fin m'a troublée, j'avoue. J'aurais préféré ne pas lire le paragraphe 7... mais j'ai pris grand intérêt à cette lecture.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Enfin une bonne nouvelle ! Empty Re: Enfin une bonne nouvelle !

Message  Invité Jeu 23 Aoû 2012 - 20:53

pffff ! c'est magistral. "Votre quatre mains sur un humain désaccordé" a fait des merveilles. Seul le dernier paragraphe m'a un peu gâché le plaisir de livre votre prose.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Enfin une bonne nouvelle ! Empty Re: Enfin une bonne nouvelle !

Message  Invité Ven 24 Aoû 2012 - 4:56

Je viens de le relire avec gourmandise (il est question de patisserie)
C'est vraiment fameux.
La révélation progressive de l'état dans lequel se trouve le rêveur est calculée au millimètre.
Par contraste avec l'érotisme poétique et feutré du rêve, le prosaïsme du dernier paragraphe est d'une violence inouïe.
J'ai adoré.


Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Enfin une bonne nouvelle ! Empty Re: Enfin une bonne nouvelle !

Message  Jano Ven 24 Aoû 2012 - 20:08

Je ne vous connaissais pas ces talents de conteur. C'est bien envoyé, un tantinet redondant parfois mais le ton enjoué engage à poursuivre.

Par contre la fin n'est pas bonne, excessive et malvenue. Le dialogue sonne faux ( "notre légumineux tétraplégique va bien aujourd’hui ? ") et n'arrange pas une situation caricaturale. Pourquoi briser ainsi la portée de votre texte, le ramener à quelque chose de dégradant ?

Je pense que vous devriez reprendre le final en ramenant sur terre les fantasmes du tétraplégique d'une façon plus subtile.
Jano
Jano

Nombre de messages : 1000
Age : 54
Date d'inscription : 06/01/2009

Revenir en haut Aller en bas

Enfin une bonne nouvelle ! Empty Re: Enfin une bonne nouvelle !

Message  Phylisse Ven 24 Aoû 2012 - 20:20

Je ne crois pas t'avoir déjà lu en prose, Frédéric, et j'ai été agréablement surprise.

C'est plein de sensibilité et d'élégance dans l'observation et la confidence, dans le regard porté sur la femme, et j'ai été captivée par les chemins que prend la pensée de cet homme selon ses états d'âme ou les situations auxquelles il fait face. Sa fragilité devient palpable au fur et à mesure du récit, ce qui me l'a rendu attachant.

J'ai été un peu déçue par la fin. Je ne sais pas vraiment ce que j'attendais, quelque chose de plus extraordinaire, de moins réel ? Cela m'a fait penser aux textes se terminant par le réveil du narrateur, méthode maintes fois utilisée. Cependant, en lisant le commentaire de Tizef : Par contraste avec l'érotisme poétique et feutré du rêve, le prosaïsme du dernier paragraphe est d'une violence inouïe, j'ai appréhendé la fin d'une autre manière et en effet, en ce sens, c'est vraiment réussi.

Et j'ai beaucoup aimé ce passage, qui à mon sens va bien au-delà du seul fait d'un état comateux : Je sais bien que je vais rester ad vitam aeternam dans cet état comateux qui m’empêche d’exister. Il paraît que l’on est nombreux dans ce cas, des légumes ils appellent ça. Il n’y a pas de traitement, et si certains, un jour, ont le déclic et se décapsulent, la plupart d’entre nous vivent sans vivre, à côté de tout ce qu’ils auraient pu ou dû faire, spectateurs, en attendant de mourir.

J'ai pris un grand plaisir à le relire ce soir après l'avoir lu ce matin, c'est extrêmement bien écrit, moi aussi j'ai adoré !
Phylisse
Phylisse

Nombre de messages : 963
Age : 62
Localisation : Provence
Date d'inscription : 05/05/2011

Revenir en haut Aller en bas

Enfin une bonne nouvelle ! Empty Re: Enfin une bonne nouvelle !

Message  Invité Dim 26 Aoû 2012 - 10:18

Beaucoup aimé aussi. Il est vrai que l'usage du "vous" renforce la sensation d'intimité avec le lecteur (la lectrice, plutôt). 
J'ai pensé en lisant ce texte à Apollinaire et ses lettres à Lou (pensé aussi d'une certaine façon à Anaïs Nin ), quelque chose de  l'époque dans le ton de ce récit à l'ambiance joliment provinciale et surannée. 
Rien trop à dire sur la fin. Elle ne me gêne pas, une autre conclusion m'aurait tout aussi bien convenu, parce que j'ai goûté surtout l'écriture, le déroulement de la pensée, son errance, sa divagation même. 
J'ai relevé ceci, que je trouve à à la fois drôle et attendrissant. 
" Encore quelques secondes, je compte jusqu’à dix et si vous n’êtes pas là, cette fois c’est décidé, je vous quitte"

Et  cette "usine à délires" si goûteuse. 

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Enfin une bonne nouvelle ! Empty Re: Enfin une bonne nouvelle !

Message  CROISIC Dim 26 Aoû 2012 - 12:55

Comme Easter, j'aime le voussoiement de votre texte, il introduit un climat particulier qui me plait infiniment.
Belle lecture, belles émotions.
CROISIC
CROISIC

Nombre de messages : 2671
Age : 69
Localisation : COGNAC
Date d'inscription : 29/06/2009

http://plumedapolline.canalblog.com/

Revenir en haut Aller en bas

Enfin une bonne nouvelle ! Empty Re: Enfin une bonne nouvelle !

Message  Rebecca Lun 27 Aoû 2012 - 10:56

Un excellent texte
Bravo
un bémol pour l'expression "légumineux tétraplégique" qui sonne un peu factice et du coup atténue un peu le saisissant contraste entre les déambulations imaginaires et l'irruption du réel
mais sinon c'est bien
on entre de plein pied dans les pérégrinations du personnage et la fin nous glace
Rebecca
Rebecca

Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009

Revenir en haut Aller en bas

Enfin une bonne nouvelle ! Empty Re: Enfin une bonne nouvelle !

Message  Janis Lun 27 Aoû 2012 - 11:01



ah ah ! je crois que je le connaissais, celui-là
Belle construction, la prose te va très bien je trouve !
Janis
Janis

Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011

Revenir en haut Aller en bas

Enfin une bonne nouvelle ! Empty Re: Enfin une bonne nouvelle !

Message  michel Lun 27 Aoû 2012 - 16:10

« Je ne sais pas vraiment comment les femmes se regardent et s’observent entre elles. Sont-elles jalouses ? Envieuses ? A toujours soumettre leurs jugements aux comparaisons, aux différences physiques, impliquant obligatoirement une classification morale, hiérarchique ou sociale ? »
J’ai commencé à accrocher à cette phrase, que je trouve très bonne. C’est sans doute que je suis moi-même séduit par la boulangère de mon village, surtout la plus jeune, et que, à chaque matin, encore dans un demi sommeil, je ne sais m’empecher de fantasmer un peu sur chacun des signes équivoques voir insignifiant qu’elle émet… M’avoir fait repenser à cela jette un autre regard sur mes courses à la boulangerie du petit matin – c’est génial ! merci.

(Et le paragraphe suivant s’enchaine très bien :
« Si j’étais boulangère, je profiterais de ce temps pour m’imprégner de vous, en laissant défiler les secondes, puisque vous hésitez entre toutes ces gourmandises. Je vous rêve indécise, et cela me rassure, parce que j’en conclus que votre plaisir est donc aussi mué par l’implacable dilemme des désirs et des envies, et que vous n’êtes pas uniquement prisonnière de votre satisfaction de plaire. »
)
« Je connais ces moments où je ne peux plus m’extraire de mon rôle de spectateur figé devant l’instant futur »
très juste expression, très bien ficelée, félicitations.

« Je reste suspendu, le dénouement final aura certainement la frustration des plaisirs trop fugaces, »
excellente également.

Et l’enchaînement avec le dénouement de ce genre de plaisir trop fugaces est très bon : je vous trouve très bon, c’est tout à fait ça ! j’adhère, j’adore !

« mais je vis cette attente des prémices de jouissance comme un luxe, une oisiveté calme de rentier. »
Une oisiveté calme de rentier, c’est tout à fait cela, on sent quelque chose de presque dégoûtant qui pointe dans ce genre de plaisir… je suis absolument d’accord…une mélancolie presque…

« Je peux profiter de ma paresse et je suis comme le mendiant d’une cité opulente , sûr que vous lui donnerez son plaisir. Je sais que je peux vous attendre ainsi des heures, s’il le faut. Vous viendrez. Je n’aurai plus qu’à vous cueillir… »
Ce passage j’aime moins, on dirait une réaction de possessivité, comme une volonté soudaine et brusque, un peu animal de faire que l’autre vous appartiennent tout à coup… contraste mal avec la douceur qui se dégageait des phrases précédentes.

« Il y a toujours, sur les bancs des jardins publics, quelques personnages dans mon genre, des observateurs dans la marge, des inventeurs de compagnie, qui parfois vous parlent, mais même dans ce cas, cela reste un monologue. Ce jour-là, en vous attendant, j’ai eu droit à un de ceux que j’appelle « apitoyeurs », qui déambulent à longueur de temps. Ces personnages vous accostent et vous récitent leur vie en lambeaux qu’ils tournent en spirales, en passant de leurs problèmes de voisinages à l’actualité politique du moment, sans transition ni cohérence. »
Là je dois dire que je vois mal de quoi vous parlez. Enfin, je vois bien, mais ce genre de personnage ne me semble exister que dans votre tete, être un peu fabriquer pour la description.
« Je pense donc de celui-là comme de tant d’autres déjà rencontrés et qui vous obligent à les écouter. »
Je pense de ? comme de ? … je pense à … comme à… ? Non ? En outre je ne vois toujours pas de qui vous parlez, ces caractères multiples ne collent pas selon moi. Certes ce genre de type tiennent des propos sans cohérence, mais ce genre de types peuvent faire l’objet d’une description tout à fait cohérente…

« (...) ce gêneur ».
AH, les geneurs, oui c’est de ceux là que vous parler je pourrais comprendre, mais c’est peut etre l’ordre d’énumération des caractères qui n’est pas bon alors, on aimerait bien etre intriguer moins longtemps avant de savoir de qui il s’agit.

« Je décide de m’approcher de la devanture et de regarder à l’intérieur. Le magasin est vide. Sur la porte de l’entrée le petit panneau suspendu à sa chainette est tourné sur la face visible « fermé », et il est écrit plus bas réouverture à 15h30. J’hésite. »
Très bonne manière de poser le suspense. J’adore.

« En prenant la petite ruelle, il y a le porche à l’arrière, avec au fond de la cour, le vieux pétrin stocké sous l’appentis. J’ai déjà aperçu là-bas, à une fenêtre de l’étage, notre matrone fermer vivement ses rideaux. Amstramgram… J’y vais ou je reste ? »
très bon aussi ça, le genre de pensée incongrue ou qui arrive fortuitement, et qui se force pour s’imposer comme un argument dans ce genre d’hésitation.

« Oh ! Rien d’original, tout ça est déjà inventé, rabâché, des millions de fois. »
Je ne vois pas le sens de cette auto-critique ici et maintenant, c'est-à-dire comment elle s’inscrit dans la continuité des pensées incongrue ou fortuite qui vous traversent quand vous hésitez ou êtes inquiet comme vous le disiez ci-dessus.

« Mais pourtant, quel plaisir, toujours si immense, à chaque fois renouvelé, de croire que j’allais enfin savoir et tout voir. Il est même plausible que ma présence vous était connue, et que dans une communion imaginaire, vous avez profité de toute la puissance de mon être survolté.
Je me demande vraiment si un jour, j’arriverais à être rassasié de tant vous désirer. Et si tout cela se passait réellement, comme dans ses envies qui me taraudent, est-ce que je perdrais alors tout de ce plaisir imaginaire ? »
Il semble ici que la rupture de continuité se confirme, l’Autre auquel vous pensé ne semble plus vous etre très extérieur, vous semblez vous adressez à un autre autre qui ferait votre auto-critique, c’est intéressant, mais ça donne un autre gout, une autre tournure au récit qui me parait mal s’inscrire dans la continuité d’une part, et d’autre part etre tout de même moins originale…

« Certaines personnes expliquent par exemple, que le naturisme rend la nudité invisible et que l’habitude supprime l’excitation. Il y a sûrement, d’après moi, de légères différences entre ces dires et la pensée intime de ceux qui les énoncent, mais si cette affirmation est la stricte et pure vérité et qu’elle est unanimement constatée, et bien je vous le dis comme je le pense: quel dommage ! »
Vous voyez, dans ce paragraphe, on voit tout à fait l’intervention ou l’irruption meme, d’un principe extérieur (l’excitation s’atténue avec l’habitude), qui arrive sous la forme d’un « on dit », mais ensuite vous reprenez la parole personnellement et vous dites : et bien je dirais à ceux là qui disent que… : « mais si cette affirmation est la stricte et pure vérité et qu’elle est unanimement constatée, et bien je vous le dis comme je le pense: quel dommage »

« Cela fait déjà quelques heures que je suis là, que je vous cherche et vous attends. Je n’ai ni l’envie ni le courage de penser à autre chose et je suis bien dans cette léthargie. »
Le sens bi-univoque de « bien » me paraît mal venue et donc mal maîtrisée, dommage, ça accroche l’œil.

« Le soleil de l’après-midi écrase de sa lumière les façades de la ville, et je me délecte des bruits stridents du vol supersonique des martinets, en chasse d’insectes, et qui se jouent de nous comme de vulgaires obstacles. »
Cette phrase montre que vous détestez ce que vous admirez, pour le dire vite ; ou que, de même vous vous forcez à admirer ce que vous n’aimez ni ne détestez. C'est-à-dire il y a toujours chez vous cette intervention d’un Autre abstrait, qui fait office de ventilateur ou de système respiratoire, qui donne ce rythme ou cette forme si particulière et originale à votre texte, mais si au début cet Autre faisait irruption pour donner de bonne nouvelle, il semble que ses interventions n’annoncent plus que des nouvelles qui vont de pire en pire.

« La soif m’oblige en fin de compte à quitter mon poste de surveillance et je me dirige vers la boulangerie-pâtisserie, car je sais qu’ils vendent aussi quelques boissons en accompagnements des sandwichs. »
Ce repli me semble narrativement forcé. On ne peut s'empêcher de se dire que l'excuse pour retourner dans la boulangerie vaut moins réellement que narrativement...

« Elle est seule, vous n’êtes pas là et elle me regarde de son visage rond comme une pâte à croissant. »
De nouveau, bien que cette fois avec une note d’effet comique, on retrouve l’irruption de cet Autre qui vous menace voir vous écrase, vous ridiculise ou vous moque. A mon sens si ce genre de sentiment vous habite vraiment, il faut aller ou plus loin c'est-à-dire faire véritablement un conte de la terreur, soit moins loin, mais vous vous situez dans un entre deux, un peu dans les limbes, ce qui ne me parait pas une position tout à fait adéquate.

Bref, finalement, je pense que pour résumé, je vous conseillerais de passer de cela :

« Ce soir j´attends Madeleine
J´ai apporté du lilas
J´en apporte toutes les s´maines
Madeleine elle aime bien ça
Ce soir j´attends Madeleine
On prendra le tram trente-trois
Pour manger des frites chez Eugène
Madeleine elle aime tant ça
Madeleine c´est mon Noël
C´est mon Amérique à moi
Même qu´elle est trop bien pour moi
Comme dit son cousin Joël
Mais ce soir j´attends Madeleine
On ira au cinéma
Je lui dirai des "je t´aime"
Madeleine elle aime tant ça

Elle est tellement jolie
Elle est tellement tout ça
Elle est toute ma vie
Madeleine que j´attends là

Ce soir j´attends Madeleine
Mais il pleut sur mes lilas
Il pleut comme toutes les s´maines
Et Madeleine n´arrive pas
Ce soir j´attends Madeleine
C´est trop tard pour l´tram trente-trois
Trop tard pour les frites d´Eugène
Madeleine n´arrive pas
Madeleine c´est mon horizon
C´est mon Amérique à moi
Même qu´elle est trop bien pour moi
Comme dit son cousin Gaston
Mais ce soir j´attends Madeleine
Il me reste le cinéma
J’pourrai lui dire des "je t´aime"
Madeleine elle aime tant ça

Elle est tellement jolie
Elle est tellement tout ça
Elle est toute ma vie
Madeleine qui n´arrive pas

Ce soir j´attendais Madeleine
Mais j´ai jeté mes lilas
J´les ai j´tés comme toutes les s´maines
Madeleine ne viendra pas
Ce soir j´attendais Madeleine
C´est fichu pour l´cinéma
Je reste avec mes "je t´aime"
Madeleine ne viendra pas
Madeleine c´est mon espoir
C´est mon Amérique à moi
Mais sûr qu´elle est trop bien pour moi
Comme dit son cousin Gaspard
Ce soir j´attendais Madeleine
Tiens le dernier tram s´en va
On doit fermer chez Eugène
Madeleine ne viendra pas

Elle est, elle est pourtant tellement jolie
Elle est pourtant tellement tout ça
Elle est pourtant toute ma vie
Madeleine qui n’viendra pas

Mais demain j´attendrai Madeleine
Je rapporterai du lilas
J´en rapporterai toute la s´maine
Madeleine elle aimera ça
Demain j´attendrai Madeleine
On prendra le tram trente-trois
Pour manger des frites chez Eugène
Madeleine elle aimera ça
Madeleine c´est mon espoir
C´est mon Amérique à moi
Tant pis si elle est trop bien pour moi
Comme dit son cousin Gaspard
Demain j´attendrai Madeleine
On ira au cinéma
Je lui dirai des "je t´aime"
Et Madeleine, elle aimera ça »
A cela :

« Ma mère voici le temps venu
D'aller prier pour mon salut
Mathilde est revenue
Bougnat tu peux garder ton vin
Ce soir je boirai mon chagrin
Mathilde est revenue
Toi la servante toi la Maria
Vaudrait peut-être mieux changer nos draps
Mathilde est revenue
Mes amis ne me laissez pas
Ce soir je repars au combat
Maudite Mathilde puisque te v'là

Mon cœur mon cœur ne t'emballe pas
Fais comme si tu ne savais pas
Que la Mathilde est revenue
Mon cœur arrête de répéter
Qu'elle est plus belle qu'avant l'été
La Mathilde qui est revenue
Mon cœur arrête de bringuebaler
Souviens-toi qu'elle t'a déchiré
La Mathilde qui est revenue
Mes amis ne me laisse
5a8
z pas
Dites-moi dites-moi qu'il ne faut pas
Maudite Mathilde puisque te v'là

Et vous mes mains restez tranquilles
C'est un chien qui nous revient de la ville
Mathilde est revenue
Et vous mes mains ne frappez pas
Tout ça ne vous regarde pas
Mathilde est revenue
Et vous mes mains ne tremblez plus
Souvenez-vous quand je vous pleurais dessus
Mathilde est revenue
Vous mes mains ne vous ouvrez pas
Vous mes bras ne vous tendez pas
Sacrée Mathilde puisque te v'là

Ma mère arrête tes prières
Ton Jacques retourne en enfer
Mathilde m'est revenue
Bougnat apporte-nous du vin
Celui des noces et des festins
Mathilde m'est revenue
Toi la servante toi la Maria
Va tendre mon grand lit de draps
Mathilde m'est revenue
Amis ne comptez plus sur moi
Je crache au ciel encore une fois
Ma belle Mathilde puisque te v'là te v'là »
De Madeleine à Mathilde…

Reste que je reste globalement sur une impression très positive. Merci beaucoup.

michel

Nombre de messages : 124
Age : 32
Localisation : Nowhere
Date d'inscription : 22/07/2009

Revenir en haut Aller en bas

Enfin une bonne nouvelle ! Empty Re: Enfin une bonne nouvelle !

Message  Frédéric Prunier Mar 28 Aoû 2012 - 16:05

michel,


dans ce rêve de goinfrerie et de gourmandise,
"le gêneur" de la scène du parc, c'est un personnage qui est comme le narrateur, un oisif qui attend... mais lui c'est l'aumône ...
tout comme le narrateur, ce voyeur qui attend son plaisir... paresseux tous les deux ....
et c'est un gêneur car il perturbe le plaisir égoïste ....

concernant les martinets et vos conclusions sur une psychanalyse de "l'autre" ... alors là, je crois que vos conclusions dépassent mon entendement ....
pour les martinets, j'aime entendre le cri de ces oiseaux quand la ville est écrasée de chaleur, tout simplement
voir .... http://www.vosecrits.com/t10305-les-monochromes-poetiques

et j'ai du mal à comprendre vos déductions sur mon "autre"


......
sinon merci à tous mes lecteurs... et l'important, c'est qu'à la fin, c'est une bonne nouvelle, non ?? -))))


Frédéric Prunier
Frédéric Prunier

Nombre de messages : 3568
Age : 62
Localisation : MONTLUCON
Date d'inscription : 08/09/2011

http://www.quai-favieres-antiquites.com

Revenir en haut Aller en bas

Enfin une bonne nouvelle ! Empty Re: Enfin une bonne nouvelle !

Message  Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum