Grain de vie

[Phylisse]

Tout vient à point, à moins que tout y soit déjà.

Au désert de l'errance je balaie le paysage, poussières et brouillards s'étirent dans les vapeurs du soir tandis que s'agite un grain de sable bloqué dans le rouage. Le sablier se retourne, une ombre coule...

Il y a des jours qui s'enfuient, tellement... D'autres qui se fixent, obstinément... D'autres encore qui s'ouvrent, solaires, lunaires, pairs ou impairs, impasse... Il pleut sur quelques matins quand le jour vient à point et se penche à la porte du jardin.

Alors il y a des bruits qui courent sur le plancher, des pas de deux qui s'arabesquent dans le miroir, des trois fois rien à fleur de peau qui se plantent dans la terre, des images tirées à quatre épingles qui piquent la chair, quelques frissons que le jour décline quand je t'invite à boire ma solitude au bord de l'oasis... Sous les palmes le vent dessine les contours de ton abri, itinéraire indécis aux sombres déchirures d'une voile que rien n'a retenu.

Allez, viens...

Viens avec moi sabler les étoiles et suspendre aux branches de la nuit ce point de fuite coulant au ruisseau de nos mémoires.

[Maryse]

j'ai beaucoup aimé
Phylisse tu as réussi à me flanquer quelques bons et agréables frissons, et je t'assure qu'il commence à faire chaud, pourtant.

[Invité]

On assimile, à tort, vers (libres ou classiques) et poésie.
La poésie peut fort bien se décliner en prose. La flexibilité de cette forme d'écriture permet d'ailleurs une plus large gamme de nuances.
La vie s'écoule ici comme dans un sablier. Avec ses bonheurs simples et un soupçon de mélancolie.

"Alors il y a des bruits qui courent sur le plancher, des pas de deux qui s'arabesquent dans le miroir, des trois fois rien à fleur de peau qui se plantent dans la terre, des images tirées à quatre épingles qui piquent la chair, quelques frissons que le jour décline quand je t'invite à boire ma solitude au bord de l'oasis... Sous les palmes le vent dessine les contours de ton abri, itinéraire indécis aux sombres déchirures d'une voile que rien n'a retenu."

[Invité]

Texte finement écrit, simple et agréable à la fois.

"Alors il y a des bruits qui courent sur le plancher, des pas de deux qui s'arabesquent dans le miroir, des trois fois rien à fleur de peau qui se plantent dans la terre, des images tirées à quatre épingles qui piquent la chair ..."

[Frédéric Prunier]

je vous ai lu
comme un insecte inspirant l'odeur voluptueuse d'une superbe fleur ...
carnivore ??? hahaha !!!!

[Invité]

J'ai lu ce texte poétique plusieurs fois, pour le plaisir de savourer quelques belles images.
Et puis au passage, j'ai été séduite aussi par ta façon de jouer avec les mots, en rebondissant d'une phrase à l'autre.
Pas de deux
Trois fois rien
Images tirées à quatre épingles

Je retiens :
Des pas de deux qui s'arabesquent, jolie évocation de la danse.

[Janis]

J'aime beaucoup aussi
il y a toujours dans tes textes douceur et petite mélancolie
et c'est bon

[Rebecca]

Joli appel à la vie et à la rencontre
même si tout est fugace et s'enfuit déjà

[milo]

"Il y a des jours qui s'enfuient, tellement..."

Je n'ai pas grand chose à ajouter.

[milo]

Qu'un silence, je veux dire.

[Invité]

Je mets mon petit grain de sel au-dessous de ce beau grain de vie.
La douce poésie de ce texte m'émeut vraiment. Ces mots et ces images sont merveilleux.
Et bien sûr qu'il n'est pas absolument nécessaire de faire des vers et des rimes pour obtenir de la poésie.

[Albert-Robert]

Bien d'accord : un poème peut s'enorgueillir de rimes riches, de vers équilibrés, et ne dégager aucune poésie. Alors que ce Grain de Vie...

[CROISIC]

Je t'ai relue tant de fois ce jour Phylisse que je pourrais presque te citer. Encore un p'tit bonheur que je range dans mon tiroir spécial. Merci.

[Phylisse]

Je suis extrêmement touchée de vous lire parce que ce texte m'est précieux, et qu'il soit accueilli avec autant de sensibilité par vos nombreuses lectures me fait chaud au coeur, vraiment.

C'est un peu court pour vous remercier tous, j'avais écrit quelque chose de plus explicatif mais finalement il est peut-être préférable de laisser ce grain de vie pousser tout seul dans l'imaginaire de chacun.

Merci de cette belle émotion partagée.

[Polixène]

Oh, je l'avais loupé, ce clair moment!
J'aime la lumière de tes mots.

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