Exo "La parole est aux objets" : C'est quoi des états d'âme

[Invité]

Compagnon funambule au savoir très pointu, mini-lancette à deux guibolles
pliée comme un canif
piqueur occasionnel de fesses d’écolier
mais avec compassion
je valse et vire-volte sur le canson glacé et j’ouvre la rosace aux crayons de couleur.

Je tourne ronds et ronds
petit con-patapon
sur le papier chiffon, pour ceux qu’on pas un rond, pour ceux qu’ont pas raison.

C’est quoi des états d’âme ?

Valse féconde au papier blanc, écolières fessues :
c’est pas si con d’être un compas.

[Invité]

Terrible, l'agression au compas dans les parties charnues. J'y ai goûté, non sans maudire les classes mixtes et les facéties des écoliers. Hum, lycéens, pour ce qui me concerne.

Sais-tu que j'avais un texte célébrant le compas en vue de cet exo ? Alors je change mon fusil d'épaule, et je vais penser au (petit) rapporteur.

[Frédéric Prunier]

si j'extraie par exemple ce bout de phrase, de ton texte

je valse et vire-volte sur le canson glacé
et j’ouvre la rosace aux crayons de couleur.

c'est une musique, même si la première partie est de valse à treize pieds
j'aurais peut-être écris un canson glacé pour allégé les S et les L dans la bouche

après la mise en forme
le choix des consonnes, des assonances, la longueur des vers
tout participe à créer une esthétique
l'esthétique de CE poème

.....

Ingres - La Grande Odalisque - 1814 - Musée du Louvre Paris
Les critiques se plaisaient à souligner les trois vertèbres excédentaires chez cette odalisque aux bras trop longs.
"Ingres est un défi à tout académisme : nus feminins serpentins à l'échine trop longue, jambes trop courtes ou trop larges, bras inégaux parfois démesurés, corps étirés , déformés pour les nécessités de la composition et du cadre. Ingres fut un expert dans les pièges des lignes, Picasso aussi.."

[Frédéric Prunier]

j'ai pas pu m'empêcher, j'ai vu la porte de l'atelier qu'était pas fermée à clé...
alors...amitié !!!


.
le compas et l'enfant

et voilà que s'échappe
un compas sans papier
aux pas de balancier

et sa danse dérape
aux pilons des aiguilles
des rêves sans béquille

la rosace est percée
il dessine tout droit
un trait en désarroi

le tue si je l'attrape
la trousse est pleine d'encre
traces mes doigts de cancre

et mon vitrail cassé
je l'ai vu tout rougir
du soleil qui déchire

brûlant cahier froissé
éventrés mes dessins
innocents d'enfantin

[Albert-Robert]

Oh non, "c'est pas si con d'être un compas" ! Deux jambes et pas de tête, pas besoin de gamberger !

J'adore la musicalité de : "je valse et vire-volte sur le canson glacé et j’ouvre la rosace aux crayons de couleur."

[Invité]

Pas très à l'aise avec les vers libres,
n'est pas Prunier qui veut,
j'ai repris le sujet sous une forme plus pépère :

C’est pas si con

Bel arpenteur à deux gambettes
– l’une est pointue et l’autre pas –
moitié-crayon, moitié lancette,
c’est pas si con d’être un compas.

Sur le canson je me la pète.
Ma besogne est des plus sympas :
les rosaces et les rosettes,
je vous les trace à la papa.

De la voisine un peu follette,
je peux picoter les appas.
Quand la prof ne regarde pas.

De jolis ronds et des crevettes,
moitié-crayon, moitié lancette,
c’est pas si con d’être un compas.

[Invité]

Des deux versions je préfère la seconde. Tu sais si bien donner les rimes et le rythme...
Surtout pour un tel sujet qui peut se passer de grands élans poétiques.
Je trouve que les exos sont de gentilles amusettes et la façon dont tu les traites me ravit toujours.

[Frédéric Prunier]

Zef,

nos routes se croisent..!!!
il n'y en a pas une meilleure que l'autre
il y a juste un chemin choisi
que l'on déroule du plus joli qu'on peut


le compas et la rosace


et voilà que s'échappe un compas sans papier aux pas de balancier
qui joue et qui dérape de ses pilons d'aiguilles ses rêves sans béquille

il perce une rosace, d'un trait en désarroi, il rature tout droit
le dessin se déchire, il faudrait qu'on l'attrape, il va tout nous salir

ce compas trop pressé d'ivresse en crescendo qui danse un Culbuto
aux gestes d'insensé la trousse pleine d'encre les doigts tachés de cancre

il pique et pointe et frappe au ventre dans le ciel, dans le feu du soleil
le vitrail est percé et la feuille blessée, l'enfant est écœuré


le compas et la rosace, petit conte d'extrême violence.

[Invité]

Frédéric, tes petites contributions aux évolutions de ce compas donnent un heureux complément aux élaborations de notre ami Tizef. Ce fil devient très riche. Merci à vous deux.

[Invité]

Merci Embellie, yaka demander

– Voulez-vous danser la rosace ?
invite le bel arpenteur.
– J’ai plus d’un tour dans ma besace
répond le crayon de couleur.

J’en ai des bleus, j’en ai des mauves,
j’en ai soyeux comme le miel,
j’en ai des verts, j’en ai des fauves,
et tous les tons de l’arc-en-ciel.

pour les tercets on verra plus tard

[Invité]

– Voulez-vous danser la rosace ?
invite le bel arpenteur.
– J’ai des copains dans ma besace,
répond le crayon de couleur.

J’en ai des bleus, j’en ai des mauves,
j’en ai soyeux comme le miel,
j’en ai des verts, j’en ai des fauves,
et tous les tons de l’arc-en-ciel.

C’est parti pour la virevolte.
Le joyeux compas, désinvolte,
Enchaîne des pas souverains.

Les violets et les sanguines
se déchaînent dans des biguines
sur des tempos ultramarins.

[Legone]

ah ouais j'aime bien, c'est tendre et pi le Prunius aux trousses en plus, ça le fait !

[Invité]

Pas mal tes tercets...
Mais moi, j'ai deux tercets qui déposent une réclamation :

– Alors, et nous ? s’écrient les feutres,
Nos couleurs sont loin d’être neutres !
Vous nous laisseriez de côté ?

Nous glissons avec élégance
Car nos petits pieds sont mouillés
Nous voulons entrer dans la danse !

[Legone]

sympa ces feutres j'en vais un qui vivait une superbe histoire d'amour avec la page blanche mais je sais pas ce que j'en ai foutu. Comme c'est tristeeeeeeeeeeeeeeee :o)

[Invité]

Super Embellie
ces deux tercets peuvent être l'amorce d'un sonnet renversé (comme le tango du même métal)
à compléter par deux quatrains

[Legone]

Idylle de bureau

Connaissez-vous la triste histoire
Du misérable feutre noir
Amoureux de la page blanche?
La belle, sous une avalanche
De compliments et de mots doux,
Lui accorda un rendez-vous.
« Joli feutre au charme viril
Je viendrai frapper dès ce soir
À la porte de l’écritoire
Que vous avez pour domicile
Élue ». Le feutre était ravi,
Il choisit son plus chouette costume
Et demanda le docte avis
De son ami le porte-plume.
« Feutre, tu es fort élégant,
Cet habit te va comme un gant!
Foi de porte-plume je gage
Que tu feras fondre la page! »
Il passa un coup de chiffon
Sur les manches de son veston
Et attendit son p’tit bouchon
En sifflotant l’air des « crayons ».
Sans même avoir eu l’temps d’dire ouf
La page était d’jà sur un pouf
Allongée aux côtés du feutre
Qui n’était pas en amour pleutre.
Voulant répandre son humeur
Il manifesta tant d’ardeur
Que de sa pointe il la creva!
Et le pauvre feutre pleura
Tout l’encre de son réservoir!
Dans la soirée, un peu plus tard,
Sensible à ce très grand malheur,
Une feuille de papier buvard
De ses yeux vint sécher les pleurs.
Mais un sergent-major hélas
Qui s’en revenait de la chasse
Et qui était plutôt « parti »
Sur la gâchett’ de son fusil
Appuya par inadvertance.
La cartouche, manque de chance,
Se logea dans le palpitant
Du feutre qui n’eut plus vraiment
Bonne mine. Son agonie
Sembla au buvard infinie.
Enfin quand parut le matin
Il avala son bulletin.
Je vais donc tracer le mot fin.
Il est temps de tirer un trait
Sur cette histoire lacrymale.
Qu’on pardonne les à-peu-près
De son auteur. Point de morale!
En vérité, je vous le dis,
C’est les alinéas d’la vie!

[Legone]

Bon je vois je fais tache comme dab

[Invité]

Souvenirs, souvenirs
Cette idylle n'a pas pris une ride et s'insère à merveille dans le processus en cours.

[Annie]

à tous les auteurs bravo,
(ça ferait-y un beau bravi?)
pour saluer les travaux
de ces maîtres qui m'ont ravie.

[Frédéric Prunier]

Bon je vois je fais tache comme dab

t'as fini calimerolegone ???

et de toute façon, faire tache quand on parle de compas et de crayon...
et quikadit qu'on avait plus le droit de s'égoutter la plume ??? non mais !!!

[Invité]

Rapporteur à quatre chandelles,
parle-nous des angles aigus,
des acérés, des exigus
comme des hampes d’asphodèles

De ceux coincés par les ridelles :
les adjacents, les contigus,
sur le papier toujours fidèles,
en s’épargnant d’être ambigus.

Dis-nous leurs degrés, leurs minutes,
en de belles anacoluthes,
nous y sommes très attentifs.

Et fait vibrer les bissectrices,
modestes collaboratrices,
de ces messieurs les angles vifs.

[Invité]

Si tu as l'air obtus
Du genre de ceux qu'on vexe
Et qui se débinent à la cave
Comme des cons caves
Qui se rebiffent
Passe ton chemin
Moi j'aime les caractères droits
Les gens qui sont d'équerre.

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