Exo "Les cailloux" : Puisque je lèverai les yeux

[Frédéric Prunier]

bien après l'hécatombe
le lointain disparu a laissé au chemin
une pierre gravée en légende

et les pas les empreintes
sont figés dans le sable à des millions d'années
ensevelis, petit à petit

les vertèbres fragiles
d'une fougère qui ne s'est pas fait croquer
mais que tout ce temps à piétiné

en poussière entassée
dans un œuf de silex une tombe d'oursin
et le feu du volcan s'est durci

un peu plus loin dressé
en parois de montagnes cassantes d'un coup
tout un pan de muraille qui roule

le torrent qui dévale
jusqu'au tas de pierre ma dernière demeure
mon immense maison sur fond bleu

puisque je lèverai les yeux

[Dame Mim]

C'est une très belle inspiration que tu as eue, à partir des cailloux. J'aime beaucoup ce poème-là aussi. Pour la forme, je ne vois rien de spécial à signaler.
Peut-être le fait que j'aime bien, mais c'est un goût vraiment personnel, quand les féminines sont suivies de voyelles, au début du vers suivant.

Cela dit, je ne pense pas que cela changerait grand chose. Tu as le sens de la fluidité.

[Marvejols]

De ce texte qui fait quand même dans le convenu et où l'on passe un peu en revue tout l'arc jurassique (le fossile, le dinosaure, l'oursin ...) je retiens surtout le dernier vers " Puisque je lèverai les yeux". Il justifie que je commente. Il fait une excellente chute, et aussi un excellent titre pour une poésie (pour un roman ça ferait littérature de kiosque, genre "va où le vent te porte").
Donc en résumé, une excellente fin et un excellent début. Manque juste le reste Frédo, manque juste le reste...

(je savais bien que caillou ça n'était pas très porteur)

[Invité]

le grand antiquaire nous balance la première pierre
J'aime bien tes fossiles
surtout:
"dans un oeuf de silex une tombe d'oursin"

"un peu plus loin dressé" pourrait être gommé

amitiés paléontologiques

[Polixène]

C'est très rolling stones tout ça... et si frais !
Moi aussi, j'adore la reprise du titre en dernier vers.
Je garde les vertèbres fragiles de la fougère.

[Dame Mim]

Je reviens une dernière fois commenter ce poème à cause de cela :

en poussière entassée
dans un œuf de silex une tombe d'oursin
et le feu du volcan s'est durci

On peut le lire et le relire, en faire une chanson et ne pas se lasser : la musique de ce passage est vraiment magnifique.

(quand j'ai commenté ce poème, la première fois, cela ne m'était pas apparu).

De plus, sur ce passage, il y a une surprise, un choc, quelque chose qui comme me fait chuter et me relève aussitôt. J'attends que le feu soit "éteint", comme il se doit et comme c'est facile. Or, ça n'est pas cela du tout, le feu est lave et prend corps, comme une évidence, mais une évidence qu'on ne savait plus, à force de lire des "feux ardents" ou des "feux éteints" aux volcans. Cette image est délicieuse.

[CROISIC]

Je vous lis avec la fraîcheur d'une non-initiée à la poésie, et... ne voudrais changer... (pour le moment, manque d'envie, de temps, etc)
Je vous aime de plus en plus Mister Prunier.

[CROISIC]

J'aime le croquant des vertèbres d'une fougère. Connaissez-vous les carrières de Crazannes en Charente Maritime (résidence du Marquis de Carabas et par extension... du Chat botté) ? Elles y ont élu domicile les coquines.

[Yoni Wolf]

D'habitude j'aime plutôt bien tes textes, mais celui-ci me laisse un peu froid, la faute au rythme et aux images peu convaincante, selon moi.

[Janis]

oui c'est peut-être plus "étriqué" que d'habitude, moins libre ?

mais quand même, belle idée, bien descendue

Et le dernier vers, alors, bravo

[Pascal-Claude Perrault]

Quiens ? Un paléobroc !

Beau poème (Marv est un peu dur)

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