Monsieur Bonheur

[Prospero]

au bout de quels yeux lâcher le fil
et si je tombe dans une constellation bizarre
le téléphone de ma voix sonnera le pistil
aux surprises poussées sur les nénuphars

je tombe je tombe dans un comique prononcé
ah quelles sont les clefs et quel est l'escalier
donnez-moi la serrure pour que j'ouvre la porte
que le vent déshabillé à ma musique apporte

mâchons les journées comme un air d'opéra
le ruban à tes doigts prend des airs de soleil
c'est les mains vides que la lumière viendra

battre à ton coeur pour que le sang s'y éveille
tu es loin ton penser est flou et cependant
on te sent encore pure en tes éléments

[Dame Mim]

Première cliente de Monsieur Bonheur, je me lance! :-)

J'aime beaucoup les derniers vers. Et la belle image de "battre à ton coeur pour que le sang s'y éveille".

Comme il ne s'agit pas d'une forme fixe, tout est permis, alors rien à dire.

[Prospero]

tu peux briser le vent
___________________contre les joues de tes talons
sur ton dos planter cèdres,
__________________________marronniers,
_________________________________________amandiers,
____________________________________________________fouiller ta poitrine
de toutes les feuilles ordinaires
pour que leur linge devinsse chair
______________________________séché aux étoiles
pour que s'y engouffre le vent
sur le piano de tes côtes

tu te penches sur la nuit comme à un balcon
_______________________________________et prête à t'y verser
il y a une odeur de pluie
_________________________d'asphyxie
______________________________________de gazon
__________________________________________________mouillé
______sur le ciel
______________________gardé dans tes poings

entrez tous ensemble messieurs les astres

je ne sais pas s'il faut s'entretenir de la joie, de ta voix
ton ombre est plus fraîche dans ma gorge
les fruits chargés comme des mystères

ta silhouette se découpe un peu partout, légère
le jour tombe comme des cheveux sur tes épaules
je prête mes yeux à tous pour que tout refleurisse

[Dame Mim]

J'aime énormément ce deuxième poème.

Les mots éparpillés au début qui, à la fin, se rangent, sagement, comme s'ils n'avaient déshabillé personne.

Superbe.

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