Entre chaque vague j'imprime mes empreintes

[Frédéric Prunier]

entre chaque vague j'imprime mes empreintes

dans la croûte embrunie
dans le sable mouillé
et dans l'eau qui fourmille
en fuyant sous mes pieds

l'endroit est assoiffé
il boit l'océan des épaves
en vidant leurs poumons
par la bouche des rochers

entre chaque vague, quand on vient se promener

attiré par le vide
toute l'eau retirée
quand la terre a tourné
contre vents et marées

[Invité]

Le phénomène des marées selon Frédéric Prunier.
Scientifiquement contestable, mais poétiquement convainquant.

[Dame Mim]

C'est délicat, impressionnant (à tous les sens du terme) et même impressionniste.
On est pris par la mer comme dans un tableau.
Sublime.

[Maryse]

Entre chaque mot quand on vient se promener sur "V.E", on rencontre parfois un F. Prunier qui imprime de belles images dans nos têtes.

[Polixène]

Quelle trouvaille musicale que ce titre!
La première partie percute et sonne par ses consonnes en ressac, et la deuxième colle, allitérhumide avec ses m comme du sable mouillé entre les orteils.

En bon professionnel tu patines les vieux mots de tous les jours pour faire ressortir leur lustre...et l'image naît, fraîche, évidente.

Chapeau.

[Pascal-Claude Perrault]

D'accord avec Dam Mim, c'est un tableau impressionniste. Très bien.

[Invité]

J'ai aussi pensé à une peinture, mais de Jacek Yerka
celui qui a peint le lit de Dame Min,
que je ne connaissais pas et que je découvre avec enthousiasme
Les deux seconds quatrains me font en effet penser à son univers fantastique et peut-être Frédéric s'est-il lui aussi, suite au pantoum de Dame Min, plongé dans l'oeuvre de ce peintre contemporain

[Dame Mim]

Je pensais à Courbet, même un peu à Turner, mais plus à Courbet, quand même, pour ça :



Il y a aussi un autre tableau qui ne le reviens pas et qui m'était "apparu" en premier.

[Invité]

C'est marrant, j'imaginais plutôt le narrateur en Monsieur Hulot se baladant sur une plage "à son pépère", pantalon retroussé jusqu'aux genoux, et laissant courir son imagination délirante.

[Dame Mim]

Et tu étais certainement bien plus près du sens original... Parce qu'en matière de retrait de la mer, mon tableau ne se pose pas là! :-D

[Invité]

Ma lecture et ce que j'en ai ressenti, est la fragilité des empreintes qu'on laisse.
Le titre le dit bien : entre deux vagues. Empreintes, marques éphémères. Et le sujet : je ( moije :-)), j'imprime, qui marque l'obstination, et le courage de l'homme face à la nature et au temps. Il sait que son passage marquera peu, mais il persiste à imprimer son empreinte.
Oups ! Je sens que j'extrapole.
J'ai failli penser qu'alléger le titre ainsi, par exemple : Entre deux vagues, mes empreintes serait bien,mais tout ce que je viens de dire prouve que ton titre en dit plus.

L'empreinte des pas sur le sable est un sujet qui m'a toujours inspirée.

[Invité]

Je viens de voir que j'avais mal lu ton titre. Pardon !
Entre chaque vague
C'est d'ailleurs plus joli qu'"entre deux vagues".

[Frédéric Prunier]

iris,

pour le premier vers qui me sert de titre,
je le garde, pourtant il m'angoisse un peu ce pléonasme... "j'imprime mes empreintes"

et tu n'extrapoles pas, tu es en plein dans le pourquoi du pourquoi qu'il a écrit ça et pas autre chose

il y a cette empreinte qui s'efface si vite, à la première vague
et
j'imaginais la marée basse comme une sorte de vie descendante ...


mim,
doucement avec le sublime, sinon, je vais encore être obligé de porter des bas de contention moije !!!


tizef,
la marée, c'est pas parce que la terre elle penche ??? on m'aurait menti ???


polixène,
un pro c'est bien celui qui gagne du fric avec ????



merci aussi à toi PCP, et à tous ceux qui croiseront ces mots !!!

[Janis]

beau aussi
je vois itou un monsieur Hulot qui promène mélancoliquement sa silhouette sur la grève
laissant de fragiles et un peu ridicules empreintes

[Invité]

Ce poème me fait penser à un éternel palimpseste.
Entre deux vagues imprimer ses empreintes est un geste à renouveler sans cesse.
Les vagues sont toujours là, seules les empreintes peuvent différer.
Entre la vague de la naissance et celle de la mort, chacun d'entre nous imprime ses empreintes.
Eternel recommencement, continuité dans le geste...
Ton poème peut donner lieu à différentes interprétations, et personnellement m'a fait réfléchir. Merci Frédéric.

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