Le partage des choses

[Nathanaël Zenou]

À chacun, dans son âme, un parfait promenoir
Pour promener amour et regret et tristesse,
À chacun son pain blanc, à chacun son pain noir,
À chacun son parler, poète ou poétesse.
À chacun sa douleur, et sa moisson battue,
Avant que pour toujours notre voix se soit tue !
À chacun sa maison, sa huche et son foyer,
À chacun son figuier, son champ et son point d’eau,
Pour étancher sa soif et sa faim enrayer
À chacun sa fenêtre où tirer un rideau ;
À chacun ses deux bras, ses épaules, son dos
Pour construire des murs et porter le fardeau.
À chacun une main pour prendre ou pour donner
Pour se mettre au travail et finir sa journée

À chacun une cache au fin fond de la grange,
Le coin noir d’un grenier, entre deux vieux cartons
Où, par une croisée, la lumière se frange
De reflets d’arc-en-ciel comme autant de festons,
Une cuisine vide où une chaise attend,
Un lit devant lequel on se met à genoux
Sa barque balancée sous le flot qui s’étend
Et un âtre chantant que décore le houx !
Un abri de forêt, un tronc d’arbre, un rocher !...
Lieux bénis, écartés de la seule distance
Pour s’éloigner du monde et enfin s’approcher
Du mystère de vie qui intrigue tout homme,
Pour écouter l’Esprit, méditer une stance
Pour chanter un cantique et s’imprégner d’un psaume !

[Frédéric Prunier]

Cela me fait penser aux livres de prix en percaline rouge de la collection Hetzel ou Larousse du début du XXe, au temps de l'école des curés, et aux journal des familles...

vous êtes surprenant,
un peu à l'opposé de mon Il n'y a pas cent ans
mais je prends quand même beaucoup de plaisir à vous lire
même si la fin de votre texte me fait un petit peu sourire !

Amitié d'un mécréant tolérant... tant que vous n'interdisez pas mes textes de athée irrécupérable !!! hahaha !!!!!

[Polixène]

Oh, la belle chanson que tu tiens là! Un blues un peu jazzy, je l'entends déjà !
Si j'avais un "reproche" à faire , ce serait le dernier vers, car en effet cantique+psaume, cela ne laisse plus le choix...dommage, à mon sens, "esprit" et mystère suffisaient amplement.

[Pussicat]

c'est étrange, votre texte me laisse une impression de déjà lu, non pas dans le sens de "l'empreint", mais plutôt comme si les mots, les vers, le sens m'étaient connus, avant lecture, comme une eau qui coule de source ... la première strophe me fait penser au phrasé rap, avec cette répétition qui enfonce le clou du rythme : "A chacun" ...
la fin, le cantique, le psaume, c'est pas ma tasse, je me serais laissée tenter par un autre spiritueux, mais bon, à chacun...

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