Le Cantique de Ruth
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Le Cantique de Ruth
Sur le champ dénudé où repose le chaume,
Une femme s’endort la tête contre un homme.
LE CANTIQUE DE RUTH
RUTH LA MOABITE :
D’un petit tas de foin j’ébauche un oreiller,
Les vallées de Kédar ont leurs tentes de toile,
Ma chevelure noire étend son oriflamme
Le ciel a, en passant, accroché des étoiles à son vêtement,
Moi je n’ai accroché en marchant que quelques brins de paille,
Si le ciel est plus riche en or que l’est le port d’Ophir,
S’il est plus riche en or que tout le pays d’Havila,
Nul saphir ne pend à mon cou,
Je n’ai pas de bijoux qui pendent à mes oreilles,
Je n’ai pas d’ombre à mes paupières,
Ni de robe de gala.
Aurai-je des perles de nacre dans les yeux,
Et des paillettes d’or,
Que je les ôterai devant toi,
Pour n’être presque rien.
Mes joues n’ont pas de fard, mes yeux n’ont pas de khôl,
les senteurs du Liban n’odorent pas mon cou,
des flacons de parfums je n’en ai pas beaucoup,
ni n’ai de longs fils d'or sur le bord de mon col.
J’utilise ma main comme planetée.
BOOZ DE BETHLEEM :
Qui est celle-là qui se tient à mes pieds ?
Est-elle rêve ou réalité ?
Qu’est-ce donc que ce poids que je sens sur ma cuisse,
Et cette femme dont la voix s’immisce
Etrangement jusqu’à mon cœur ?
Au début, j’ai cru que sa chaleur sur ma peau
Etait la lumière du jour.
RUTH LA MOABITE :
Je t’ai trouvé endormi, ivre de fatigue, bercé par le vin,
Quand je suis venue te rejoindre.
Voici je me couche à tes pieds; Booz :
D’une botte de foin je fais mon oreiller.
BOOZ DE BETHLEEM :
Hier encore, j’ai travaillé dur.
Mon front s’est laissé brûler par le soleil,
Et mes mains sont encore troublées par ce lourd labeur,
Encore pleines de ce qu’elles ont tenu.
Vois, mes mains sont blessées
Comme celles des moissonneurs.
RUTH LA MOABITE :
J’ai parcouru tes champs, en glanant des épis,
J’ai trouvé des épis, et je les ai noués en gerbe,
Mais j’ai trouvé, le pur espoir en herbe,
Le bon trésor dans tes yeux amoureux,
Dans tes yeux brillants comme les feux
Que les moissonneurs laissent derrière eux
A la fin de la moisson.
Le parfum de tes champs est sur mon vêtement,
Il a laissé sur moi son cortège odorant
Il a d’étoiles d’or empli son vêtement,
BOOZ DE BETHLEEM :
Suis-je une sorte d’Adam,
Pour qu’il me sorte cette Eve d’une côte, à mon âge ?
En regardant ses yeux, je croirai voir un oasis
Où le malheureux trouve une eau fraîche dans son voyage.
RUTH LA MOABITE :
J’ai bu aux vases d’eau, mais j’ai le cœur en flammes.
J’ai bu, mais sans avoir éteint ma soif de femme.
Mon âme émue se gonfle et crie comme la lame
D’une mer agitée enlevant barque et rames.
BOOZ DE BETHLEEM :
Est-ce que d’un arbre presque mort,
Et qui est près de tomber,
Il peut pousser un fruit ?
La sève peut-elle encore le faire frissonner ?
Aux lèvres brûlées par le soleil,
Le sel a-t-il encore des attraits ?
RUTH LA MOABITE :
« Quand j’entends dans la nuit le vent secouer la terre,
Je pense à tes bras qui me serrent, et je pleure,
Je me couche à tes pieds, suis nue, j’ai des frissons,
C’est à peine si ma bouche expire des sons,
Et comme je connais mal les mots de ta langue,
Je me sens prise dans une sorte de gangue.
Veux-tu mettre à mon doigt l’anneau d’or de l’Epouse,
Moi qui jusqu’à présent faisait brûler la bouse
En bourrant à ras la gueule un grand poêle noir ?
Cette seule pensée voici mon être choir
Qui penchait par excès d’amour, soudain vertige.
Ma voix est un murmure, et je suis en émoi,
Je peux m’offrir à toi si tu veux bien de moi ;
Je ressemble en cela à l’orge sur la tige. »
BOOZ DE BETHLEEM :
Tu as su lier des gerbes avecqu’un peu de corde...
RUTH LA MOABITE :
Le parfum de tes champs est sur mon vêtement,
Il m’attire à toi plus sûrement qu’un aimant,
Ce parfum enivrant, Boaz, de ta moisson,
L’entêtant rossignol qui chante sa chanson.
J’en respire toujours l’odorant souvenir:
Le sentant j’envisage autrement l’avenir!…
BOOZ DE BETHLEEM :
J’ai beaucoup flâné dans les rues de mon village,
Et souvent mes yeux rêvassaient vers le ciel,
Et il me semblait distinguer dans les nuages
Une pure forme que je prenais pour un visage.
La lance de lune a percé son armure,
RUTH LA MOABITE :
Avant toi, ma vie c’était le vin le plus aigre,
Ma joie était nulle, ma récolte était maigre.
Avant toi, ma vie, c’était les violents orages,
Le lait et le miel n’étaient que des mirages.
Un dur et long hiver, c'est tout ce que j'en sus.
RUTH LA MOABITE :
Dans mon cœur a poussé un jardin embaumé,
Où des fleurs apparaissent, puisque c'est leur temps,
Il remplit mon être des emplois du printemps,
ENSEMBLE :
Voici enfin venu le renouveau de mai.
RUTH LA MOABITE :
J’ai mangé et j’ai été rassasié
J’ai éteint ma gorge en flammes
Dans un bassin où dormait une onde calme
Toi seul m’as fait connaître le vrai repos
Tu as donné à mon âme ses torrents et ses cailloux
Tu m’as rendu semblable à une montagne.
Je sens mon cœur s’enfuir, poulain sans son licou,
Comme si j’avais bu une eau-de-vie d’un coup,
Dans une fuite folle, au galop moins qu’au vol.
BOOZ DE BETHLEEM :
Mon cœur est comme un bûcher !
RUTH LA MOABITE :
Le mien est comme un rucher,
Les sentiments que j’ai pour toi sont comme des abeilles
Qui s’en vont ça et là bourdonner parmi les fleurs de la vie.
Être aimée pour moi-même en la longueur du jour
est le seul bien au monde important à mon cœur.
Aimée de tout ton cœur et de toute ton âme,
dans toute ma faiblesse et ma force de femme,
amante comme amie, et mère autant que sœur !
BOOZ DE BETHLEEM :
Tu remplis mon cœur de joie !
RUTH LA MOABITE :
Tu as rempli ma maison de chants,
Et cela depuis que je glane dans tes champs !
Ce n’est pas d’un vin bleu que me vient mon ivresse,
ce n’est pas dans le Nil que je mets ma richesse,
je ne m’extasie pas face au bleu d’un saphir.
Jardins de Babylone, ardents trésors d’Ophir,
je les vois dans tes yeux comme un large labour.
Mais j’ai toujours soif,
Même si tu m’as fait boire à tes vases d’eau,
Et les récoltes que j’ai faites,
Même si elles m’ont mis le cœur en fête,
N’ont pas apaisé cette faim que j’ai,
Car la faim et la soif que j’ai sont une soif d’amour,
Et j’ai toujours la gorge en flammes.
Car ce que ma main cherchait pendant la moisson,
C’était l’amour !
Le mot est si simple que j’en ai le vertige !
Je ne suis pas l’ânon qui mange les chardons,
J’ai faim de ton amour !
Entends, o Boaz le vent dans les ramures !
Une femme s’endort la tête contre un homme.
LE CANTIQUE DE RUTH
RUTH LA MOABITE :
D’un petit tas de foin j’ébauche un oreiller,
Les vallées de Kédar ont leurs tentes de toile,
Ma chevelure noire étend son oriflamme
Le ciel a, en passant, accroché des étoiles à son vêtement,
Moi je n’ai accroché en marchant que quelques brins de paille,
Si le ciel est plus riche en or que l’est le port d’Ophir,
S’il est plus riche en or que tout le pays d’Havila,
Nul saphir ne pend à mon cou,
Je n’ai pas de bijoux qui pendent à mes oreilles,
Je n’ai pas d’ombre à mes paupières,
Ni de robe de gala.
Aurai-je des perles de nacre dans les yeux,
Et des paillettes d’or,
Que je les ôterai devant toi,
Pour n’être presque rien.
Mes joues n’ont pas de fard, mes yeux n’ont pas de khôl,
les senteurs du Liban n’odorent pas mon cou,
des flacons de parfums je n’en ai pas beaucoup,
ni n’ai de longs fils d'or sur le bord de mon col.
J’utilise ma main comme planetée.
BOOZ DE BETHLEEM :
Qui est celle-là qui se tient à mes pieds ?
Est-elle rêve ou réalité ?
Qu’est-ce donc que ce poids que je sens sur ma cuisse,
Et cette femme dont la voix s’immisce
Etrangement jusqu’à mon cœur ?
Au début, j’ai cru que sa chaleur sur ma peau
Etait la lumière du jour.
RUTH LA MOABITE :
Je t’ai trouvé endormi, ivre de fatigue, bercé par le vin,
Quand je suis venue te rejoindre.
Voici je me couche à tes pieds; Booz :
D’une botte de foin je fais mon oreiller.
BOOZ DE BETHLEEM :
Hier encore, j’ai travaillé dur.
Mon front s’est laissé brûler par le soleil,
Et mes mains sont encore troublées par ce lourd labeur,
Encore pleines de ce qu’elles ont tenu.
Vois, mes mains sont blessées
Comme celles des moissonneurs.
RUTH LA MOABITE :
J’ai parcouru tes champs, en glanant des épis,
J’ai trouvé des épis, et je les ai noués en gerbe,
Mais j’ai trouvé, le pur espoir en herbe,
Le bon trésor dans tes yeux amoureux,
Dans tes yeux brillants comme les feux
Que les moissonneurs laissent derrière eux
A la fin de la moisson.
Le parfum de tes champs est sur mon vêtement,
Il a laissé sur moi son cortège odorant
Il a d’étoiles d’or empli son vêtement,
BOOZ DE BETHLEEM :
Suis-je une sorte d’Adam,
Pour qu’il me sorte cette Eve d’une côte, à mon âge ?
En regardant ses yeux, je croirai voir un oasis
Où le malheureux trouve une eau fraîche dans son voyage.
RUTH LA MOABITE :
J’ai bu aux vases d’eau, mais j’ai le cœur en flammes.
J’ai bu, mais sans avoir éteint ma soif de femme.
Mon âme émue se gonfle et crie comme la lame
D’une mer agitée enlevant barque et rames.
BOOZ DE BETHLEEM :
Est-ce que d’un arbre presque mort,
Et qui est près de tomber,
Il peut pousser un fruit ?
La sève peut-elle encore le faire frissonner ?
Aux lèvres brûlées par le soleil,
Le sel a-t-il encore des attraits ?
RUTH LA MOABITE :
« Quand j’entends dans la nuit le vent secouer la terre,
Je pense à tes bras qui me serrent, et je pleure,
Je me couche à tes pieds, suis nue, j’ai des frissons,
C’est à peine si ma bouche expire des sons,
Et comme je connais mal les mots de ta langue,
Je me sens prise dans une sorte de gangue.
Veux-tu mettre à mon doigt l’anneau d’or de l’Epouse,
Moi qui jusqu’à présent faisait brûler la bouse
En bourrant à ras la gueule un grand poêle noir ?
Cette seule pensée voici mon être choir
Qui penchait par excès d’amour, soudain vertige.
Ma voix est un murmure, et je suis en émoi,
Je peux m’offrir à toi si tu veux bien de moi ;
Je ressemble en cela à l’orge sur la tige. »
BOOZ DE BETHLEEM :
Tu as su lier des gerbes avecqu’un peu de corde...
RUTH LA MOABITE :
Le parfum de tes champs est sur mon vêtement,
Il m’attire à toi plus sûrement qu’un aimant,
Ce parfum enivrant, Boaz, de ta moisson,
L’entêtant rossignol qui chante sa chanson.
J’en respire toujours l’odorant souvenir:
Le sentant j’envisage autrement l’avenir!…
BOOZ DE BETHLEEM :
J’ai beaucoup flâné dans les rues de mon village,
Et souvent mes yeux rêvassaient vers le ciel,
Et il me semblait distinguer dans les nuages
Une pure forme que je prenais pour un visage.
La lance de lune a percé son armure,
RUTH LA MOABITE :
Avant toi, ma vie c’était le vin le plus aigre,
Ma joie était nulle, ma récolte était maigre.
Avant toi, ma vie, c’était les violents orages,
Le lait et le miel n’étaient que des mirages.
Un dur et long hiver, c'est tout ce que j'en sus.
RUTH LA MOABITE :
Dans mon cœur a poussé un jardin embaumé,
Où des fleurs apparaissent, puisque c'est leur temps,
Il remplit mon être des emplois du printemps,
ENSEMBLE :
Voici enfin venu le renouveau de mai.
RUTH LA MOABITE :
J’ai mangé et j’ai été rassasié
J’ai éteint ma gorge en flammes
Dans un bassin où dormait une onde calme
Toi seul m’as fait connaître le vrai repos
Tu as donné à mon âme ses torrents et ses cailloux
Tu m’as rendu semblable à une montagne.
Je sens mon cœur s’enfuir, poulain sans son licou,
Comme si j’avais bu une eau-de-vie d’un coup,
Dans une fuite folle, au galop moins qu’au vol.
BOOZ DE BETHLEEM :
Mon cœur est comme un bûcher !
RUTH LA MOABITE :
Le mien est comme un rucher,
Les sentiments que j’ai pour toi sont comme des abeilles
Qui s’en vont ça et là bourdonner parmi les fleurs de la vie.
Être aimée pour moi-même en la longueur du jour
est le seul bien au monde important à mon cœur.
Aimée de tout ton cœur et de toute ton âme,
dans toute ma faiblesse et ma force de femme,
amante comme amie, et mère autant que sœur !
BOOZ DE BETHLEEM :
Tu remplis mon cœur de joie !
RUTH LA MOABITE :
Tu as rempli ma maison de chants,
Et cela depuis que je glane dans tes champs !
Ce n’est pas d’un vin bleu que me vient mon ivresse,
ce n’est pas dans le Nil que je mets ma richesse,
je ne m’extasie pas face au bleu d’un saphir.
Jardins de Babylone, ardents trésors d’Ophir,
je les vois dans tes yeux comme un large labour.
Mais j’ai toujours soif,
Même si tu m’as fait boire à tes vases d’eau,
Et les récoltes que j’ai faites,
Même si elles m’ont mis le cœur en fête,
N’ont pas apaisé cette faim que j’ai,
Car la faim et la soif que j’ai sont une soif d’amour,
Et j’ai toujours la gorge en flammes.
Car ce que ma main cherchait pendant la moisson,
C’était l’amour !
Le mot est si simple que j’en ai le vertige !
Je ne suis pas l’ânon qui mange les chardons,
J’ai faim de ton amour !
Entends, o Boaz le vent dans les ramures !
Nathanaël Zenou- Nombre de messages : 206
Age : 43
Date d'inscription : 02/05/2010
Re: Le Cantique de Ruth
Nathanaël, je ne suis pas douée pour les fins commentaires.
J'ai frissonné! Pour te dire!!!
J'ai frissonné! Pour te dire!!!
Maryse- Nombre de messages : 811
Age : 80
Localisation : Montélimar
Date d'inscription : 22/09/2010
Re: Le Cantique de Ruth
Vous aviez publié en avril 2011 sous le titre "Le théâtre de Ruth" (http://www.vosecrits.com/t8636-le-theatre-de-ruth?highlight=ruthune version proche de ce très beau texte qui m'avait saisi. Elle avait reçu seulement 3 commentaires (dont Panda et Eclaircie qui ne sont plus sur VE depuis quelques mois) et avait suivi "Ruth, brouillons" aussi peu commenté mais plus lu. Je parie sur une nouvelle jeunesse pour ce texte.
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