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Premier baiser

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Message  Raoulraoul Dim 30 Sep 2012 - 9:25

Premier baiser
Un matin je me suis réveillé avec la pénible sensation de ne plus faire partie de ce monde. Encore en pyjama je me suis précipité sur le balcon. La rue était grouillante de passants. J’ai voulu crier, mais l’idée m’est vite apparue saugrenue. Le soleil était tiède et les façades resplendissaient d’or. Cette beauté hélas n’a pas suffit à me rapprocher des choses de ce monde. Je me suis affairé dans mon appartement à diverses activités. Me laver, m’habiller, manger.
Vers dix heures le téléphone a retentit. Une voix de femme, douce et familière, me demandait si je me portais bien. C’était la voix de Mauricette. J’ai répondu à ses questions avec beaucoup de minutie. Mauricette voulait que nous mangions ce midi dans un restaurant sur les grands boulevards. Je ne m’y suis pas opposé. Refuser cette invitation m’aurait été aussi agréable. C’est toujours plus simple de dire oui, pour ne de fournir d’explications.
J’ai allumé la radio. Les pays arabes étaient en effervescence. Des révolutions éclataient. En France un parti d’extrême droite atteignait dans les sondages des records sans précédent. C’est au cours de ce matin-là que j’ai décidé de raser ma moustache et de me tondre les cheveux. J’ai fait ce geste calmement avec l’espoir qu’un autre homme surgirait dans ma glace. Ca n’a pas été le cas. A la radio Henri Salvador fredonnait une berceuse à vous fendre l’âme. Dans leur cage mes canaris du Japon me regardaient et piaillaient avec plus d’insistance que l’habitude. Aurai-je oublié ce matin de les nourrir ? J’ai essayé aussi de réparer, mais sans succès, le mécanisme cassé de la chasse d’eau des WC. C’est dans l’énervement de ce désagrément qu’une pensée bizarre m’est venue. Du moins c’est à cet instant que j’ai réussi à mettre des mots sur une vision qui me travaillait depuis mon réveil.
Le corps d’une vieille femme allongée dans son lit. Elle ne parle pas, ne bouge pas. Il n’y pas de tristesse apparente. Son buste émerge d’une chemise de nuit blanche, sur un lit pareillement blanc aux barreaux de fer. La vieille femme est si présente en moi que je ne peux pas lui parler. Enfin pour me libérer de cette incongruité je me suis plongé dans la lecture d’un magazine scientifique. Mais force est de constater que mon intérêt pour les sciences ne m’a été d’aucun recours.
Les bruits de la rue envahissaient le salon. Je ne pouvais pas me résigner à fermer la porte fenêtre, je redoutais davantage le calme feutré de l’appartement.
Sur le coup de onze heures on a sonné à ma porte. Je me suis dit que c’était Mauricette toujours aussi ponctuelle. Je suis allé lui ouvrir nonchalamment. Ce n’était pas Mauricette mais le gardien de l’immeuble. Des voisins, victimes de dégâts des eaux, l’avaient mandaté pour exiger des résidents qu’ils veillent au bon état de leur installation. Je lui ai bredouillé une réponse incompréhensible et j’ai refermé la porte. J’ai revu alors dans mon esprit le corps de la vieille femme et je ne sais plus si ça été une consolation ou un nouveau sujet d’agacement. Ses apparitions subites m’étaient de plus en plus énigmatiques.
On a sonné encore à ma porte et cette fois c’était Mauricette. J’ai remarqué tout de suite sa robe légère très fleurie alors que nous étions seulement qu’au début du printemps. Mauricette est toujours dans l’optimum des choses, parfois c’est une tragédie pour ceux qui ne lui emboîtent pas le pas.
« Alors on va manger chez Chartier ? » elle m’a annoncé d’emblé. Pourquoi pas. Elle n’a bien sûr prêté aucune attention au dérangement causé par les WC, aux piaillements désespérés de mes canaris du Japon, à mon crâne outrageusement tondu et au vacarme intempestif de la rue qui rendait toutes conversations impossibles. J’ai enfilé mes chaussettes Burberry et une paire de boots italiennes de chez Brutini. Mauricette est intransigeante sur ces détails et j’ai la faiblesse de céder à ses injonctions. J’ai aussi osé me coiffer d’une casquette puisque rien de particulier n’avait semblé choquer Mauricette dans mon allure.
Quelques minutes plus tard nous étions sur les boulevards. Une agitation inhabituelle se faisait sentir. J’ai compris que des manifestations étaient prévues. Mauricette m’a expliqué les raisons de ces mécontentements populaires, mais rien de précis ne me semblait justifier ces rassemblements. Des cars de police stationnaient sur les trottoirs, une odeur de merguez flottait dans l’air. Des jeunes gens m’ont remis un tract entre les mains que j’ai lu attentivement pendant que Mauricette discutait avec un syndicaliste. Des manifestants se dirigeaient rapidement vers le haut du boulevard, des banderoles enroulées sous leurs bras. Les magasins avaient descendu leur rideau de fer. Des clochards qu’on appelle maintenant des SDF occupaient les bancs en compagnie de leurs gros bergers allemands. L’odeur de merguez m’a aidé à mieux accueillir l’idée d’un repas au restaurant. J’ai donc franchi la porte tournante de chez Chartier avec soulagement. Mauricette m’a précédé, elle a choisi une table un peu en retrait. J’aurais préféré qu’on se fonde dans le flux des clients au milieu de la salle. Mauricette est imprévisible. Je me méfie. Nous avons commandé « deux côtes de veau normandes spaghettis ». Puis elle m’a parlé longuement avec entrain et compétence des technologies high-tech au dernier salon de Copenhague auquel participait sa société. Elle avait fait affaire particulièrement avec un représentant commercial au profil prodigieusement viking.
Tandis que je m’engouffrais dans le dédale de ses histoires une lassitude me gagnait. La vieille femme en chemise de nuit est venue à nouveau me divertir. Son repos que je prenais pour un sommeil m’aidait à m’éloigner du monde. J’entendais Mauricette soliloquer sans que ma personne fut véritablement touchée. Le Viking de Copenhague m’a laissé étrangement impassible, même quand Mauricette brutalement a changé de ton, les mots lui venant avec difficulté, comme si une pelote de spaghettis lui était restée dans la gorge. Un silence soudain s’est instauré. La rumeur du restaurant comblait le vide entre nous. Avec embarras Mauricette m’a dit :
- Excuse-moi de t’avoir blessé… je ne voulais pas…
- Non non, ça va très bien, j’ai répondu en me regardant dans les grandes glaces murales qui me renvoyait l’image d’un drôle de type à la mine défaite et au crâne de bagnard.
- Tu as les yeux rouges, m’a fait remarquer Mauricette.
J’ai bu une longue gorgée de Côte du Rhône pour faire diversion.
- Tu as les yeux rouges. Tu pleurs ? s’est alors exclamé Mauricette presque avec un cri de victoire. Une honte implacable m’a paralysé.
Le visage de la vieille femme a resurgi en force dans ma tête. Je m’accrochais à lui en même temps que je voulais le fuir. Dans la rue la clameur des manifestants se faisait de plus en plus proche, la déferlante tonitruante de leurs slogans m’empêchait de les comprendre. Le visage froid de la vieille femme avait la beauté lisse d’une paix surnaturelle. Mauricette avait allumé une cigarette. Dans les arabesques de fumée son visage se mélangeait à celui de la vieille femme qui me hantait. C’est alors que je me suis penché vers Mauricette et lui saisissant la main je lui ai murmuré « Tu sais, on embrasse beaucoup plus souvent les morts que les vivants » et j’ai revu le visage de ma grand-mère morte, sur son lit d’hôpital. J’avais sept ans, c’était le premier baiser que je déposais sur le front cireux de la mort.
Dehors les banderoles du cortège remplissaient d’ombre le restaurant. Sur l’une d’elle j’ai pu lire « Qui sème la misère, récolte la colère ». J’ai serré un peu plus fort la main de Mauricette qui m’a sourit. Son sourire m’est resté comme le viatique d’une sérénité immortelle. Il y a des visages glacés, comme ça, loin dans l’au-delà, qui vous aident à comprendre les événements. C’est ce qu’on appelle parfois le réconfort de la famille…
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Message  Invité Dim 30 Sep 2012 - 12:35

Au vu de ce qui a précède - tout le travail sur la présence de la vision, la fin me paraît un peu faible et consensuelle, je m’attendais sans doute une révélation plus spectaculaire, un feu d'artifice peut-être...

Et du coup, je reste un peu perplexe quant la phrase finale, à prendre au premier degré, à lire comme une ironie ?
En tout cas, je salue la coïncidence (?) voulant que j’ai eu il y a quelques jours précisément une conversation sur le sujet même de ce texte.

Autrement, bien aimé la façon dont le récit avance, avec un enchaînement neutre des évènements, sans fioritures, sans effets de manche, cette narration distancée, de l'extérieur, une écriture qui n'est pas sans rappeler le roman dans lequel je suis plongée en ce moment.

Et bravo pour le titre, qui ne saurait être plus équivoque !


Ci-dessous, des choses à revoir :

Vers dix heures le téléphone a retentit. (retenti)
C’est toujours plus simple de dire oui, pour ne de fournir d’explications.
En France un parti d’extrême droite (extrême-droite)
mes canaris du Japon me regardaient et piaillaient avec plus d’insistance que l’habitude. Aurai-je oublié ce matin de les nourrir ? ("qu'à l'habitude" ou "que d'habitude" ; Aurais-je)
Je ne pouvais pas me résigner à fermer la porte fenêtre (porte-fenêtre)
J’ai remarqué tout de suite sa robe légère très fleurie alors que nous étions seulement qu’au début du printemps.
« Alors on va manger chez Chartier ? » elle m’a annoncé d’emblé. (d'emblée)
Elle avait fait affaire particulièrement avec un représentant commercial au profil prodigieusement viking.
J’entendais Mauricette soliloquer sans que ma personne fut véritablement touchée. (fût)
J’ai bu une longue gorgée de Côte du Rhône pour faire diversion. (Côtes)
- Tu as les yeux rouges. Tu pleurs ? s’est alors exclamé Mauricette presque avec un cri de victoire. (Tu pleures ; s'est exclamée )
Dehors les banderoles du cortège remplissaient d’ombre le restaurant. Sur l’une d’elle j’ai pu lire Mauricette qui m’a sourit. (d'elles ; m'a souri)


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Message  Janis Mar 2 Oct 2012 - 17:16

Moi j'ai relevé ça : Je lui ai bredouillé une réponse incompréhensible et j’ai refermé la porte.

C'est l'autre qui doit dire si c'est incompréhensible ou pas, non ? Ça m'a heurté l'oreille !

J'aime bien aussi l'avancée assez tranquille de ce récit sans fioriture, avec l'image récurrente de la vieille femme sur un lit blanc. Et l'écriture impeccable. Je cherche une chute. Le problème c'est que chacun a son univers.

Mon penchant me porterait vers quelque chose de plus spectaculaire : tandis que la violence explose dehors, dans ce que easter appelle un feu d'artifice, couleurs, feu, boucan, mouvements à travers la vitre du restaurant, mauricette et son gars sont dans une immobilité, un silence, une lenteur qui rappelle un peu la morte, hors du temps, et se donnent leur premier baiser. Le titre aurait ainsi deux axes !

Bon. tant pis j'envoie.
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Message  Janis Mar 2 Oct 2012 - 17:38


car c'est vrai, les morts sont d'une lenteur exaspérante

rappelleNT, bien sûr

tant pis, j'envoie encore
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Message  Pascal-Claude Perrault Mar 2 Oct 2012 - 22:59

Raoul, te rends-tu compte du boulot que tu nous donnes ? Avec tous ces exos à commenter !

Bon ben, j'ai bossé, me suis penché sur la question, te balance l’œil du correcteur ainsi que la chute demandée.

Mes corrections font certainement un peu double emploi avec celles d'Easter (je n'ai lu les commentaires qu'après avoir pondu le mien), mais ce n'est pas superflu, c'est parfois complémentaire. Il faut savoir qu'une Pascale + un Pascal, ça fait deux squales ! ^^



Un matin virgule je me suis réveillé avec la pénible sensation de ne plus faire partie de ce monde. Encore en pyjama virgule je me suis précipité sur le balcon. La rue était grouillante de passants. J’ai voulu crier, mais l’idée m’est vite apparue saugrenue. Le soleil était tiède et les façades resplendissaient d’or. Cette beauté hélas n’a pas suffit => suffi à me rapprocher des choses de ce monde. Je me suis affairé dans mon appartement à diverses activités. Me laver, m’habiller, manger.

Vers dix heures virgule le téléphone a retentit. => retenti Une voix de femme, douce et familière, me demandait si je me portais bien. C’était la voix de Mauricette. J’ai répondu à ses questions avec beaucoup de minutie. Mauricette voulait que nous mangions ce midi dans un restaurant sur les grands boulevards. Je ne m’y suis pas opposé. Refuser cette invitation m’aurait été aussi agréable. C’est toujours plus simple de dire oui, pour ne de fournir (?) d’explications.

J’ai allumé la radio. Les pays arabes étaient en effervescence. Des révolutions éclataient. En France virgule un parti d’extrême droite atteignait dans les sondages des records sans précédent. C’est au cours de ce matin-là que j’ai décidé de raser ma moustache et de me tondre les cheveux. J’ai fait ce geste calmement avec l’espoir qu’un autre homme surgirait dans ma glace. Ca => Ça ou Cela n’a pas été le cas. A => À la radio virgule Henri Salvador fredonnait une berceuse à vous fendre l’âme. Dans leur cage virgule mes canaris du Japon me regardaient et piaillaient avec plus d’insistance que l’habitude => d’habitude. Aurai-je => conditionnel aurais oublié ce matin de les nourrir ? J’ai essayé aussi de réparer, mais sans succès, le mécanisme cassé de la chasse d’eau des WC => presque pléonastique, je ne connais nulle chasse d'eau ailleurs que dans des WC. C’est dans l’énervement de ce désagrément => cette formule me paraît maladroite, on croit comprendre que le désagrément est énervé qu’une pensée bizarre m’est venue. Du moins c’est à cet instant que j’ai réussi à mettre des mots sur une vision qui me travaillait depuis mon réveil.

Le corps d’une vieille femme allongée dans son lit. Elle ne parle pas, ne bouge pas. Il n’y pas de tristesse apparente. Son buste émerge => ce verbe émerger est-il bien adapté ? d’une chemise de nuit blanche, sur un lit pareillement blanc aux barreaux de fer. La vieille femme est si présente en moi que je ne peux pas lui parler. Enfin pour me libérer de cette incongruité virgule je me suis plongé dans la lecture d’un magazine scientifique. Mais force est de constater que mon intérêt pour les sciences ne m’a été d’aucun recours.

Les bruits de la rue envahissaient le salon. Je ne pouvais pas me résigner à fermer la porte fenêtre => porte-fenêtre, je redoutais davantage le calme feutré de l’appartement.
Sur le coup => un seul coup pour onze ? de onze heures virgule on a sonné à ma porte. Je me suis dit que c’était Mauricette toujours aussi ponctuelle. Je suis allé lui ouvrir nonchalamment. Ce n’était pas Mauricette mais le gardien de l’immeuble. Des voisins, victimes de dégâts des eaux, l’avaient mandaté pour exiger des résidents qu’ils veillent au bon état de leur installation. Je lui ai bredouillé une réponse incompréhensible et j’ai refermé la porte. J’ai revu alors dans mon esprit le corps de la vieille femme et je ne sais plus si ça été (?) cela a été, plutôt ; expression inélégante, quoi qu’il en soit une consolation ou un nouveau sujet d’agacement. Ses apparitions subites m’étaient de plus en plus énigmatiques.

On a sonné encore à ma porte et cette fois c’était Mauricette. J’ai remarqué tout de suite sa robe légère très fleurie alors que nous étions => nous n’étions seulement qu’au début du printemps. Mauricette est toujours dans l’optimum des choses, parfois c’est une tragédie pour ceux qui ne lui emboîtent pas le pas.
« Alors on va manger chez Chartier ? » elle m’a annoncé => m’a-t-elle annoncé est plus correct d’emblé => d’emblée. Pourquoi pas. Elle n’a bien sûr prêté aucune attention au dérangement causé par les WC, aux piaillements désespérés de mes canaris du Japon, à mon crâne outrageusement tondu et au vacarme intempestif de la rue qui rendait toutes conversations impossibles => toute conversation impossible. J’ai enfilé mes chaussettes Burberry et une paire de boots italiennes de chez Brutini => publicité interdite sur ce site ! Premier et dernier avertissement ^_^ Mauricette est intransigeante sur ces détails et j’ai la faiblesse de céder à ses injonctions. J’ai aussi osé me coiffer d’une casquette puisque rien de particulier n’avait semblé choquer Mauricette => la choquer, au lieu de répéter Mauricette peut-être dans mon allure.

Quelques minutes plus tard nous étions sur les boulevards. Une agitation inhabituelle se faisait sentir. J’ai compris que des manifestations étaient prévues. Mauricette m’a expliqué les raisons de ces mécontentements populaires, mais rien de précis ne me semblait justifier ces rassemblements. Des cars de police stationnaient sur les trottoirs, une odeur de merguez flottait dans l’air. Des jeunes gens m’ont remis un tract entre les mains que j’ai lu attentivement pendant que Mauricette discutait avec un syndicaliste. Des manifestants se dirigeaient rapidement vers le haut du boulevard, des banderoles enroulées sous leurs bras. Les magasins avaient descendu leur rideau de fer. Des clochards qu’on appelle maintenant des SDF occupaient les bancs en compagnie de leurs gros bergers allemands. L’odeur de merguez m’a aidé à mieux accueillir l’idée d’un repas au restaurant. J’ai donc franchi la porte tournante de chez Chartier avec soulagement. Mauricette m’a précédé, elle a choisi une table un peu en retrait. J’aurais préféré qu’on se fonde => attention concordance des temps (qu'on se fondît, qu'on se soit fondu) dans le flux des clients au milieu de la salle. Mauricette est imprévisible. Je me méfie. Nous avons commandé « deux côtes de veau normandes spaghettis ». Puis elle m’a parlé longuement avec entrain et compétence des technologies high-tech au dernier salon de Copenhague auquel participait sa société. Elle avait fait affaire particulièrement avec un représentant commercial au profil prodigieusement viking.

Tandis que je m’engouffrais dans le dédale de ses histoires virgule une lassitude me gagnait. La vieille femme en chemise de nuit est venue à nouveau me divertir. Son repos que je prenais pour un sommeil m’aidait à m’éloigner du monde. J’entendais Mauricette soliloquer sans que ma personne fut => subjonctif fût obligatoire, précédé du ne explétif => ne fût véritablement touchée. Le Viking de Copenhague m’a laissé étrangement impassible, même quand Mauricette brutalement a changé de ton, les mots lui venant avec difficulté, comme si une pelote de spaghettis lui était restée dans la gorge. Un silence soudain s’est instauré. La rumeur du restaurant comblait le vide entre nous. Avec embarras Mauricette m’a dit :
- Excuse-moi de t’avoir blessé… je ne voulais pas…

- Non non, ça va très bien, j’ai répondu => ai-je répondu serait préférable en me regardant dans les grandes glaces murales qui me renvoyait => renvoyaient l’image d’un drôle de type à la mine défaite et au crâne de bagnard.
- Tu as les yeux rouges, m’a fait remarquer Mauricette.
J’ai bu une longue gorgée de Côte du Rhône pour faire diversion.
- Tu as les yeux rouges. Tu pleurs ? s’est alors exclamé => exclamée (s'est-elle alors exclamée) Mauricette presque avec un cri de victoire. Une honte implacable m’a paralysé.

Le visage de la vieille femme a resurgi en force dans ma tête. Je m’accrochais à lui en même temps que je voulais le fuir. Dans la rue virgule la clameur des manifestants se faisait de plus en plus proche, la déferlante tonitruante de leurs slogans m’empêchait de les comprendre. Le visage froid de la vieille femme avait la beauté lisse d’une paix surnaturelle. Mauricette avait allumé une cigarette. Dans les arabesques de fumée virgule son visage se mélangeait à celui de la vieille femme qui me hantait. C’est alors que je me suis penché vers Mauricette et lui saisissant la main je lui ai murmuré « Tu sais, on embrasse beaucoup plus souvent les morts que les vivants » et j’ai revu le visage de ma grand-mère morte, sur son lit d’hôpital. J’avais sept ans, c’était le premier baiser que je déposais sur le front cireux de la mort.

Dehors les banderoles du cortège remplissaient d’ombre le restaurant. Sur l’une d’elle virgule j’ai pu lire « Qui sème la misère, récolte la colère ». J’ai serré un peu plus fort la main de Mauricette qui m’a sourit => souri. Son sourire m’est resté comme le viatique d’une sérénité immortelle. Il y a des visages glacés, comme ça, loin dans l’au-delà, qui vous aident à comprendre les événements. C’est ce qu’on appelle parfois le réconfort de la famille…

Ça calme… Tandis que le boucan des manifestants aurait réveillé un mort !
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Message  Raoulraoul Ven 5 Oct 2012 - 16:47

Merci à Easter, Janis, Pascal-Claude Perrault, qui avaient répondu à mon appel, et m'avez aidé à trouver une chute à mon "Premier baiser". Grâce à vous ma nouvelle se boucle bien. Ca c'est le versant génial du site ! A la prochaine.




< Votre réaction a tout à fait sa place ici, surtout après ces quelques commentaires .
Merci Raoulraoul.
La Modération >

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Message  Janis Dim 7 Oct 2012 - 9:16


On aimerait bien lire la nouvelle chute !
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Message  Raoulraoul Lun 8 Oct 2012 - 7:42

Voici donc ma 2ème version corrigée ; nouvelle chute et petits détails rajoutés, communs à la grand-mère et Mauricette. Les rajouts et modifs sont en italique. Merci pour votre aide et relecture...

PREMIER BAISER

Un matin, je me suis réveillé avec la pénible sensation de ne plus faire partie de ce monde. Encore en pyjama, je me suis précipité sur le balcon. La rue était grouillante de passants. J’ai voulu crier, mais l’idée m’est vite apparue saugrenue. Le soleil était tiède et les façades resplendissaient d’or. Cette beauté hélas n’a pas suffi à me rapprocher des choses de ce monde. Je me suis affairé dans mon appartement à diverses activités. Me laver, m’habiller, manger.
Vers dix heures le téléphone a retenti. Une voix de femme, douce et familière, me demandait si je me portais bien. C’était la voix de Mauricette. J’ai répondu à ses questions avec beaucoup de minutie. Mauricette voulait que nous mangions ce midi dans un restaurant sur les grands boulevards. Je ne m’y suis pas opposé. Refuser cette invitation m’aurait été également agréable. C’est toujours plus simple de dire oui, pour éviter les explications.
J’ai allumé la radio. Les pays arabes étaient en effervescence. Des révolutions éclataient. En France, un parti d’extrême-droite atteignait dans les sondages des records sans précédent. C’est au cours de ce matin-là que j’ai décidé de raser ma moustache et de me tondre les cheveux. J’ai fait ce geste calmement avec l’espoir qu’un autre homme surgirait dans ma glace. Ca n’a pas été le cas. A la radio Henri Salvador fredonnait une berceuse à vous fendre l’âme. Dans leur cage, mes canaris du Japon me regardaient et piaillaient avec plus d’insistance que d’habitude. Aurais-je oublié ce matin de les nourrir ? J’ai essayé aussi de réparer, mais sans succès, le mécanisme défaillant dans mes WC. C’est dans cet énervement qu’une pensée bizarre m’est venue. Du moins c’est à cet instant que j’ai réussi à mettre des mots sur une vision qui me travaillait depuis mon réveil.
Le corps d’une vieille femme allongée dans son lit. Elle ne parle pas, ne bouge pas. Il n’y pas de tristesse apparente. Son buste émerge d’une chemise de nuit blanche, sur un lit pareillement blanc aux barreaux de fer. La vieille femme est si présente en moi que je ne peux pas lui parler. Enfin pour me libérer de cette obsession je me suis plongé dans la lecture d’un magazine scientifique. Mais force est de constater que mon intérêt pour les sciences ne m’a été d’aucun recours.
Les bruits de la rue envahissaient le salon. Je ne pouvais pas me résigner à fermer la porte-fenêtre, je redoutais davantage le calme feutré de l’appartement.
Sur le coup de onze heures on a sonné à ma porte. Je me suis dit que c’était Mauricette toujours aussi ponctuelle. Je suis allé lui ouvrir nonchalamment. Ce n’était pas Mauricette mais le gardien de l’immeuble. Des voisins, victimes de dégâts des eaux, l’avaient mandaté pour exiger des résidents qu’ils veillent au bon état de leur installation. Je lui ai bredouillé une vague réponse et j’ai refermé la porte. J’ai revu alors dans mon esprit le corps de la vieille femme et je ne sais plus si ça été une consolation ou un nouveau sujet d’agacement. Ses apparitions subites m’étaient de plus en plus énigmatiques. Autrefois, dans sa jeunesse, elle avait du être belle et probablement coquette. A son maigre poignet, on lui avait laissé son petit bracelet en pierres d’améthyste.
On a sonné encore à ma porte et cette fois c’était Mauricette. J’ai remarqué immédiatement sa robe légère et toute blanche, alors que nous n’étions seulement qu’au début du printemps. Mauricette est toujours dans l’optimum des choses, parfois c’est une tragédie pour ceux qui ne lui emboîtent pas le pas.
« Alors on va manger chez Chartier ? » elle m’a annoncé d’emblée. Pourquoi pas. Elle n’a bien sûr prêté aucune attention au dérangement causé par les WC, aux piaillements désespérés de mes canaris du Japon, à mon crâne outrageusement tondu et au vacarme intempestif de la rue qui rendait toute conversation impossible. J’ai enfilé mes chaussettes Burberry et une paire de boots italiennes de chez Brutini. Mauricette est intransigeante sur ces détails et j’ai la faiblesse de céder à ses injonctions. J’ai aussi osé me coiffer d’une casquette puisque rien de particulier n’avait semblé choquer Mauricette dans mon allure nouvelle.
Quelques minutes plus tard nous étions sur les boulevards. Une agitation inhabituelle se faisait sentir. J’ai compris que des manifestations étaient prévues. Mauricette m’a expliqué les raisons de ces mécontentements populaires, mais rien de précis ne me semblait justifier ces rassemblements. Des cars de police stationnaient sur les trottoirs, une odeur de merguez flottait dans l’air. Des jeunes gens m’ont remis un tract entre les mains que j’ai lu attentivement pendant que Mauricette discutait avec un syndicaliste. Les manifestants se dirigeaient rapidement vers le haut du boulevard, des banderoles enroulées sous leurs bras. Les magasins avaient descendu leur rideau de fer. Des clochards qu’on appelle maintenant des SDF occupaient les bancs en compagnie de leurs gros bergers allemands. L’odeur de merguez m’a aidé à mieux accueillir l’idée d’un repas au restaurant. J’ai donc franchi la porte tournante de chez Chartier avec soulagement. Mauricette m’a précédé, elle a choisi une table un peu en retrait. J’aurais préféré qu’on se soit fondu dans le flux des clients au milieu de la salle. Mauricette est imprévisible. Je me méfie. Nous avons commandé « deux côtes de veau normandes spaghettis ». Mauricette a pris une tranche de melon-salade, en entrée. Puis elle m’a parlé longuement avec entrain et compétence des technologies high-tech au dernier salon de Copenhague auquel participait sa société. Elle avait fait affaire particulièrement avec un représentant commercial au profil prodigieusement viking.
Tandis que je m’engouffrais dans le dédale de ses histoires une lassitude me gagnait. La vieille femme en chemise de nuit est venue à nouveau me divertir. On la disait gourmande. Elle raffolait des melons charentais, avec une cuillérée de Porto et une salade verte. Son repos, à présent, que je prenais pour un sommeil, m’aidait à m’éloigner du monde. J’entendais Mauricette soliloquer sans que ma personne ne fût véritablement touchée. Le Viking de Copenhague m’a laissé étrangement impassible, même quand Mauricette brutalement a changé de ton, les mots lui venant avec difficulté, comme si une pelote de spaghettis lui était restée dans la gorge. Un silence soudain s’est instauré. La rumeur du restaurant comblait le vide entre nous. Avec embarras Mauricette m’a dit :
Excuse-moi de t’avoir blessé… je ne voulais pas…
— Non non, ça va très bien, ai-je répondu en me regardant dans les grandes glaces murales du restaurant qui me renvoyaient l’image d’un drôle de type à la mine défaite et au crâne de bagnard.
— Tu as les yeux rouges, m’a fait remarquer Mauricette.
J’ai bu une longue gorgée de Côtes du Rhône pour faire diversion.
— Tu as les yeux rouges. Tu pleures ? s’est-elle alors exclamée presque avec un cri de victoire. Une honte implacable m’a paralysé.
Le visage de la vieille femme a resurgi en force dans ma tête. Je m’accrochais à lui en même temps que je voulais le fuir. Dans la rue, la clameur des manifestants se faisait de plus en plus proche, la déferlante tonitruante de leurs slogans m’empêchait de les comprendre. Le visage froid de la vieille femme avait la beauté lisse d’une paix surnaturelle. Mauricette avait allumé une cigarette. Dans les arabesques de fumée son visage se mélangeait à celui de la vieille femme qui me hantait. C’est alors que je me suis penché vers Mauricette et lui saisissant la main je lui ai murmuré « Tu sais, on embrasse beaucoup plus souvent les morts que les vivants » et j’ai revu le visage de ma grand-mère morte, sur son lit d’hôpital. J’avais sept ans, c’était le premier baiser que je déposais sur le front cireux de la mort.
Dehors les banderoles du cortège remplissaient d’ombre le restaurant. Sur l’une d’elles j’ai pu lire « Qui sème la misère, récolte la colère ». J’ai serré un peu plus fort la main de Mauricette. A son bras brillait un fin bracelet de petites pierres violettes. Et dans la symphonie blanche de sa robe, Mauricette m’a souri. Un sourire lointain sur lequel je déposai un baiser. Il y a parfois des visages glacés, comme çà, revenant de au-delà, qui vous aident à comprendre l’événement. Quelques manifestants avaient fait irruption dans le restaurant. « La fermeture de l’usine, c’est notre mort annoncée ! » répétaient avec désespoir les syndicalistes aux clients devant leur choucroute bien garnie. [i]
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Message  Janis Lun 8 Oct 2012 - 11:06


Là, oui, beaucoup.
Presque du fantastique, les deux visages se mêlent, j'aime beaucoup.

et ce qui me fait rire, c'est les sujets similaires qu'on peut lire en bas - on ne les a que quand on est déconnecté :

- mon premier bateau
- premier moulage d'un petit buste de singe

de la poésie !
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Message  Invité Mar 9 Oct 2012 - 6:46

Oui. Comme ça, la fin a bien plus de poids. Elle permet au texte d'aboutir.

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Message  Polixène Mar 9 Oct 2012 - 7:28

Très fort, ce texte. Dense sans en avoir l'air. Et Easter a raison, il se suffit à lui-même, comme une petite nouvelle.
(Je l'avais mal lu la première fois, ou dans un moment inopportun.)
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Message  Polixène Mar 9 Oct 2012 - 7:35

oups, c'est une nouvelle. (^^)
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Message  Louis Jeu 11 Oct 2012 - 16:40

Le narrateur, comme Meursault, le personnage de Camus, se sent étranger au monde.
Comme lui, il se sent à distance, en recul par rapport à la vie, exilé en un lointain.

Les gestes sont effectués de façon mécanique, automatique, « Je me suis affairé dans mon appartement à diverses activités. Me laver, m’habiller, manger », sans véritable présence, dans une absence, dans une indifférence à ce qui est fait, à ce qui arrive, comme à ce qui lui est demandé.
Comme Meursault encore, il se sent étranger à lui-même : « C’est au cours de ce matin-là que j’ai décidé de raser ma moustache et de me tondre les cheveux. J’ai fait ce geste calmement avec l’espoir qu’un autre homme surgirait dans ma glace. »

L’absence au monde a pour contrepartie une présence, une présence qui hante le narrateur, celle d’une vieille femme, « si présente en moi que je ne peux pas lui parler. » dit-il.
Cette femme est une image, celle de « sa grand-mère morte, sur son lit d’hôpital. ».
Image prégnante de la mort ; image prégnante d’un « premier baiser » : c’était le premier baiser que je déposais sur le front cireux de la mort » ; image première, archétype, de la tendance à délaisser la vie pour embrasser la mort.

Ainsi le recul par rapport à la vie est-il attirance pour la mort, « Son repos que je prenais pour un sommeil m’aidait à m’éloigner du monde. »
Perte de l’énergie vitale ; perte du désir de vivre ; affaiblissement de la puissance d’exister, caractérisent l’état du nouveau Meursault.

Mauricette, le personnage féminin, ne réussit pas à le tirer vers la vie. Elle est pourtant pleine de vitalité, elle porte en elle les signes d’une vie renaissante, les signes d’un printemps : « J’ai remarqué tout de suite sa robe légère très fleurie alors que nous étions seulement qu’au début du printemps. » En contraste avec son état d’éloignement, Mauricette, elle, est entièrement immergée dans la vie, sans réserve. Elle vit tout intensément, « Mauricette est toujours dans l’optimum des choses » ; elle est discours, parole, action : « elle m’a parlé longuement avec entrain et compétence… » ; elle est énergie, dynamisme : « Elle avait fait affaire particulièrement avec un représentant commercial au profil prodigieusement viking. »
Mais rien ne l’atteint, impassible, alors que lui est opposée l’image du viking, sa force, sa vitalité sauvage, sa combativité. Mauricette croit pourtant, à tort, l’avoir atteint, l’avoir touché et blessé.

Mauricette ne s’illusionne peut-être pas tout à fait. Il y a son sourire. La vie offre encore un sourire sur les lèvres de Mauricette.
En contrepoint à la résistance du narrateur happé par l’image de la mort, des manifestants luttent pour la vie, se battent contre la mort, « La fermeture de l’usine, c’est notre mort annoncée ! ». Le narrateur s’est fermé à la vie, mais la vie s’entrouvre encore, du bout des lèvres, dans un sourire.

Contrairement cette fois à l’œuvre de Camus, le sentiment d’étrangeté au monde n’est pas lié dans le texte à l’absurde. Le « visage glacé » de la mort ne mène pas à la conscience de l’absurdité de l’existence, mais au contraire à une compréhension des événements, à la saisie d’un sens : « Il y a parfois des visages glacés, comme çà, revenant de l’au-delà, qui vous aident à comprendre l’événement ».
Je m’étonne d’ailleurs, sachant, Raoul, ton goût pour les mythes, que celui de Sisyphe ne soit pas ici repris et réécrit.
C’est un très bon texte, quoi qu’il en soit.

P.S. : Je suis très honoré, Raoul, que tu aies ajouté mon commentaire au texte que tu as offert à ton épouse. Merci.

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Premier baiser Empty re : Premier baiser L'Etranger

Message  Raoulraoul Mer 17 Oct 2012 - 14:26

Tu as lu et vu juste, Louis ! En effet, ce texte qui n'est pas récent, écrit il y a plus d'un an, m'est venu après avoir relu "L'Etranger" de Camus. La mise à distance, l'indifférence du personnage m'ont été dictée droit par cette lecture qui m'a beaucoup impressionné. Par contre, à l'époque, la recherche sur les mythes ne m'effleurait pas encore... Donc j'ai zappé Sisyphe ! Je ne termine pas ma nouvelle sur l'absurdité du monde, contrairement à Camus. Le rapport avec les morts donne du sens aux événements du présent !... Subjectivité bien sûr !
Sinon tout le reste de ton commentaire, Louis, m'enrichit toujours autant. C'est une belle leçon que tu me donnes, à chaque fois. Merci.
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