Exo "Vers et prose" d'après Poussetontraineau : Parfois maman

[Janis]

Spoiler:

libre interpétation

Parfois maman s'en va, on ne la trouve plus.

Elle ne fume pas dans le jardin, elle ne sourit pas derrière la vitre, elle n'ouvre pas la porte, elle ne beurre pas les tartines, ses cheveux ne glissent pas sur ma joue tandis que je m'endors doucement, ne me prend pas sur ses genoux, ne me raconte pas une histoire, parfois maman s'en va ne marchera pas vers moi titubant légèrement avec une canne et des petites rides qui sillonnent son visage, et son regard intact.

Parfois maman s'en va et ne revient jamais, jamais tout à fait.

Tout ce silence après le fracas, cette nuit sans issue qui tombe soudain, opaque, cette terre qui s'ouvre sous nos pieds et il faut faire de si grands pas pour traverser la plaine, en auras-tu la force ?

Alors la vie se déroule dans cette dernière chambre, ce dernier lit, entre les parois minces du cœur qui bat, ténu, et les angles chromés de la pièce où je passe désormais mes journées, dans cet endroit implaccable qui est le terminus, le point final. Pourtant il me suffit de voir, encore, un peu, le drap se soulever légèrement à chaque respiration, allez, encore un peu, encore.

Parfois maman s'absente, je la cherche partout.
Derrière ses paupières closes, dans le creux de ses mains, dans les traits étranges et familiers de son visage posé sur l'oreiller.

Parfois maman revient, j'ai sept ans.
Je marche au bord du précipice sur cette route de montagne et elle me dit : fais attention !

Oh maman fais gaffe aussi, ne tombe pas, pas tout de suite, nous n'avons pas fini, prends ma main et laisse-moi faire, allez je te tiens, encore un peu, encore.

[Invité]

le retour de ta prose qui fait: BAM!

[Invité]

On n'ose rien dire tant ce texte est émouvant.

[polgara]

bon et bien pour commencer une journée il n'y a rien de tel qu'une Janis à se mettre derrière les mirettes. Ou pas vu l'extrême mélancolie de ce texte qui se mue en profonde douleur. C'est ce que j'ai ressenti en tout cas. pudiquement écrite, silencieusement hurlée, cette souffrance,tu nous l'envoies en pleine tête.
Merci.

[CROISIC]

Parfois, c'est papa.
Coeur de cible Janis. Merci.

[Lyra will]

Parfois maman revient, j'ai sept ans.


J'aime bien comme tu poses cette phrase. Emouvant oui

[Lyra will]

(et j'aime beaucoup le titre)

[Invité]

Emotion au rendez-vous, tant pour la belle interprétation que pour le texte initial, qui se lit, lui, comme un sanglot hoquetant.

[Rebecca]

belle interprétation
la partition est sobre
le talent éclatant

[Poussetontraino]

une sacrée apnée , les miennes sont souvent plus courtes ,

là c'est comme un étranglement que je ressens très fort , logiquement l'écriture m'échappe , là cette sensation écriture-lecture a fait un fondu tant j'aurais eu le besoin d'écrire ce texte ...

qu'elle est sublime ton expression ,

" c'est dimanche " ( en poésie ) d'à coté c'est beau aussi ...

[Janis]

Merci, je l'ai écrit sur la pointe des pieds

oui forcément ça fait écho, moment partagé

[Poussetontraino]

je comprends la pointe des pieds , car pour le coup c'est de l'ultra personnel et Dieu sait combien j'aurais allé chercher loin en moi pour écrire cela , combien je m'en serais mis chiffon ...

ce qui m'a touché aussi ici , c'est les répétitions du sujet (alors que moi dans mon texte j'aurais tendance à l'effacer ,normal puisque doucement elle s'en va )

(la répétitions des verbes aussi : s'en va , revient , chercher , trouver ...) qui impose une présence , celle comme d'un fantôme infiniment vivant ...

[Janis]

Oui, c'est personnel, mais une fois que c'est écrit (et surtout donné à lire) ça devient autre chose.

Et puis moi ça fait longtemps, ça a mis le temps qu'il faut pour cheminer, et pouvoir s'écrire

et alors on arrête de vouloir tuer les morts

et on laisse leurs fantômes nous tenir compagnie

[Polixène]

Deux textes sublimes comme un négatif/positif d'une même brûlure d'absence, nous font vivre la persistance de la douleur.
Merci à vous deux.

[Phylisse]

L'on dirait que tu as comblé les vides qu'a laissés Poussetontraineau, et vos deux textes se trouvent ainsi offerts à mon regard chargé d'émotion.

Parfois... Je pense à cette absence de manière similaire, tu l'écris si bien Janis, merci de cette belle transmission.

J'aime vraiment beaucoup cet exo qui permet de réunir autant les textes que leurs auteurs.

[Pascal-Claude Perrault]

Un texte très sensible. L'écriture émeut.
Tu te sers de ta plume comme d'un pinceau...

Pour peindre des émotions.

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