Liberté

[Manon Lunalice]

D'après Paul Eluard


J'ai écrit ton nom sur tous mes cahiers
A l'encre de plume a l'encre d'envol
D'un geste chaque fois j'ai noirci mes cahiers
Et puis j'ai fait des avions avec le papier

Et ton nom flottait dans le ciel
Traçait son chemin à travers les nues
Alors je l'ai écrit encore

Et je t'ai dessinée à l'encre de la mer
Sur les vagues et sur l'horizon
Pour étirer le monde

J'ai fini par taguer les murs
Par les taguer de ta couleur
De ta clarté

J'ai écrit ton nom sur tous mes cahiers
Les professeurs se sont lassés

J'ai voulu écrire ton nom sur la vie
J'ai voulu l'écrire sur l'amour
Sur le gris de la lune
Sur la douceur
Sur un sourire
Sur un baiser

Sur tes fantômes

Et si la terre n'en pouvait plus
Si elle m'ordonnait de me taire
Alors comme un murmure
A l'encre du désir
Je l'écrirais encore
Sur le jour et la nuit
Sur la cime des rêves
Sur le vent des idées

Car je suis née pour te nommer
Te chuchoter

Liberté

[Maryse]

Moi je l'écrivais , son nom, sur ma gomme pour ne pas pouvoir l'effacer!
C'était le bon temps!
Ton texte m'a reporté 60 ans en arrière... Et boum! Hou là! Le choc!

[Janis]

manon manon
tes poèmes sont toujours d'une fraîcheur
et aussi d'une profondeur
qui me touchent beaucoup

[polgara]

oh que j'ai aimé la candeur de ton âge entrelacée à la gravité et l'espoir de ton texte.

[Manon Lunalice]

Merci beaucoup beaucoup à tous les trois, j'aime cette description que vous faites, Janis et Polgara. "Fraicheur et profondeur", c'est à ça que je voudrais que ressemblent mes textes.

Maryse ! M'voilà émue. Comme quoi le temps passe mais la liberté continue de faire rêver et de faire écrire.

[Phylisse]

Un peu comme Maryse, ça me rappelle le temps du lycée où la couverture de mes classeurs étaient parsemés du mot liberté, de citations ou refrains s'y rapportant.

De très belles images et une belle pensée flottent dans tes mots, Manon, c'est un plaisir et une émotion de te lire.

Et je ne résiste pas...

[Jean Ahlmas]

Très joli poème, tout en douceur, et pourtant il y a ce petit élan, ce petit rien qui émeut...

Dans un style magnifique, et avec bon un point :
là où Eluard répétait sans cesse "Sur", tu as pris de la Liberté de changer un peu la construction des phrases. Là où Eluard devait répétait "sur" pour montrer que la Liberté pouvait être partout, tu as pris soin de changer de tes vers, pour ne parler plus que de ton monde.

Magnifique !!!

Une phrase en particulier :

J'ai écrit ton nom sur tous mes cahiers
Les professeurs se sont lassés

Très parlant, bravo !!!

[Marvejols]

J'aime beaucoup ce texte au pari risqué. Le vers où le geste, le désir, étire le monde est puissant. Vise un peu :
Je t'ai dessinée à l'encre de mer
pour étirer le monde

A relire ce passage aussi :

Et si la terre n'en pouvait plus
Si elle m'ordonnait de me taire
Alors comme un murmure
A l'encre du désir
Je l'écrirais encore
Sur le jour et la nuit
Sur la cime des rêves
Sur le vent des idées

Sinon, une seule petite faiblesse à mon avis:
J'ai écrit ton nom sur tous mes cahiers
Les professeurs se sont lassés

L'intrusion des profs à cet endroit alourdit un peu (les profs après les cahiers d'écolier et Eluard...). J'essaie d'amender:
Pour des profs lassés?
devant des profs lassés?

Mouais...Difficile de poétiser la matière prof ! Cela introduit brusquement un ton de récit. Peut-être carrément à enlever ce vers.

(je sais, je me répète...)

[Ariel]

J'ai aussi aimé lire ça, c'est frais comme une source,

je pense que le Eluard de Saint-Alban aurait aimé, aussi


Il fait frais le soir tombe et nous réunissons
Nos yeux sur le chemin que nous savons par cœur

Nos feuilles vont regagner l’arbre
Notre herbe retrouver la nuit de sa croissance

Ce soir il y aura des rires quelques larmes
S’y mêleront l’amour baptisera la nuit
De noms nouveaux à la couleur de nos corps nus

Rose mettra son bonnet rouge

Blanche perdra son bonnet noir.

(On peut lire ce texte, écrit en 1943,
sur le mur de l’hôpital psychiatrique de St Alban/Limagnole,
et recopié sur mon carnet de pas-sage, un jour de VTT bien boueux,
comme quoi, il n'y a pas de saison pour les chemins heureux)

Bon, je divague....

[Invité]

J'ai beaucoup aimé ce poème. Pour les mêmes raisons que celles évoquées dans tous les commentaires qui précèdent.

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