Vos écrits
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le Deal du moment : -39%
Ordinateur portable ASUS Chromebook Vibe CX34 Flip
Voir le deal
399 €

Le photographe, l'enfant et l'assassin, vers et prose !

2 participants

Aller en bas

Le photographe, l'enfant et l'assassin, vers et prose ! Empty Le photographe, l'enfant et l'assassin, vers et prose !

Message  Frédéric Prunier Ven 19 Oct 2012 - 15:40

(Le photographe, l'enfant et l'assassin)


1. version photographique, rapportée par l'homme de l'art cité en titre ci-dessus.


Première image :


il n’avait connu l’horreur
que dans les chants de Maldoror

il était là, il attendait
l’ombre, l’ombre de buse
qui se déforme et s’étale

Violence!



Seconde image :

mais quelle est cette route
quel est ce faux pas, ce baiser de la peste
cette mouche qui vous pique
ou cet amour aveugle?

Violence! Violence!

il guettait, il observait
il a su profiter de l’instant Maintenant!


Troisième et dernière image :

quel est cet enfant qui trébuche et vous cherche?
et la terre, éblouie de lumière

Violence! Violence! Violence!

dans les lignes de vos mains je ne vois pas
quand il s’arrêtera, au hasard endormi

...................................(c’était pas moi, c’est lui)




2. Titre, article, étude et résumé, dialogue et scénario, compte rendu des faits, rien que les faits. Mise sous silence de ce qu'ils auraient pu, dû, constater et rectifier, mais personne n'a réagi et l'histoire s'est déroulée ainsi :


Je veux donc vous conter ici, l'histoire sans grand mystère, des quelques instants poétisés ci-dessus, en images sans légende, parce que c'est la vérité, et qu'il n'y a rien d'expliqué.
Histoire de poème, ou poème de l'histoire, ce texte est à lire d'après moi, avec une voix nonchalante, à la façon du bonhomme Prévert.
Son titre ?
................................ (le photographe, l'enfant et l'assassin)

Je tiens à préciser que les parenthèses sont ici un refus de l'ostentatoire et du péremptoire. Elles sont indicatives et informatives, car de source sûr, l'auteur, « moi-quoi », a voulu ce poème plus figuratif qu'il n'apparaît de prime abord.

Il s'agit donc d'un photographe, d'un enfant et d'un assassin.
Dès les premières lignes, vous comprendrez que le méchant, car méchant il y a, est un assassin tout neuf, un qui n'a pas encore sévit.
Et si, lecteur, une haute qualité morale vous incline à choisir l'angle de vue plus politiquement correct de l'«œil du photographe», imaginez un artiste du visuel tout neuf aussi, à la sortie de l'école, et qui n'a pas encore de métier. Mais il aurait lu des livres, bien entendu, plus ou moins compris, comme nous tous comme lui, des livres peut-être identiques à ceux de la bibliothèque d'un assassin. Parce que l'on peut tuer avec de la culture, même si l'inverse existe aussi dans la nature. Des livres donc, comme celui de Lautréamont.
Et pour l'enfant me direz-vous ? J'y viens, j'y viens, je ne l'oublie pas :
C'est tout neuf un enfant, c'est bien connu, tout le monde sait ça.

il n’avait connu l’horreur
que dans les chants de Maldoror


Comme tous les débuts d'histoire, il faut planter le décor, dessiner un paysage, avec un ciel et des nuages. Oui, c'est cela, des nuages, de beaux nuages, tous sombres qui avancent dans le ciel, et que l'enfant ne voit pas, parce que lui, il est au-dessus, tout la-haut, déjà.
C'est bien connu, un enfant, c'est toujours dans la lune.


il était là, il attendait
l’ombre, l’ombre de buse
qui se déforme et s’étale

Violence!



Violence ? Vous êtes sûr ?
C'est la moindre des choses, quand on est un assassin, la violence est un but. Les nuages doivent tout d'abord vous monter à la gorge, comme l'orage qui gronde, avant qu'il ne déborde. Mais je ne peux l'imaginer vraiment, n'étant qu'un écrivain, pas un homme d’expérience.
Et pour le photographe, neuf ou pas neuf, c'est tout pareil ?
Tout juste juste... tout juste l'arme qui change, pour d'un même réflexe, mettre le sujet en boîte.
Vous êtes horrible !
Non, réaliste. Mais revenons à cette ombre ces nuages, je n'ai point fini ce que je voulais vous en écrire. L'important est, quoiqu'on en pense, qu'il faut bien s'essorer le nuage de temps en temps, et même d'après moi le plus en plus souvent possible, car sinon le monde finirait triste comme la nuit noire. Sans oublier qu'au bout d'un moment, l'encombrement deviendrait embouteillage, monstrueux, car il y a toujours un nuage qui pousse, derrière, quelque part …

C'est ainsi que la terre est faîte, au soleil elle transpire et elle frissonne dans les courants d'air, quand l'ombre s'allonge

Quant à l'enfant, lui, il ne sait pas tout ça. Il aime l'ombre, celle qui court après le soleil, celle des gens, parce qu'il peut marcher dessus, et que ça fait même pas mal...




« Et Tout à coup, ce fut l'orage, celui qui fait de la lumière, et qui imite les avions qui dépassent le mur du son. Le paysage est silencieux, et baoum ! Dans les oreilles. »




mais quelle est cette route
quel est ce faux pas, ce baiser de la peste
cette mouche qui vous pique
ou cet amour aveugle?


Ça ressemble à un film votre histoire.
Oui, et je ne voudrais pas être au générique. D'abord parce que j'ai les oreilles fragiles et surtout, je n'aimerais pas jouer dans un film dont je connais la fin. Et si le tournage a lieu dans un pays lointain, un pays qui ressemble à la guerre, où un pays tropical, il faudrait se protéger des moustiques, des mouches tsé-tsé et des scorpions. Et moi je n'aime pas être pris pour de la chair à moustiques.
Allez ! Allez ! Soyez sérieux monsieur le poète, on vous lit ! Ils étaient donc sur une route et l'un des trois fit un faux pas ? C'était donc la guerre ? était-ce une mine ? Ou la malchance d'une nuit d'amour qui condamne l'innocence à quelque maladie irrémédiablement fatale ?
Non et oui et non ! C'est juste la rencontre d'un assassin, comme un coup de foudre au début d'un orage, on ne peut pas le prévoir.



Violence! Violence!


il guettait, il observait
il a su profiter de l’instant......... Maintenant !




Et nous pouvons souligner qu'un bon photographe est comme un assassin. Il sait profiter de l'instant imprévu …



« A ce moment et sans prévenir, tout du moins en première lecture, intervint la dernière scène, le coup de surin final, l'explosion, le flash qui vous évite le contre-jour. »



quel est cet enfant qui trébuche et vous cherche?
et la terre, éblouie de lumière

Violence! Violence! Violence!




Brrr... Il n'a pas eu de chance.
Le Photographe ? Si, si, lui il a gagné beaucoup d'argent...
Et l'assassin ?
Le jour même, pour lui, c'était bien. Et puis après, à cause du photographe, les choses se sont un peu compliquées.
...
...et pour l'enfant ?
Ben pour l'enfant, y' a pas besoin d'une boule de cristal pour comprendre qu'il a pas bien compris la fin.



dans les lignes de vos mains je ne vois pas
quand il s’arrêtera, au hasard endormi




Et après, la toute fin, ça veut dire quoi au juste? Que l'on a rien compris au film ? que l'on a pris la caméra à l'envers ? comme des jumelles quand le loin devient petit et qu'on se demande comment ils font pour tenir tous à l'intérieur ?
Si vous permettez la remarque, votre fin, elle ressemble un peu à celle d'une fable de La Fontaine, du genre Si ce n'est pas lui, c'est donc son frère.
C'est vrai, je n'y avais même pas pensé. La fin est une fin de poème, qui ouvre et qui ferme, qui veut rien et tout dire. Tout vu, rien vu, rien fait, c'est pas moi, mais je suis vivant.
Je lis Lautréamont et je me pose des questions.


....................(c’était pas moi, c’est lui)
Frédéric Prunier
Frédéric Prunier

Nombre de messages : 3568
Age : 62
Localisation : MONTLUCON
Date d'inscription : 08/09/2011

http://www.quai-favieres-antiquites.com

Revenir en haut Aller en bas

Le photographe, l'enfant et l'assassin, vers et prose ! Empty Re: Le photographe, l'enfant et l'assassin, vers et prose !

Message  Invité Ven 19 Oct 2012 - 18:44

J'ai lu deux fois, complètement absorbée et je dois dire que je trouve ça fameux !
D'abord, l'idée, le choix de la forme, il fallait y penser (encore que... peut-être inspiré par certain exo :-))
Et puis le traitement, la légère dérision dans le ton, la façon de déformer ou au contraire de prendre au pied de la lettre, d'imaginer, de faire une pirouette, d'amener le lecteur dans l'histoire.
Le choix des personnages aussi, leurs surprenants point communs ("tout juste l'arme qui change, pour d'un même réflexe, mettre le sujet en boîte.").
C'est vraiment très fin, drôle et original sans ostentation.
J'aime énormément l'ensemble avec un big up pour le passage de "il n’avait connu l’horreur" jusqu'à "Quant à l'enfant, lui, il ne sait pas tout ça. Il aime l'ombre, celle qui court après le soleil, celle des gens, parce qu'il peut marcher dessus, et que ça fait même pas mal... "

La fin aussi est réjouissante, ce : "Brrr... Il n'a pas eu de chance.
Le Photographe ? Si, si, lui il a gagné beaucoup d'argent...
Et l'assassin ?
Le jour même, pour lui, c'était bien. Et puis après, à cause du photographe, les choses se sont un peu compliquées.
...
...et pour l'enfant ?
Ben pour l'enfant, y' a pas besoin d'une boule de cristal pour comprendre qu'il a pas bien compris la fin."

Il y a du Prévert là-dedans, certes.
Du Saint-Ex aussi.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Le photographe, l'enfant et l'assassin, vers et prose ! Empty Re: Le photographe, l'enfant et l'assassin, vers et prose !

Message  Invité Sam 20 Oct 2012 - 6:19

Troisième étage de la fusée: "ça roule roudoudou"
Easter a tout dit
je plussoie

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Le photographe, l'enfant et l'assassin, vers et prose ! Empty Re: Le photographe, l'enfant et l'assassin, vers et prose !

Message  Rebecca Sam 20 Oct 2012 - 6:48

C'est tout à fait réjouissant cruel révoltant
Ben oui le poids des mots le choc des photos
Et ces nuages qui s'amoncellent
J'aime beaucoup ces formes qui se télescopent
ces chemins détournés ou balisés
ces images kaléidoscopes
ces ombres posées
tout ce carrousel de déclinaisons
visant à éclipser l'ellipse initiale
Rebecca
Rebecca

Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009

Revenir en haut Aller en bas

Le photographe, l'enfant et l'assassin, vers et prose ! Empty Re: Le photographe, l'enfant et l'assassin, vers et prose !

Message  Invité Sam 20 Oct 2012 - 7:13

Rien à ajouter.
C'est excellent.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Le photographe, l'enfant et l'assassin, vers et prose ! Empty Re: Le photographe, l'enfant et l'assassin, vers et prose !

Message  Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum