Canyons

[loic]

Canyons

Canyons de sable, et l’ombre des parois
Infinies décimales, érosions
Million d’années
Minutes écourtées

Ciels blancs d’incertitudes adoubent une mer grise, scintillante d’éclats
Sous grands coureaux de Groix

Tessitures multiples, mille octaves entendues aux plissements de la dune
Pays sans horizons
Au fond de ces canyons

Quelque part d’univers

Aux gammes chromatiques d’un prélude régulier, un moteur en étoile emmène un vieux junker
Son ombre sur l’estran imprime l’ancien temps, il entame l’air dense d’un grand ciel de traine

Années qui s’évaporent, où les vieux s’en venaient recueillir sur les aires de platiers rutilants
les coquilles dorées, aux douceurs lacustres.


Et ce monde écroulé en de tristes canyons



Plage de sainte Barbe Plouharnel 56

[Pussicat]

Double référence-s trompeuse-s... Tu nous embarque pour une virée dans les Canyons et on se retrouve sur des récifs coupants en compagnie d'un vieux prussien en quête de terres nouvelles sur fond de musique océance

la mer :

"Les Courreaux de Groix" ( avec 2 "r")
"dune"
"un moteur en étoile emmène un vieux junker" : en étoile de mer...
"l’estran"
"d’un grand ciel de traine"
"platiers"
"les coquilles dorées, aux douceurs lacustres."

la musique:

"Tessitures multiples"
"mille octaves entendues aux plissements de la dune" : j'aime
"Aux gammes chromatiques d’un prélude régulier"
"Son ombre sur l’estran imprime l’ancien temps"

A relire, avec le tempo
j'aime

[Invité]

J'ai beaucoup aimé cette description où se mêlent l'idée du temps qui passe en œuvrant sur la nature, de très belles images, et la musique qui berce le tout.
Bravo !

[Maryse]

Et voilà un Loïc toujours aussi super!
J'adore et c'est rien de le dire!!

[Invité]

J'aime, comme toujours, et particulièrement ces ciels blancs d'incertitude.
En revanche, j'ai un peu de mal avec la suite immédiate pour l'absence d'article...

[Marvejols]

Ce texte est très Loïcien. En ce sens qu'il nous embarque au-delà des choses immédiates et désormais inertes dans un temps qui fut celui du mouvement, de la vie sinon de la joie. Ses canyons ont cela en commun avec le rail, et aussi le fait qu'ils furent un lieu d'écoulement. le moteur aui apparaît dans le "junker" est peut-être la signature de la bête humaine, la ferraille qui hurle et bruite, marquant le sable, opposant son arrogante puissance à la tranquillité immuable du roc et du sable.

Je ne peux rester insensible à la dimension archéo-géologique de ce texte. Et je m'amuse d'y voir l'image de l'échelle des temps où les millions d'années, ces décimales, ces 10 puissance -n, sont ramenées à des cm ou à des heures et la présence de l'homme à quelques ultimes secondes ou micomètres.

Cela dit l'aspect énumératif me limite un peu la poésie comme dirait l'amimoijeperso.

Une interrogation : "un moteur en étoile" c'est une réminiscence flash du débarquement?

Un petit désaccord: à ma connaissance il n'y a pas de canyons en Bretagne, pas même sans doute (mais je n'ai pas vérifié) dans la bordure du plateau continental, très éloignée. Tout au plus peut-on peut-être parler de fjords (ou paléo-fjords). Les canyons me semblent, sur les côtes françaises, du seul domaine de la Méditerranée (canyons du Rhône, du Lez, de l'Aude) formés lors de la crise méssinienne (lorsque les coups de boutoir de la plaque africaine ont fermé Gibraltar et que la Méditerranée s'est asséchée, les fleuves ont rudement creusé car la mer était bien plus basse; c'était bien avant la poésie, vers -6 MA si ma mémoire est bonne).

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