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Message  toma4422 Mer 31 Oct 2012 - 16:02

Bonjour, voici le début d'un de mes récits de voyage.C'est la première fois que je poste un de mes textes, donc ne lésinez pas sur la critique ! merci d'avance pour votre lecture.



Il m'arrive souvent, lorsque mon environnement se prête aux rêveries, de laisser s'élever des souvenirs de mes voyages passés. Parmi ces souvenirs il y en a un, plus léger, que je me plaît souvent à laisser remonter. C'est une réminiscence qui se distingue des autres par sa nature même : ses élévations sont défaites de cette nostalgie propre aux instants de plaisirs éphémères destinés à s'entasser parmi tous les autres souvenirs de bazar, empreints d'amères douceurs, et qui se consomment sans faim, comme des passades, puis se regrettent dans d'éternelles et joyeuses doléances. Oui ce souvenir s'en écarte, car il ressurgit sans me contraindre à recréer dans mon esprit les paysages et les vents entre lesquels il s'est façonné. Il n'est pas ce troc, si récurent chez les voyageurs, d'illusions contre des souvenirs. C'est devenu une émotion pure, flottante, déliée de ses racines physiques.
Mais revenons à ses origines.

Cela faisait six mois que je sillonnais l'Amérique du Sud. De Guyane, j'étais descendu par la côte Est jusqu'au Sud de l'Argentine, avant de remonter le continent en stop et en bus par les sentiers graveleux de la Cordillère des Andes, jusqu'aux Hauts-Plateaux de Bolivie. Le hasard des rencontres, et tous les autres hasards qui déterminent l'itinéraire des voyageurs au coeur léger, semblable à celui d'une rivière se laissant conduire, par contingence, le long des vallées, au bon vouloir des montagnes, me poussa dans une petite ville appelée Corocoro, à quatre-vingts kilomètres au Sud de La Paz, et une centaine du lac Titicaca.
Face à moi se tenaient, immenses, les derniers monts des Andes, s'imposant comme des remparts infranchissables.
Je voulais rejoindre le lac Titicaca, en traversant les steppes. Je ne cherchais pas à me lancer un défi, uniquement à m'impreigner d'une atmosphère inconnue, dont je soupçonnait les arômes, en suspension derrière ces murailles...

De mes expériences passées, j'avais appris à subvenir à mes besoins pendant plusieurs jours, en pleine autonomie, dans des conditions difficiles et avec un équipement assez rudimentaire. Aussi, ayant avec moi ce que je jugeais suffisant pour survivre une dizaine de jours sans autre ressource, je projetais d'arpenter seul les montagnes rocheuses et ensablées me séparant du lac. Pour cela, il me fallait un moyen de transporter de l'eau potable en assez grande quantité. J'avais prévu d'acheter un mulet aux portes de la toundra et y arnacher quelques vingt-cinq litres d'eau et mes affaires,car ce poids, accumulé aux conditions de haute altitude et aux pentes abruptes, deviendrait éreintant à plus de 4000 mètres au-dessus de la mer.

Je quittais donc Corocoro et me mis en marche vers le Nord-Ouest, guidé par ma seule boussole, empruntant les chemins caillouteux à la recherche d'un mulet. J'arrivai à ce qu'il semblait être le dernier hameau avant les terres inoccupées. Trois petites maisons de pierres carrées semblaient marquer la résignation de la civilisation face à la nature, les ultimes limites de l'étendue humaine. La dernière de ces maisons était plus grande et bordée de barrières en rondins grossièrement coupés, me laissant penser qu'il s'agissait d'une ferme. Un petit paysan, Les deux coudes appuyés sur une de ces barrières me regardait avancer sur le chemin bordant la ferme, sans paraître surpris, avec un léger sourire de divertissement. Il avait le teint mat ; les rides de son visage étaient si nombreuses et profondes que sa peau semblait une accumulation de plis. Au milieu brillaient deux tout petits yeux noirs pétillants, lui donnant l'air paisible et amical. A une trentaine de mètres derrière lui, je vis dans l'enclos quatre mulets maigres pêtrant les rares brins d'herbe sous le soleil froid.
Après de vagues salutations, je lui demande:
" Esta possible comprar uno de tu mulo ? Il reste impassible, sans marquer de surprise, mais semble hésiter.
- Si ! Ello, me répond-il après plusieurs secondes en m'en montrant un. Il avait les poils gris et blancs rapeux et un je ne sais quoi lui donnant l'air fatigué, même s'il n'était pas plus maigre que les autres. 700 bolivar!... 100 dollars!"
Je m'avance dans l'enclos pour voire de la bête qui se laisse approcher sans crainte, et feins de la juger minutieusement en lui ouvrant la bouche et examinant d'autres détails, basé sur ma seule expérience qui pût être utile : une présence, dans ma première jeunesse à un jugement de vache... Tout ce que je pus conclure de cette minutieuse observation fut qu'il s'agissait d'un mâle. Vieux.
- Lo compro para 100 Bolivar.
- Valle para 300!
- Ah, no lo pido!.. tengo solo 150, dis-je en retournant l'une de mes poches dans laquelle j'avais volontairement mis à part 153.25 bolivars. Lo compro para 150 con arreos. Le fermier hésite à nouveau, me fait la moue insatisfaite qu'exige toute transaction et accepte assez rapidement.
- Ba.. Ve... Valle ! bredouille-t-il en me tappant sur l'épaule.
Il se retourne lentement pour aller chercher un harnais dans la plus petite maison de pierre, harnache le mulet et l'amène jusqu'à moi. La bête se laisse mener la tête basse et harnacher docilement par son ancien maître. Après quelques échanges, je le remercie une dernière fois et le salue en me dirigeant à nouveau vers Corocoro pour y prendre de l'eau, en tenant par les rennes l'animal.
- como se llame ? demandai-je en me retournant.
- Julio ! Me crie-t-il, la main en porte-voix.

Je me tourne vers mon mulet :
"Bon, je te rebaptise... "Gilles" ! Ca te va? Très bien !"

Après avoir rebroussé chemin et trouvé 25 litres d'eaux à Corocoro, j'harnache la bonbonne sur un des flancs de mon nouveau compagnon, attache mon sac sur l'autre pour équilibrer, en m'en vais en direction des montagnes visibles au loin, pour ne plus m'arrêter.
"Hé, où tu vas avec ton âne - il est pas un peu vieux ? - Où tu vas comme ça ?" me demande-t-on en quittant la ville. "Hé quoi ! me dis-je, ne vous en faites pas ! Je sauis certain que Gilles, qui quelque soit son âge, a bien assez de vigueur pour traverser ces terres arides."
Enfin prêt, je repris le même sentier qui passait devant la ferme. Le paysan avait repris sa posture, accoudé à sa barrière, le même sourire en coin, et me regardait passer devant lui comme on regarde curieusement s'en aller les originaux qu'on ne reverra jamais, dont on n'entendra plus parler.

Ca y est, j'avais franchi la vraie frontière : celle entre l'homme et la nature et je marchais d'un pas décidé, la tête haute pleine de rêveries, les yeux fixés sur les montagnes immenses. Seule ma carte attestait que derrière cet empire sauvage, ces contreforts insoumis, il y avait de nouvelles villes. Les chaînes de montagnes s'effaçaient les unes derrière les autres jusqu'à l'infini. J'avais l'impression d'explorer un nouveau monde, d'être au pied de richesses que l'homme n'avait jamais foulé, l'impression d'inhaler un air qui ne s'était jamais laissé respirer.
Au bout de 3 heures de marche 3/4 Nord-Ouest, je m'étais déjà glissé derrière les premières collines ; j'avais perdu de vue Corocoro et l'habitation du petit fermier, et tout signe d'existence humaine. Parfois seulement, je levais les yeux vers le ciel et reconnaissais la géométrie parfaite d'un lointain sillon d'avion, se dissolvant lentement pour se confondre avec les nuages, avant de disparaître totalement.
Non, je n'étais pas le premier homme : j'étais le seul homme.

toma4422

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Message  Modération Mer 31 Oct 2012 - 16:55


Bonjour toma4422 et bienvenue.
Les membres de ce site seraient très heureux si vous pouviez vous présenter à eux, ici : http://www.vosecrits.com/t10392-presentez-vous-ici
Merci pour eux.

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Message  Camel Mer 31 Oct 2012 - 18:17

Je ne suis pas totalement transporté par ce récit. Persiste une impression de "déjà vu", il n'y a selon moi rien de nouveau. C'est cependant un avis bien personnel.
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Message  Invité Jeu 1 Nov 2012 - 17:49

Bonjour et bienvenue ici, Toma.
Un texte de voyage pour " tâter le terrain" ? Ce n'est pas une mauvaise idée.
Ce texte me parait écrit avec une certaine recherche, tant sur le plan du vocabulaire que de ce qu'il exprime. On sent que tu cherches à aller plus loin qu'une simple description, à relier ces souvenirs à des affects, à leur donner une autre portée.
Ceci pour le côté positif.
Pour le négatif : tu n'es pas constant dans le choix des temps de conjugaison, sans qu'on puisse vraiment en trouver la justification.
- L'insistance que tu mets à nous parler de l'âge du mulet n'est reliée à rien ensuite dans la narration, alors qu'on s'attend à ce qu'elle joue un rôle dans la suite du récit. C'est frustrant ! Il ne faut pas prendre des directions qui n'aboutissent nulle part, laisser en plan ton lecteur, sinon, il t'en voudra !
La fin me semble moins soignée que le début, comme si tu avais eu hâte de finir.
Quelques fautes d'orthographe ça et là et coquilles ici : Je sauis certain que Gilles, qui quel que soit son âge, a bien assez de vigueur pour traverser ces terres arides."
(Je te signalerai les fautes d'orthographe si ça t'intéresse)
Pour conclure : un petit texte de démarrage, pas dénué d'intérêt, même si j'ai hâte de voir ce que tu donneras sur de la fiction...

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Message  Invité Sam 3 Nov 2012 - 21:43

Voilà ton texte corrigé, Toma, si je n'ai pas moi-même laissé traîner quelques fautes !
Je ne suis pas bonne en typo, et laisse donc à d'autres le soin de t'indiquer éventuellement ce qui cloche.

Il m'arrive souvent, lorsque mon environnement se prête aux rêveries, de laisser s'élever des souvenirs de mes voyages passés. Parmi ces souvenirs il y en a un, plus léger, que je me plais souvent à laisser remonter. C'est une réminiscence qui se distingue des autres par sa nature même : ses élévations sont défaites de cette nostalgie propre aux instants de plaisirs éphémères destinés à s'entasser parmi tous les autres souvenirs de bazar, empreints d'amères douceurs, et qui se consomment sans faim, comme des passades, puis se regrettent dans d'éternelles et joyeuses doléances. Phrase bien trop longue ! Oui ce souvenir s'en écarte, car il ressurgit sans me contraindre à recréer dans mon esprit les paysages et les vents entre lesquels il s'est façonné. Il n'est pas ce troc, si récurent chez les voyageurs, d'illusions contre des souvenirs. C'est devenu une émotion pure, flottante, déliée de ses racines physiques.
Mais revenons à ses origines.

Cela faisait six mois que je sillonnais l'Amérique du Sud. De Guyane, j'étais descendu par la côte Est jusqu'au Sud de l'Argentine, avant de remonter le continent en stop et en bus par les sentiers graveleux de la Cordillère des Andes, jusqu'aux Hauts-Plateaux de Bolivie. Le hasard des rencontres, et tous les autres hasards qui déterminent l'itinéraire des voyageurs au cœur léger, semblable à celui d'une rivière se laissant conduire, par contingence, le long des vallées, au bon vouloir des montagnes, me poussa dans une petite ville appelée Corocoro, à quatre-vingts kilomètres au Sud de La Paz, et une centaine du lac Titicaca.
Face à moi se tenaient, immenses, les derniers monts des Andes, s'imposant comme des remparts infranchissables.
Je voulais rejoindre le lac Titicaca, en traversant les steppes. Je ne cherchais pas à me lancer un défi, uniquement à m'imprégner d'une atmosphère inconnue, dont je soupçonnais les arômes, en suspension derrière ces murailles...

De mes expériences passées, j'avais appris à subvenir à mes besoins pendant plusieurs jours, en pleine autonomie, dans des conditions difficiles et avec un équipement assez rudimentaire. Aussi, ayant avec moi ce que je jugeais suffisant pour survivre une dizaine de jours sans autre ressource, je projetais d'arpenter seul les montagnes rocheuses et ensablées me séparant du lac. Pour cela, il me fallait un moyen de transporter de l'eau potable en assez grande quantité. J'avais prévu d'acheter un mulet aux portes de la toundra et y harnacher quelques vingt-cinq litres d'eau et mes affaires, ( espace) car ce poids, accumulé ( j’aurais dit cumulé ) aux conditions de haute altitude et aux pentes abruptes, deviendrait éreintant à plus de 4000 mètres au-dessus de la mer.

Je quittai donc Corocoro et me mis en marche vers le Nord-Ouest, guidé par ma seule boussole, empruntant les chemins caillouteux à la recherche d'un mulet. J'arrivai à ce qu'il semblait être le dernier hameau avant les terres inoccupées. Trois petites maisons de pierres carrées semblaient marquer la résignation de la civilisation face à la nature, les ultimes limites de l'étendue humaine. La dernière de ces maisons était plus grande et bordée de barrières en rondins grossièrement coupés, me laissant penser qu'il s'agissait d'une ferme. Un petit paysan, les deux coudes appuyés sur une de ces barrières, me regardait avancer sur le chemin bordant la ferme, sans paraître surpris, avec un léger sourire de divertissement. Il avait le teint mat ; les rides de son visage étaient si nombreuses et profondes que sa peau semblait une accumulation de plis. Au milieu brillaient deux tout petits yeux noirs pétillants, lui donnant l'air paisible et amical. A une trentaine de mètres derrière lui, je vis dans l'enclos quatre mulets maigres paissant les rares brins d'herbe sous le soleil froid.
Après de vagues salutations, je lui demande :
" Esta possible comprar uno de tu mulo ? Il reste impassible, sans marquer de surprise, mais semble hésiter.
- Si ! Ello, me répond-il après plusieurs secondes en m'en montrant un. Il avait les poils gris et blancs rapeux et un je ne sais quoi lui donnant l'air fatigué, même s'il n'était pas plus maigre que les autres. 700 bolivar!... 100 dollars!"
Je m'avance dans l'enclos pour voire de la bête qui se laisse approcher sans crainte, et feins de la juger minutieusement en lui ouvrant la bouche et examinant d'autres détails, basé sur ma seule expérience qui pût être utile : une présence, dans ma première jeunesse à un jugement de vache... Tout ce que je pus conclure de cette minutieuse observation fut qu'il s'agissait d'un mâle. Vieux.
- Lo compro para 100 Bolivar.
- Valle para 300!
- Ah, no lo pido!.. tengo solo 150, dis-je en retournant l'une de mes poches dans laquelle j'avais volontairement mis à part 153.25 bolivars. Lo compro para 150 con arreos. Le fermier hésite à nouveau, me fait la moue insatisfaite qu'exige toute transaction et accepte assez rapidement.
- Ba.. Ve... Valle ! bredouille-t-il en me tapant sur l'épaule.
Il se retourne lentement pour aller chercher un harnais dans la plus petite maison de pierre, harnache le mulet et l'amène jusqu'à moi. La bête se laisse mener la tête basse et harnacher docilement par son ancien maître. Après quelques échanges, je le remercie une dernière fois et le salue en me dirigeant à nouveau vers Corocoro pour y prendre de l'eau, en tenant par les renes l'animal.
- como se llame ? demandai-je en me retournant.
- Julio ! Me crie-t-il, la main en porte-voix.

Je me tourne vers mon mulet :
"Bon, je te rebaptise... "Gilles" ! Ça te va? Très bien !"

Après avoir rebroussé chemin et trouvé 25 litres d'eaux à Corocoro, j'harnache la bonbonne sur un des flancs de mon nouveau compagnon, attache mon sac sur l'autre pour équilibrer, en m'en vais en direction des montagnes visibles au loin, pour ne plus m'arrêter.
"Hé, où tu vas avec ton âne - il est pas un peu vieux ? - Où tu vas comme ça ?" me demande-t-on en quittant la ville. "Hé quoi ! me dis-je, ne vous en faites pas ! Je suis certain que Gilles, quel que soit son âge, a bien assez de vigueur pour traverser ces terres arides."
Enfin prêt, je repris le même sentier qui passait devant la ferme. Le paysan avait repris sa posture, accoudé à sa barrière, le même sourire en coin, et me regardait passer devant lui comme on regarde curieusement s'en aller les originaux qu'on ne reverra jamais, dont on n'entendra plus parler.

Ça y est, j'avais franchi la vraie frontière : celle entre l'homme et la nature et je marchais d'un pas décidé, la tête haute pleine de rêveries, les yeux fixés sur les montagnes immenses. Seule ma carte attestait que derrière cet empire sauvage, ces contreforts insoumis, il y avait de nouvelles villes. Les chaînes de montagnes s'effaçaient les unes derrière les autres jusqu'à l'infini. J'avais l'impression d'explorer un nouveau monde, d'être au pied de richesses que l'homme n'avait jamais foulé, l'impression d'inhaler un air qui ne s'était jamais laissé respirer.
Au bout de 3 heures de marche 3/4 Nord-Ouest, je m'étais déjà glissé derrière les premières collines ; j'avais perdu de vue Corocoro et l'habitation du petit fermier, et tout signe d'existence humaine. Parfois seulement, je levais les yeux vers le ciel et reconnaissais la géométrie parfaite d'un lointain sillon d'avion, se dissolvant lentement pour se confondre avec les nuages, avant de disparaître totalement.
Non, je n'étais pas le premier homme : j'étais le seul homme.

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Message  toma4422 Lun 5 Nov 2012 - 13:00

Merci pour votre lecture et pour ta réponse Coline, je pensais avoir répondu mais apparemment ma réponse ne s'était pas enregistrée... Merci beaucoup pour tes corrections, ce sont autant de fautes que je ne ferais plus !
Pour ce qui est de l'aspect de l'âne, il aura une incidence plus tard. J'ai comme tu le dis des problèmes avec le choix des temps, je pense que c'est un problème de rigueur et j'essaierai de le rectifier.
Voici la suite :



'Cela faisait plusieurs heures que je marchais, à mi-hauteur dans la pente des montagnes, un pied plus haut que l'autre. Les teintes roses du crépuscule envahissaient déjà le ciel d'Est en Ouest, et le soleil descendu derrière les montagnes, ne manifestait plus sa présence qu'en marquant le flanc des derniers nuages d'une arrête plus nette, jaunie et même éblouissante par endroits.
D'habitude, c'est un moment de lumière faible mais chaude qui sépare le jour du crépuscule, mais ici je sentais, privé des rayons de l'astre descendu de l'autre pan de la montagne, m'attaquer les premiers vents gelés.

Le soir tombait et les vents s'étaient réveillés. Je décidai de plonger droit vers le creux de la vallée, à l'abris; les surazos, ces mistrals glacés de Patagonie s'engouffraient dans ma capuche et me rongeaient les joues. Mes yeux devenaient secs et mes paupières, rougies de sang gonflaient et brûlaient. L'air cognait mes épaules et sa force me faisait chanceler dans la descente, m'obligeant parfois à m'appuyer sur l'un des flancs solides du mulet. Mes genoux craquaient.
J'arrivais enfin au plus profond.
A cette heure, les monts qui m'encerclaient n'étaient plus que des ombres géantes perçant le ciel étoilé. L'air était redevenu frais et soufflait comme un baume sur mon visage esquinté : ces hautes murailles et la végétation retrouvée ici bas stoppaient les vents furieux, se contentant de siffler entre les feuilles.
J'attachai Gilles à un arbre avec suffisamment de leste, et plantai ma tente. Il était enfin temps de récupérer : Je me fis chauffer des pâtes et tendis mes vêtements devant l'âtre, les chaussures près des cendres.
A la lumière du feu, je me relevai pour faire quelques pas au hasard, profiter de cette dernière clarté et ressentir l'étau de cette végétation dans laquelle je m'étais enroulé comme dans un drap. Le vent soufflait ailleurs, et l'air doux ne dévoilait sa présence discrète qu'en glissant lentement le long du corps et sur les branches, les faisant rebondir doucement et onduler les feuilles à un rythme régulier. J'écoutais leur frottement, soumis aux mouvements du vent et des oiseaux s'endormant, qui étaient, avec leurs voix, les seuls sons qu'émettaient les ravines noires.
Tout était, non pas arrêté, mais modéré dans un mouvement calme, battant une mesure libre, éclatée, absente de toute autorité.
Après avoir ressenti cette étreinte fraîche, je me retournai vers mon campement.

Je vis Gilles d'abord, déjà allongé à côté de ma tente. Mon sac était posé contre un arbre ; je m'arrêtais à sa vue. Peut-être était-ce l'habitude de le voir toujours le long des routes, dans les hostels et les carbets, mais le retrouver ainsi au coeur de cet inconnu me fit prendre conscience de l'étendue du voyage qui s'était amorcé ; jamais il ne s'était trouvé en pareil lieu et je compris vraiment avoir atteint les terres inconnues, jamais foulées peut-être d'un originel brut, pur, en paix face à l'infini du monde et l'écoulement du temps.
Mon vieux sac était mon premier miroir, dans lequel je m'observais, comme jamais. Il était mon témoin, le tiers qui me faisait sentir à quel point j'étais dépassé par mon aventure, mon destin.




Le lendemain matin était froid malgré le ciel bleu, et je peinais même à enflammer l'alcool à brûler pour faire chauffer mon café. Gilles se tenait déjà sur ses pattes et semblait attendre le départ. Les montagnes environnantes, que je n'avais vu que dans l'ombre du soir montraient enfin leur vrai visage. La plus haute d'entre elle se tenait, majestueuse, au milieu des pentes les plus escarpées, tenant en étreinte la cime d'une montagne plus modeste, placée devant elle, la dépassant de chaque côté. Son sommet perdu dans le ciel était le seul couronné des neiges éternelles, éblouissantes.

A l'idée de cette nouvelle mire, je sentis mon coeur, avide d'effort, pulser le sang frais dans toutes les veines mon corps. Ce col ne se situait pas exactement dans la direction à suivre, mais il était tout de même au nord, et me rapprochait toujours de la civilisation.
"Et quoi ? Rien ne presse. personne ne m'attend !"

J'enfilai un long poncho de laine à capuche tombant jusqu'au chevilles par-dessus mon épais manteau; mes affaires ramassées, j'harnachai Gilles et repris la marche, bifurquant vers le col impérieux. Gilles peinait un peu plus que la veille -peut-être mal réveillé- : son pas était plus lent, sa tête basse fixait le sol, il avait l'allure d'un enfant boudeur qu'on tire par la main contre son gré.
J'étais cependant confiant en son endurance, qui combinée avec mon entrain et ma volonté, devait nous amener là où bon me semblait. Mais il se traînait, et je devais permuter mes bras engourdis pour tirer sur ses mors. Parfois, je m'arrêtais une heure pour le laisser paître débarrassé de son fardeau, et le remerciais pour son effort; j'en profitais pour dessiner, écrire assis sur une gosse pierre ou une petite falaise, ou m'allonger dans l'herbe humide les yeux fermés, en écoutant le vent doux soupirer. Puis je me levais, reprenais ma marche en chantant, évoquant mes pensées au mulet, blâmant l'aspect une pierre ou louant celui un arbre, comme un fou momentané, fou par distraction, par décontraction, libéré des doxas et laissant le champ libre à tous les excès. J'avais jeté tous les masques qu'on enfile chaque jour : je pouvais crier, réinventer les décors; tout se transfigurait, je m'inscrivais en faux contre la cohérence humaine, et l'environnement, restant impassible, me donnait raison.

Tout éclatait, et les plus grandes excentricités faisaient persister et sublimaient ma sensation de liberté contre la lourdeur, étalées dans un infini hermétique aux regards.
Au terme de cette longue et délectable après-midi passée à cheminer en laissant flâner mon esprit, je m'approchais du but. Le soleil s'était caché derrière des nuages bas, si bien qu'au pied des pentes, je ne voyais que la partie basse de la haute montagne à escalader.

Je m'arrêtai devant elle en levant la tête, pris une grande respiration, encourageai Gilles et démarrai ce qui s'annonçait comme une longue ascension. Une fois dans les premières pentes, mon corps manifestait déjà le poids de la lourde journée : mes plantes de pieds s'étaient endolories, écrasées par le poids des kilomètres. Mes genoux, se tendant et se repliant craquaient. Mon dos même se raidissait, et ses hanches s'asthéniaient à force de se tordre pour tirer sur les mors.
Les hauts vents se faisaient enfin entendre et semblaient persifler contre mon aplomb, en annonçant le froid qui m'attendait là-haut.
Après deux heures de montée, j'arrivais dans les nuages.
La brume me plongeait dans une cécité; mon mulet et moi, c'est tout ce qui m'était encore visible. Je ne savais pas même jusqu'où montaient les brumes, ni le col, mais je montais. Toujours.

Exténué, les jambes tremblantes, je vis enfin le ciel, bleu éclatant ! J'avais percé les nuages; mais le vent chuintait maintenant en rafales : je me couvrais les oreilles, attaqué par ses cris stridents me perçant les tympans. Puis je m'assis et regardai le soleil. L'horizon était sublime.

Du bord de la falaise, je voyais les monts flotter comme des icebergs dans une mer de coton. De chaque côté, deux longues chaînes de montagnes découpaient l'air frais, le tenant immobile au-dessus des lacs d'écume. La brume n'était présente qu'entre ses étreintes qui protégeaient le reste du paysage.
Je restais là, immobile, attendant que le soleil se couche dans les nuages.
Je remarqua que le ciel gris montait vers moi, dans une lente fureur - les rythmes de la nature ont des lois bien à elle-. Il enjambait les murailles et noyait sous sa vague les monts les plus modestes. Ses flots se mirent en mouvement et commencèrent à déborder des deux longues chaînes sous la forme de petites cascades, d'abord glissant de l'autre côté des monts, puis s'unissant en un torrent épais, comme une coulée éparse, plus lourde que l'air. C'était une marée déchirante, partie à l'assaut des regards intrépides montés sur les échafaudages pour assister à l'oeil au spectacle des dieux. Enfin il me submergea entièrement. Je ne vis plus rien.'

toma4422

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Message  Modération Lun 5 Nov 2012 - 13:09

toma4422 a écrit:je pensais avoir répondu mais apparemment ma réponse ne s'était pas enregistrée...
Bonjour.
Votre message a été déplacé ICI.
Pour information et marche à suivre à l'avenir.
Merci.

Modération

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