Ma fille a dit je t'aime, rapport Seymour, exercice.
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Charles
Orakei
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Ma fille a dit je t'aime, rapport Seymour, exercice.
Voilà, c'est l'exercice et en même temps un nouveau rapport de l'Inspecteur Seymour, si on peut appeler ça "rapport".
Un costume trois pièces vert / 10h30 + le mot calvitie
Bientôt l'hiver à Paris, j'aime le froid et la pluie. Je déteste le beau temps, la chaleur, je hais tout ça. Ma fille vient d'avoir seize ans, elle a prononcé hier son premier « je t'aime ». Et il était pour moi, oui pour moi, elle m'aime, ma fille est amoureuse de moi. Quelle époque formidable.
Quand j'ai raconté ça au lieutenant Pasquier il a ri et ma répondu que la sienne en avait quinze, qu'elle portait exclusivement des vêtements blancs, qu'elle idolâtrait Georges Bush et qu'elle se croyait lesbienne depuis que sa meilleure amie le lui avait annoncé. Je me suis sentis mal mais il souriait au fur et à mesure qu' il ajoutait de ces détails pitoyables à cette conversation qui était déjà allé trop loin. J'ai rougi, j'ai eu honte pour plusieurs raisons mais lui était fier d'avoir « une fille tellement originale! ». Pour me détendre, il a embrayé sur notre séjour à Brest, notre seul souvenir commun. Nous étions deux à Brest, pour coincer Blachard.
Brest sous la pluie, quel merveilleux cliché, Brest sous la pluie c'est lieu idéal pour commettre un crime. Les rues sont sombres à midi, les pneus glissent sur les pavés, de belles perspectives en cette journée d' Octobre pour Lionel Blachard. Nous étions encore à Paris puisqu'il n'avait pas encore tué Julie Kerguel. C'était cette journée pluvieuse qui avait provoqué chez lui, dans son minuscule cerveau, une irrépressible envie de meurtre qu'il ne put satisfaire que le lendemain par manque de matériel. Mais qu'il devait être agréable ce 8 Octobre, une fille qui dit « je t'aime » à son père, le 8 Octobre à Brest, sous la pluie. Le bonheur.
Au lieu de ça, le 9 Octobre, Pasquier était surexcité. Dans la voiture, il avait apporté son unique cassette de Nat King Cole. Dés lors qu'il l'introduisit dans la fente son « Idole absolu depuis tout gosse ! », il ne cessa de parler et moi j'écoutais la voix de Nat, je pensais à ma fille, elle avait douze ans et s'apprêtait à rentrer au collège.
Arrivé à Brest j'ai eu une migraine atroce à partir du moment silence. Celui que l'on avait oublié dans une Safrane bourrée de Jazz, de fumée de Chesterfield, de parlotes inutiles, de sueur masculine, celle de Pasquier, la plus immonde de la terre. Le silence et l'odeur de bitume légèrement humide, un régal d'habitude, un enfer avec Pasquier. Je le haïssait, je l'aurait tué, j'aurais voulu trouver Blachard pour qu'il le fasse à ma place. J'ai rêvé de ça jusque sur mon lit, dans cette chambre miteuse, dans cet hôtel pourri. Je voulait voir ma femme, ma fille. Je voulais autre chose que Pasquier. Pasquier et sa bedaine, en forme de brioche. J'ai finalement réussi à m'endormir.
10H30, 10 Octobre, trois morts signés Blachard à Brest.
C'est la première chose que j'ai vu en me réveillant, un costume trois pièces vert absolument démodé, un visage rougeaud, rond, une calvitie surmontant le tout. Ridicule, Pasquier, ridicule.
« Waow, tu t'es mis sur ton trente et un Pasquier.
-Seymour, c'est pas un meurtre mais quatre à présent. J'ai passé toute la matinée sur le lieu du
crime, je leur ai dit que tu te sentais mal.
-Putain Pasquier, pourquoi tu m'as pas réveillé ? Mais attends c'est quelle heure là ?
-Tu dormais. 10H30 pétantes.
-Je sais pas ce qui me retiens de t'en coller une.
-La peur ? Non, je déconne!
-Ta gueule Pasquier.
C'est tout ce que j'ai retenu de ce séjour à Brest, Blachard avait tué trois personnes pendant que la judiciaire Brestoise le cherchait.
Julie Kerguel avec une truelle, Stephanie Broc avec un canif, Estelle Naivet avec une corde, Albert Krashzka avec une pierre de vingt kilos. Trente ans avec sursis, je crois.
Ma fille m'a dit je t'aime, quelle époque formidable.
Un costume trois pièces vert / 10h30 + le mot calvitie
Bientôt l'hiver à Paris, j'aime le froid et la pluie. Je déteste le beau temps, la chaleur, je hais tout ça. Ma fille vient d'avoir seize ans, elle a prononcé hier son premier « je t'aime ». Et il était pour moi, oui pour moi, elle m'aime, ma fille est amoureuse de moi. Quelle époque formidable.
Quand j'ai raconté ça au lieutenant Pasquier il a ri et ma répondu que la sienne en avait quinze, qu'elle portait exclusivement des vêtements blancs, qu'elle idolâtrait Georges Bush et qu'elle se croyait lesbienne depuis que sa meilleure amie le lui avait annoncé. Je me suis sentis mal mais il souriait au fur et à mesure qu' il ajoutait de ces détails pitoyables à cette conversation qui était déjà allé trop loin. J'ai rougi, j'ai eu honte pour plusieurs raisons mais lui était fier d'avoir « une fille tellement originale! ». Pour me détendre, il a embrayé sur notre séjour à Brest, notre seul souvenir commun. Nous étions deux à Brest, pour coincer Blachard.
Brest sous la pluie, quel merveilleux cliché, Brest sous la pluie c'est lieu idéal pour commettre un crime. Les rues sont sombres à midi, les pneus glissent sur les pavés, de belles perspectives en cette journée d' Octobre pour Lionel Blachard. Nous étions encore à Paris puisqu'il n'avait pas encore tué Julie Kerguel. C'était cette journée pluvieuse qui avait provoqué chez lui, dans son minuscule cerveau, une irrépressible envie de meurtre qu'il ne put satisfaire que le lendemain par manque de matériel. Mais qu'il devait être agréable ce 8 Octobre, une fille qui dit « je t'aime » à son père, le 8 Octobre à Brest, sous la pluie. Le bonheur.
Au lieu de ça, le 9 Octobre, Pasquier était surexcité. Dans la voiture, il avait apporté son unique cassette de Nat King Cole. Dés lors qu'il l'introduisit dans la fente son « Idole absolu depuis tout gosse ! », il ne cessa de parler et moi j'écoutais la voix de Nat, je pensais à ma fille, elle avait douze ans et s'apprêtait à rentrer au collège.
Arrivé à Brest j'ai eu une migraine atroce à partir du moment silence. Celui que l'on avait oublié dans une Safrane bourrée de Jazz, de fumée de Chesterfield, de parlotes inutiles, de sueur masculine, celle de Pasquier, la plus immonde de la terre. Le silence et l'odeur de bitume légèrement humide, un régal d'habitude, un enfer avec Pasquier. Je le haïssait, je l'aurait tué, j'aurais voulu trouver Blachard pour qu'il le fasse à ma place. J'ai rêvé de ça jusque sur mon lit, dans cette chambre miteuse, dans cet hôtel pourri. Je voulait voir ma femme, ma fille. Je voulais autre chose que Pasquier. Pasquier et sa bedaine, en forme de brioche. J'ai finalement réussi à m'endormir.
10H30, 10 Octobre, trois morts signés Blachard à Brest.
C'est la première chose que j'ai vu en me réveillant, un costume trois pièces vert absolument démodé, un visage rougeaud, rond, une calvitie surmontant le tout. Ridicule, Pasquier, ridicule.
« Waow, tu t'es mis sur ton trente et un Pasquier.
-Seymour, c'est pas un meurtre mais quatre à présent. J'ai passé toute la matinée sur le lieu du
crime, je leur ai dit que tu te sentais mal.
-Putain Pasquier, pourquoi tu m'as pas réveillé ? Mais attends c'est quelle heure là ?
-Tu dormais. 10H30 pétantes.
-Je sais pas ce qui me retiens de t'en coller une.
-La peur ? Non, je déconne!
-Ta gueule Pasquier.
C'est tout ce que j'ai retenu de ce séjour à Brest, Blachard avait tué trois personnes pendant que la judiciaire Brestoise le cherchait.
Julie Kerguel avec une truelle, Stephanie Broc avec un canif, Estelle Naivet avec une corde, Albert Krashzka avec une pierre de vingt kilos. Trente ans avec sursis, je crois.
Ma fille m'a dit je t'aime, quelle époque formidable.
Re: Ma fille a dit je t'aime, rapport Seymour, exercice.
"une fille qui dit « je t'aime » à son père, le 8 Octobre à Brest" cette phrase m'a un peu perdu dans la chronologie, le temps d'un petit doute sur cette fille = fille de l'inspecteur ...
Sans ça, le reste est agréable à lire, moins fort que celui de Montpellier mais néanmoins sympathique et bien écrit. Et bien surtout, ça véhicule déjà une certaine ambiance autour de cet inspecteur. Est ce que tu envisage d'allonger le format des rapports ? par exemple, essayer d'en faire une nouvelle ? ou tu préfères rester dans le format "court" ?
Sans ça, le reste est agréable à lire, moins fort que celui de Montpellier mais néanmoins sympathique et bien écrit. Et bien surtout, ça véhicule déjà une certaine ambiance autour de cet inspecteur. Est ce que tu envisage d'allonger le format des rapports ? par exemple, essayer d'en faire une nouvelle ? ou tu préfères rester dans le format "court" ?
Charles- Nombre de messages : 6288
Age : 48
Localisation : Hte Savoie - tophiv@hotmail.com
Date d'inscription : 13/12/2005
Re: Ma fille a dit je t'aime, rapport Seymour, exercice.
J'aime bien cet inspecteur, un peu stoïque, un peu en dehors de son métier. A approfondir =)
Le texte est bien écrit, on voit que tu aimes surprendre et ça marche, en tout cas pour moi. Quelqu'un t'a déjà fait la remarque sur un autre texte, mais je trouve qu'à 16 ans ce que tu fais est impressionnant.
Le texte est bien écrit, on voit que tu aimes surprendre et ça marche, en tout cas pour moi. Quelqu'un t'a déjà fait la remarque sur un autre texte, mais je trouve qu'à 16 ans ce que tu fais est impressionnant.
Re: Ma fille a dit je t'aime, rapport Seymour, exercice.
J'ai lu les deux textes sur l'inspecteur Seymour.
On sent que tu travailles à la mise en place d'un personnage et d'une atmosphère. Le texte en tant que tel n'est pas encore abouti. Je me suis un peu embrouillée entre les personnages et leurs filles dans ce récit à cause des raccourcis un peu trop abrupts. Texte en devenir, donc. Ta démarche est intéressante.
On sent que tu travailles à la mise en place d'un personnage et d'une atmosphère. Le texte en tant que tel n'est pas encore abouti. Je me suis un peu embrouillée entre les personnages et leurs filles dans ce récit à cause des raccourcis un peu trop abrupts. Texte en devenir, donc. Ta démarche est intéressante.
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Ma fille a dit je t'aime, rapport Seymour, exercice.
Encore une fois: beaucoup de qualité pour ton âge. Il y a de bonnes bases dûes à tes lectures du genre... continue dans cette voie!
Re: Ma fille a dit je t'aime, rapport Seymour, exercice.
A un moment donné, j'ai ressenti une petite confusion entre la narrateur, Pasquier, leurs filles... j'ai dû relire.
Ceci mis à part, c'est un texte qqui me plaît bien, surtout pour son atmosphère et ta façon de raconter les choses "froidement", quasi cliniquement. Ça apporte un cynisme comme je les aime, un moment qui se déroule sous nos yeux, banal et fort à la fois. Merci Orakei!
Ceci mis à part, c'est un texte qqui me plaît bien, surtout pour son atmosphère et ta façon de raconter les choses "froidement", quasi cliniquement. Ça apporte un cynisme comme je les aime, un moment qui se déroule sous nos yeux, banal et fort à la fois. Merci Orakei!
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
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