Je crois que je vais aller voir un psy.

[Orakei]

Impro totale sur ce coup là...
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Il a dit : « Je crois que je vais aller voir un psy. », j'ai ri. Elle l'a regardé violemment, ses lèvres bougeaient légèrement, elle ne s'en rendait pas compte mais elles se soulevaient par pulsions aux extrémités, on voyait ces canines. Donc on aurait dit un petit chien énervé, un American Staff.
Il a baissé les yeux puis m'a lancé un regard de lévrier italien, il pensait peut-être que j'allais l'aider.
Non, je n'ai rien fais, j'ai rangé mon sourire, je me servis un gin tonic, me suis roulé une cigarette, j'ai fais mine de lire le Paul Auster posé là sur la table du salon. J'ai pensé à ce qu'ils allaient se raconter dans le métro. Enfin, j'ai saisi mon Zippo chromé, j'ai allumé ma clope, j'ai fumé en pensant à autre chose. Pendant mon évasion soudaine, je les avais oublié et ils se sentaient un peu de trop chez moi. Ils étaient sur le point de partir quand je suis revenu à la réalité, Michel enfilait son manteau, Sandra était déjà prête, j'ai couru à hauteur de la porte d'entrée, je leur ai bloqué le passage, les deux mains posées contre les parois du couloir, le dos plaqué sur la porte en chêne, les jambes écartées, je me suis sentis ridicule puis je me suis dit que je m'en foutais.
« Non, ne partez pas, j'étais ailleurs, c'est depuis que je prends ces cachets, j'ai des absences...
- Non, Luc, ce n'est pas grave, on ne t'en veux pas mais là il est l'heure de rentrer, Sandra n'a pas du tout envie de louper les enfants de la télé ce soir.
- Tu manques pas de culot toi ! Dis lui à ton ami que tu te faisais chier dans son apart pourri. Dis lui, putain...
- Allez, au revoir Luc, ne l'écoute pas, tu passes quand tu veux. Merci pour l'apéro.
- Oui, pas de problèmes. Rentrez bien.

Je les ais libéré, la cage d'escalier était sale ce soir là, j'ai claqué la porte d'entrée, j'ai crié de toute mes forces « Liberté! ». Plus rien à battre de tous ces glands sur mon chemin, il n'y avait plus que mon bouquin, je m'étais enfin décharger de la masse d'ennuis que je traînait derrière ma nuque. J'allais pouvoir me consacrer uniquement à ce roman, j'étais sur le point de le terminer.

Mardi soir, j'ai vu un film d' Almodovar au Diagonal Capitole, quand je suis sorti je me sentais tout à l'envers, c'était mon anniversaire, j'étais seul pour mes trente ans, je savais que cela ne durerai pas, qu'un de ces jours on allait m'appeler pour aller boire une bière, je savais que sur le chemin je rencontrerai une fille superbe qui me demanderai de faire l'amour dans sa voiture, je savais que je n'aurais pas à débourser un centime, pour une fois. Une fois encore ma vie échappait à tout contrôle si ce n'est le mien. Je la sentais dans mes mains, cette vie, bouillonnante, je la sentais bien, je sentais son pouls ralentir sous ma paume. Je savais que cela ne durerai pas, je savais qu'un jour j'allais mourir seul dans une villa prés de Bayonne et qu'au cimetière, deux croque-morts blafards écraseront des mégots de Gitane sur mes avant-bras.
Almodovar m'a flingué, je n'ai plus aucune ambition depuis que je me suis remis à écrire, je ne payerais pas mon loyer ce mois-ci, je serais peut-être expulsé mais je sais que sous les ponts de Paris, je terminerai ce bouquin et je serais le plus heureux des hommes.
Je crois que je vais aller voir un psy.

[Lifewithwords]

j'aime bien le style! tu aurais pu développer un peu plus la fin pour encore mieux mettre en valeur la chute

ce n'est pas un sujet très original (la passion de la lecture) mais c'est !traité avec originalité !

j'aime bien même si je ne suis pas "époustouflée"!^^

[Kash Prex]

J'aime beaucoup cette mise en avant du fait que le bonheur n'est pas forcément là où on le croit, et notamment qu'il n'appartient pas exclusivement à de bonnes conditions sociales, même si bien sûr ici c'est exagèré.
Autre aspect qui m'a intéressé, ton message ressemble beaucoup à celui qu'on peut trouver dans des "egotrips" de certains rappeurs (pas le rap commercial bien sûr, le vrai rap...), et j'ai souri de pouvoir trouver tant de similitudes entre deux styles d'écriture présumés si éloignés =)

Voilà globalement pour une impro j'ai trouvé ce texte assez bien mené, mais je préfère rester sur mes commentaires concernant le fond plutôt que la forme, n'ayant pas les compétences "techniques" pour formuler des critiques constructives.

[Charles]

le début sonne un peu cliché : gin tonic, zippo chromé, métro, Auster

" la masse d'ennuis que je traînait derrière ma nuque." un peu bizarre comme image, non ?

Dans l'ensemble, moins convaincu que par tes autres textes, ici l'ambiance est moins épaisse, on dirait que tu navigues entre plusieurs chemins : la résignation puis à un autre moment la révolte... sais pas trop, juste l'impression qu'au niveau "logique" / psychologie, il y a un truc qui cloche ou qui est trop raccourci.

[Yali]

Je rejoins Charles dans son commentaire et cela tient probablement au fait que comme disait un certain Richard Brautigan : « On écrit bien que ce que l’on connaît bien. » Cela dit, le rythme est dense et agréable.

[takichan]

Un texte superbe que tu nous ponds là, Orakei. Je trouve très réussi le travail sur le mouvement et la libération des êtres et des pensées... Tu parviens à faire sortir une certaine couleur à partir d'un récit fortement ancré dans le quotidien... Une sorte de résignation active, si tu vois ce que je veux dire... Ca pourrait être vraiment banal mais ce ne l'est pas, grâce à ta plume. Bien joué, sur le fond comme sur la forme !

Léger bémol: quelques fautes d'orthographe ici et là, notamment sur les conjugaisons. Mais là, je chipote.

[Sahkti]

un certain Richard Brautigan : « On écrit bien que ce que l’on connaît bien. »

Y a décidément des auteurs, peu importe qu'il soit certains ou non, qui ont l'art de sortir des évidences que je trouve un peu plates. Brautigan ou pas, je ne suis pas d'accord avec ça, une fois de plus, et je considère qu'un bon auteur est aussi (et surtout?) celui qui parle bien de ce qu'il ne connait pas. On n'est décidément jamais d'accord :-)

[Sahkti]

Pour une impro, je trouve ça pas mal. Mais j'avoue que j'aurais aimé quelque chose de plus noir, que l'autocritique soit plus virulente, tout comme le regard porté sur les autres et le monde. Ici, c'est assez complaisant, mais en même temps, cette complaisance ressemble à celle que l'on éprouve souvent vis-à-vis de soi-même quand on aime à se vautrer dans nos petits malheurs et à se lamenter sans arriver à vraiment prendre le dessus sur tout cela. Donc pourquoi pas, ça colle au personnage.

[Yali]

un certain Richard Brautigan : « On écrit bien que ce que l’on connaît bien. »

Y a décidément des auteurs, peu importe qu'il soit certains ou non, qui ont l'art de sortir des évidences que je trouve un peu plates. Brautigan ou pas, je ne suis pas d'accord avec ça, une fois de plus, et je considère qu'un bon auteur est aussi (et surtout?) celui qui parle bien de ce qu'il ne connait pas. On n'est décidément jamais d'accord :-)

Au dessus du plat est l'horizon, c'est ce que disent les marins lorsqu'il y a pétole. Dire ça, c'est comprendre que la mer peu se lever d'un instant à l'autre, comprendre aussi qu'elle peut rester ainsi encore ou se houler ou je ne sais quoi encore, mais faut-il encore pratiquer le mer pour comprendre ce qu'elle raconte même lorsqu'elle est plate. Les platitudes à propos de la mer n'ont pas de sens pour ceux qui restent à quai.

[Kash Prex]

" la masse d'ennuis que je traînait derrière ma nuque." un peu bizarre comme image, non ?

Au contraire j'aime beaucoup, un mélange d'absurdité et de réalisme qui forme une phrase aussi surprenante que parlante =)

[Loupbleu]

Petite introduction :
"On écrit bien que ce que l’on connaît bien.", je ne suis pas d'accord non plus. La littérature regorge de contre-exemples :-) Les auteurs de polars par exemple, en général, n'ont pas commis de meurtre et n'ont souvent pas leur carte dans la police ! :-)

C'est ce que je n'aime pas dans cette phrase, c'est l'impression qu'elle appelle à ne parler que de sa petite vie...

Je sais, j'interprète mal (exprès en plus !). Je dirais plutôt que pour parler d'un sentiment, il faut être "entré" dans ce sentiment.

* * *

Passons au texte.

Il me semble qu'un petit coup de bonpatron ou de bescherelle (ou les deux) ne te ferait pas de mal :-) J'en ai relevé que quelques unes, de fautes, au passage... Essaie de faire attention, d'autant que ton texte a une certaine qualité, les fautes jurent...

Je trouve que vraiment, c'est trop rapide et maladroit par rapport à ce que tu sais faire. Peut-être le trip "impro" ? Il n'est pas interdit de rebosser un peu une impro non plus...

Par exemple :

"Donc on aurait dit " est très maladroit.

"Pendant mon évasion soudaine, je les avais oublié et ils se sentaient un peu de trop chez moi. ", n'a pas une construction pas terrible : pendant implique la durée, donc soudaine ne convient pas bien. si tu les as oublié, comment tu sais qu'ils se sentent de trop ?

C'estun exemple, le texte fourmille de petites maladresses, de détails comme ceux-ci...

Sur le fond : la réplique de Sandra (quel caractère cette Sandra ;-), demanderait une petite "explication", on ne parle pas comme ça aux gens en général ! J'ai mal compris le coup du roman (est-ce le Paul Auster, est-ce un roman que tu écris ?). Le passage "Almodovar " est réellement abrupt, sans transition.


Malgré ces critiques, le texte a bien des qualités, de narration, de densité. J'ai été un peu déçu (mais parce que je sais que tu aurais pu faire mieux)...

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