Journal d'un étudiant respectable.

[Orakei]

Journal d'un étudiant respectable,
Mardi 24 Avril,

Elle a son sac, encore, elle a son sac sur elle. Elle voit loin. Devant. Elle écoute de la musique portugaise.
Dans ce bus, elle est à sa place, toute étudiante en géographie qu'elle est. Elle a sa place, prés du chauffeur, les jambes croisées, les mains jointes, elle regarde les gens comme figés dans les rues qui passent. Sous ses yeux verts. Tableau, photographie, elle pense. On est si loin du monde dans un autobus. Derrière les vitres, il y a de la vie, mais elle n'a pas d'odeur, elle suit son cours, comme nous.
Elle pense fort. Dans sa tête, des envies d'amour, de cinéma aussi. De cinéma surtout. De son cinéma, elle a déjà la bande originale, « Ela so Quer », les acteurs, son regard. Vert.

Elle est normande, tout juste majeure, tout juste Parisienne, blonde, fragile. Elle a des lèvres roses, naturelles, gercées. Elle m'a vu, elle a sourit, je n'en croyais pas mes yeux. Bleus.
Elle doit s'appeler Virginie, je pense, Amelie, Elise, Coralie, elle porte une paire de jeans délavée, trouée, des Converses blanches, un polo. Blanc et vert. La musique portugaise jaillit de ses écouteurs, elle écoute fort, ce n'est pas quelqu'un de timide, elle aime le soleil, le rouge, l' océan, j'ai l'impression de la connaître. Virginie, Amelie, Elise, Coralie.

Elle n'appuiera pas sur le bouton « arrêt », elle demandera au chauffeur, parce qu'elle le considère, lui et sa chemise blanche. Lui, actionnera l'ouverture automatique des portes, sans un mot, pas un mot pour une étudiante en géographie.
Un main qu'elle sentira sur ses hanches, ma main, c'est bon le contact humain, c'est beau, pensera t-elle. Un coup sec, il est parti, se dira t-elle.
Paris est une ville tellement froide, elle n'aura plus son sac. A paris sans argent, comme tous les étudiants respectables. Un jour elle comprendra, un jour elle volera également.
De ses propres ailes.

[Tristan]

J'aime bien ton texte, il y a une très belle chute

[Lifewithwords]

j'aime beaucoup la façon dont ton texte est construit, écrit...!
c'est simple et c'est beau!

[Kilis]

J'aime beaucoup ton travail sur le rythme ici. Lent, diaphane, éthéré. Détaché du réel comme un film au ralenti. Il serait intéressant de poursuivre avec une cassure nette et de précipiter le récit dans une action vive et haletante.

Chiche ! Je veux dire: j'aimerais que tu tentes la chose, Orakei.

[Embruns]

Ahlala j'aime beaucoup. Exepté la chute que je ne comprends pas - mais j'espère que ça va venir :-)

[Invité]

Pareil.tu ne vas pas nous laisser planté là quand même.
Mais que fait la police on se demande...
sauvageon va.

[mentor]

tout simple ce texte, agréable à lire, de la subtilité, de la légèreté, et puis ce geste, suggéré mais non explicite, c'est très bien mené

[ninananere]

J'aime bien ce côté désabusé, un peu nostalgique. Ça se lit comme une chanson, une comptine qui n'est pas faite pour dormir, une comptine qui n'est pas pour les enfants.
Je suis montée de ce bus, je l'ai vu elle, et lui, le narrateur. Peut-être étais-je assise à côté. J'ai été bercée par ce bus, ses arrêts, ses demarrages..., J'ai vu les voyageurs, et les paysages du dehors... Mais je ne suis pas encore descendue...
Tu nous prends par la main, doucement, et tu nous quittes brûtalement, non ?!
Alors, question : Et après... ?

[Sahkti]

Dans ce bus, elle est à sa place, toute étudiante en géographie qu'elle est
C'est quoi le rapport?

On est si loin du monde dans un autobus
Ha bon?

J'ai trouvé le début un peu poussif, presque brouillon. Tu insistes trop sur certains détails qui apportent peu, genre sa description physique qui sonne un peu comme un cliché de la normande blonde aux lèvres roses.
La fin rattrape un peu le reste mais pas suffisamment à mes yeux, il me manque quelque chose, un liant, une force, davantage de cynisme de la part de ce type qui agit froidement mais se pâme devant des lèvres gercées.
Bref, suis moins enthousiaste que les autres, désolée, ça arrive :-)

[Charles]

J'aime beaucoup ton travail sur le rythme ici. Lent, diaphane, éthéré. Détaché du réel comme un film au ralenti. Il serait intéressant de poursuivre avec une cassure nette et de précipiter le récit dans une action vive et haletante.

Chiche ! Je veux dire: j'aimerais que tu tentes la chose, Orakei.

Même avis que Kilis !

[maniak']

J'ai trouvé ça génial. La chute est bien trouvée, je m'attendais à tout sauf à ça.

Un plaisir, de te lire.

[Kash Prex]

Génial, c'est le mot qui me vient aussi... Deux très belles descriptions, puis une chute surprenante qui vient presque embellir un acte si peu grâcieux. Sans parler de la toute dernière phrase, superbe... =)

[Loupbleu]

Orakei, je te cache pas la grande qualité que je trouve à ton écriture :-)
Et donc : je vais être un peu sévère.

J'ai trouvé l'utilisation des phrases hachées un peu trop systématique. L'idée est bonne je crois, c'est peut-être le rythme qui ne m'a pas convaincu ?

J'ai aimé "On est si loin du monde dans un autobus. ", mais ça demanderait je crois plus d'explication, ou un écho.

J'ai trouvé les "envies d'amour ou de cinéma", peut-être un peu sous-exploitées, un peu trop vagues...

Je suis un peu mitigé concernant le passage au futur dans le dernier paragraphe, question de goût, peut-être parce qu'il m'éloigne un peu du l'atmosphère sensible que tu as créée. Même si l'envolée finale ne manque pas de classe.

Bon, ceci dit, à ces choses près, je trouve aussi que c'est un bon texte, que ton travail est fort intéressant. Bravo !


PS (private joke), mais une Virginie blonde aux yeux verts avec des converses blanches, ça m'a un peu fait pensé à une certaine vélienne !

[Nuance]

J'ai beaucoup apprécié ton "texte". Déjà car on sent qu'il y a de l'esprit, car on comprend seulement à la fin, la phrase du début : "Elle a son sac, encore, elle a son sac sur elle."
j'ai trouvé ça vraiment bien, car on ne s'attend pas du tout à cette chute
Bref. Sinon, que dire de plus? La beauté incarnée dans une scène banale...te lire m'a fait l'impression de contempler un peintre, mettre peu à peu les couleurs sur sa toile...

[Orakei]

Merci à tous, vos remarques sont tés précieuses !
LoupBleu, j'aprécie ton objectivité ;-)

[bertrand-môgendre]

à tire d'aile, elle tire son air de rien comme vide en fuite du bien qui paraisse mieux. Elle est femme tout comme lui l'étudie. La bande passante traduit les non-dits. Tu associes ainsi les images aux désirs induits. Belle scène.

[Zou]

Je ne l'avais pas encore lu, c'est chose faite et je suis époustouflée. Bravo ! Tu as quelque chose à dire et tu l'écris bien ;-) On sent le fin observateur des gens, des émotions, de la vie. Bravo.

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