L'encyclopédie des dangers du monde : I
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L'encyclopédie des dangers du monde : I
Les dangers du monde I: rouge.
La cour avait rendu son verdict : Mengamuk!
Vivre pardonné ça ouvrait des perspectives nouvelles. Soudainement j'appréciais les courbes de mon cou. Vierge d'une corde tressée de lin, il était beau. Je le regardais dans un miroir. Il y avait pas loin une mouche passablement engluée dans une toile d'araignée. Je la libérais de cette emprise.Je me posais là. Sauveur d'une mouche. L'amok du mois.
Après tout j'étais libre, pas besoin de ressasser cette histoire. En Europe j'aurais pris perpétuité, électrochocs ou quinze balles de Quai des Orfèvres dans la théière. Au choix. Ca faisait du bien de se sentir enfin libre mais essentiellement vivant. Surtout que je n'avais rien compris moi-même au déroulement des évènements.
Je n'avais rien senti de particulier dans mes veines, seulement l'effet occasionnel d'une tournée de jus de houblon, les joies de l'amour, les noirceurs des déceptions. J'avais toujours pensé que “ L'Asie te ronge ” c'était une connerie de légionnaires ou de colons, une philosophie de ronds-de-cuir qui s'atomisaient au gin-tonic pour s'endormir enfin après une journée de pillage des ressources. En ce temps-là, l'air conditionné c'était une bouteille de Bombay Saphire, de la glace d'eau au goût de rouille et un soda à la quinine.
Dans les années 90, la technologie avait progressé, le pillage était devenu boursier. Il ne restait pour se sentir mal à l'aise que l'absence de saisons, et cette température vaseuse entre le torride et le mouillé. Celle qui fabrique la sueur sur la peau plus vite que le vent ne la sèche. La concubine de l'épiderme. Et oui, cet hiver qui ne viendrait jamais. Pas plus que l'automne. L'homme ici avait appris à en nier leurs existences. Il y avait le vice aussi, cet attrape-couilles qui vous prend à la gorge quand vous réalisez que la pauvreté est le meilleur aphrodisiaque du monde. Ca vous transforme un homme en porc avant même qu'il ne réalise qu'il n'a jamais été autre-chose. Les langues sino-tibétaines aussi tapaient sur le système, une macération permanente dans l'incompris, dans du non-dit, du pas traduit, du “ J'en ai plein le cul des tching-tchang-tchong ”. Oui tout ça rongeait un peu quand même. Ca rongeait l'égo. Les relations humaines étaient privilégiées mais tendues, concours de “ moi j'suis ci, mois j'fais ça ”, rien d'autre en bref que le syndrome naturel de la tare colonialiste. Et le fric, le fric partout, dans toutes les bouches, dans toutes les races, à toute les sauces, sur toutes les langues. L'extrême-orient quoi, même sans majuscules.
Justement c'est à Jakarta, que je me trouvais cette saison-là. J'avais dû paumer mon passeport en prenant une photo dans un angle impossible d'un truc qui n'intéresse probablement personne, au hasard : des grains de piments dans la sauce au tamarin. Contraint et forcé je m'étais rendu à l'ambassade, services consulaires. L'entrée dans le bureau avait été silencieuse, ponctuée des bâillements de la demi-douzaine de personnes en service.
-C'est pour une perte de passeport : ces quelques mots m'avaient servi d'introduction à l'attaché consulaire.
-Oui monsieur, vous avez un certificat de naissance avec vous? m'avait-il questionné en guise de réponse.
A la seconde je suis tombé amoureux de la danseuse Balinaise en albâtre du comptoir. La direction que prenait ses doigts de fée me montrait le coeur. Et je me suis noyé dans ses yeux. Je l'ai soulevée avec soin et elle s'est mise à danser. Et à tuer. Je ne voyais plus qu'elle, ma déesse, tournoyer dans les airs et s'abattre sur les tempes. Ses ongles acérés se plantaient dans les chairs avec une facilité déconcertante. Ma belle dansait pour moi, fracassait une côte, sectionnait une main, creusait une orbite. J'étais la louve qui protège sa Rome. Ma danseuse à bout de bras enfonçait les siens dans les entrailles et les viscères. De la scène je ne voyais plus que le rouge, le noir et quelques notes de Balafont. Un vent. J'étais le vent vermillon dans lequel ma danseuse tournoie et frappe. J'étais la mousson carmin qui fertilise la pierre-ébène. Une pluie de lave qui tournait au pourpre se déposait sur mes épaules. Ma mime obsidienne m'aimait.
Je me suis réveillé aux prises d'infirmières coiffées. L'une d'elles m'a dit “ Amok ” en me posant une main sur le front. Danseuse, cadavres et vents étaient retombés dans un souvenir presque inaccessible. Je me souviens de mon épuisement. Je me souviens de cette main.
Et je suis libre, un peu comme cette mouche sauvée de son cachot de soie. Je reste ici, sous l'abri des peuples qui pardonnent. Je pêche au large de la Banda Aceh de quoi nourrir mon quotidien. Le retour à l'occident est fort improbable : si l'Europe étudie les syndromes liés à la culture, il n'en excuse pas la pandémie à son peuple. Il condamne et enferme. Je ne crèverai pas comme Francis Giauque dans les comas insuliniques des pavillons trente-six.
Au village, quand je vais à ma barque, les femmes voilées me touchent le front pour me souhaiter bonne pêche. Les enfants me montrent du doigt et chuchotent : Massaleh Amok! Ils rient enfin dans une complicité tendre. Il faut être tres observateur pour reconnaître la pointe d'inquiétude qui passe dans leurs yeux.
Je les pardonne.
PW
La cour avait rendu son verdict : Mengamuk!
Vivre pardonné ça ouvrait des perspectives nouvelles. Soudainement j'appréciais les courbes de mon cou. Vierge d'une corde tressée de lin, il était beau. Je le regardais dans un miroir. Il y avait pas loin une mouche passablement engluée dans une toile d'araignée. Je la libérais de cette emprise.Je me posais là. Sauveur d'une mouche. L'amok du mois.
Après tout j'étais libre, pas besoin de ressasser cette histoire. En Europe j'aurais pris perpétuité, électrochocs ou quinze balles de Quai des Orfèvres dans la théière. Au choix. Ca faisait du bien de se sentir enfin libre mais essentiellement vivant. Surtout que je n'avais rien compris moi-même au déroulement des évènements.
Je n'avais rien senti de particulier dans mes veines, seulement l'effet occasionnel d'une tournée de jus de houblon, les joies de l'amour, les noirceurs des déceptions. J'avais toujours pensé que “ L'Asie te ronge ” c'était une connerie de légionnaires ou de colons, une philosophie de ronds-de-cuir qui s'atomisaient au gin-tonic pour s'endormir enfin après une journée de pillage des ressources. En ce temps-là, l'air conditionné c'était une bouteille de Bombay Saphire, de la glace d'eau au goût de rouille et un soda à la quinine.
Dans les années 90, la technologie avait progressé, le pillage était devenu boursier. Il ne restait pour se sentir mal à l'aise que l'absence de saisons, et cette température vaseuse entre le torride et le mouillé. Celle qui fabrique la sueur sur la peau plus vite que le vent ne la sèche. La concubine de l'épiderme. Et oui, cet hiver qui ne viendrait jamais. Pas plus que l'automne. L'homme ici avait appris à en nier leurs existences. Il y avait le vice aussi, cet attrape-couilles qui vous prend à la gorge quand vous réalisez que la pauvreté est le meilleur aphrodisiaque du monde. Ca vous transforme un homme en porc avant même qu'il ne réalise qu'il n'a jamais été autre-chose. Les langues sino-tibétaines aussi tapaient sur le système, une macération permanente dans l'incompris, dans du non-dit, du pas traduit, du “ J'en ai plein le cul des tching-tchang-tchong ”. Oui tout ça rongeait un peu quand même. Ca rongeait l'égo. Les relations humaines étaient privilégiées mais tendues, concours de “ moi j'suis ci, mois j'fais ça ”, rien d'autre en bref que le syndrome naturel de la tare colonialiste. Et le fric, le fric partout, dans toutes les bouches, dans toutes les races, à toute les sauces, sur toutes les langues. L'extrême-orient quoi, même sans majuscules.
Justement c'est à Jakarta, que je me trouvais cette saison-là. J'avais dû paumer mon passeport en prenant une photo dans un angle impossible d'un truc qui n'intéresse probablement personne, au hasard : des grains de piments dans la sauce au tamarin. Contraint et forcé je m'étais rendu à l'ambassade, services consulaires. L'entrée dans le bureau avait été silencieuse, ponctuée des bâillements de la demi-douzaine de personnes en service.
-C'est pour une perte de passeport : ces quelques mots m'avaient servi d'introduction à l'attaché consulaire.
-Oui monsieur, vous avez un certificat de naissance avec vous? m'avait-il questionné en guise de réponse.
A la seconde je suis tombé amoureux de la danseuse Balinaise en albâtre du comptoir. La direction que prenait ses doigts de fée me montrait le coeur. Et je me suis noyé dans ses yeux. Je l'ai soulevée avec soin et elle s'est mise à danser. Et à tuer. Je ne voyais plus qu'elle, ma déesse, tournoyer dans les airs et s'abattre sur les tempes. Ses ongles acérés se plantaient dans les chairs avec une facilité déconcertante. Ma belle dansait pour moi, fracassait une côte, sectionnait une main, creusait une orbite. J'étais la louve qui protège sa Rome. Ma danseuse à bout de bras enfonçait les siens dans les entrailles et les viscères. De la scène je ne voyais plus que le rouge, le noir et quelques notes de Balafont. Un vent. J'étais le vent vermillon dans lequel ma danseuse tournoie et frappe. J'étais la mousson carmin qui fertilise la pierre-ébène. Une pluie de lave qui tournait au pourpre se déposait sur mes épaules. Ma mime obsidienne m'aimait.
Je me suis réveillé aux prises d'infirmières coiffées. L'une d'elles m'a dit “ Amok ” en me posant une main sur le front. Danseuse, cadavres et vents étaient retombés dans un souvenir presque inaccessible. Je me souviens de mon épuisement. Je me souviens de cette main.
Et je suis libre, un peu comme cette mouche sauvée de son cachot de soie. Je reste ici, sous l'abri des peuples qui pardonnent. Je pêche au large de la Banda Aceh de quoi nourrir mon quotidien. Le retour à l'occident est fort improbable : si l'Europe étudie les syndromes liés à la culture, il n'en excuse pas la pandémie à son peuple. Il condamne et enferme. Je ne crèverai pas comme Francis Giauque dans les comas insuliniques des pavillons trente-six.
Au village, quand je vais à ma barque, les femmes voilées me touchent le front pour me souhaiter bonne pêche. Les enfants me montrent du doigt et chuchotent : Massaleh Amok! Ils rient enfin dans une complicité tendre. Il faut être tres observateur pour reconnaître la pointe d'inquiétude qui passe dans leurs yeux.
Je les pardonne.
PW
Invité- Invité
Re: L'encyclopédie des dangers du monde : I
Mengamuk! : l'origine du mots Amok en bahasa melayu, langue malaise.
amok: un syndrome lié à la culture très peu étudié car il donne la trouille http://fr.wikipedia.org/wiki/Amok en francais.la page Us est plus complète.
Bombay Saphire: un gin de bonne qualité si l'on peut considérer qu'un gin puisse être de qualité.
Massaleh Amok!: cinglé d'étranger en bahasa.
amok: un syndrome lié à la culture très peu étudié car il donne la trouille http://fr.wikipedia.org/wiki/Amok en francais.la page Us est plus complète.
Bombay Saphire: un gin de bonne qualité si l'on peut considérer qu'un gin puisse être de qualité.
Massaleh Amok!: cinglé d'étranger en bahasa.
Invité- Invité
Re: L'encyclopédie des dangers du monde : I
Panda, j'ai pas vraiment tout capté, désolé
le narrateur, quand le type de l'ambassade lui demande un papier, il le massacre avec la statuette et il se retrouve à l'asile, c'est ça ?
ou alors je suis à côté :-((
le narrateur, quand le type de l'ambassade lui demande un papier, il le massacre avec la statuette et il se retrouve à l'asile, c'est ça ?
ou alors je suis à côté :-((
Re: L'encyclopédie des dangers du monde : I
mentor a écrit:Panda, j'ai pas vraiment tout capté, désolé
le narrateur, quand le type de l'ambassade lui demande un papier, il le massacre avec la statuette et il se retrouve à l'asile, c'est ça ?
ou alors je suis à côté :-((
Ouais, tres complexe.
Le mec devient taré suite à une réponse inapropriée de son interlocuteur.
La statue devient le centre de sa folie, son véhicule.
Ensembles ils massacrent l'ensemble du personnel.
Justement non: il est pardonné par la cour locale qui le déclare "amok"
donc irresponsable de ses actes.
Vraiment un sujet pas facile, j'éspere que ce n'est pas completement raté.
Invité- Invité
Re: L'encyclopédie des dangers du monde : I
Si d'autres n'ont rien captés j'aimerais bien savoir pourquoi, cela me permettra de le réécrire.J'aime bien ce sujet.
Merci d'avance.
Merci d'avance.
Invité- Invité
Re: L'encyclopédie des dangers du monde : I
ok, merci, non t'inquiète pas, j'avais lu trop vite sans doute, juste que je pensais qu'il avait pété un câble et trucidé juste l'employé, mais pas tous ceux qu'il avait sous la statue ;-)
c'est bien construit, et on comprend bien tout ce qui, au fil du temps, s'est amassé dans son cerveau pour qu'un petit rien fasse déborder le vase
ça fait peur ton truc ;-)
et puis donc, on va attendre la suite, le 2 et les autres
NB : le massalé chez nous (pas le Massaleh !) c'est un mélange d'épices en poudre, tu connais peut-être
c'est bien construit, et on comprend bien tout ce qui, au fil du temps, s'est amassé dans son cerveau pour qu'un petit rien fasse déborder le vase
ça fait peur ton truc ;-)
et puis donc, on va attendre la suite, le 2 et les autres
NB : le massalé chez nous (pas le Massaleh !) c'est un mélange d'épices en poudre, tu connais peut-être
Re: L'encyclopédie des dangers du monde : I
Salut Chef
C'est vrai qu'à la première lecture j'avais pas capté pilpoil qu'il s'agissait d'une statue. La vision d'un Panda visité par les démons de la démence, décimant méthodiquement le malheureux petit personnel d'un consulat en s'emparant d'une ravissante préposée indigène afin de s'en servir comme d'une arme de destruction massive, toute réjouissante qu'elle puisse être au demeurant, m'avait plongé dans de tels abîmes de perplexité que j'ai dû pour m'en arracher recourir aux moyens les plus extrêmes, et même pire.
Bref, dix-sept relectures et autant de Chi-May Kapsulbleuh (Roborative Panacée en usage chez les indigènes du district de May Sanhcy) plus tard, Kali la Noire (presque autant que moi) s'est soudain superposée au lactescent miroir de mon écran d'ordinateur pour me passer un savon carabiné.
Mon Dieu, me suis-je interpellé (je ne m'adresse à moi-même qu'avec la plus extrême déférence) qu'est-ce que c'est ce bintz ? J'avais beau frétiller de la souris à lui en décliquer le museau, cette saloperie d'image aussi peu sublime que minale ne manifestait aucune envie de déguerpir et continuait à me sonner le gong en malais, ce qui, tu en conviendras, n'arrangeait pas les choses. Le malais est une langue propice à l'invective. J'ai hésité entre le coup de santiague dans le sacré bazar, le vide zen et un coup de fil courtois mais ferme à mon vieux pote Bill Gates pour lui dire tout le bien que je pensais de sa dernière version de Windows XP. La voix de la sagesse a parlé : j'ai opté pour un autre pack de Roborative Panacée.
D'autant qu'il n'y avait pas que du faux dans ce que me braillit l'irascible déité : "Espèce d'abruti, (enfin je traduis approximativement, mon malais est loin d'être au point) la pulpeuse balinaise que l'autre taré utilise comme casse-tête, c'est pas une balinaise c'est une putain de statue. L'albâtre c'est pas une couleur de peau, surtout par chez nous, c'est une pierre. Capito ?"
C'est là que j'ai pigé que soit j'étais amok (ça pouvait pas être les trois packs de R.P., quand même ?) soit fallait que je me lance dans une dix-huitième lecture, soit les deux.
Et la lumière fut ! Tout s'éclairait, Kali la Noire s'évacua de mon écran dans un grand crépitement d'étincelles, j'ai appelé ce vieux Bill pour lui dire qu'y avait plus de bug et qu'il pouvait aller se coucher et je me suis promis
de te confirmer - dès que je serais en état de le faire - que ton texte était au poil et que j'avais plus beoin de notice technique.
Ce que je confirme à jeun ! Ou presque.
Gobok
C'est vrai qu'à la première lecture j'avais pas capté pilpoil qu'il s'agissait d'une statue. La vision d'un Panda visité par les démons de la démence, décimant méthodiquement le malheureux petit personnel d'un consulat en s'emparant d'une ravissante préposée indigène afin de s'en servir comme d'une arme de destruction massive, toute réjouissante qu'elle puisse être au demeurant, m'avait plongé dans de tels abîmes de perplexité que j'ai dû pour m'en arracher recourir aux moyens les plus extrêmes, et même pire.
Bref, dix-sept relectures et autant de Chi-May Kapsulbleuh (Roborative Panacée en usage chez les indigènes du district de May Sanhcy) plus tard, Kali la Noire (presque autant que moi) s'est soudain superposée au lactescent miroir de mon écran d'ordinateur pour me passer un savon carabiné.
Mon Dieu, me suis-je interpellé (je ne m'adresse à moi-même qu'avec la plus extrême déférence) qu'est-ce que c'est ce bintz ? J'avais beau frétiller de la souris à lui en décliquer le museau, cette saloperie d'image aussi peu sublime que minale ne manifestait aucune envie de déguerpir et continuait à me sonner le gong en malais, ce qui, tu en conviendras, n'arrangeait pas les choses. Le malais est une langue propice à l'invective. J'ai hésité entre le coup de santiague dans le sacré bazar, le vide zen et un coup de fil courtois mais ferme à mon vieux pote Bill Gates pour lui dire tout le bien que je pensais de sa dernière version de Windows XP. La voix de la sagesse a parlé : j'ai opté pour un autre pack de Roborative Panacée.
D'autant qu'il n'y avait pas que du faux dans ce que me braillit l'irascible déité : "Espèce d'abruti, (enfin je traduis approximativement, mon malais est loin d'être au point) la pulpeuse balinaise que l'autre taré utilise comme casse-tête, c'est pas une balinaise c'est une putain de statue. L'albâtre c'est pas une couleur de peau, surtout par chez nous, c'est une pierre. Capito ?"
C'est là que j'ai pigé que soit j'étais amok (ça pouvait pas être les trois packs de R.P., quand même ?) soit fallait que je me lance dans une dix-huitième lecture, soit les deux.
Et la lumière fut ! Tout s'éclairait, Kali la Noire s'évacua de mon écran dans un grand crépitement d'étincelles, j'ai appelé ce vieux Bill pour lui dire qu'y avait plus de bug et qu'il pouvait aller se coucher et je me suis promis
de te confirmer - dès que je serais en état de le faire - que ton texte était au poil et que j'avais plus beoin de notice technique.
Ce que je confirme à jeun ! Ou presque.
Gobok
Gobu- Nombre de messages : 2400
Age : 69
Date d'inscription : 18/06/2007
Re: L'encyclopédie des dangers du monde : I
ça, ça me flanque un immense sourire de lire ça, tu peux pas savoir :-)))pandaworks a écrit:Bombay Saphire: un gin de bonne qualité si l'on peut considérer qu'un gin puisse être de qualité.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: L'encyclopédie des dangers du monde : I
J'ai lu un texte très surprenant. Je crois ne pas posséder le bon bout de fil à dévider, pour bien saisir l'amok.
Question de panda sur l'estrade : et toi, pourquoi tu n'as rien "capté" ?
Je relis.
Question de panda sur l'estrade : et toi, pourquoi tu n'as rien "capté" ?
Je relis.
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: L'encyclopédie des dangers du monde : I
Bien sûr que j'ai compris ce que j'ai écrit. j'ai cependant peur que cette encyclopédie soit une tâche ardue par son contenu:bertrand-môgendre a écrit:J'ai lu un texte très surprenant. Je crois ne pas posséder le bon bout de fil à dévider, pour bien saisir l'amok.
Question de panda sur l'estrade : et toi, pourquoi tu n'as rien "capté" ?
Je relis.
décrire des syndromes de psychiatrie (exotiques ou non) qui ont basculés
dans le domaine courant ou culturel. Somme toute un catalogue de folies ordinaires tant l'homme se transfigure au fil du temps vers des dérives qu'autrefois nous pointions du doigt mais que nous acceptons maintenant comme les composantes d'une personnalité.
Je n'ai pas comme Yali (pour ne parler que de choses écrites sur Ve) cette froide acceptation que l'homme est à prendre tel qu'il est.
Décrire ses tares et ses déviations est peu être un bataille de l'inutile, mais cela fait partie des choses que j'aime bien, probablement pour me faire une echelle morale personnelle.
:-)
Invité- Invité
Re: L'encyclopédie des dangers du monde : I
Panda, j'ai apprécié la touche kafkaïenne de ton récit, cette absurdité bureaucratique qui peut pousser à l'extrême.
J'aime aussi comme tu ne tombes pas dans le "too much", ça ne sonne pas du tout comme une gaudriole ou une grosse farce sanguinolente, au contraire, c'est subtil.
C'est bien vu et puis bien écrit, fluide, élégant et poétique.
J'aime aussi comme tu ne tombes pas dans le "too much", ça ne sonne pas du tout comme une gaudriole ou une grosse farce sanguinolente, au contraire, c'est subtil.
C'est bien vu et puis bien écrit, fluide, élégant et poétique.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: L'encyclopédie des dangers du monde : I
C'est le volume 1.....
Je vais lire les autres alors, mais déjà, je tenais à faire mon commentaire de la première lecture.
J'aime assez ce découpage de l'histoire, quoiqu'il perde un peu le lecteur qui ne pratique pas l'errance en plaisir.
Ton récit est abrupt et vif, comme dans une vraie crise de démence délirante; mais si je peux me permettre, j'aurais un peu plus détaillé l'"avant"; en ces minutes où il va se saisir de la statuette, voire ces secondes....
Je sais pertinemment qu'il est difficile de décrire ce que l'on ne peut pas vivre, non par choix, mais par construction innée et foncière...Mais c'est toujours intéressant de s'y essayer !
Je crois que je vais enchainer sur le volume 2....
Merci de cette lecture.
Je vais lire les autres alors, mais déjà, je tenais à faire mon commentaire de la première lecture.
J'aime assez ce découpage de l'histoire, quoiqu'il perde un peu le lecteur qui ne pratique pas l'errance en plaisir.
Ton récit est abrupt et vif, comme dans une vraie crise de démence délirante; mais si je peux me permettre, j'aurais un peu plus détaillé l'"avant"; en ces minutes où il va se saisir de la statuette, voire ces secondes....
Je sais pertinemment qu'il est difficile de décrire ce que l'on ne peut pas vivre, non par choix, mais par construction innée et foncière...Mais c'est toujours intéressant de s'y essayer !
Je crois que je vais enchainer sur le volume 2....
Merci de cette lecture.
AMOK- Nombre de messages : 21
Age : 50
Date d'inscription : 17/05/2008
Re: L'encyclopédie des dangers du monde : I
J'avions pigé. D'avoir lu Amok de S.Z. sans doute m'aida-t-il plus que d'avoir parcouru la Malaisie et l'Indonésie.
Mais je n'ai que modestement apprécié.
Sauf la paix inquiète de la partie finale.
Mais je n'ai que modestement apprécié.
Sauf la paix inquiète de la partie finale.
pierre-henri- Nombre de messages : 699
Age : 65
Localisation : Raiatea
Date d'inscription : 17/02/2008
Re: L'encyclopédie des dangers du monde : I
Ce texte est marrant et un peu viellot, il ne gagnera pas le Goncourt hein Zou ? :-)))))))))))
Invité- Invité
Re: L'encyclopédie des dangers du monde : I
Il est bien, ce texte. On est surpris, parfois, de ceux qui gagnent des prix...
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 46
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: L'encyclopédie des dangers du monde : I
pandaworks a écrit:[
Dans les années 90, la technologie avait progressé, le pillage était devenu boursier. Il ne restait pour se sentir mal à l'aise que l'absence de saisons, et cette température vaseuse entre le torride et le mouillé. Celle qui fabrique la sueur sur la peau plus vite que le vent ne la sèche. La concubine de l'épiderme. Et oui, cet hiver qui ne viendrait jamais. Pas plus que l'automne. L'homme ici avait appris à en nier leurs existences. Il y avait le vice aussi, cet attrape-couilles qui vous prend à la gorge quand vous réalisez que la pauvreté est le meilleur aphrodisiaque du monde. Ca vous transforme un homme en porc avant même qu'il ne réalise qu'il n'a jamais été autre-chose. Les langues sino-tibétaines aussi tapaient sur le système, une macération permanente dans l'incompris, dans du non-dit, du pas traduit, du “ J'en ai plein le cul des tching-tchang-tchong ”. Oui tout ça rongeait un peu quand même. Ca rongeait l'égo. Les relations humaines étaient privilégiées mais tendues, concours de “ moi j'suis ci, mois j'fais ça ”, rien d'autre en bref que le syndrome naturel de la tare colonialiste. Et le fric, le fric partout, dans toutes les bouches, dans toutes les races, à toute les sauces, sur toutes les langues. L'extrême-orient quoi, même sans majuscules.
PW
Je m'y suis crue, je m'y suis vue et j'ai eu mal dans ma peau trop blanche!
Re: L'encyclopédie des dangers du monde : I
pandaworks a écrit:Ce texte est marrant et un peu viellot, il ne gagnera pas le Goncourt hein Zou ? :-)))))))))))
;-)))))))))))))))
Zou- Nombre de messages : 5470
Age : 62
Localisation : Poupée nageuse n°165, Bergamini, Italie, 1950-1960
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: L'encyclopédie des dangers du monde : I
Je voulais juste dire : Bombay Sapphire. Je voudrais pas avoir l'air de chipoter mais d'où je sors le gin c'est plutôt culte, alors l'orthographe m'importe. Pour le texte, quelle ambiance .... torride !
Invité- Invité
Re: L'encyclopédie des dangers du monde : I
Il y a des perles dans ce texte, surtout les disgressions sur la vie d'un européen en Asie, le mal des saisons, etc... Et puis j'ai appréci la manière dont tu décris la folie, sans avoir l'air d'y toucher, ce ballet assassin est tellement léger, innocent ....Bravo.
Et pas de souci j'ai tout capté ;-)
Et pas de souci j'ai tout capté ;-)
Zou- Nombre de messages : 5470
Age : 62
Localisation : Poupée nageuse n°165, Bergamini, Italie, 1950-1960
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: L'encyclopédie des dangers du monde : I
Tâche ingrate à laquelle tu t'attelles ; je connaissais livresquement l'amok depuis des lustres, et avais lu qu'il survenait lors de transes initiées par un chamane, qui, paraît-il, pouvait le "mettre" sur quelqu'un.
J'aime bien ton ton de baroudeur poétisant, dans ce genre de textes. Celui-là me retient un chouia moins, mais c'est juste affaire de goût.
J'aime bien ton ton de baroudeur poétisant, dans ce genre de textes. Celui-là me retient un chouia moins, mais c'est juste affaire de goût.
silene82- Nombre de messages : 3553
Age : 66
Localisation : par là
Date d'inscription : 30/05/2009
Re: L'encyclopédie des dangers du monde : I
Un texte intéressant, oui, que je ne connaissais pas (comme quoi c'est bien, les remontées). J'aime beaucoup le ton de la fin, cette douceur résignée, moins celui du début, trop... occidental, quoi, sarcastico-branleur. D'un autre côté, cela correspond bien à l'évolution du personnage.
À ce propos, quelque chose, pour moi, ne va pas dans la description du moment amok, il reste trop lucide je trouve, le gars parvient trop bien à observer l'action.
Sinon, "Ça", et "Je leur pardonne", on pardonne à quelqu'un.
À ce propos, quelque chose, pour moi, ne va pas dans la description du moment amok, il reste trop lucide je trouve, le gars parvient trop bien à observer l'action.
Sinon, "Ça", et "Je leur pardonne", on pardonne à quelqu'un.
Invité- Invité
Re: L'encyclopédie des dangers du monde : I
Ce texte me plait parce que dés que j'ai posé les yeux dessus il m'a embarquée . La description moite au début, les légères fêlures qui s'avancent à peine masquées, la statuette qui rend fou, la fin apaisée mais avec une légère (?) inquiétude qui plane, j'aime beaucoup ta façon de créer une ambiance, une atmosphère. Il y a des références qui me semblent familières et d'autres plutôt étranges dans ta façon d'écrire; ça fait un cocktail plaisant.
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Page 1 sur 1
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