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Dernier refuge de la pureté

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Dernier refuge de la pureté Empty Dernier refuge de la pureté

Message  Nathanaël Zenou Mer 9 Jan 2013 - 15:00

I

Vivre. Passer, non pas comme un errant jeté sur la route et finir au bord du chemin.
Passer, non plus comme un passant noyé dans la foule, avec un air pressé.
Passer.
J’ai une maladie de l’âme, une maladie orpheline.
Une sorte d'handicap spirituel qui confine à la débilité (dans le strict sens médical du terme).
Je me suis toujours considéré comme un autiste du bonheur.
Je ne sais être heureux qu'un très et trop court laps de temps.
Je ne compte plus les névroses et les frustrations.
La frustration, voilà le mot juste.
Quels sont les biens dont je me sens frustrés ?
J’ai tout, tout pour être heureux, les ecclésiastes du quotidien me l’assurent,
avec forces regard et le renfort de leur bonhommie.
Je fait montres d’un physique plaisant, aie la santé, parviens à être sociable,
J'ai une femme et un enfant qui m’aiment. Une famille.
Et pourtant. Pourtant.
Les conventions m'étranglent, les coutumes me sont un carcan, et j'ai du mal à contenir un caractère explosif.
Durant des semaines j'adopte la mine renfrognée de l’ours et j'ai le regard amer.
J'invoquerai pourtant dans un poème les ruches d'or et le miel parfumé, métaphores de l’Idéal.

II

Je suis en manque de beauté.
Je désire, dussé-je souffrir pour la trouver, la toucher.
Je m’abreuve de larmes, dernier refuge de la pureté,
je me couche dans la cendre, pour qu’à son contraste leur éclat jure !
Dernier refuge de la beauté...

Mais c’est une erreur, une fausse pensée.
Un ange aux ailes de neige et aux yeux de lilas me dit que j’ai sous les yeux tout ce que je cherche,
le manger et le boire, le rêver et l'aimer,
que je n’appose pas le bon filtre sur les choses,
et que si je savais seulement régler la molette de mon cœur,
comme on le fait pour une vieille télévision,
pour un vieux transistor, l’image que je veux voir, les sons que je veux entendre
jailliraient plus clairement...

Je ne suis pas médecin, et le diagnostic que je vais annoncer est erroné certainement,
toutefois je me plais à croire que mon mal est chimique.
Je m’explique :
des accès de tel hormone,
ou le défaut de tel autre créent des dysfonctionnements intempestifs dans le corps
et affectent le mental,
aussi dois-je avoir une carence en moi.
Sans être bipolaire, je suis une machine déréglée,
un écran dont l'image saute et où flotte une mire brouillée de parasites.

III

J’ai ainsi expliqué 20 ans de poésie.
Les vies que l’on s’invente,
le lyrisme pour cacher la calvitie de nos crânes,
laurier de notre vulgarité,
et les airs profonds que l’on affecte, pitié !
Quelle sottise que cela.
Et dire que j’étais prêt à sacrifier mes plus belles années dans ce vain exercice.
Comble de la naïveté.

IV

Faut-il jouer des orgues,
et faire vrombir leur cuivre,
accoucher de stances et de sonates pour feindre que l’on est vivant ?
Et mépriser le profane, le badaud temporel,
profane que je suis.
Le palais hermétique de mes vers,
le vain culte rendu à ma plaie,
à mes varices,
mon vice,
et à ces mots que j’épelais…

V

Le barbare c’est moi,
c'est moi
aux yeux des autres dont je me suis coupé.
Le constat est clair.
L’ours et l’ermite sont mes pires emblèmes,
comme celui du porc-épic.
Aussi vais-je laisser brûler les drapeaux qui portent mes armoiries,
l'empreinte néfaste de mon empire
briser mon épée en deux
et saccager à la hache l’écusson en bronze de mes boucliers,
mes attributs lexicaux,
et rejoindre la tribu dans un élan plus beau.

Nathanaël Zenou

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Date d'inscription : 02/05/2010

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Message  Invité Ven 11 Jan 2013 - 5:38

En général, les textes introspectifs me gonflent. Ils se ressemblent tous, ou presque.
Lucide et soigné, celui-ci jaillit de la masse. La plume est poétique. Le spleen passé au filtre de l’auto-dérision.
J'aime particulièrement la charnière matérialiste du poème où l'auteur explique ses états d'âme par un dérèglement hormonal.



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Message  Invité Ven 11 Jan 2013 - 9:42

Entre les deux : pas fan de l'introspection mais touchée par une sincérité, une souffrance qui ne joue pas.
Et puis l'expression est poétique, belle souvent.

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