Exo « Anonyme » : Encore un peu

[Modération]

La vague m'a emportée et déposée au cœur d'une forêt.

Je n'ai rien reconnu.

Le ciel s'est ramassé sous une voûte obscure

Le bois a craqué.

Je suis restée immobile, longtemps

Quand il s'est mis à pleuvoir j'ai senti le goût salé sur mes lèvres.

J'étais seule depuis toujours, soudain.



Je sais.

Tu es là dans les arbres, dans l'écorce, dans la sève.

Tu me regardes et m'encourages, allez, encore un peu.

Ton ombre touche mes doigts.

Nous avons un secret que je peux murmurer.

[Invité]

Petit écrit enrobé de mystère... Doux et agréable.

[Marvejols]

Totale angoisse de mort, je fuis.

[elea]

eu un peu de mal avec le début mais la fin est belle, émouvante

[Invité]

Moi je trouve que ça :

J'étais seule depuis toujours, soudain.

C'est une perle.
J'aurais juste mis une virgule entre seule et depuis.

[Lizzie]

Ah, j'aime beaucoup. Une voix qui encourage, encore, toujours. Un ange gardien ?

[Frédéric Prunier]

opacité du mystère
en belles phrases
simple et belle lecture
merci

[Pussicat]

En quelques vers ce dessine le portrait de l'absent-présent... bon la perte, la mort c'est jamais gai non plus... et je trouve justement que le "mystère" évoqué par embellie, la réincarnation comme cycle de la vie, je trouve le thème donc plutôt bien traité : juste et simple avec de belles choses.

Je partage l'avis de Narbah sur :

J'étais seule depuis toujours, soudain.

Je ne comprends pas le premier vers... quelle est cette vague : l'émotion, le souvenir, la nostalgie... ?

Et pis je ne vois pas du tout c'est qui...

[Invité]

une communion secrète qui sent la pluie, qui exhale la terre, le bois
et dont le mystère reste entier malgré le dépouillement.
pas mal!

[Chako Noir]

Je partage également l'avis de Narbah sur
J'étais seule depuis toujours, soudain.
Ange gardien ? Amant secret ? Ami de toujours ? Frère disparu ? Esprit de la forêt ?
Y a des textes où on se ronge les ongles à se demander qui est l'auteur, et là on se demande qui est le personnage. Je crois qu'il faut ne pas se poser la question, pour mieux apprécier la lecture.
Quoiqu'il en soit, cette relation, si discrète soit-elle, peut-être plus métaphysique que physique, a quelque chose de plaisant et poétique.

[Albert-Robert]

Un être cher trop tôt disparu avec qui tu converses dans la forêt ? Retiens-moi, ton texte finirait par m'y faire croire

[Invité]

Très intime, très secret... mais l'auteur (e) ? ???

[Lizzie]

bon, allez, quitte à me planter: jedisjanis

[Janis]

ha pas con !

[Lizzie]

sprrrrrrrrrrt (bruit de la langue tirée avec quelques postillons associés) :-))

[Invité]

Émouvant et sensible, ce texte.
Janis ? Je crois que d'autres y ont pensé. Je suis d'accord.

[Septembre]

Une douce tristesse qui se déploie librement au milieu des arbres, j'aime beaucoup cette simplicité, cette place accordée au lieu qui acquiert une dimension presque magique. Un de mes anonymes préférés.

Ça m'a beaucoup touchée.

J'ai pensé au film La Forêt de Mogari (Lu-k sera sûrement d'accord avec moi). Mogari signifie le lieu de deuil ou le temps nécessaire au deuil. Ici le deuil est organique et son accomplissement fait corps avec la terre, la forêt. La lumière qui ondule entre les cimes des arbres, la pluie qui tombe comme autant de petits symboles, de grandes incarnations, un système ouvert dans lequel chaque ligne de chaque contient et diffuse du sens. La forêt n’est pas hostile et s’y perdre signifie y retrouver quelque chose. C’est un sanctuaire dans lequel on peut déposer des symboles, comme de simples objets. Un lieu sensible qui agît comme un révélateur et qui soulage les peines enfouies. Car il existe, inévitablement, des choses à résoudre. La mort, la perte d’un autre, muette, à porter sur le dos. Ne pas dire pour mieux englober, pour être entier ; car la douleur du deuil ne se dissèque pas, elle ne se précise pas à travers des événements. Elle est simplement quelque chose de viscéral, de somatique à l’extrême, c’est une sensation alourdie qui ne transparaît que dans les corps, les gestes ou l’absence de geste. La parole ne peut rien à cela. On se demande « suis-je vivant ? » et il n’existe pas d’autre réponse que celle du sensible. Et la douleur… Celle que l’on consigne dans des carnets années après années. Celle que l’on enfouit sous terre. Celle qui clignote en plein jour comme la lumière à travers les feuilles. On la porte sur le dos. On se crée des petits talismans pour vivre. Et la pluie rince. La terre soulage. L’arbre tends vers le ciel. La forêt accueille la souffrance des hommes et la résorbe car toutes choses ne sont pas si éloignées et se rejoignent dans des rituels inconscients. Ainsi, le vent pousse quelques fantômes entre les branches. Tout est animé. Et la peine comme un flux : on ne sait pas où elle va.

Bravo

[Arielle]

Cette façon d'émouvoir avec des mots tout simples. Il y en a peu, ici, qui réussissent aussi bien que Janis effectivement ...

[Invité]

avant qu'elle ne vienne confirmer elle même, je dois dire que j'ai pensé très fort "Janis" également.
puis l'émotion qui s'échappe entre chacune de ces lignes spécialement aérées, on la reçoit fort...à tel point que j'ai pris de la distance et me suis éloignée de ma première hypothèse!

[Invité]

Aucun doute, c'est Janis !
Même si tu fais durer notre attente, janis, nous t'avons reconnue. Sors du bois !

[Janis]

elle sortit du lit et du bois

mais oui

c'est bien moi !

ce n'est pas que j'ai voulu faire durer, c'est que je dormis comme une bûche !

bon, je n'ai pas cherché à me camoufler

je dois sortir, rdv médicaux en tout genre, et puis je reviens un peu voir qui que quoi

[Invité]

Sors du bois !

L'autorité, quand même, y qu'ça ! Elle est sortie du bois, Janis et même de son lit ! Yes !

[Janis]

Je ne comprends pas le premier vers... quelle est cette vague : l'émotion, le souvenir, la nostalgie... ?

Et pis je ne vois pas du tout c'est qui...

c'est moé

La vague, c'est la nouvelle de la disparition, la grande catastrophe, le tsunami, le chaos
Elle t'emporte et tu te retrouves en pays inconnu, perdue !

(enfin quand j'écris, je ne réfléchis pas vraiment
C'est après que je vois les choses)

[Invité]

zut, je t'ai pas reconnue... %?
0

[Pussicat]

Là tu m'as bluffée Janis !!! sur toute la ligne... et puis comme j'ai aimé ta plume, et ce vers que tu as déniché je ne sais où :

J'étais seule depuis toujours, soudain.

[Zou]

Ah ces présences fugaces et esquissées que nous gardons le plus souvent secrètes.
En quelque mots, tout est dit et joliment.

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