Courant d’air
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Courant d’air
Ça y est j’y suis. Je glisse lentement derrière la porte entr’ouverte. Quel ridicule ! Je me retourne et je ne vois plus rien de moi. C’était donc…
Ça ?
L’enfant joli aux boucles d’ange.
Les yeux menus sur le grand monde.
Les courses aux hirondelles éperdues dans le soir.
Tous les rêves mouchés dans le tissu à carreaux.
Les rires rares et les grosses peurs dans la poche
Le tablier maudit des écoliers collés à la vitre des mensonges.
Le départ aux paupières.
Au revoir…
Ça ?
Les loups tremblants au seuil du baiser.
Les mots couverts sur le papier à nu
Toi.
Les milliers de toi perdus.
Les obus.
Les tranchées vacillantes de nos guerres éperdues
Des clous…
Ça ?
Toutes les étoiles mortes en vrac
Les poussières sans mémoire
Les pages blanches
Le vol épais des mouettes noires
Le noir
Et le frôlement des vides sans rencontres
Pour ça ?...
Ba- Nombre de messages : 4855
Age : 71
Localisation : Promenade bleue, blanc, rouge
Date d'inscription : 08/02/2009
Re: Courant d’air
Ba, ferme la porte, ouvre l'oeil, attrape la première main qui passe, laisse les mots dire et écris encore, encore, encore, encore encore : c'est magnifique ce que tu écris. Et poignant.
Invité- Invité
Re: Courant d’air
ohhh, c'est beau ! simple et dépouillé, et beau.
Lizzie- Nombre de messages : 1162
Age : 57
Localisation : Face à vous, quelle question !
Date d'inscription : 30/01/2011
Re: Courant d’air
Je te lis toujours avec plaisir sur des petites choses comme la phrase du jour, les petites annonces et autres aphorismes, je suis heureuse de te découvrir en prose, Ba.
Car voici un courant d'air d'une belle intensité poétique. Il y a quelque chose qui semble dérisoire dans ces mots là à cause de ce "ça" et dans le même temps le propos est essentiel dans la déclinaison des images qui l'accompagnent, c'est superbe !
Phylisse- Nombre de messages : 963
Age : 62
Localisation : Provence
Date d'inscription : 05/05/2011
Re: Courant d’air
Bonsoir,
Je ne suis pas fan de cela ...
Amicalement,
midnightrambler
Je ne suis pas fan de cela ...
Amicalement,
midnightrambler
midnightrambler- Nombre de messages : 2606
Age : 70
Localisation : Alpes de Haute-Provence laclefdeschamps66@hotmail.fr
Date d'inscription : 10/01/2010
Re: Courant d’air
Pour moi ce texte est un poème. Emouvant, imagé et bien vu. Pudique aussi.
Ce n'était que ça ? Et oui, un courant d'air.
Invité- Invité
Re: Courant d’air
que ce texte est beau !
tout ça pour ça? oui ! tout ça pour tout ça !
tout ça pour ça? oui ! tout ça pour tout ça !
polgara- Nombre de messages : 1440
Age : 48
Localisation : Tournefeuille, et virevolte aussi
Date d'inscription : 27/02/2012
Re: Courant d’air
Très fort, ton courant d'air: il m'a emportée!!!
Polixène- Nombre de messages : 3287
Age : 61
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
Re: Courant d’air
Je verrais bien ce texte dans la section poésie.
Sous le charme, je n'ai pas envie de le commenter pour ne pas le lester, alors je le lis en silence.
Sous le charme, je n'ai pas envie de le commenter pour ne pas le lester, alors je le lis en silence.
Invité- Invité
Re: Courant d’air
Je rejoins Iris : aussi en section poésie. Je me suis laissé emporter par ce texte aux interprétations multiples. J'ai adoré cette façon de jouer avec les mots. C'est également (surtout) un texte très émouvant. Touché !
Invité- Invité
Re: Courant d’air
De la pure poésie. Quand le frôlement des vides sans rencontres est d'une telle intensité comment ne pas en être ému !
Re: Courant d’air
Ce courant d’air fait frissonner…
La porte est entr’ouverte, n’est-ce pas elle qui le crée, ce courant d’air ?
Et tout n’est plus qu’un souffle, et tout n’est plus qu’âme qui s’envole.
La porte est franchie, qui mène dans l’autre monde.
Passée la porte, on se retourne sur sa vie, qui défile comme courant d’âme en perte d’haleine.
Ange qui passe avec ses boucles d’enfance, le temps de découvrir le monde, « Les yeux menus sur le grand monde », le temps d’un étonnement, le temps d’une conscience, dans un courant de pensée, en reflet de réalité.
Passe l’âge des « courses éperdues », aux hirondelles, aux illusions qui toujours s’envolent, et ne font jamais le printemps de toujours ; et nous font prendre froid, rhume d’existence, goutte de vie, « tous les rêves mouchés dans le tissu à carreaux ».
S’écoule le temps de l’enfance, celui des « rires rares », allitérations en courant d’ R, et des « grosses peurs dans la poche » qui n’est pas crevée ; temps des « écoliers collés à la vitre des mensonges »
Dans un courant qui emporte tout, encore, par-delà l’enfance, « Les milliers de toi perdus. », « obus » lancés, éclatés, dans les « guerres éperdues », entre moi et tu, guerres vaines et perdues, dans les « tranchées vacillantes ». Tout passe, et file comme un obus, en éclat de vie, éclats des unions manquées, fou-tues.
Un constat, en deux lettres, en une syllabe, dans un souffle qui meurt sur le bord des lèvres : ça. Si peu, presque rien : ça.
Toute une vie : juste ça.
Elle n’est pas retrouvée ?
Quoi ? L’Eternité.
Tout un monde : ça, « les étoiles mortes en vrac », oui les étoiles aussi meurent, les étoiles aussi sont filantes, et restent « les poussières sans mémoire », toutes choses soumises au temps destructeur, lui qui réduit tout en poussière, réduit tout au néant et à l’oubli ; restent « le frôlement des vides sans rencontres » et le « noir ». Murmurons l’aveu de la nuit si nulle.
Nul orietur.
Elle s’en est allée, la mer, et avec elle le soleil.
Tout ça… pour ça. Des "clous". Pour ça : « Ridicule ». Dérisoire.
Quand s’ouvre la porte … on se place du point de vue de la finitude, et le constat est amer, tragique : fugacité et fragilité de la vie, et de toutes choses. Déception. On attendait beaucoup, et il n’y a que « ça ». Sûrement trop d’espérances, trop d’attentes déçues. Dés –espérer, et alors quoi ? L’Eternité.
Content, Ba, de pouvoir lire et commenter à nouveau tes textes. Et celui-ci est particulièrement émouvant.
La porte est entr’ouverte, n’est-ce pas elle qui le crée, ce courant d’air ?
Et tout n’est plus qu’un souffle, et tout n’est plus qu’âme qui s’envole.
La porte est franchie, qui mène dans l’autre monde.
Passée la porte, on se retourne sur sa vie, qui défile comme courant d’âme en perte d’haleine.
Ange qui passe avec ses boucles d’enfance, le temps de découvrir le monde, « Les yeux menus sur le grand monde », le temps d’un étonnement, le temps d’une conscience, dans un courant de pensée, en reflet de réalité.
Passe l’âge des « courses éperdues », aux hirondelles, aux illusions qui toujours s’envolent, et ne font jamais le printemps de toujours ; et nous font prendre froid, rhume d’existence, goutte de vie, « tous les rêves mouchés dans le tissu à carreaux ».
S’écoule le temps de l’enfance, celui des « rires rares », allitérations en courant d’ R, et des « grosses peurs dans la poche » qui n’est pas crevée ; temps des « écoliers collés à la vitre des mensonges »
Dans un courant qui emporte tout, encore, par-delà l’enfance, « Les milliers de toi perdus. », « obus » lancés, éclatés, dans les « guerres éperdues », entre moi et tu, guerres vaines et perdues, dans les « tranchées vacillantes ». Tout passe, et file comme un obus, en éclat de vie, éclats des unions manquées, fou-tues.
Un constat, en deux lettres, en une syllabe, dans un souffle qui meurt sur le bord des lèvres : ça. Si peu, presque rien : ça.
Toute une vie : juste ça.
Elle n’est pas retrouvée ?
Quoi ? L’Eternité.
Tout un monde : ça, « les étoiles mortes en vrac », oui les étoiles aussi meurent, les étoiles aussi sont filantes, et restent « les poussières sans mémoire », toutes choses soumises au temps destructeur, lui qui réduit tout en poussière, réduit tout au néant et à l’oubli ; restent « le frôlement des vides sans rencontres » et le « noir ». Murmurons l’aveu de la nuit si nulle.
Nul orietur.
Elle s’en est allée, la mer, et avec elle le soleil.
Tout ça… pour ça. Des "clous". Pour ça : « Ridicule ». Dérisoire.
Quand s’ouvre la porte … on se place du point de vue de la finitude, et le constat est amer, tragique : fugacité et fragilité de la vie, et de toutes choses. Déception. On attendait beaucoup, et il n’y a que « ça ». Sûrement trop d’espérances, trop d’attentes déçues. Dés –espérer, et alors quoi ? L’Eternité.
Content, Ba, de pouvoir lire et commenter à nouveau tes textes. Et celui-ci est particulièrement émouvant.
Louis- Nombre de messages : 458
Age : 68
Date d'inscription : 28/10/2009
Re: Courant d’air
Et voilà que se lèvent les mots, emportés par la plume de Ba.
A lire et relire !
A lire et relire !
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 46
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: Courant d’air
Une fois encore avec toi, c'est magnifique. Pudeur et sobriété pour évoquer ce noir qui enrobe tout sur son passage. Très beau, Ba, merci pour ces mots si doux.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Courant d’air
Coup de coeur entre autres pour ceci:
Les poussières sans mémoire
Et le frôlement des vides sans rencontres
Les poussières sans mémoire
Et le frôlement des vides sans rencontres
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Courant d’air
C'est très doux, très touchant et extrêmement poétique. On ose à peine faire un bruit ...
Invité- Invité
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