ADN ADRENALINE: litté-rature remix

[Invité]

L'Adrenaline pousse à l'Est
mais l'amour aussi.





J'aime bien ma collègue Abee. Elle est bonne.Avec sa peau cuivre, sa coupe de garçon, sa poitrine moins trente et ses jolies fesses dans un short avec marqué USA sur la poche arrière.Elle est bonne. C'est clair, ce sont les cernes sous ses yeux d'or qui lui donne cet air de nuit blanche permanent. Elle est bien conservée pour une trafiquante de stupéfiants. Enfin une Ex-trafiquante de stupéfiants. Je croyais que cela laissait plus de traces sur la peau, moi, une dizaine d'année derrière les barreaux.
Bien sûr ça en laisse un peu dans l'oeil, spécialement quand elle écoute une chanson de fille à la pause, et qu'il y à de la fumée qui lui sort du nez. J'ai horreur de voir une femme ne pas pleurer alors dans ces moments. Je lui dis une connerie: j'en suis un grand spécialiste. Alors elle sourit et on s'aime.C'est comme ça avec Abee. C'est pour cela qu'elle m'achète des cigarettes en promotion. Après, il faut reconnaître qu'elle bosse bien. En silence toujours. On ne peut pas bosser et travailler en même temps qu'elle dit quelquefois.
Sûr que c'est sorti d'un autre monde ça. Probablement un carcéral. Ce que j'aime chez Abee aussi c'est son fils Billy. L'est tout p''tit pour onze ans, mais il n'a pas la langue mal pendue, lui. A force de l'entendre demander toutes les cinq secondes: M'an, M'an, M'an, Hey M'an je me demande pas en fait si Billy n'est pas un mouton, ou une chèvre, un truc ovin comme ça. Vous allez me dire Oui, mais au juste c'est quoi ton problème avec les mères célibataires ? bah, honnêtement elles me filent la gaule. On appelle cela le désir solidaritaire. Parce qu'on fait face aux mêmes problèmes mais en inversés. Les enfants à qui il manque un des deux machins qui ont servi à les concevoir, la solitude même à plusieurs, le goût du raté dans un coin de molaire et l'espoir que tout ça retombera un jour sur ses pieds.Ouais en définitive pas tellement une histoire de jambes écartées.
C'est ma faute, j'aime les femmes un peu trop tristes que je découvre quand on rigole. C'est comme ça va...
Avec Abee aussi on apprend des trucs, comment on sourit alors qu'on n'est pas réveillé. Comment ça fait quand l'administration pénitentiaire offre une réduction de peine substantielle aux femmes qui acceptent d'adopter un pt'it de la malchance. Forcer à être mère, c'est une idée qui force les barrages de mon cerveau sans que je puisse en conclure quelque chose de stable. C'est que je n'ai pas d'utérus, moi. Bref Billy il est pas d'Abee. Il est de la prison aussi.Mais il l'appelle M'an quand même sans cesse.

C'est pour ça qu'Abee m'a emmené à la prison. Pas pour se rappeler des trucs qu'elle n'aime pas. C'est pour me pistonner à être mère. Enfin je veux dire: père, enfin tous ceux qui ont des gosses me comprendront: un père c'est juste une mère, mais avec une paire de couilles en plus. Le voyage avait été cool: Abee ne disait rien, et Billy foutait le bordel dans le Bus, une situation bien connue sous le nom de: l'ordinaire. Au bureau de l"assistante sociale, les discussions avaient été passionnées.Et courtes. On ne donne pas d'enfants à des blancs. Hormis la simple envie de lui cracher à la gueule, on était parti dans le calme. Abee avait dit c'est comme ça, elle aurait dû se renseigner avant.
Moi j'ai dit que ce n'était pas grave, mais en fait si. Après on a mangé du boeuf rédang. Bonne idée de m"échauffer les oreilles pour calmer le feu du coeur. Puis je m'étais viré de chez Abee, endroit de lequel je n'avais matrimonialement aucune raison de m'attarder. C'est que rencontrer des cons cela fait un choc qui m'épuise. Rentré à l'appart, je traînais toujours mon blues, dans ma tête, ça recollait tous les morceaux de toutes les mères célibataires avec lesquelles j'avais bouffé un morceau. Ca me filait le frisson., il fallait se défouler en faisant quelque chose. J'avais pensé à créer un mouvement romantique "L'Oucoepo" l'ouvroir de coeur potentiel. Mais c'était vraiment trop con parce que je risquais d'avoir à gérer deux milliards de contributeurs (je dis cela au pif).Vraiment con parce que vrai.

J'allais me faire un tour du monde sur l'AFP, pour me dépayser. La guerre en RDC avait repris. Des histoires de guerriers Tootsies qui se vengent de guerriers Marsaillais.
Putain c'était pas ma journée. A défaut d'un peu de ciel bleu, j'allais donc vers l'actu politique française (que ne faut-il pas faire pour se détacher d'un spleen ?). C'est là que j'ai découvert la dernière proposition de loi contre les enfants du monde en guerre ou en misère. Il fallait les empêcher éventuellement et s' ils n'ont pas la malchance de sauter sur une mine de rejoindre un pays au pays des merveilles du moins pour eux. J'avais lu ce truc d'identification par L'ADN. Génial. C'est là, dans mon fauteuil de Français (j'en suis un) d'immigré (j'en suis un) d'époux d'étranger (j'en suis un) et d'homme tres triste et très fatigué ( les deux), que je me suis levé. Solennel. J'ai scandé des trucs, que j'avais péché au choix dans mes lectures, dans mes combats, dans mes amours, dans les gueulantes à papa.
Assez.
Non pas Assez dans le sens "je vous demande de vous taire" mais Assez dans le sens que l'on retrouve dans les films américains de Spike Lee: "Go and Fuck yo motha fucka bitch". Bonne idée non? Les visés: l'auteur du projet de loi, les doigts qui l'avaient tapée sous Word, le producteur du papier sur lequel il était écrit, la presse qui l'avait relayé, je me demandais même pas si je n'allais pas me dire d'aller me faire foutre moi-même avec cette histoire de dingue.Le monde d'Orwell dont on riait à gorge déployée entre deux joints dans l'temps était vraiment là ,avec ces fascistes au pouvoir sous le joug de ce fils de pute. j'avais longtemps végété dans le centrisme depuis un moment, mais il fallait que je redevienne de gauche en urgence. A la gauche de la gauche même.En fait tellement à gauche que j'en était "à l'envers".Ou alors "en dessous" comme vous voulez. Ca fait un peu loin la France, mais fallait agir. Les sycomores ça va un moment à regarder jusqu'au jour ou il sert à fixer la corde qui sert à pendre un enfant des Townships par des mecs déguisés en Merlin l'enchanteur.

Ce que je souhaitais vraiment c'est qu'ils crèvent tous. Les membres du gouvernement en premier, les scientifiques ensuite, les experts en géostratégie enfin. Et oui aussi les cartographes, les...les... ouais, le mieux se serait de tuer tous le monde. Ou au moins la moitié. Tout ça n'était pas raisonnable... Encore mieux écrire un tract, l'imprimer en 200 exemplaires et le balancer au dessus de la rocade.Cela donnerai du travail à la police secrète du pays où la vie est moins chère que l'amour qu'un homme attend de lui.(A Singapour le français n'est pas pratiqué, au contraire de la pipe de femme mariée).Bref:
Il y avait de plus en plus de similitudes entre les deux politiques des deux pays de mon Passeport .Sur le Net, mon cerveau avait pléonasmé: j'ai cru lire: " Nicolas Sarkolee".

J'avais imaginé déjà mon mouvement de résistance active: le CPLCP (collectif pour la libre circulation des peuples). Un peu inventorié les moyens de lutte, un peu paumé
dans le débat philosophique sur l'évolution de l'homme et son enfermement progressif dans un réseau de frontières et de cultures dont il avait alimenté l'établissement avec des trillions de morts, comme ça, avec un air comme dans la pub pour le couscous Garbit "C'est moi qui l'ai fait". Paumé dans la science aussi car les derniers à avoir utilisé et testé des nouvelles technologies sur les populations étrangères, c'était en fait des gens tres laids, et très cons, et très dangereux aussi. De tels vrais sales cons en effets que je ne voulais pas même citer leur nom. Pour mon tract aussi j'avais des armes efficaces: la peur du blaireau. Sa xénophobie douce.Celle qui lui fait chier dans son froc dès que l'indice de la consommation des ménage baisse d'un point. C'est cela mon arme de destruction massive: la peur du vrai. Et j'allais le dire, ouais, que je suis pour l'éclatements des pays et le minage profond de toutes les sociétés par des gens qui y sont étrangers.Le coulage par le fond de la suffisance protectionniste.Oui, j'allais le dire que l'homme à ses début était violent et tribal.Mais il était libre et n'avait pas de responsabilité collective. Il s'est cassé la bite pour remonter d'Éthiopie pour coloniser les terres de Thierry Roland en perdant au passage la pigmentation de sa peau. Pourquoi? Se transformer des siècles et des siècles après en gros porc intolérant que mon mouvement, allait renvoyer là-bas par le chemin inverse. Avant nous aurions pris le soin de violer sa femme, de lui marquer le cul de son numéro de sécurité sociale au fer rouge, de lui piquer sa Renault Scénic et de lui voler ses trimestres de cotisation à l'assurance vieillesse, sur le trajet, il aurait à son tour le droit de violer des assistantes sociales de pays exotiques.
Avec l'argent volé aux travailleurs, nous financerons des entreprises créés par des étrangers issus de la misère.
Pas parce qu'il le méritent.
Parce qu'on leur doit.
Nos excuses.
Pas vraiment un si grand truc à faire: présenter des excuses.

Pas besoin de grands moyens finalement, pas même besoin d'un tract. Pas besoin de devenir Amok pour cette histoire. C'est justement ce que me disait Abee.
Mais bon. J'allais surveiller ce sujet de l'excuse. de l'excuse publique et sincère. En attendant, je n'avais pas jeté mon épreuve. Il y a des excuses que l'on attend et qui ne viennent jamais. Il est des révolutions que l'on attend pas et qui arrivent. Billy s'en fout, des révolutions , des excuses, il joue à la course de bagnole sur la Playstation. Toutes les trois secondes il braille M'an.La fin du ramadan approche. Les collègues , ma femme ,ma caille et le petit-prince on ira se goinfrer de boeuf rédang chez Abee. Elle aura vêtu son sari de fête et poudré son nez de riz. Elle baisera encore nos mains et le Billy qu'est pas le sien.Je vous l'avais dit dès l'intro: elle est bonne.
C'est d'avoir à me demander si vous l'êtes aussi qui me chagrine.


PW

[Krystelle]

Oula.

Oui, je sais "oula", c'est pas un vrai commentaire. Mais c'est parce que je suis très partagée sur ce texte...

Tout d'abord, il y a, à mon avis, deux textes dans ce texte, et le raccord me semble un peu tiré par les cheveux.

Concernant le premier texte, que j'appellerai "Abee" : il y a des petits passages très courts, très incisifs que je trouve bien vus. Des moments saisis sur le vif qui sont particulièrement bien rendus. Et puis il y a d'autres passages qui m'échappent totalement...
Le "je" est insaissisable, il oscille entre cynisme et vulgarité, perspicacité et absurdité. Le niveau de langage est à l'image de ton personnage, variable, inégal, tantôt soigné tantôt trivial, voire pire.
Juste un exemple, cette phrase : "L'est tout p''tit pour onze ans, mais il n'a pas la langue mal pendue, lui". D'un côté tu eclipses des voyelles pour donner l'illusion d'un langage parlé, de l'autre tu maintiens le "n" de la négation pour basculer dans un langage plus soutenu. C'est destabilisant et ça décrédibilise sérieusement un personnage qui me semble résolument engagé dans la voie d'une personnalité multiple !

Concernant la seconde partie, que j'appellerais "Pamphlet" : elle me laisse complètement sceptique. D'une part, le raccord avec ce qui précède ne me semble pas très heureux, mais ça, je l'ai déjà dit.
D'autre part, je doute de l'efficacité du procédé qui vise à dénoncer en s'éparpillant un peu partout, en s'appuyant sur du tout et principalement du n'importe quoi, qui use et abuse d'un vocabulaire à tendance vulgaire pour faire passer un message qui, dans le fond reste relativement obscur et tendancieux.

Sur l'ensemble des deux textes, je retiens quelques idées formulées d'une manière pour le moins originale et parfois saisissante mais la variation des niveaux de langage, la dimension abrupte de ton personnage, le caractère volontairement politiquement incorrect de tes lignes me laisse vraiment sceptique.

Et puis c'est écrit trop vite, tu ne soignes pas ton lecteur qui doit reconstituer non seulement la logique de l'ensemble mais aussi la ponctuation qui ne cesse d'être défaillante.

Donc voilà, pour résumer : Oula !

[Invité]

Merci d'avoir pris le temps de faire un long commentaire.

Piètre qualité certainement, masquée par ma propre lecture.
Personnalité multiple je ne crois pas, renversement de morale, assurément.
Tout cela est bien hors de portée de mon écriture en l'état.
Laissons les écrivains écrire et le monde tournera plus rond.

[Krystelle]

Piètre qualité certainement, masquée par ma propre lecture.

Piètre qualité, certes non, je n'ai pas dit ni pensé cela.
Je crois au contraire qu'il y a beaucoup de qualités dans ton écriture, et elle a au moins le mérite de ne pas laisser indifférent.
C'est juste que parfois, je me demande ce que tu fumes quand tu écris :-))

[Invité]

Piètre qualité certainement, masquée par ma propre lecture.

Piètre qualité, certes non, je n'ai pas dit ni pensé cela.
Je crois au contraire qu'il y a beaucoup de qualités dans ton écriture, et elle a au moins le mérite de ne pas laisser indifférent.
C'est juste que parfois, je me demande ce que tu fumes quand tu écris :-))

Ce n'est pas une question de fumer ou pas.

La question est que tu as trouvé le lien raté entre la fragilité émotionnelle du personnage et son basculement dans une hystérie militante ( et vulgaire) pour s'en dégager, se liberer, et finalement un apaisement sensible.
Si ce n'est pas de la piètre qualité, c'est alors du moins un piètre résultat.

[Sahkti]

J'ai apprécié les réflexions, le monologue de la première partie. Ces incursions dans la vie d'Abee, dans la tête du narrateur, ce côté soutenu, presque trépidant, pour raconter une histoire somme toute assez triste mais terriblement humaine.
J'ai aussi apprécié, Panda, la sobriété que tu as placée dans ce début de texte. Je le trouve plus structuré que d'autres, sans effets de manche, sans démonstration d'aucune sorte; tu laisses la place au sujet et c'est plutôt réussi.

Arrive ensuite la seconde partie, car j'en distingue une seconde, un changement de rythme et de structure. Un texte plus dense, plus confus ausis, presque brouillon par moments. Une confusion née certainement de ces pensées emmêlées de celui qui raconte, qui se met en colère, qui râle contre toutes sortes de choses. Si j'arrive à percevoir son désarroi et sa révolte intérieure, je trouve cependant que tu noies un peu le propos, que tu n'arrives pas suffisamment à en dégager la pertinence ou la proximité au quotidien avec celui qui vit tout cela comme un drame.
En même temps, c'est très riche, ça fait penser à un cerveau en ébullition, donc ça colle assez bien avec ce qui doit se passer dans la tête du type, mais y a un truc qui ne fonctionne pas trop, sans que je l'identifie à coup sûr. Sans doute un sentiment d'excès d'émotions.

[Invité]

Merci Miss S. Au cas où vous n'auriez pas compris j'écris en général sur le doute.Pas sur les certitudes. Je n'en ai plus.

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