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Le dernier aurochs

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Le dernier aurochs Empty Le dernier aurochs

Message  Marvejols Lun 25 Fév 2013 - 23:50

................................Le dernier aurochs

Il quitta sa femme en se retournant vingt et trente fois
Lorsqu’il partait ainsi à grand respirer d’air
Souriant d’un gros oeil en placide jayet,
Il confiait sa prudence et la chance à ce regard
Invisible et inquiet qui, suivant son épaule,
Conseillait à un roi et devinait ses fardeaux.

Regardant par ces yeux la fraîcheur des prés blancs
Aujourd’hui il pousserait plus gaiement vers les bois
Les arbres, si droits et tout habitués aux siècles,
Verraient alors passer un ultime légendaire :
Tantôt genou en terre au cresson
Tantôt humant une vesce ou broutant un sion
L’oeil suivait la palombe et savourait des brins.
Tous feraient silence devant ce millénaire,
Dernier brame profond de belle et fière espèce.

Il quitta sa femelle sans un mot, envie de changer d’air.
Il était noble, il était beau, orné de blanc haussé d’azur
Orgueil à tout rompre tant bien armé par ses hiers :
Il descendait au moins de quinze vingt rois en ligne pure.
La main serra comme pour Caïn l’épieu, durci et noir,
Qu’il avait ferré lui-même en quelques soirs
Y faisant incruster une ocelle d’or fin cerné de gueules.

Tout à sa rosée d’un matin brumeux et plein
L’oeil sonna de sa trompe en regardant demain.
Le sabot de basalte à l’impact bleu si clair
N’avertit point qu’entre les feuilles devenues silencieuses
Ni sans que le sache encore ma rime
Se préparait alors contre le temps un crime.

Quand l’oeil doux et noir aperçut le noble regard
La main gantée d’azur s’était déjà levée pour abattre.

La fraîcheur de ses prés est toujours aussi blanche
Refusant ce jour-là de noircir d’un vieux sang.

Pleurez éternelles fleurs le dernier des aurochs
Abattu d’un seul trait par un roi malheureux.
Chaque homme en est marqué et se dit d’un tel jour :
L’oeil était dans la tourbe et regarde ma main.


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Message  Frédéric Prunier Mar 26 Fév 2013 - 6:31



ma critique sera musicale
peut m'importe que le vers soit de 11-12-13 pieds ou d'autres façons
je lis, je me cale dans les mots, je me laisse porter... le plus doucement possible, pour ne rien transformer...
malgré cela, ce vers me heurte

Il confiait sa prudence et la chance à ce regard... ou alors, un interligne le préludant changerait la donne...


pour le reste, ça coule

surprenante inspiration, mais bah.... à chacun sa folie....! )))

amitié !

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Message  Invité Mar 26 Fév 2013 - 9:22

Ce sera Hugo sinon rien
j'aime bien

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Message  Invité Mer 27 Fév 2013 - 2:18

Je suis perplexe, mais j'aime tout commenter, ça m'aide à écrire moi-même.
Pas du tout intéressée par les premiers mots, j'ai poursuivi en me forçant. Le rythme est étrange, l'alexandrin pas toujours respecté donne malaise. J'ai aimé (hormis le vers 4), le quatrième paragraphe.
Enfin, je me suis demandée s'il ne fallait pas rendre visite à V.Hugo, pour apprécier un peu plus. Mais le l'ai pas fait, pas envie.

Pour qui pratique l'écriture instinctive, étudier la vôtre est toujours curieux.

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Message  Invité Mer 27 Fév 2013 - 8:16

J'aime
le titre, le sujet, l'histoire, les clins d'oeil à Hugo (la légende des siècles) et peut-être à Vigny (la mort du loup)
en un mot, le "contenu"
mais je n'aime pas le "contenant"
Le découpage en vers presque alexandrins engendre le malaise. L'oreille recherche instinctivement le rythme des grands romantiques, s'agace et passe à côté de l'essentiel.
Ce texte retrouverait toute sa force si vous renonciez à ces "aller à la ligne" que rien ne justifie.

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Message  Sahkti Sam 2 Mar 2013 - 9:24

Je ne suis à priori pas fan du thème ni de cette forme de poésie mais j'avoue qu'ici, je me suis laissée portée avec plaisir par l'ampleur des mots et le rythme imprimé au texte. Je ne me permettrai pas de compter les syllabes ni de détailler quelconque technique - bien incapable de cela -; je me contenterai de dire qu'à l'oreille, ça me parle, ça berce doucement dans quelque chose de grand, tant sur le fond que sur la forme et ça ouvre la porte à un étrange voyage auquel je n'aurais sans doute pas pensé de prime abord.
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Message  Marvejols Jeu 7 Mar 2013 - 11:30

Les archéologues ont l'habitude de dire que le dernier Aurochs a été tué au XVIè siècle en Pologne je crois, lors d'une chasse royale. Merci aux lecteurs attentifs et exigeants. Tout écrire en alexandrins eût été évidemment bien lourd et aurait donné un côté "suranné" à l'ensemble. Clin d'oeil au vers romantique certes mais sans en abuser. D'ailleurs le signal de l'alexandrin n'est pas donné: ça commence par un vers de 15 pieds et la première strophe est en vers libres de rimes. Globalement je trouve comme Prunier que le rythme est assez satisfaisant. Le vers 4 "Il confiait sa prudence et la chance à ce regard" sans bien parvenir à une rédaction satisfaisante (je suis voudrais pas abandonner la notion de chance -exprimant le danger inhérent à toute vie de liberté) je remanie ainsi:

Il quitta sa femme en se retournant vingt et trente fois
Lorsqu’il partait ainsi à grand respirer d’air
Souriant d’un gros oeil en placide jayet,
Il confiait la chance à ce regard de prudence
Invisible et inquiet qui, suivant son épaule,
Conseillait à un roi et devinait ses fardeaux
.


Je reviens par ailleurs à la critique de Tizef : je ne crois pas qu'une rédaction en prose conserve le caractère poétique du texte. Celle-ci tient aussi au rythme, aux cadences et aux raccourcis qu'entraîne la contrainte de versification. Passer à la prose oblige à des rédactions modifiées qui affaiblissent la puissance évocatrice dont je souhaite ce texte porteur. Preuve expérimentale:

1/ re-formation en prose avec rédaction inchangée:
..........Le dernier aurochs

......Il quitta sa femme en se retournant vingt et trente fois. Lorsqu’il partait ainsi à grand respirer d’air, souriant d’un gros oeil en placide jayet, il confiait sa prudence et la chance à ce regard invisible et inquiet qui, suivant son épaule, conseillait à un roi et devinait ses fardeaux. Regardant par ces yeux la fraîcheur des prés blancs, aujourd’hui il pousserait plus gaiement vers les bois. Les arbres, si droits et tout habitués aux siècles, verraient alors passer un ultime légendaire : tantôt genou en terre au cresson, tantôt humant une vesce ou broutant un sion, l’oeil suivait la palombe et savourait des brins. Tous feraient silence devant ce millénaire, dernier brame profond de belle et fière espèce.
......Il quitta sa femelle sans un mot, envie de changer d’air. Il était noble, il était beau, orné de blanc haussé d’azur, orgueil à tout rompre tant bien armé par ses hiers : il descendait au moins de quinze vingt rois en ligne pure. La main serra comme pour Caïn l’épieu, durci et noir, qu’il avait ferré lui-même en quelques soirs, y faisant incruster une ocelle d’or fin cerné de gueules.
......Tout à sa rosée d’un matin brumeux et plein, l’oeil sonna de sa trompe en regardant demain. Le sabot de basalte à l’impact bleu si clair n’avertit point qu’entre les feuilles devenues silencieuses, ni sans que le sache encore ma rime, se préparait alors contre le temps un crime. Quand l’oeil doux et noir aperçut le noble regard, la main gantée d’azur s’était déjà levée pour abattre.
......La fraîcheur de ses prés est toujours aussi blanche refusant ce jour-là de noircir d’un vieux sang. Pleurez éternelles fleurs le dernier des aurochs, abattu d’un seul trait par un roi malheureux. Chaque homme en est marqué et se dit d’un tel jour : l’oeil était dans la tourbe et regarde ma main.



2/ re-formation en prose avec rédaction adaptée (déversifiée):

......Il quitta sa femme en se retournant vingt et trente fois. Lorsqu’il partait ainsi respirant profondément l’air, souriant d’un gros oeil de jayet placide, il confiait sa prudence et remettait même toute la chance à ce regard invisible et inquiet qui, épousant son épaule, conseillait à son roi et en devinait les fardeaux. Regardant par ces yeux la fraîcheur des prés blancs, aujourd’hui il pousserait plus gaiement vers les bois. Les arbres, si droits et tout habitués aux siècles, verraient alors passer un légendaire ultime : tantôt un genou en terre au cresson, tantôt humant une vesce ou broutant un sion, l’oeil suivait la palombe et savourait des brins. Tous feraient silence devant ce millénaire, ce dernier brame profond de belle et fière espèce.
......Il quitta sa femelle sans un mot, envie de changer d’air. Il était noble et beau, tout orné de blanc haussé d’azur, d'un orgueil à tout rompre si bien armé par tant d'hiers : il descendait au moins de quinze vingt rois en ligne pure. Comme pour Caïn, la main serra l’épieu, durci et noir, qu’il avait ferré lui-même en quelques soirées, y faisant incruster une ocelle d’or fin cerné de gueules.
......Tout à sa rosée d’un matin brumeux et plein, l’oeil sonna de sa trompe en regardant demain. Le sabot de basalte à l’impact bleu si clair n’avertit point cette fois qu’entre les feuilles devenues silencieuses, ni sans que je le sache encore, se préparait alors un crime contre le temps. Quand l’oeil doux et noir aperçut le noble regard, la main gantée d’azur s’était déjà levée pour l'abattre.
......La fraîcheur des prés est toujours aussi blanche qui refusa ce jour-là de se noircir d’un vieux sang. Pleurez éternelles fleurs le dernier des aurochs, abattu d’un seul trait par un roi malheureux. Chaque homme en est marqué et se dit d’un tel jour : l’oeil était dans la tourbe et regarde ma main.

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Message  Annie Jeu 7 Mar 2013 - 13:57

J'ai beaucoup aimé ce texte, sans tout élucider.
Les alexandrins, même les plus exacts, deviennent facilement du flon-flon. Donc je trouve que vous avez bien fait de les casser.

Si je m'autorise quelques remarques

"Conseillait à un roi et devinait ses fardeaux." le et me semble superflu, il induit un hiatus.
je bute sur "un ultime légendaire", je ne saurais dire pourquoi...
"une ocelle d’or fin cerné de gueules" e - si c'est bien l'ocelle qui est cernée
"L’oeil sonna de sa trompe " là, l'oeil de la trompe, ça ne passe pas, je m'étrangle.
"Ni sans que le sache encore ma rime" le ni me semble superflu
"Pleurez éternelles fleurs" l'adjectif est éculé (depuis le temps!)

Enfin je me serais bien passée du calembour final.

Nonobstant toutes ces remarques, je répète que j'aime bien votre texte.

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Message  Invité Ven 8 Mar 2013 - 6:30

Merci d'avoir testé le poème en prose
je le préfère ainsi
mais je comprends qu'on soit d'avis contraire
c'est une question de goût, comme le degré de cuisson du pain, la musique, les arts en général ou la maturation du camembert

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Message  Sahkti Ven 8 Mar 2013 - 10:14

En lisant ces deux propositions de correction, je trouve que le texte fonctionne aussi très bien en prose, déversifiée ou non. Les trois versions se tiennent. L'ampleur relevée das la version poétique ne disparaît pas totalement, loin de là, elle prend simplement une autre allure.
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