Un jour j'ai souhaité couper le monde en son milieu

[laconis]

Un jour j’ai souhaité couper le monde en son milieu
Mais la tâche est impossible car
Le monde n’est jamais complet : il nous manque ceux
Qui sont morts.

Grand-père était un paradoxe à lui tout seul.
Il embrassait ses enfants aussi souvent
Qu’il les brutalisait.
Heureusement, son stock de brutalité n’était pas infini
Alors que sa douceur était une production continue.
Si bien que ses petits enfants ne connurent qu’un bénévole des câlins.

Grand-mère était une Bible à elle toute seule.
Une Sainte avec douze enfants en bonne santé
Tous apôtres de la fraternité.
Son courage était légendaire : un vrai héros parmi les humains.
Si bien qu’à 85 ans elle est partie
Trouver des concurrents à sa hauteur
Et engager la compétition avec les Dieux grecs.

Tout est une question de vision :
Vu de la fenêtre d’un avion
Un lac géant n’est qu’un lavabo pour se laver les mains.
Vu par les yeux de quelqu’un qui aime
Une grand-mère est une sainte
Et les frasques d’un grand père sont des voix impénétrables.

Un jour j’ai souhaité couper le monde en son milieu
Mais la tâche est impossible car
Le monde n’est jamais complet : il nous manque ceux
Qui sont morts.

[Invité]

Laconis, ça me plaît beaucoup.
J'aime les portraits de ces grands-parents imparfaits pour les uns, presque parfaits pour les autres.
Je partage la philosophie du texte parce que en effet : tout n'est que question de vision, de perspective, de là où on se tient.

[Septembre]

Ah moi aussi ça me parle ! Doux et mélancolique. J'aime la structure en cercle qui fait que l'on peut également lire le poème en commençant par le paragraphe de fin.

Une chose me dérange : le "bénévole des câlins", je trouve que la formule alourdit le reste, si limpide et sincère.

[Invité]

J'aime, j'aime, j'aime !
je ne sais pas si la mise en forme versifiée sert le texte. Peu importe, au moins ce poème est dans la section poésie et j'ai plaisir à le lire.
Que ces portraits sont fins, et la philosophie qu'en tire le narrateur, sage.

[Invité]

Une chose me dérange : le "bénévole des câlins", je trouve que la formule alourdit le reste, si limpide et sincère.

C'est exact. J'avais relevé aussi le terme dérangeant ici de "bénévole", seule réserve dans ce texte.

[Cerval]

c'est pas trop mal écrit mais je trouve ça un peu plat

[Phylisse]

Cette histoire est pleine de nuances, de visions différentes - en effet - selon l'endroit où l'on se place ou la distance (ici générationnelle) que l'on met entre soi et l'autre.

J'aime l'originalité du propos, la tendresse du portrait avec en contre jour la connaissance de "l'avant" qui n'empêche pas l'amour de s'exprimer parce qu'il s'éloigne du lien parent/enfant.

Ah oui j'aime beaucoup, l'idée, la manière de l'exprimer, un thème peu abordé et qui me touche.

[loic]

trouver ça plat ! il faut avoir beaucoup d'imagination pour cela....:)

c'est simple comme de la bonne poésie, c'est tout!

[Marine]

Une poésie qui a des allures de prose mais dans le bon sens du terme
Y'a presque un côté parabole, confidence
J'aime beaucoup moi aussi

[Frédéric Prunier]

belle histoire d'images de famille
de musique froide

[laconis]

Bonjour à tous !

Merci d'avoir pris le temps de lire et commenter mon texte. C'est toujours un plaisir.
Quand en plus les critiques sont positives, ça met de bonne humeur pour la journée

Concernant le "bénévole des câlins": j'ai hésité à changer après l'avoir écrit mais finalement je me suis dit que non. Je ne sais pas trop expliquer pourquoi, désolé.

[Sahkti]

Le monde n’est jamais complet : il nous manque ceux
Qui sont morts.

Haaa que j'aime ceci !!

Comme le reste du texte d'ailleurs. J'apprécie notamment cette idéalisation assumée des êtres qu'on aime et qui ne sont plus là, c'est bien restitué, avec toute la déformation subjective des souvenirs.

[Sahkti]

Concernant le "bénévole des câlins": j'ai hésité à changer après l'avoir écrit mais finalement je me suis dit que non. Je ne sais pas trop expliquer pourquoi, désolé.

C'est que tu le sens bien comme ça... mais comme d'autres, vrai que ce mot bénévole saute un peu aux yeux au milieu du reste.

[Invité]

J'ai achoppé aussi sur bénévole ( y 'a des mercenaires des câlins ? :°) )
Tout le reste m'enchante !

[Invité]

Avec un seul p c'est mieux

---

non non.

[Arielle]

Un monde où les êtres ne sont ni blancs ni noirs mais déclinent toute une gamme de gris plus ou moins subtile suivant le point de vue d'où on les regarde. J'aime ce nuancier lucide et tendre qui laissent aux morts leur part de vie dans le souvenir de ceux qui les ont connus.

[Pussicat]

j'ai bien aimé.
portrait sensible pas plat du tout comme loic le lit, mais plutôt écrit avec la pudeur de la filiation...

certaines images et tournures m'ont emballée comme :

Tout est une question de vision :
Vu de la fenêtre d’un avion
Un lac géant n’est qu’un lavabo pour se laver les mains.

et bien sûr : "le monde est incomplet... il manque ceux qui sont morts"

[Invité]

J'ai aimé ce poème qui a des accents d'indulgence envers ceux qu'on aime.

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