Bouleaux

[Arielle]

Bouleaux luisant aux forêts grises
dardant l’éclat de leurs os blancs
fragile image que courtise
visqueux
le noir enlisement 

Vibrant sur des pieds de gazelles
on les sent pleins d’exubérances
de rêves fous
de frissons d’ailes
et de velléités d’errances

Lambeaux de parchemin fleuri
sous leur écorce se soulèvent
des sortilèges
des défis
et des bouillonnements de sèves

Qui sont ces princes en exil
mis aux fers dans la glaise froide 
quel crime cloue leurs troncs graciles
aux portes des forêts maussades 

Sauront-ils
ces doux ménestrels
chantres d’une langue subtile
de leur ardente villanelle 
réveiller nos forêts séniles

[Invité]

Je trouve que le poème traduit bien la fraîcheur et la légèreté de cet arbre dans son environnement gras.
Par contre, le vers "Quel crime troue leurs troncs graciles" me semble un peu trop râpeux.

[Invité]

Par la fenêtre de mon coin ordi, je vois émerger, derrière la haie, les trois bouleaux de mon voisin.
Sa blancheur en fait un arbre atypique.
Ton beau poème exprime remarquablement ce qui vient à l'esprit lorsqu'on le découvre en forêt... du côté du Val sans retour, peut-être ?

[Ba]

Métaphore de nos vies que ces " bouleaux " cloués au sol !

[Legone]

J'ai trouvé ton poème très beau : images et rythmes, tout me parle. Et surtout nulle syntaxe délirante pour faire croire que...

[Frédéric Prunier]

je ne comprends pas forcément le rôle symbolique de ces bouleaux
mais j'apprécie la fluidité des phrases
de l'écriture
et c'est une agréable lecture qui me donne envie de déposer ici un chti commentaire..))

amitié

[Annie]

C'est toujours un plaisir de te lire Arielle. Finesse, aisance, simplicité.

Je ne connais pas les forêts de bouleaux (sinon dans les films soviétiques), et je ne me rappelle pas avoir remarqué des bouleaux en forêt. Le plus souvent hélas, ce sont les bouleaux du jardin voisin "on plante toujours les bouleaux par trois" à côté des prunus à fleurs doubles. Une caricature de naturel.
Ce qui ne m'empêche pas d'apprécier ce que tu nous contes, des princes cloués au sol par enchantement méchant. Je proteste seulement contre la sénilité des forêts, c'est bien le propre des vies végétales de vieillir sans déchoir, sans se dégrader !

[Arielle]

Merci à vous pour vos aimables commentaires.

J'ai une tendresse particulière pour les bouleaux, leur grâce, la luminosité de leur feuillage, l'élégance de leurs troncs élancés. On les rencontre par ici le plus souvent en lisières des lourdes chênaies dont j'admire pour d'autres raisons la puissance et la majesté de vieux sages que le mot sénile rend assez mal, j'en conviens, Annie. "Serviles", peut-être ? bien que cela prenne alors un autre sens ...
Bien sûr, Ba on peut y voir une allégorie de nos vies, de ce désir d'envol que (pour moi) parvient seule à combler la poésie, ses métaphores, ses jeux de langue.

On ne se relit jamais assez : en parcourant ces lignes ce matin j'y découvre trois fois le mot "forêt", c'est deux de trop. Je tente donc une nouvelle proposition.

Bouleaux luisant aux orées grises
dardant l’éclat de leurs os blancs
fragile image que courtise
visqueux
le noir enlisement 

Vibrant sur des pieds de gazelles
on les sent pleins d’exubérances
de rêves fous
de frissons d’ailes
et de velléités d’errances

Lambeaux de parchemin fleuri
sous leur écorce se soulèvent
des sortilèges
des défis
et des bouillonnements de sèves

Qui sont ces princes en exil
mis aux fers dans la glaise froide 
quel crime cloue leurs troncs graciles
aux portes des forêts maussades 

Sauront-ils
ces doux ménestrels
chantres d’une langue subtile
de leur ardente villanelle 
réveiller nos futaies serviles

[Annie]

J'avoue que servile m'arrête autant que sénile...
Pourquoi pas docile, ou tranquille, si je comprends ton intention : les vieilles forêts sont un peu plan-plan à côtés de ces jeunes seigneurs qui rêvent et chantent ?

Mais bon, c'est ton poème :-)
.. de quoi j'me mêle !

[Invité]

Si les bouleaux sont de très beaux arbres, légers et élégants, je ne comprends pas vraiment cet hommage par contraste avec les "forêts séniles" ni les "forêts maussades". Est-ce une métaphore ? je ne l'aurais pas comprise, pas plus que je ne comprends les "princes en exil", à moins qu'il ne s'agisse de l'évocation d'un lieu précis.
Pour ces raisons, ce poème me laisse songeuse.

[CROISIC]

Les "princes en exil " me font penser aux Russes blancs qui ont dû fuir leur patrie peuplée de superbes bouleaux.
J'aime ces arbres qui refusent d'être beaux dans nos terres argileuses ou calcaires (je parle de la Charente)
J'ai eu envie de laisser un com. personnel et pas très poétique, parce que...

[Invité]

Une danse d'elfes ce poème ! Comme je vois bien les lieux que tu évoques ! Ces jolis jeunes arbres frémissants auprès de vieillards séniles ( je préfère de beaucoup sénile à servile qui se justifie mal à l'égard de forêts pas si complaisantes que ça !) dans une forêt du Morbihan une tempête m'a gratifiée d'une pluie d'or zébrée de troncs d'argent, la nuit en était illuminée, ça t'aurait plu !
Un poème plein d'une grâce légère comme les bouleaux qu'il décrit.

[Marvejols]

J'aime bien cette strophe, très hugolienne à mon sens :

Qui sont ces princes en exil
mis aux fers dans la glaise froide
quel crime cloue leurs troncs graciles
aux portes des forêts maussades

Bon rythme que ces octosyllabes.

Le texte est plein du sifflement d'allitérations en -S ou-Z (ex: Qui sont ces princes en exil ), parfois casse-margoulette mais agréables si l'on n'y trébuche.

Toutefois la première strophe a failli m'arrêter, longue longue récitation sans verbe, quasi déclamative. Par ailleurs le texte n'évite pas certaines images attendues (doux ménestrels...).

[Invité]

Vibrant sur des pieds de gazelles
on les sent pleins d’exubérances
de rêves fous
de frissons d’ailes
et de velléités d’errances

De la grâce, de la légèreté.
Très beau poème.

[Pussicat]

un beau moment de lecture, des belles images, même si je ne comprends pas tout : me suis pas trop penchée sur les bouleaux dans ma vie...

la première est longue à lire je trouve, j'ai eu du mal à prendre ma respiration

j'aime :

Vibrant sur des pieds de gazelles

Qui sont ces princes en exil
mis aux fers dans la glaise froide
quel crime cloue leurs troncs graciles
aux portes des forêts maussades

là je ne comprends pas :

Sauront-ils
ces doux ménestrels
chantres d’une langue subtile
de leur ardente villanelle
réveiller nos forêts séniles

mais pas grave, j'aime l'ensemble...

[Sahkti]

Lambeaux de parchemin fleuri
sous leur écorce se soulèvent
des sortilèges
des défis
et des bouillonnements de sèves

Qui sont ces princes en exil
mis aux fers dans la glaise froide 
quel crime cloue leurs troncs graciles
aux portes des forêts maussades 

Coup de coeur pour ces deux strophes, surtout celle avec les écorces, je la trouve si belle !

[Sahkti]

J'aime ce bel hommage aux bouleaux, pour sa qualité poétique tout d'abord mais aussi pour cette intention, ce geste, vis-à-vis de ces arbres que l'on ne voit plus forcément tant ils font partie de nos images. Or ils méritent qu'on les contemple.
Pour leurs petits feuilles dans le vent par exemple (je pense à ceux de mon jardin en plat pays), je les regarderais longtemps et longtemps.

[troupi2]

Si un peu de la magie de ce poème pouvait inciter les gens qui le liront à porter un regard différent sur les arbres, bouleaux ou non d'ailleurs, ce texte aurait atteint un peu plus que le plaisir procuré par sa découverte.
Adorable ces vers pleins de délicatesse et de mystères sous-jacents. Je n'en relève pas plus l'un que l'autre; je les aime tous.

[Arielle]

Merci à tous pour ces nouveaux commentaires qui me laissent entendre que je ne suis pas seule à apprécier la grâce et l'élégance des bouleaux et la charge poétique des arbres en général dont chacun d'eux pourrait, je crois, symboliser une émotion ... Peut-être un exo à envisager un jour sur ce thème ?

[Jeangeo]

Un petit détour sur ce poéme bien balancé, bien que je ne sois pas un bon juge en matiére de vers libres.
Par contre je connais bien les bouleaux,j'en ai deux dans mon jardin, qui me donnent bien du "boulot".Ils perdent des monceaux de brindilles à la moindre brise.
Je te remercie de m'avoir signalé le double avatar "Arielle & Ariel"

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