Poésie impressionniste

[Cerval]

il neige très doucement sur mon lit
où je ne suis pas, comme je suis
insomniaque - je suis sur les balcons

j'attends l'aube
et son panier d'idées
de lèvres légères

de mésanges
un visage fiévreux, un lange
la neige ce matin tombée

les oiseaux passent dans tes cheveux
passent - sur le ventre des ruisseaux
sur le dos des anges

toujours faire le lit du ciel
la lumière toujours pareille
les oiseaux oraux passant

les couleurs une robe étrange
à mes veines il monte le sang
les fleurs lisent ton journal

et dans la fumée des cafés
tu es belle comme la première cigarette

[Cerval]

IMPRESSIONNISTE *

corrigé

[Invité]

La répétition du "je suis" dans la première strophe sonne lourd à mon oreille, tout comme "les oiseaux oraux passant".
En revanche, j'aime la façon de surprendre avec des mots qui ne sont pas ceux qu'on attend ("un lange") et fonctionnent néanmoins parfaitement ; j'aime aussi le re/détournement d'expression, comme "le lit du ciel".
Outre les quelques réserves exprimées, l'ensemble me plaît beaucoup et même davantage, il y a dans cette poésie des mots et des images une quiétude, une sérénité... Un bel exemple de ce que tu sais si bien faire.
Et au fait, les images évoquées me rappellent les tableaux de Chagall, plutôt qu'une peinture impressionniste ; et, à mes yeux, c'est un sacré plus.

[Cerval]

cigarette électronique


un soir je pars de la nuit, je ne ferme pas la porte.
les étoiles y entrent

les astres dessus les amoureux sont les leurs
je prends la chevelure longue du temps
ma belle ma très belle ombre de couleurs
le coeur bat comme les doigts de qui t'attend

aux terrasses des cafés je sirote un printemps
allume encore Ô cancers une autre cigarette
il faudrait moins fumer - mais sous ce ciel de fête
sous ce soleil qui ce jour encore t'apprête

de milles robes changeantes pour être aimée
pour être la plus jolie, recevoir des bouquets
je ne pense pas au temps lointain des projets

[seyne]

Moi aussi je trouve qu'il y a un "je suis" de trop, le troisième sans doute, mais les deux premiers se répondent avec élégance. Quelques autres petites maladresses (les oiseaux oraux ? un peu difficile à l'oreille, et on sent qu'il y a du sens derrière mais pas facile à saisir), mais l'ensemble est plein d'images très personnelles et d'une belle simplicité.

[Invité]

je ne sais pourquoi mais tu me rappelles quelque chose de Louis! ...
et je l'aimais bien,
à voir...donc.

[Lyra will]

il neige très doucement sur mon lit
où je ne suis pas, comme je suis
insomniaque - je suis sur les balcons

Je trouve ça sublime !


Moins conquise par le reste.



(et pour le deuxième j'aime beaucoup "un soir je pars de la nuit, je ne ferme pas la porte)

[Cerval]

bien sûr j'ai le droit de changer
je ne regarde pas dans ses yeux ... le temps
dans ses deux yeux bleus ouverts et grands
il y a un vent violent sous les portes des projets

je vis sous un soleil épanoui
ta main est dans la mienne, nous y serons
heureux, toujours car ensemble nous parlons
un langage compris seul par nous deux

tu tournes la tête comme les tournesols font
une inflexion simple et de cette façon
mille hirondelles de ta chevelure tremblent
au vent d'été tes manières ressemblent
je t'aime
je sirote une limonade dans un café
bien sûr moi j'ai le droit de changer
les mondes possibles comptent tous des soleils
ô projets
avenir sans couleur sinon le battement de mon coeur

l'après-midi passé ensemble puis matin de pâleurs
le soleil se lève derrière les rideaux des forêts

l'aurore un kaléidoscope que tu portes à tes lèvres
les bleus de la matière que font les cigarettes
les herbes qui glissent entre tes doigts peut-être
comme le passé qui à ta présence s'accroît
tu es là à la fenêtre et simplement tu crois
qu'il suffit de respirer un grand coup pour être ivre

mon dieu je vis sous un soleil qui fleurit
soleil si haut qu'il me donne le vertige

[Ariel]

On peut voir un Chagall, c'est vrai, comme on peut voir un impressionniste aussi...
Ou un Manet. En tout cas c'est plein d'idées,
je trouve une mise en place peut-être pas tout à fait aboutie, mais des idées.
Du matériau.

Les oiseaux oraux, ce doit être voulu non ?
Parce que l'oral des oiseaux, ou une tournure dans ce sens aurait pu.
Mais tu as sans doute insisté pour cette sonorité.
C'est vrai qu'ils ont quelque chose du Sergent Garcia, tes oiseaux.

Je suis un peu moins convaincu par les deux autres textes, tu es pressé?

[Marine]

Les deux derniers sont moins bien
Je pense qu'il y a moins de travail
Et que l'originalité et la force sont moins canalisées
Et tombent dans le brouillon
J'aime beaucoup le premier et certains vers particulièrement

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