A la pointe du chevet

[Phylisse]

En lisant le poème d'Arielle "Chemin d'Armor", j'ai eu envie de publier celui-ci, écrit à cet endroit précis qui s'appelle "La pointe du Chevet" à Saint-Jacut de la mer, dans les côtes d'Armor



A la pointe du Chevet
Où rien ne se repose
Je viens confier ces choses
Qui me tiennent éveillée

Dans ce jour qui bascule
Vers demain qui s'annonce
Et le vide en réponse
A nos coeurs qu'il bouscule

A la pointe du Chevet
Je m'assois sur ce banc
Où fier comme Artaban
Vous m'avez raconté

Les couleurs de l'endroit
La plage et les rochers
Les îles accrochées
Au regard qui tournoie

A la pointe du Chevet
Rien ne dort aujourd'hui
Ni mon coeur qui gémit
Ni le vent qui revêt

Ses habits de tempête
Pour offrir à ma vue
Le décor qui vous plut
Et que vos sens me prêtent

A la pointe du Chevet
Je ne viens pas dormir
Mais briser les soupirs
De mon coeur embrumé

Qui demain cherchera
Au milieu du silence
Le feu de notre aimance
L'écho de votre voix

A la pointe du Chevet
J'allume nos lumières
Et je parle d'hier
A la mouette éreintée

Qui vient se reposer
En cherchant près du banc
Un abri sous le vent
Quelqu'un à réchauffer

Elle replie ses ailes
Et me prête attention
Quand mon coeur en chiffon
Soulève en étincelles

Les poussières d'étoiles
Incrustées sur ma peau
Depuis que votre peau
S'en est faite le voile

A la pointe du Chevet
J'ai confié à l'oiseau
La couleur de votre eau
Ma plage et ses vallées

Et mes yeux accrochés
Aux vôtres qui tournoient
Quand le bout de vos doigts
Rencontre mes beautés

Je lui ai dit aussi
Ce qui s'ancrait de vous
Dans tous ces moment d'où
Vous inondez ma vie

Lorsque couchées sur moi
Vos vagues intrépides
Lèchent mon coeur avide
Et ses criants émois

Je lui ai raconté
Avant qu'elle s'envole
Combien mon coeur s'affole
A devoir vous quitter

Quand l'aube aura levé
Le voile du départ
Plantant si loin le dard
Dans mon coeur écorché

A la pointe du Chevet
S'est envolée la mouette
Et mes rimes tempêtes
Que la basse marée

Finira d'emporter
Laissant le rocher nu
De mes larmes perdues
En flots inachevés

[Invité]

Vingt quatrains, mazette ! C'est courageux.
C'est comme un grand jet d'eau, ou un arbre magnifique qui s'élance.
Je pense que l'arbre ne souffrirait pas d'un léger élagage de ces regrets, souvenirs, larmes...
Mais j'ai tout lu avec plaisir et une certaine émotion.

[Invité]

De très bonnes choses, mais c'est vrai qu'il y a la longueur qui induit forcément des redites.
C'est très agréable à lire malgré tout, car la versification est bonne et le style tout en légèreté.

[Frédéric Prunier]

la longueur ne m'a pas gêné
pas du tout,
j'ai lu, attentivement, en prenant les images
une par une

il n'y a qu'un endroit
où j'ai du mal à me laisser convaincre :

Qui vient se reposer
En cherchant près du banc
Un abri sous le vent
Quelqu'un à réchauffer



le quelqu'un devant surement être un œuf
l'image,
si je parabole et humanoïde m'apparaît un peu poncif de sentiments
et si elle reste ornithologie le quelqu'un me bof bof

mais ça
c'est de la pinaillerie de commentateur du Véheuzbourg..

...
j'ai bien aimé
parce que tout le reste dit le sentiment
sans tomber dans le pathétiquo-sentimental
du il m'aime moi nossi
bravo
et merci pour cette lecture

[Jean Lê]

Bravo, c'est pas si facile d'écrire en n'utilisant que des mots simples. A mon goût il y a juste " Artaban " qui fait figure d'intrus dans le lexique employé. Cette mouette qui permet la confidence est bienvenue et l'émotion à fleur de sel.

[Invité]

j'ai relevé "Artaban" incongru ici, autant par l'image que la sonorité.
quelques "qui" ou "que" évitables aussi, pour alléger.
également la répétition ici : "Incrustées sur ma peau
depuis que votre peau", je comprends bien qu'elle soit délibérée mais quand même très voyante.
ces petites technicités à part, c'est un beau poème sauvage (dans le sens de naturel), dont quelques passages plus exaltés m'ont fait parfois penser à l'écriture Brontë.

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