Extrait

[Rêvelin]

Je sais
J’ai entendu les belles paroles des beaux parleurs
Qui parlent de fin et de commencement
Or, moi, je n’en parle jamais
Pas besoin de grands discours
Je vis
Entre fin et commencement
Certitude vissée au corps
Droite comme toise
Ferme des muscles
Bien calée de bassin
J’applaudis tous mes organes
Le moindre pouce carré de ma peau
A sa noblesse
Je bois, danse, ris, je chante tout mon soûl
Et jamais ne m’arrête
On m’entoure
On me questionne
Les gens veulent connaitre
L’influence de mon enfance sur mon caractère
Savoir quelles ont été mes dernières rencontres
Découvertes
Inventions
Noter ce que je mange au dîner
Ma façon de me vêtir
Qui sont mes amis
Mes opinions
Ou mes préférences
Toutes ces questions m’assaillent …
Mais celle que je suis
Toujours au cœur de la mêlée
Regarde, d’un air amusé
Éprouve connivence, ou compassion
Ne fait rien
Se solidarise
Danse
Finalement danse
Forte de cette évidence, première
Vissée au corps
Qui garde ma bouche close :
Les mots
Ne font pas l’amour
Ils font l’absence

Spoiler:

[Invité]

Ah je ne suis pas d'accord ! Ils ne font pas l'amour ( ou pas toujours) mais non non non, ils ne font pas l'absence : ils font l'espace nécessaire pour qu'il n'y ait pas fusion, c'est à dire pour qu'on ait envie de ( continuer à) se parler ( on ne parlerait pas à une partie de soi-même !)
Bise, Rêvelin

[Arielle]

J'ai un peu de mal avec ce personnage qui, pour une danseuse, me paraît manquer singulièrement de légèreté (certitude vissée au corps, calée de bassin ...)
Je la trouve aussi très narcissique, l'habitude d'être en scène sans doute, On m’entoure On me questionne Les gens veulent connaitre toute cette partie du monologue me semble un peu lourde mais cela s'explique probablement par la suite. C'est l'inconvénient des extraits qu'on publie, le lecteur a du mal à appréhender en quelques lignes un personnage dans toutes ses dimensions.
Si j'ai bien compris ton intention cette danseuse aurait l'impression de communiquer, d'entrer en contact, de faire l'amour avec son public par son art mieux qu'avec des mots. Je le lui souhaite parce que son discours paraît très loin de l'échange, ni connivence, ni compassion ne semblent à sa portée.

Je suis ravie de lire dans ton commentaire que tu n'es pas d'accord avec elle, Rêvelin !

- Répétition : Vissée au corps

[Frédéric Prunier]

les mots que vous donner à dire
dans ce texte
sont des paroles
une tirade, un cri, un souffle
et expriment si bien la vie et l'animalité de celle qui les prononce (enfin moije, c'est comme ça que je le lis)

alors
les deux dernières phrases
me sonnent un peu effet de cape
plus que épanouissement du texte qui précède


pour adoucir ma remarque
je vous précise que j'aime le texte
ce qui me "gêne"
c'est que les deux dernières lignes se présentent comme une conclusion alors que moije lis autre chose
je lis le refus de répondre... à voix haute... de dire à l'autre....

de lire sa pensée n'est pas une absence ...))

[Invité]

je dirais aussi qu'ils font le silence, les mots... mais c'est une autre histoire...

c'est drôle, je trouve de mon côté qu'elle n'a rien d'incongru cette danseuse parée de ses rigides et pesantes certitudes ; d'ailleurs, d'emblée, elle m'a fait penser à certaine étoile que je ne nommerai pas mais connue pour son caractère trempé dans l'acier (S.G.).
en plus (des certitudes) je déteste aussi une forme de mépris, de hauteur dans ce qu'elle exprime ; là encore, c'est assez réaliste.

[Pussicat]

j'aime ce côté sec et prétentieux de la danseuse tournée vers son seul art et sa seule personne. "narcissique" : bien sûr, à travailler chaque jour à la barre devant la glace !
toutes les danseuses sont hautaines et méprisantes, c'est un milieu pourri, je sais de quoi je parle : j'ai fait trois ans de danse classique avant de me tourner vers la GRS... ouf ! j'ai trouvé de la solidarité et de vraies amitiés.
je regrette le titre : j'aurais mis de la distance entre ce texte et ce que vous cachez dans le spoiler.
je regrette la fin maladroite.

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