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Mon ego comme un trait de fumée

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AntoineJ
Raoulraoul
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Message  Raoulraoul Dim 12 Mai 2013 - 10:15

Mon égo comme un trait de fumée

Lorsque j’arrive dans la clairière, tout débouche sur rien. Je veux dire seulement quelques troncs d’arbres, abattus, couchés dans la boue. Le ciel est bas, gris, rejoignant le sol, se confondant avec la terre gluante.
Un ouvrier forestier m’indique que derrière ce chantier dévasté, une maisonnette demeure. Quelqu’un y habite.
Cet original là mériterait bien alors qu’on le visite.
Un immense sapin est dressé, près de sa maison. Les extrémités de toutes ses branches sont curieusement taillées en cône. Ce sapin là ressemblerait davantage à un chandelier. Un chandelier solennel, oui, c’est cela.
Je m’approche prudemment de la maisonnette. Un mince filet de fumée se tortille par la cheminée. J’ouvre la porte sans frapper. Pourquoi frapper, puisque la personne qui m’accueille n’est autre que moi-même. Avec le même visage. Je lui demande son nom. Il porte évidemment le mien.
Je repense un instant au sapin gigantesque qui signale de loin cette misérable masure où mon double habite. Les branches du sapin telles les branches d’un chandelier surplombant un paysage si triste que même les oiseaux préfèrent le contourner.
– Bonjour, comment vas-tu ?
– Ca va bien. Et toi ?
– Ca va ! je me réponds jovialement.
Puis je vais me servir un verre de gnôle. Je connais la cachette. Sous l’évier de pierre, dans un petit placard tout branlant. Je trinque aussitôt avec lui, c’est-à-dire avec moi-même. Nous discutons pendant longtemps. Et buvons aussi. Au fur et à mesure que nos verres se vident, une sympathie un peu tortueuse s’instaure avec moi-même. Il me parle avec cette rudesse qui de prime à bord peut paraître déroutante, mais je finis par m’apprivoiser.
– Comme ça alors tu es venu rôder dans ce coin merdeux ?
– Sans doute.
– Et ça ne te dérange pas de rentrer chez un inconnu comme dans un moulin ?
– Tu ne m’es pas inconnu.
A cet instant, brutalement, l’autre face de moi-même hausse le ton. Elle prend une voix que je ne lui avais jamais soupçonnée jusque-là. Elle dit, avec une rugosité qui doit être celle des habitants rustres de la région, des mots qui me sont subitement étrangers, alors que dans une autre partie de moi-même je les comprends parfaitement. Par exemple le mot « manger », le mot « dormir », le mot « femme » etc… Ces mots ordinaires sonnent merveilleusement. Je pense à une femme autrefois, mais aujourd’hui oubliée. Je pense que manger est devenu un acte si banal. Je pense que dormir est la chose que je pratique la plus régulièrement, parce que si je semble éveillé, je dors réellement.
D’abord j’ai envie d’étouffer cette voix qui se répand en moi, avec la chaleur cordiale que vous procurent ces vieux tord-boyaux remontant à la nuit des temps. Je vais même jusqu’à vouloir m’enfuir. Sortir de la cabane. Me rouler dans la neige qui commence à tomber à gros flocons. Les arbres couchés ont des allures de momies dans leur linceul de poudre blanche. Mais l’autre me retient. Par le colback il me rattrape sur le pas de la porte. Je m’ordonne à moi-même de rester.
Il est devant moi maintenant. Assis. Mal rasé. Il sent mauvais. Sa chemise de bûcheron à grands carreaux. Ses peaux de bête qui lui dégringolent sur les épaules jusqu’aux mollets. C’est moi, lui ? Il parle tout seul, sans plus faire attention à moi. Des histoires de Mathusalem sans importance. Tout se mélange. C’est un imbroglio d’ennui déversé sur la table. Sur la table quel drôle de festin il m’offre, le primaire individu en moi !
La nuit tombe, comme prévu. Mais dans ce trou du cul du globe, elle tombe plus vite qu’ailleurs. Le fantôme devant moi allume une bougie minus, bien décevante, comparée au chandelier chimérique que je m’étais créé en découvrant dehors le sapin géant au-dessus de la maison.
On ouvre une boîte de morue trop salée et pimentée. Ce sont les ouvriers de la pêcherie qui les amènent à la belle saison. Quoi raconter de neuf à mon hôte, quand la bouche vous emporte ? La gueule en feu et le gosier sec. A moi-même, c’est un soliloque que j’adresse. Chacun dans notre coin, on tournicote. Rien de manifeste. Mais c’est troublant. La bougie s’affole. Elle jette des ombres sur les murs, où plutôt les grossières planches qui font office de mur. Des ombres. Je me vois démultiplié, agrandi, défiguré. Je suis un Loup-garou, là une vipère, là une marionnette avec un nez qui s’allonge dont j’ai épouvantablement honte. Peur de moi ? C’est un euphémisme. Tiens, un mot qu’il n’emploierait pas l’autre de moi-même ! Euphémisme ou litote ? D’ailleurs c’est kifkif, dans cette cabane enfumée où on vient de remettre deux bûches gaillardes dans le poêle ronflant et pétant comme une sale douairière qui s’abandonne.
– Je ne te vois plus ! je confesse à l’autre.
– Pas grave, demain il fera jour.
– Salaud ! tu me laisses dans le brouillard.
– Gueule un bon coup ! Ca fait peur aux bêtes.
– Gueuler, gueuler… C’est pas ta gnôle qui va régler le problème !
– Qué problème ?
Là-dessus il s’écroule et s’endort.
Moi je reste éveillé. Pour la première fois je ne m’endors pas. Je veille. Je me surveille. Mon ombre devient toute petite, ma bougie est prête à s’éteindre. Je me raconte que dormir est l’occupation la plus épuisante de l’homme, puisqu’on s’échine après à se souvenir ce que le sommeil vous a enlevé. Dans la maison minable de mon double tout transpire le travail, la résistance, une vision chiche du monde. Ma carcasse, la voici qu’elle roupille sur un matelas de déchets.
Dehors il pleut. La neige même ici refuse de vous éblouir avec ses cristaux. Alors je m’endors que d’un œil. Je ne pourrai plus dormir que d’un œil dorénavant, l’autre œil appartient à l’affreux que je recèle en moi.
Quand le jour se lève, le paysage est lavé. Ce qui veut dire qu’il est encore plus triste et réel. J’étais à poil, j’enfile une chemise râpeuse. J’enfourne des bottes de chasseur. Je bois une écuelle de lait et je dégueule la gnôle perfide de mon frère d’ivresse. On ne le voit plus lui, enfoui sous ses couvertures de rats.
Je dévale la butte de la clairière. Quitte cette maison où il ne fait pas bon séjourner avec nos problèmes. Les troncs d’arbres abattus brillent légèrement d’une lueur sans soleil. Le chantier est désert. Tant mieux. Après plusieurs jours de marche j’aurai rejoint la ville. Je me permets un dernier regard sur le chandelier. Immobile, somptueux, sylvestre peut-être, mais expressif comme on n’a pas idée. De quoi ? Je me le demande.
Je reprends ma vie dans la ville. J’ai revu cette femme dont le vague souvenir m’a fait retrouver la trace. Avec elle je partage des repas nouveaux que je cuisine à présent moi-même. Nous inventons ensemble des recettes. Je ne dors plus, parce que si je dors, les rêves transforment ma réalité.
Un dimanche matin, tandis que la femme attire mes bras sur son corps, un courrier est glissé sous notre porte. Le facteur un dimanche matin !
Je lis la lettre, elle est écrite d’une main maladroite : « Monsieur, vous n’avez pas éteint le feu. Depuis plusieurs semaines la fumée s’échappe. Il n’y a personne dans la maison. La cheminée brûle. Une maison vide avec du feu dedans, on n’a jamais vu ça ! ».
Nom de dieu ! Le poêle, le poêle, il continue à cuire l’autre partie de moi-même ! Je retiens ma mauvaise humeur pour ne pas alerter la femme. Pourtant avant de quitter la baraque j’avais pris soin de dépecer au couteau et de jeter chaque organe et tumeur qui gangrenaient mon espace vital. Cette ordure de moi-même je l’avais éliminée.
Mais non, la fumée de mes restes persiste dans le paysage, et c’est le garde-forestier, dont tous les vagabonds lui sont suspects, qui vient me rappeler à l’ordre !
Faudra-t-il donc que je retourne en moi-même ? Saloperie de voyage ! J’en parlerai à la femme. A son tour elle me tend ses bras en me proposant une recette jamais réalisée pour le repas de ce midi.

**
Raoulraoul
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Message  Invité Dim 12 Mai 2013 - 19:52

Eh bien, ce texte ne semble te laisser aucun doute sur sa signification, comme si tu avais cette fois trouvé les clefs du quoi, la réponse à la question - je serais presque déçue, en manque d'interprétation.


de prime à bord (abord)
puisqu’on s’échine après à se souvenir ce que le sommeil vous a enlevé. manque le "de", de "se souvenir de")
j'ai vu une autre coquille, je ne sais plus où.

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Message  AntoineJ Lun 13 Mai 2013 - 15:00

au risque de paraitre idiot, je dois avouer n'avoir rien compris après deux lectures. l'autre est lui, il ou elle ? reve ou cauchemard ? je cherche peut être trop une suite linéaire ...
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Message  Invité Mar 14 Mai 2013 - 7:30

La confrontation avec son autre moi est troublante, voire dérangeante, et ce n'est pas en tournant le dos à ce moi peu reluisant qu'on va l'éteindre, le faire taire. Même enfoui en nous, il continue à brûler.

Petites choses que j'ai relevées :
la chose que je pratique la plus régulièrement
j'aurais mis le plus régulièrement
Ma carcasse, la voici qu’elle roupille sur un matelas de déchets.
la voici qui roupille
Alors je m’endors que d'un œil : je ne m'endors que d'un œil.


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Message  Jano Mar 14 Mai 2013 - 17:12

Si on comprend le thème - deux pôles de votre personnalité s'affrontent - la démonstration me semble à revoir. Car au final, je ne sais pas ce que vous avez réellement voulu dénoncer chez votre égo, quelle est la part de vous-même que vous rejetez. Aucune de vos facettes ne se dégage clairement de l'autre, elles se ressemblent beaucoup. Du coup j'ai l'impression d'un exposé un peu vain qui ne donne pas de direction précise.
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Message  Raoulraoul Jeu 16 Mai 2013 - 15:03

Easter "n'a aucun doute sur la signification" de mon texte, Antoine "n'a rien compris" ! Qui croire et entendre ?...
Iris dit très justement que le moi continue à brûler quoi qu'on fasse... Jano, réclame une démonstration, voudrait que je rejette une part de moi-même, il lit mon texte comme un "exposé"... Formidable tout ça ! Merci à vous qui m'avez convoquez à vos questionnements et impressions.
Je dois vous informer quand même que ce texte est la transcription (la plus fidèle possible...) d'un rêve perso.
Alors comment puis-je répondre sciemment à tout çà ?!
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Message  Louis Ven 17 Mai 2013 - 16:20

Pas de « moi » éclaté, divisé, schizophrénique, dans ce texte, mais un moi et son double, un moi et son alter égo.
Un « moi », celui du narrateur, va à la rencontre de son double, au fond d’un bois.
C’est un double sauvage pour résider ainsi en ce lieu. Le sauvage au sens étymologique désigne celui qui vit dans les forêts, à l’écart de la civilisation, de la société, de la culture. Ce « moi » des bois est donc l’être naturel du narrateur, enfoui sous le moi social, policé et cultivé. Il est décrit comme un être primitif, antérieur à la civilisation, proche de l’animal : « Mal rasé. Il sent mauvais… Ses peaux de bête qui lui dégringolent sur les épaules jusqu’aux mollets. »
Pour rejoindre ce double, l’égo des bois, il a fallu passer par une clairière, par une zone déboisée. Une forêt trop touffue rendrait la rencontre avec son moi sauvage impossible, ferait de lui un être introuvable. C’est en détruisant un peu de ce monde sauvage que se révèle l’autre qui est le même, par un saccage d’une partie de la forêt. L’observation de soi ne se fait pas sans dégâts, l’observation modifie l’objet observé.

Un arbre-chandelier se tient près de la maison du fond des bois, du fond des « moi ».
Dans les ténèbres des profondeurs, il faut une « clairière » pour voir clair, il faut un chandelier pour éclairer le lieu d’habitation du moi obscur. Un chandelier sans bougies, chandelier qui ne peut diffuser qu’une obscure clarté, « une lueur sans soleil ».
Son allure est « solennelle », il est porteur de lumière dans un monde ténébreux ; il est indicateur éclairant la demeure au fond de l’obscurité des bois, « sapin gigantesque qui signale de loin cette misérable masure où mon double habite. »
Une fumée s’élève de la modeste maison. Un feu y brûle. Il doit y produire une chaleur. Douce et chaude intériorité de la maison, au plus profond du soi.

Une conversation s’engage entre soi et soi. Le soi sauvage s’insurge quand son autre policé prétend le connaître, « A cet instant, brutalement, l’autre face de moi-même hausse le ton ». Presque en colère, il fait sentir qu’il est quand l’autre policé est hors de soi. Outre le ton adopté, les mots proférés semblent appartenir à une langue, ou un dialecte étranger, « Elle dit, avec une rugosité qui doit être celle des habitants rustres de la région, des mots qui me sont subitement étrangers, alors que dans une autre partie de moi-même je les comprends parfaitement ». Ainsi les mots du moi cultivé sont aussi les mots du moi sauvage. Le sujet de la parole est double. Une autre parole, obscure, souterraine, non maîtrisée, sauvage, habite la parole claire, manifeste, en apparence maîtrisée et cultivée. Un fond sauvage incompris est sous-jacent à la parole consciente.
Trois mots donnés en exemple semblent avoir une importance : « manger », « dormir », femme ».

Le moi sauvage cherche à prendre la parole, à se l’approprier, à la ramener à son fond obscur, à sa source primitive. Le moi civilisé résiste, et un conflit s’engage. Dans cette lutte, lutte à mots, lutte à mort, le moi du narrateur, le moi civilisé cherche à faire taire la voix sauvage envahissante, « D’abord j’ai envie d’étouffer cette voix qui se répand en moi », puis à fuir, « Sortir de la cabane. Me rouler dans la neige qui commence à tomber à gros flocons. », fuir sous les flocons blancs hors de la zone noire et sombre, sous les flocons de lumière, sous les flocons de clarté, là où le moi civilisé est souverain.

Le moi sauvage, celui du dessous, d’en bas, des profondeurs, semble prendre le dessus. Il met tout sur la table, il déballe tout, il met tout sens dessus dessous, « Tout se mélange. C’est un imbroglio d’ennui déversé sur la table », le sous-jacent devient manifeste, le dessous remonte à la surface.
Ressurgissent alors des histoires anciennes, oubliées, refoulées, « Des histoires de Mathusalem », des histoires apparemment sans « importance » qui suscitent « l’ennui ».
Au « festin » des mots sauvages, se substitue une autre nourriture, forte, pimentée, qui laisse sans voix : « On ouvre une boîte de morue trop salée et pimentée… Quoi raconter de neuf à mon hôte, quand la bouche vous emporte ? La gueule en feu et le gosier sec »
Les mots « sans importance » avaient pourtant du piquant.

La cabane s’enfume. L’autre devient fumeux, avec ses dires, sa parole du dessous, et le moi du narrateur se voit réduit à une ombre qui déforme son image, la rend plus bestiale, « Je suis un Loup-garou, là une vipère », ou pareille à « une marionnette avec un nez qui s’allonge dont j’ai épouvantablement honte. », une marionnette dont les fils sont tirés par le moi sauvage, « primaire », et se ment à elle-même quand elle se croit maître de sa parole.

Le moi sauvage est abandonné dans la forêt, après avoir été « dépecé au couteau », et brûlé.
Le moi civilisé a voulu éliminer son double.
La part sauvage demeure pourtant tout feu, tout flamme. Le sauvage est un dur à cuire. Près du chandelier géant, il a le feu sacré. Ce feu vif, comment pourrait-il mourir ?
« Nom de dieu ! Le poêle, le poêle, il continue à cuire l’autre partie de moi-même ! »
Le côté sauvage brûle en permanence, non dans la cheminée, mais dans le « poêle ».
Il brûle, le côté nu et « primaire » de soi-même, le côté à « poêle ».
Il persiste à fumer, à tout enfumer, à laisser les traces de sa flamme, dans le sommeil, dans ce qui se mange, dans « la femme », oubliée et retrouvée. Il continuer à laisser sa trace dans les mots et les choses.

Ce récit traduit donc, semble-il, l’impuissance à éliminer la part sauvage, primitive en soi, cette part sombre qui hante toujours, souterrainement, le moi social et civilisé. Mais sans regret, véritablement, parce que l’éliminer détruirait le « feu sacré » qui nourrit, alimente l’imaginaire, rêve et rêverie, le rapport aux femmes et le langage, les mots, la parole dans une épaisseur de sens. La nudité paradoxalement donne de l’étoffe aux mots.
Le poêle est finalement un alambic qui réalise une alchimie du « lait » et de la « gnôle » ; il ne détruit pas vraiment, il entretient une flamme permanente, une flamme créatrice.
Fumée de l’égo : les vapeurs, entre autres littéraires, du moi cuisant, vivant et complexe, celui du narrateur.

Un bon texte, comme toujours, qui appelle une interprétation, et stimule le lecteur en ce sens.

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Message  Invité Sam 18 Mai 2013 - 10:48

Raoulraoul, je reviendrai mieux sur ce texte pour les détails, mais je voulais dire pour l'instant à la première lecture qu'il m'a globalement aspirée, jusqu'au bout.



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Message  Anne Veillac Dim 19 Mai 2013 - 9:18

Juste deux petits remarques pour ne pas oublier.

Raoulraoul a écrit: Je trinque aussitôt avec lui, c’est-à-dire avec moi-même.
Cela ne me semble pas nécessaire de le redire. Le lecteur a compris.

Raoulraoul a écrit: Alors je m’endors que d’un œilJ.
Je ne m'endors que d'on oeil.


Sinon, j'ai vraiment beaucoup aimé ce texte. Très fort. Très riche. Qu'est-ce qu'être soi ? C'est une grande question philosophique.
Et j'ai beaucoup aimé qu'il retrouve cette femme après l'expérience de la forêt.
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Message  Anne Veillac Dim 19 Mai 2013 - 9:28

Raoulraoul a écrit:Easter "n'a aucun doute sur la signification" de mon texte, Antoine "n'a rien compris" ! Qui croire et entendre ?...
Iris dit très justement que le moi continue à brûler quoi qu'on fasse... Jano, réclame une démonstration, voudrait que je rejette une part de moi-même, il lit mon texte comme un "exposé"... Formidable tout ça ! Merci à vous qui m'avez convoquez à vos questionnements et impressions.
Je dois vous informer quand même que ce texte est la transcription (la plus fidèle possible...) d'un rêve perso.
Alors comment puis-je répondre sciemment à tout çà ?!

C'est la preuve que ton texte ne laisse pas indifférent. :-)
Dis-toi que certains d'entre nous sont complètement entrés dans ton texte, sans se poser de question, et avec un vrai plaisir de lecture et d'autres sont restés à l'extérieur, peut-être parce que cela n'évoque rien pour eux. C'est assez souvent comme ça. Plus je vais sur les forums, plus je me rends compte que la lecture est une activité personnelle et subjective.
Bon... je ne suis pas sûre d'avoir dit quelque chose de neuf... Mais tant pis.
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Message  Invité Lun 20 Mai 2013 - 11:04

Eh oui… « Le moi n'est pas maître dans sa propre maison. » J'applaudis à la qualité du style, affirmé, et au pouvoir de suggestion de ce rêve qui invite à la réflexion.

Mes remarques :
− « Mon égo comme un trait de fumée » : « ego » (orthographe traditionnelle) ;
− « Cet original là mériterait bien » : « original-là » (trait d'union) ;
− « Ce sapin là » : « sapin-là » (trait d'union) ;
− « Ca va bien » : « Ç » (cédille au-dessous de la majuscule) ;
− « Ca va ! » : idem ;
− « de prime à bord » : « de prime abord », comme l'écrivait justement Easter(Island) ;
− « A cet instant » : « À » (accentuation des majuscules) ;
− « le mot « femme » etc… » : les points de suspension et « etc » sont redondants : il faut choisir. Virgule devant « etc. » ;
− « Je pense à une femme autrefois » : « d'autrefois » ? ;
− « la chose que je pratique la plus régulièrement » : « le plus régulièrement » ;
− « A moi-même » : « À » ;
− « où plutôt les grossières planches » : « ou plutôt » ;
− « Je suis un Loup-garou » : pourquoi cette majuscule ? ;
− « un mot qu’il n’emploierait pas l’autre de moi-même ! » : virgule après « pas » ;
− « Ca fait peur » : « Ça » ;
− « à se souvenir ce que le sommeil vous a enlevé » : « se souvenir de ce que » − j'abonde dans le sens d'Easter(Island) − ;
− « Alors je m’endors que d’un œil » : « je ne m'endors » (discordantiel), comme l'ont écrit avant moi Iris et Anne Veillac ;
− « On ne le voit plus lui, enfoui » : virgule après « plus » ;
− « ça ! ». » : double ponctuation ;
− « A son tour » : « À » ;
− « elle me tend ses bras » : « les bras ».

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Message  Rebecca Lun 20 Mai 2013 - 14:24

J'ai été embarquée par ce texte, beaucoup aimé le dialogue à un seul interlocuteur :-) oui on peut poser des tas d'interprétations , le moi le ça et tutti quanti notre cerveau reptilien basique et notre cortex complexe le masque social et et notre ego non travesti le rêve et la réalité la schizophrénie moi je retiens l'écrivain qui doit plonger en lui même pour savoir ce à quoi il pense et même quand il n'est pas dans l'acte d'écrire même quand il croit avoir fait le tour de son propos, de son histoire, fui son passé, tutoyé ses rêves, dépecé les mots jusqu'à l'os, l'écriture comme un feu qui se nourrit de lui même, comme une matière organique imputrescible toujours renait de ses cendres pardonne mon commentaire fumeux :-)))
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Message  Rebecca Lun 20 Mai 2013 - 14:28

euh je teste, petite vérif parce que mon comm était parfaitement ponctué, avec des retours à la ligne quand je l'ai envoyé et qu'il est arrivé transformé... mon ordi est-il capricieux ? allez j'envoie et je regarde
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Message  Rebecca Lun 20 Mai 2013 - 14:29

bon plus de retours à la ligne sur mon écran du moins...
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Message  Invité Lun 20 Mai 2013 - 16:10

Quand le Raoul des villes parle au Raoul des champs, ça donne un drôle de texte, plutôt marrant. Je ne me suis pas interrogé sur l’aspect métaphysique, mais je constate que, quand Raoul rêve à Raoul on peut se demander lequel rêve de l’autre… Et quel est le Raoul réel : celui des villes ou celui des champs ? Ou les deux (d’eux) ? :-))

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Message  Invité Mer 22 Mai 2013 - 8:38

j’aime parcourir les paysages qu’il y a dans cette tête chercheuse, toujours étroitement reliée au cœur.
encore un thème émouvant qui fait mouche, et pour la première fois je relève l’identité à la fois grave et spontanée de ton style. de chaque pan nouveau qui se découvre au fil des textes on retient quelque chose de marquant, une base de réflexion, merci pour ce partage.

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Message  Anne Veillac Mer 22 Mai 2013 - 8:45

Rebecca a écrit:je retiens l'écrivain qui doit plonger en lui même pour savoir ce à quoi il pense et même quand il n'est pas dans l'acte d'écrire même quand il croit avoir fait le tour de son propos, de son histoire, fui son passé, tutoyé ses rêves, dépecé les mots jusqu'à l'os, l'écriture comme un feu qui se nourrit de lui même, comme une matière organique imputrescible toujours renait de ses cendres pardonne mon commentaire fumeux :-)))
Intéressant...
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Message  Invité Mer 22 Mai 2013 - 9:11

et puis il y a toujours de la fraîcheur aussi, malgré les questionnements profonds, et celui-ci me touche particulièrement.

dans cette partie, même si on comprend bien et que l'on visualise, l'enchaînement de la scène me semble par endroits légèrement brouillon, avec quelques tournures mignonnes mais un peu maladroites:

"Un immense sapin est dressé, près de sa maison. Les extrémités de toutes ses branches sont curieusement taillées en cône. Ce sapin là ressemblerait davantage à un chandelier. Un chandelier solennel, oui, c’est cela."
(peut être pas indispensable)

"Je m’approche prudemment de la maisonnette. Un mince filet de fumée se tortille par la cheminée."

"J’ouvre la porte sans frapper. Pourquoi frapper, puisque la personne qui m’accueille n’est autre que moi-même. Avec le même visage. Je lui demande son nom. Il porte évidemment le mien."
(ici, l'homme sait déjà que c'est lui même derrière la porte avant de l'ouvrir, mais pas le lecteur. c'est peut être amené un peu abruptement, ou disons pas dans le bon ordre)

"Je repense un instant au sapin gigantesque qui signale de loin cette misérable masure où mon double habite. Les branches du sapin telles les branches d’un chandelier surplombant un paysage si triste que même les oiseaux préfèrent le contourner."
(redite avec le chandelier -trois fois-, peut être juste formuler légèrement différemment, tout en gardant le détail du paysage si triste que les oiseaux préfèrent le contourner)


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Message  Invité Mer 22 Mai 2013 - 9:32

"Au fur et à mesure que nos verres se vident, une sympathie un peu tortueuse s’instaure avec moi-même."
ça j'adore!

"Il me parle avec cette rudesse qui de prime à bord peut paraître déroutante, mais je finis par m’apprivoiser."
(ou: mais je finis par l'apprivoiser? enfin tout dépend si c'est la rudesse, ou l'autre moi qui est apprivoisé(e)

"Le fantôme devant moi allume une bougie minus, bien décevante, comparée au chandelier chimérique que je m’étais créé en découvrant dehors le sapin géant au-dessus de la maison."
ça aussi, j'adore.

le passage ou la bougie minus s'affole en projetant des ombres sur les murs est extra, on y est complètement!
de même que ceci:
"Je ne pourrai plus dormir que d’un œil dorénavant, l’autre œil appartient à l’affreux que je recèle en moi. "

"Mais non, la fumée de mes restes persiste dans le paysage, et c’est le garde-forestier, dont tous les vagabonds lui sont suspects, qui vient me rappeler à l’ordre !"
(à qui tous les vagabonds semblent suspects...?)

"Faudra-t-il donc que je retourne en moi-même ? Saloperie de voyage !"
mais c'est un voyage qui en vaut la chandelle...!

pour finir, je dirais que c'est une manière de raconter imagée qui m'a fait sourire,
et cette lecture fut un plaisir: les rêves ont ceci de particulier qu'ils sont très cinématographiques, or là on y est complètement!

et surtout j'espère ne pas avoir outrepassé (trop cherché la petite bête), avec ces notes dont je te fais part, et qui ne sont bien sûr que mon impression...



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Message  Raoulraoul Dim 26 Mai 2013 - 8:55

Non non Igloo, très judicieux et utile tout ce que tu soulignes ! Hélas en moment pas le temps de te répondre plus longuement. Mais je prends note pour y revenir à heure reposée. Merci pour ton attention constructive.
Raoulraoul
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