Grâce éphémère

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Nos filles étaient gaies et printanières dans leurs robes à volants fleuries. Nous étions en avril, les bulbes pointaient leurs feuilles vertes et fleurissaient déjà en tulipes rouges, narcisses or et petits crocus pourpres. Les poiriers agrippés en espaliers sur le mur s’alourdissaient de fruits encore verts. Les hortensias géants pliaient sous leurs grosses boules de pétales roses et bleutées. Je désherbais les plants aromatiques : j’arrachais quelques pieds de menthe envahissants pour laisser la place au basilic, à la ciboulette et à l’estragon odorant. Il m’aurait fallu davantage de temps pour entretenir un vrai potager que j’aurais bichonné. Envahi par des herbes folles, je me disais que le jardin me rappelait à l’ordre mais à l’instant présent, c’était la voix de ma femme, Claire, qui s’impatientait à l’étage.
Je la trouvais là, figée, les bras lourds de dépit face à l’empilement des plaques de placoplâtre qui trônaient au milieu de la pièce. Sans un mot, elle me faisait part de son impatience de voir un jour ses fichues plaques couvrir les murs de la pièce. Sans un mot, je compatissais et me disais que j’avais intérêt d’être efficace si je ne voulais pas emprisonner mon week-end entre des plaques de plâtre.

Nous disposâmes nos assiettes sous le pommier. Les pétales blanches du grand arbre virevoltaient partout et enneigeaient le jardin. Afin de prolonger l’instant, je servis un verre vin à Claire. J’adorais ces moments de légères complicité où nous parlions de tout en général et de rien en particulier. Nous lancions des idées farfelues qui nous semblaient soudainement possibles : traverser les oueds marocains dans un 4 X 4, remonter le Nil sur une felouque, randonner dans les canyons américains, acheter une moto, construire une véranda, déménager vers le sud, ouvrir un gite… C’était des moments de grâce où l’on parvient à se convaincre que tout est encore possible. J’aimais voir ses yeux pétiller, entendre ses éclats de rire et rêver avec elle, je lévitais sur un nuage de projets dont j’avais bien l’intention de réaliser quelques flocons.
Elle apparue brutalement le téléphone coincé à l’oreille en mimant quelques bribes que je devinais vouloir dire : « c’est ta mère, tu ne l’as pas rappelé, qu’est ce que je lui dis ? est-ce que l’on y va demain ? » En quête d’une réponse immédiate, elle grimait des mimiques insistantes et brassait de grands moulinets des avant bras. Contrarié, je chutais de mon nuage plus rapidement encore que les réponses que je tentais à ma mère.

- Bonjour mon chéri,
- Bonjour Maman
- tu ne m’as pas rappelé
- Non mais ..
- tu t’en rappelles au moins que vous venez manger demain. Je ferais un lapin à la moutarde comme tu aimes
- Je sais mais je p..
- Et puis j’ai mon appareil de musique il ne marche plus, tu devais regarder. Et puis il y a Mme Girard qui passera, elle sera contente de te voir.
- Qui ?
- Notre voisine tu sais bien elle te gardait quand tu étais bébé
- Non je ne peux pas me rappeler
- elle saute et resaute quand elle marche
- !?? Qui ça Mme Girard ?
- Mais non que tu es bête, mon appareil de musique !
- Ah oui, écoutes maman, promis je passe dans 2 jours mais demain c’est impossible car….

Je raccrochais piteusement comme un enfant pris en faute de non reconnaissance d’affection maternelle. Une fois de plus j’étais en pleine confusion des sentiments, entre agacement et attendrissement, j’avais autant envie de la bâillonner que de la cajoler. Nos rapports s’emmêlaient toujours autour d’un nœud de malentendus. Claire, le regard par en dessous me fit culpabiliser davantage.

- Tu aurais du lui téléphoner
- Oui j’ai oublié
- On aura le dimanche pour avancer les travaux ainsi
- tu ne veux pas plutôt faire cela le week-end prochain
- n’exagère pas ! Cela fait des semaines que les plaques de Placoplatre sont au sol et que les fils électriques tombent du plafond.

Je n’insistais point afin de ne pas accroître la tension palpable, le charme de nos tendres rêveries était bel et bien rompu. En bon mari, je m’exécutais pour gagner la grande surface de bricolage. Sous les néons, dans les immenses rayons, je m’agglutinais derrière un cadi, ahuri par les hauts parleurs publicitaires. La consommation, loisir de couples qui veulent tromper l’ennui, c’était cela la trompeuse rêverie. Consommer, l’aboutissement de rêves matériels pour se sentir unique en achetant des marchandises qui débarquent identiques par conteneurs. Consommer pour exister. Je réunissais à la hâte les outils nécessaires et prenait mon mal en patience à la caisse.

La nuit fut assassine, embrouillée par un fatras d’images désordonnées. Ma mère fit irruption, en tranchant la gorge d’un gros lapin pour répartir le sang dans des bols portant chacun nos noms. Claire hurla à tout le monde de sortir de la pièce avant que le plafond ne nous tombe sur la tête, en y regardant de plus près il est vrai que la pièce chancelait sous des plaques de placoplâtre instables et que l’amas des fils électriques qui la traversait ne menaient nulle part.

[Invité]

La jardinière que je suis a coincé sur ça :

Nous étions en avril, les bulbes pointaient leurs feuilles vertes et fleurissaient déjà en tulipes rouges, narcisses or et petits crocus pourpres. Les poiriers agrippés en espaliers sur le mur s’alourdissaient de fruits encore verts. Non ! En avril, les poiriers fleurissent, on est encore loin des fruits, même verts ! Et les hortensias sont loi n d'avoir des grosses boules de pétales - qui entre parenthèse sont masculins !!! Les hortensias géants pliaient sous leurs grosses boules de pétales roses et bleutées.

A part ça, je ne déteste pas cette tranche de vie, ça ressemble à un début de roman, en tout cas, ça fait sûrement partie d'un texte plus long, j'attends la suite des aventures de ce fils indigne ! :°)))

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C'est drôle, il me semble avoir lu un histoire du même genre, plus développée, avec une fin plus rude, sous ta plume je crois.

J'aime bien le début, le côté bucolique ou jardinier de la chose, malgré les imprécisions relevées par coline.
Après, il me semble que les phrases sont un peu alignées à la suite, je pense que l'impression tient plus de la remarque formelle que de l'anecdote en soi.

J'ai noté des fautes de temps (la marque de l'imparfait au lieu du passé simple, c'est courant) et d'orthographe qui ternissent la lecture (entre autres, "pétale" est un nom masculin, autre erreur courante).

[Invité]

Sur la forme, voici ce que j'ai à dire :

− « pétales roses et bleutées » : « bleutés » (comme l'a fait remarquer Easter(Island), « pétale » est un substantif masculin) ;
− « Je désherbais » : selon toute apparence, « désherbai » (passé simple) ;
− « les plants aromatiques » : « plants » ou « plantes » ? ;
− « j'arrachais quelques pieds de menthe » : « arrachai » (passé simple), vraisemblablement ;
− « me rappelait à l’ordre mais » : virgule avant la conjonction de coordination ;
− « Je la trouvais là, figée » : « trouvai » (passé simple) ;
− « l’empilement des plaques de placoplâtre » : « Placoplatre® » (sans accent circonflexe et avec une capitale) semble être le nom de la marque déposée ;
− « Sans un mot, je compatissais et me disais » : passé simple ? ;
− « j’avais intérêt d’être efficace » : le tour « avoir intérêt de » est vieilli ; on peut avantageusement remplacer la préposition « de » par « à » ;
− « Les pétales blanches » : sic ;
− « un verre vin à Claire » : « un verre de vin » ;
− « ces moments de légères complicité » : « légère complicité » (tout au singulier) ;
− « dans un 4 X 4 » : « un 4×4 » (signe de la multiplication et pas d'espaces, d'après mes recherches − ce qui est curieux) ;
− « C’était des moments de grâce où l’on parvient » : « C'était de ces moments de grâce où… » ;
− « Elle apparue brutalement » : brutalement, oui… « apparut » ;
− « « c’est ta mère » : « majuscule ;
− « tu ne l’as pas rappelé » : « rappelée » (ta mère !) ;
− « qu’est ce que je lui dis ? » : « qu'est-ce que » ;
− « l’on y va » : pourquoi pas « on y va » ? ;
− « des avant bras » : « avant-bras » (trait d'union) ;
− « je chutais de mon nuage » : « chutai » (passé simple) ;
− « les réponses que je tentais à ma mère » : mal dit, voire incorrect ;
− « - Bonjour » : le tiret des dialogues est un tiret cadratin (« — ») ou un demi-cadratin (« − ») ;
− « mon chéri, » : point et non virgule ;
− « - Bonjour Maman » : tiret cadratin, « maman » tout en bas-de-casse et point ;
− « - tu ne m’as pas rappelé » : tiret cadratin, majuscule, « rappelée », point ;
− « - Non mais .. » : tiret cadratin, points de suspension « … », collés au dernier mot ;
− « - tu t’en rappelles au moins » : tiret cadratin, majuscule ;
− « que vous venez manger demain. » : point d'interrogation plutôt que point ;
− « Je ferais un lapin » : « ferai » (futur et non conditionnel) ;
− « comme tu aimes » : point ;
− « - Je sais mais je p.. » : tiret cadratin, points de suspension ;
− « - Et puis » : tiret cadratin ;
− « - Qui ? » : idem ;
− « - Notre voisine tu sais bien » : idem ;
− « quand tu étais bébé » : point ;
− « - Non je ne peux pas me rappeler » : tiret cadratin, point ;
− « - elle saute et resaute quand elle marche » : tiret cadratin, majuscule, « ressaute », point ;
− « - !?? » : tiret cadratin, ponctuation excessive ;
− « - Mais non » : tiret cadratin ;
− « que tu es bête, mon appareil de musique ! » : pourquoi cette virgule ici, étant donné que toute la strophe n'est pas ponctuée en virgule, là où elle en aurait bien besoin ? Allez au bout du procédé ou ponctuez partout ;
− « - Ah oui » : tiret cadratin ;
− « écoutes maman : « écoute » (impératif) ;
− « je passe dans 2 jours » : « deux jours », en toutes lettres ;
− « demain c'est impossible car.... » : les points de suspension sont au nombre de trois et un signe dédié existe (« … ») ;
− « Je raccrochais piteusement » : « raccrochai » (passé simple) ;
− « en faute de non reconnaissance » : « non-reconnaissance » (trait d'union) ;
− « le regard par en dessous » : « en-dessous » (trait d'union) ;
− « - Tu aurais du lui téléphoner » : tiret cadratin, « dû », point ;
− « - Oui j'ai oublié » : tiret cadratin, point ;
− « - On aura le dimanche pour avancer les travaux ainsi » : idem ;
− « - tu ne veux pas plutôt faire cela le week-end prochain » : tiret cadratin, majuscule, point d'interrogation ;
− « - n'exagère pas ! » : tiret cadratin, majuscule ;
− « les plaques de Placoplatre » : oui ! ;
− « Je n’insistais point » : « insistai » au passé simple ? ;
− « je m’exécutais pour gagner » : « exécutai » (idem) ;
− « je m’agglutinais derrière un cadi » : mal dit ;
− « ahuri par les hauts parleurs publicitaires » : « haut-parleurs » ;
− « qui veulent tromper l’ennui, c’était cela la trompeuse rêverie » : « tromper » / « trompeuse » : lourd, pour moi ;
− « et prenait » : « prenais » (ou « pris » : le passé simple serait peut-être plus cohérent dans tout le paragraphe) ;
− « Ma mère fit irruption, en tranchant la gorge » : pas de virgule. Du reste, je pense que « faire irruption » appelle toujours un complément (« faire irruption dans la cuisine », par exemple) ;
− « dans des bols portant chacun nos noms » : « chacun (de) nos noms » ;
− « avant que le plafond ne nous tombe » : la stricte concordance des temps appellerait un subjonctif imparfait (« tombât »), mais il est vrai que le subjonctif présent est de plus en plus la norme ;
− « sous des plaques de placoplâtre instables » : « sous des plaques instables de Placoplatre ».

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