Le poème inachevé

[Nathanaël Zenou]

J’ai laissé dans mes vers
Sous le sceau de la rime
Ce que j’ai de plus vert,
Mon univers intime,
Je me suis découvert,
Infirme, fou, infime.

Dans le noir de ma chambre
J’ai inventé des vies
Que j’ai coulé dans l’ambre
De vaines poésies,
J’ai inventé des ombres !

J’ai écrit des printemps,
J’ai écrit des automnes,
Des pieds-de-nez du temps,
Des vertiges atones
De l’âme qui attend
Écrit comme on tâtonne…

J’ai raconté mes larmes,
Et mes gouttes de sang,
J’ai usé de mes charmes,
J’ai été indécent,
J’ai brisé quelques armes.

J’ai fait chanter des chœurs,
Orchestré des chimères
Pour taire les malheurs
Et les heures amères,
J’ai monté des décors.

J'ai ri avec auguste
Et ses souliers d'un aune,
Et j'ai plaint le clown blanc,
Dans le cirque rouge et jaune,
Avec les éléphants.

J’ai écrit sur le dos
De légers cerfs-volants,
J’ai peint sur les yeux clos
De mystérieux amants
Ce pendant leur repos !

J’ai peint les confettis
Tout au long de leur chute,
J’ai peint comme on trépigne
Celui qui joue du luth,
Au son des tambourins.

J’ai dit que je t’aimais,
Ma sœur, mon mois de mai,
J’ai dit plus que jamais
J’ai dit que je t’aimais,
Mon songe de douceur,
Ma branche de jasmin.

J’ai hurlé mes colères,
Sur les plus hauts remparts,
J’ai tué maîtres et pères,
J’ai renié tous les arts,
Brûlé tous les repères.

J’ai cherché les retraites
Des plus anciens soldats,
J’ai revécu leurs quêtes,
Revécu leurs combats
De leurs fossés aux crêtes,

Puis j’ai chanté la paix
Soi-disant retrouvée,
J’ai jeté mon épée,
Et j’ai gravi la tour
De ce monde caché.

Sur l’harmonica, vers
L’azur des faux-semblants,
J’ai joué aux hivers
Les blues les plus tremblants,
Et j’ai joué aux vers
Comme au cadavre blanc.

J’avais pris de l’élan
Pour passer au travers,
Le dur miroir des ans
Ah, quels reflets pervers
Ce lacs froid nous tend.

J'ai rampé au sol,
Dans les débris de verre,
Consolé par l’alcool,
Dans le creux de sa serre,
J’ai volé vers un col,
Pour oublier la terre,
Mais j'ai fini au sol,

Je veux qu’on me réponde
Et qu’on me fasse écho,
Je cherche en ce bas monde
Un pur alter ego
Pour une union féconde,
Je veux qu'on me réponde !

[Annie]

En tout bien, tout honneur je vous répond :-)
que (malgré quelques légers heurts) j'ai apprécié ce poème qui a appelé dans ma mémoire La Chanson du mal aimé du grand Guillaume.

quelques heurts disais-je
- le plupart des vers ont 6 syllabes, donc ceux qui ne l'ont pas apparaissent comme faux:
"Dans le cirque rouge et jaune", 7
"Ce lacs froid nous tend". 5
"J'ai rampé au sol," 5

hiatus inconfortable "j'ai inventé"(2 fois)

pas joli "Ce pendant leur repos"

accord du participe "que j'ai coulées", accord en genre aune est féminin, et en nombre Ce lacs froid nous tend.

J'arrête là on sent la farigue vers la fin. En fait si je suis si pointilleuse c'est que je pense qu'il suffirait de quelques corrections pour que ce poème soit vraiment très beau, par exemple
"J’ai fait chanter des chœurs,
Orchestré des chimères"
c'est très beau.

[troupi2]

J'avais lu ce poème ce matin et les détails (trop nombreux) soulevés par Annie m'avaient rebutés, maintenant qu'elle a fait tout le travail je me joins à elle pour dire qu'il suffirait de quelques corrections pour améliorer ce texte et le rendre vraiment intéressant. Peut-être faudrait-il aussi le raccourcir un peu pour en condenser tout le charme.

[Frédéric Prunier]

dans le creux de sa serre... m'a un peu rebuté au niveau du son...

inhabituel poème, vous êtes plutôt dans le registre biblique historique, non ?
rien que pour ça, j'ai apprécié la découverte d'un autre univers

j'ai beaucoup aimé le début
après, de temps en temps,
je trouvais un peu simple le traitement des images, (les clowns par exemple)
cela vient peut-être d'un côté chanson de ce texte...
peut-être gagnerait-il accompagné de musique..?

agréable lecture
merci

[Arielle]

Dommage que cet univers intime ne soit partagé qu'à sens unique ! Ceux et celles qui vous lisent et prennent le temps de commenter vos poèmes apprécieraient sans doute que vous vous intéressiez un peu à ce qu'ils écrivent eux-même ou manifestiez l'intérêt que vous portez à leurs commentaires ...

[Nathanaël Zenou]

je prend bonne note de vos messages, en particulier celui d'Arielle, il se trouve que par le passé je répondais directement aux commentaires, mais on m'a modérément fait savoir qu'il ne le fallait pas le faire systématiquement, pour éviter de faire remonter mon texte au détriment des autres 1ere raison,
2e raison je trouve le fil dédié aux commentaires des textes trop alambiqué, car j'aime voir le texte qui s'y rapporte, mais à votre demande tout en tact, après tout ce n'est pas comme s'il y avait des messages privés, je comblerai ce manque à l'avenir bien à vous

[Pascal-Claude Perrault]

Cool, je n'ai plus rien à dire, tout le monde a tout dit.

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