Vent de sable

[Arielle]

Je fus l’enfant que tu as fuie
façonnée
comme en ronde-bosse
au vent de sable de  l’absence
par ton effacement précoce
 
Ebauche
étrangère à ta main
j’étais
sans ciseau ni burin
et par défaut
ta créature
plus ressemblante que nature
 
Je t’ai rêvé
sans te connaître
si fort
que je n’ai pu tenter
de te voler plus que ma vie
la tienne je te l’ai laissée
 
Dans le sable de ton absence
j’appris
mon père  
à cultiver
le respect de ta liberté
ce fut ma façon de t’aimer

[Invité]

oh là là...

j'blam!
carton plein.

tant d'émotion que les mots...on se les garde.

[Philippe76]

C'est fort et très émouvant Arielle, on sent votre coeur parler ,personnellement cela me touche beaucoup,

[Invité]

Salut Arielle.
"je fus l'enfant que tu as fuie", je trouve le vers extrêmement mélodieux. Un texte poignant, comme un coup de poing, avec un angle d'attaque très intéressant (une espèce de mythe de Pygmalion, mais à l'envers) Par contre je n'ai pas trop aimé la formule "le vent de sable de l'absence", je l'ai trouvée redondante. Mais c'est un point de détail.

[Invité]

juste:
le sable ça giffle,
surtout en coup de vent.
et le vent ça échappe.
alors tenir debout si fort, ça se pose là.

[Invité]

ah oui, j'ai mis un F en trop...bon, c'est l'effet de foehn.

[Frédéric Prunier]

à encadrer avec un beau papier
un cadre doré
au mur de l'entrée...

[CROISIC]

Mon souffle s'est suspendu à ta plume,
attention  : fragile
attention :  solide !
quelle force est née,  plantée dans le sable.
Je suis extrêmement touchée.

[pousse de bambou]

oui
il est bien celui-ci

[joe-joe]

Joli texte apuré.
(Je t'ai rêvé si fort... sonne à mes oreilles un peu trop "il était une fois".)

[Invité]

j'ai lu plusieurs fois ce poème sans pouvoir commenter, parce que je savais que le retour serait indigent, qu'il ne rendrait pas justice au travail de l'artisane.
alors voilà : c'est beau, d'un tissage fin, élaboré, qui n'empêche pas le sens ; d'une rigueur de construction qui ne gêne pas la fluidité des mots et des images.

pour être honnête, c'est la remarque de joe-joe qui m'a incitée à venir laisser un mot, je la trouve adéquate, en plus de me faire sourire ... je n'y avais pas pensé, mais maintenant qu'il l'a dit...

[Annie]

Même si je le sais bien, il ne faut pas confondre l'auteur et le JE de l'écrit, j'hésite parce que ce poème est tellement vibrant, tellement émouvant que j'ai l'impression de commettre une indiscrétion.

[Arielle]

J'ai hésité un moment avant de vous soumettre ce texte que je jugeais un peu trop personnel. Je remercie d'autant plus vivement les lecteurs-commentateurs qui ont accepté le malaise que peut engendrer ce mélange réalité-fiction.

[troupi2]

pas facile à commenter un tel écrit ; si le but était de créer de l'émotion alors c'est réussi et de si belle façon mais c'est vrai qu'on se sent un peu indiscret à la lecture d'une telle confidence.

[Invité]

je reviens pour préciser que l'intime de ce poème ne m'a aucunement gênée.
parce que la poésie agit ici efficacement, et existe en elle même.
je ne suis donc choquée de rien, pas de malaise pour moi.

[Invité]

mon mot de la fin sera:
pas s'enliser yaka!
(ce qui paraît être l'héritage du propos)

[Invité]

Ce poème dégage une émotion très forte. D'autant plus forte qu'on n'y trouve ni rancœur, ni reproches.
C'est très beau.

[Jean Ahlmas]

Très fort, surtout les deux premières strophes (que je remet ici, par pur plaisir !)

"Je fus l’enfant que tu as fuie
façonnée
comme en ronde-bosse
au vent de sable de  l’absence
par ton effacement précoce
 
Ebauche
étrangère à ta main
j’étais
sans ciseau ni burin
et par défaut
ta créature
plus ressemblante que nature "
 
Les deux suivantes, très fortes aussi, sur le plan de la forme me laissent un peu déçu...

"la tienne je te l’ai laissée"
 Je trouve ce vers un peu creux... (le sens est très beau, mais exprimé bizarrement, pour ma part)

"ce fut ma façon de t’aimer"
je trouve ce vers, sans que cela soit méchant, complètement "cu-cu", dans un si beau poème au lyrisme fort... Pardonnez-moi, mais finir votre poème avec ce vers...

En tout cas, et en dépit mes remarques, j'apprécie énormément !

[pousse de bambou]

C'est bête de parler de l'intimité d'un poème. Un poème est toujours intime. Les bons en tout cas

[seyne]

Oui, les œuvres littéraires les plus puissantes sont la transfiguration d'une expérience personnelle forte, explicite ou pas, il me semble. Il ne s'agit pas du tout ni de se répandre ou de gémir, ni de transposer, voiler, il s'agit de faire  à partir de ce vécu quelque chose qui prenne une qualité universelle. Ce poème est tout entier une métaphore de la beauté et de la justesse nées de ce travail de pensée.
Si l'enfant du poème a été sculptée " en creux " par le vent de l'absence...mais aussi de l'amour (le sien), le poème est sculpté par la qualité de la pensée, de la compréhension.

Quelqu'un disait que les œuvres d'art peuvent avoir une fonction de" frayage" d'un chemin dans le maquis de la douleur, pour ceux qui les lisent (ou les écoutent ou les voient). Elle était professeur de français, et psychanalyste, dans un hôpital de jour, et utilisait une œuvre littéraire, travaillée "comme un professeur de français" pendant toute une année scolaire en individuel avec un adolescent comme médiation psychothérapique.

[Arielle]

Merci à mes nouveaux lecteurs-commentateurs. 

Igloo, tu me gâtes !

Seyne tu me touches !

Je ne trouve pas non plus qu'il soit plus indécent de parler de son histoire personnelle que du charme des petites fleurs et des oiseaux (charme auquel je ne suis pas insensible, loin de là !) 
Ce que j'aurais tendance à trouver, non pas indécent mais lassant, ennuyeux dans ces histoires qui touchent de près leur auteur c'est le ton larmoyant, les jérémiades dans lesquels se complaisent parfois les amoureux déçus. Je fais de mon mieux pour éviter de vous noyer dans le fleuve de mes larmes ;-)

Merci infiniment à Jean Ahlmas qui met le doigt très précisément sur les deux vers à revoir de ce texte  que, pour ma défense, j'ai voulu très simple, peut-être pour exprimer ce que peut ressentir un enfant ... Je vais y repenser. 

[seyne]

Je ne suis pas d'accord avec lui. Le premier a une etrangete qui me renvoie a la difficulté d'atteindre cette position de respect, le dernier est beau et paisible. Serait-ce le mot "aimer" qui serait cu-cu ?
:-)

[Invité]

Je relève le rythme, heurté, cabossé, il me semble, des premières strophes, qui traduit la difficulté de se construire. Puis l'apaisement de la dernière strophe.

[PAPIBALA]

La plume c'est la main,
et le coeur la tient...

[Invité]

Je te dirai pourquoi je n'ai pas commenté

[obi]

Magnifique Arielle!
Les deux premières strophes, comme dit igloo c'est jblam!
Pour le sens, il est très fort dans la troisième aussi mais moins bien exprimé je pense. C'est moins pur, non, moins directement efficace; ça reprend de la force dans la dernière mais vraiment, il me semble qu'il y a un déséquilibre dans l'intensité. Surtout, il vaudrait mieux qu'elle aille crescendo.

Bravo pour le titre, très parlant et merci.

[Pussicat]

difficile de commenter un texte pareil.
j'ai lu,
j'ai aimé,
et sans doute je reviendrai le lire.

[Pascal-Claude Perrault]

Simplicité, émotion, je n'ai rien à ajouter à ce qui a été dit. J'aime le titre.

[Polixène]

Lu et relu, apprécié chaque fois pour la pudeur et la dignité, si délicatement chantées.

[Arielle]

Merci pour ces dernières visites et ces remarques qui me touchent.
Coline, heureusement qu'on n'est pas obligé de commenter tout ce qu'on lit !

[troupi2]

Je suis d'accord en tous points avec Seyne, c'est tellement bien observé et je suis encore d'accord avec lui quand il ne pense pas que ces deux vers doivent être revus ; ils me semblent aller avec le reste du poème si bien écrit.

[Manon Lunalice]

On croirait que ce poème vous avez mis de longues années avant de l'écrire. C'est comme si aujourd'hui vous aviez trouvé les mots... Moi je n'en ai plus trop.

[Legone]

La première image ne m'a pas convaincu. C'est trop attendu. C'est prenant globalement mais un peu forcé. Trop d'implication personnelle? Je suis resté en dehors malgré de beaux passages.

[Yoni Wolf]

la dernière strophe a cette force de l'intime devenu universel, elle parle, elle s'ouvre, elle dévoile quelque chose au noyau dur des lecteurs, et moi, perso, ça me chamboule.
Sinon bah rythmiquement c'est toujours au poil.
Poétiquement c'est bon aussi.

[Ariel]

J'ai aimé le commentaire "Attention : fragile, attention : solide"

et le texte aussi, avec la maturité au sujet de l'implication personnelle, et la nuance d'avec: l'intime.

J'ai eu envie de lire, à chaque fois, dans le corps du texte, le vent du sable,
plutôt que de sable, même si le sens est un peu différent.

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