La courroie du rien

[Yali]

On est
Sans permission
Retransmission
Courroie

On est
Comme pluie de regrets
Bouts de métal chair
Steeple chaise
Le cul entre
Rockin
Mauvais cheval

On naît
Par hasard
Au comptoir
Tard le soir
Entre deux mots
Mauvais
Bon…

On naît
Dans l’étreinte
Chair métallisée
Suée
Os dressés
Blessants

On est
Vivant pour un « Salut toi. »
Déjà mort
Pour un « Au revoir toi. »

On naît
Dans ses bras
Refermés
Sur soi
Sur soie
Toile à matelas
C’est des sentiments

On est
Un peu l’autre
C’est vrai
Pas souvent
Si peu
Si tellement
Pourtant…

On naît
Entre deux verres
Deux globes de chair
On sabre
Des bouteilles
Des idées
Belles les bouteilles
Cassantes les idées

On est
Du blues
Et sous les blouses
D’où l’on sort
On retourne
Sans arrêt
Sans jamais
S’arrêter

On naît nus
Nuée
Métallisée
Méthane
Bientôt

On est
Moteur à cercueil
« Ça va ? »
— Ça gaze et toi ?

On naît
Courroie de transmission
Sanglé

On est
Juste du cuir
Un brin tanné
Sacs de jeunes filles
Trimballés sur le côté
Sur hanche
A l’épaule porté
Dans le métro
Pressé

On naît
Un matin
Courroie
« Éh, tu sais quoi ? »
« Non, dis moi ? »
« On est ! »
« Et ? »
« Et rien ! »
« Ah ! »
« Éh, tu sais quoi ? »
« Non, dis moi ? »
« J’aime ce rien entre toi et moi. C’est comme… »
« Une courroie ? »
« Une quoi ? »
« Rien, viens plus près ! »

[Lifewithwords]

Je trouve qu'il y a quelques magnifiques strophes :

On est
Vivant pour un « Salut toi. »
Déjà mort
Pour un « Au revoir toi. »


On naît
Dans ses bras
Refermés
Sur soi
Sur soie
Toile à matelas
C’est des sentiments

et d'autres encore que j'ai beaucoup apprécié.

Et il y en a des que j'aurais bien enlevé parce qu'elles alourdissent un peu le tout, je trouve :

On naît nus
Nuée
Métallisée
Méthane
Bientôt

Sinon il y a un rythme que j'aime bien, de belles idées. Peut-être un peu clus court, ça aurait permis de donner encore plus de force à ton idée, je ne sais pas...

[brumes]

j'ai du mal à faire un vrai comm je comprend pas ???

désolé je vais relire et peut-être que....

[mentor]

j'aime beaucoup le petit dialogue de la fin, le reste me parle moins

[Saint Jean-Baptiste]

« Impressionnisme »
Je dis peut-être une bêtise, mais c'est le mot qui me vient à l'esprit.
On dirait un poème construit comme un tableau d'impressionniste.
Une succession des mots vous mettent dans l'impression de quelque chose...

C'est peut-être pas très compréhensible ce que je dis ; on pourrait dire plus simplement que c'est un beau poème.

[claire]

C'est du jeu? C'est sérieux? Ou c'est les deux?
Je n'y suis pas hermétique; je ne sens et ressens rien, non pas que cela ne me "parle " pas, mais je lis un texte, une suite, et j'affectionne particulièrement les suites, à effets; sur les homophonies, les contraires, les jeux de mots ... mais ça sonne creux. D'ailleurs, ça ne sonne pas. Est-ce un jeu entre le vide et le rien ou suis-je en train de prêter d'éventuelles intentions inexistantes?

[Loupbleu]

Est-ce moi, mais j'ai trouvé ce texte d'une parfaite clarté (me serais-je égaré ?).

J'ai compris : que dans la vie on est rien en tant qu'être individuel, sauf précisément à être avec l'autre, ou dans l'existence d'un entre-deux (d'où le jeu courroie de transmission). Un peu un : "on est parce que je te suis" (enfin surtout les nanas, ça c'est Yali).

La même petite réticence que Faustine sur le même passage, (mais là il me manque peut-être juste le sens ?).

Dans l'ensemble, ayant l'impression d'avoir compris, j'apprécie la façon dont l'évocation est condensée, le jeu sur les mots me sied et le texte me plait beaucoup.

[claire]

S'il s'agit seulement de comprendre alors oui effectivement je crois bien avoir bien compris, répétition.
Et donc, serpent qui se mord la queue; ça ne change rien ni pour moi ni pour le texte ! (mais Loup-bleu, dans Yali, tout est bon, n'est-ce pas ?!)

[Kilis]

C'est
et c'est bon
What else ?

[Loupbleu]

Je disais ce que j'avais compris, (est-ce exact ?), pour donner un retour à l'auteur, et peut-être donner une indication à brumes par exemple (mais il a bien le droit de trouver ça imbitable !).

Après, je reconnais que j'aime beaucoup Yali, (pas tout mais presque), ceci dit je ne force personne à être d'accord, et c'est même très bien qu'il y ait des avis différents !

[Invité]

Yali nous emmène au dialogue final où l'on descend pour faire un tour. Je trouve personnellement que le voyage est un peu long, mi automatique, mi Bukien, miminimaliste, sans rimes, sans rien, sans rythme: Yalien à lire mais c'est bien. Pourquoi pas?Voilà.

ps: j'ai bien compris le texte. A la différence de l'article qui m'est tombé sur la gueule à propos de la responsabilité des auteurs de presse envers la vérité.

http://semen.revues.org/document2792.html

[Sahkti]

What else ?

ben George, tout de même... :-) Il a autant de gueule que le poème de Yali, non?

Un registre sensible qu'on te connaît mais pas sous cette forme poétique.
J'ai été davantage touchée par le contenu que par la forme, même si je trouve celle-ci réussie et séduisante au niveau des sonorités et des rythmes créés avec et entre les mots.
J'ai aimé les idées qui se dégagent, cet effleurement, cette mise à nu, que je perçois (mais c'est très perso) comme un grand cri de détresse d'impuissance, mais aussi de rage et d'envie.

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