Canicule
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Annie
Polixène
troupi2
Arielle
8 participants
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Canicule
- Spoiler:
- Sur les suites pour violoncelle seul de J.S. Bach
Comme s’effondre entre deux rounds
un boxeur sonné
l’horizon
harassé tremble dans ses cordes
Grave
tendu
le ciel n’accorde
aucun répit aux champs pâmés
et le jardin gémit
en quête d’une ondée
Toute vie pétrifiée
cherche l’abri des murs
Un prélude s’enroule
derrière les volets
aux doigts du virtuose abreuvant l’ombre close
l’amphore d’un violoncelle
déverse sa fraîcheur
sur la brûlure du monde
Re: Canicule
C'est excellent
on croit lire une traduction d'un lied de JSB
tout à fait dans le ton de l'époque
on croit lire une traduction d'un lied de JSB
tout à fait dans le ton de l'époque
Invité- Invité
Re: Canicule
"l’amphore d’un violoncelle
déverse sa fraîcheur
sur la brûlure du monde"
Si la chaleur qui nous écrase n'avait comme raison d'être que la lecture de morceaux choisis tel celui-ci elle deviendrait de suite plus aimable. Merci Arielle.
déverse sa fraîcheur
sur la brûlure du monde"
Si la chaleur qui nous écrase n'avait comme raison d'être que la lecture de morceaux choisis tel celui-ci elle deviendrait de suite plus aimable. Merci Arielle.
troupi2- Nombre de messages : 158
Age : 68
Localisation : quelque part sur la terre
Date d'inscription : 11/03/2013
Re: Canicule
Respect!!
Polixène- Nombre de messages : 3287
Age : 61
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
Re: Canicule
Merci pour la fraîcheur de ces vers, Arielle. J'admire le rythme primesautier malgré la chaleur.
J'ai juste trouvé le premier vers un peu long ; si l'image est parlante, euphoniquement c'est moins réussi.
J'ai juste trouvé le premier vers un peu long ; si l'image est parlante, euphoniquement c'est moins réussi.
Invité- Invité
Re: Canicule
Je suis troublée, chère Arielle, partagée entre deux impressions : ce poème témoigne de la maîtrise indiscutable qui est la tienne, mais en même temps je suis un peu agacée par sa préciosité.
tépoigne : j'avais écrit tépoigne à la place de témoigne, c'est un lapsus assez criant pour mériter d'être relevé et souligné.
Les suites pour violoncelle me poignent.
tépoigne : j'avais écrit tépoigne à la place de témoigne, c'est un lapsus assez criant pour mériter d'être relevé et souligné.
Les suites pour violoncelle me poignent.
Annie- Nombre de messages : 1452
Age : 73
Date d'inscription : 07/07/2010
Re: Canicule
acuité de l'observation
rendu de l'espace, avec au fond
cette ligne trouble de chaleur qui vibre et sonne comme un brûleur
belle figuration
merci pour cette lecture
ma première du matin
fait du bien ))
rendu de l'espace, avec au fond
cette ligne trouble de chaleur qui vibre et sonne comme un brûleur
belle figuration
merci pour cette lecture
ma première du matin
fait du bien ))
Re: Canicule
Ah, j'aime beaucoup, et surtout la dernière strophe,où l'on sent bien le contraste entre le brasier extérieur et la relative fraîcheur intérieure, grâce à la musique (en plus j'adore les sonorités du violoncelle)
"derrière les volets aux doigts du virtuose abreuvant l'ombre close", c'est très beau.
Ferrat a chanté "à l'ombre close des volets" dans "Mourir debout"
Ce sont les volets qui sont clos et non l'ombre. Cette figure de style doit bien avoir un nom, mais je ne le connais pas. En tout cas, c'est vachement poétique. Merci Arielle.
< NDLM : Il s'agit d'une hypallage. >
"derrière les volets aux doigts du virtuose abreuvant l'ombre close", c'est très beau.
Ferrat a chanté "à l'ombre close des volets" dans "Mourir debout"
Ce sont les volets qui sont clos et non l'ombre. Cette figure de style doit bien avoir un nom, mais je ne le connais pas. En tout cas, c'est vachement poétique. Merci Arielle.
< NDLM : Il s'agit d'une hypallage. >
Invité- Invité
Re: Canicule
Arielle
quand je lis vos poèmes
celui-ci et les autres
je ne peux m'empêcher d'en comparer l'écriture
avec une méthode illustrée pour le dessin ou la peinture
de celles que l'on trouve dans les magasins de couleurs
je suis admiratif devant l'exactitude de l'image
la netteté du trait, la justesse des proportions
mais il me manque toujours ce petit quelque chose
qui jaillirait du noyau de l'être
ici, l'émotion poétique qui vous a forcée à écrire
vous l'évoquez, vous en parlez, vous l'apercevez
mais je ne lis pas sa jouissance, celle du frottement sonore de l'archet contre la corde
quand le son devient rauque, guttural, ventral,
et que l'écriture n'est plus qu'une dictée musicale
la terre à l'horizon trop lumineuse
le chant, la femme violoncelle
le souffle brûlant, la voix de colophane
et vos doigts sur les cordes qui appuient justement
la musique traversant indéfiniment l'instrument
résonnerait encore encore en écho dans le corps du lecteur
il n'est pas facile d'expliquer ce qui n'est que sensation
ce que je viens d'écrire n'est qu'émotion personnelle
petit reproche enthousiaste de tout le reste
amitié
quand je lis vos poèmes
celui-ci et les autres
je ne peux m'empêcher d'en comparer l'écriture
avec une méthode illustrée pour le dessin ou la peinture
de celles que l'on trouve dans les magasins de couleurs
je suis admiratif devant l'exactitude de l'image
la netteté du trait, la justesse des proportions
mais il me manque toujours ce petit quelque chose
qui jaillirait du noyau de l'être
ici, l'émotion poétique qui vous a forcée à écrire
vous l'évoquez, vous en parlez, vous l'apercevez
mais je ne lis pas sa jouissance, celle du frottement sonore de l'archet contre la corde
quand le son devient rauque, guttural, ventral,
et que l'écriture n'est plus qu'une dictée musicale
la terre à l'horizon trop lumineuse
le chant, la femme violoncelle
le souffle brûlant, la voix de colophane
et vos doigts sur les cordes qui appuient justement
la musique traversant indéfiniment l'instrument
résonnerait encore encore en écho dans le corps du lecteur
il n'est pas facile d'expliquer ce qui n'est que sensation
ce que je viens d'écrire n'est qu'émotion personnelle
petit reproche enthousiaste de tout le reste
amitié
Re: Canicule
Merci à ceux et celles qui ont partagé avec moi la fraîcheur de ces suites que j'adore et qui m'ont inspiré ce texte un brin précieux comme le dit Annie ;-)
Ce « quelque chose » qui manque à mes poèmes, Frédéric, si je te suis bien, serait à chercher du côté de la spontanéité et tu as tout à fait raison : il est rare que je livre un premier jet de mes textes.
A force d’être polis et triturés ils perdent certainement cet éclat de pierre brute, ce naturel que tu regrettes, sans doute à juste titre. Manquant de confiance en moi je traque mes maladresses, je suis à l’affût de mes tics d’écriture que d’autres cultiveraient peut-être avec bonheur. C’est aussi ce que je comprends quand Annie parle de préciosité.
Je suis sincèrement désolée de constater que cet acharnement à trouver le mot juste, la formulation la plus claire puisse nuire au rendu de l’émotion mais je ne pense pas être capable d’écrire autrement même si je vais essayer d’y être plus attentive en cultivant le naturel (c'est pas gagné !). En tout cas, merci pour ta sincérité.
Ce « quelque chose » qui manque à mes poèmes, Frédéric, si je te suis bien, serait à chercher du côté de la spontanéité et tu as tout à fait raison : il est rare que je livre un premier jet de mes textes.
A force d’être polis et triturés ils perdent certainement cet éclat de pierre brute, ce naturel que tu regrettes, sans doute à juste titre. Manquant de confiance en moi je traque mes maladresses, je suis à l’affût de mes tics d’écriture que d’autres cultiveraient peut-être avec bonheur. C’est aussi ce que je comprends quand Annie parle de préciosité.
Je suis sincèrement désolée de constater que cet acharnement à trouver le mot juste, la formulation la plus claire puisse nuire au rendu de l’émotion mais je ne pense pas être capable d’écrire autrement même si je vais essayer d’y être plus attentive en cultivant le naturel (c'est pas gagné !). En tout cas, merci pour ta sincérité.
Re: Canicule
Mon commentaire se bornera à dire le plaisir que j'ai eu à lire ce poème. Je l'ai même lu à voix haute.
C'est très beau.
C'est très beau.
Invité- Invité
Re: Canicule
Arielle, ton humilité t'honore, mais tu n'as pas à t'excuser d'avoir une plume exigeante et fertile.
Rechercher l'imperfection, dans l'espoir d'apporter un surcroît d'émotion est très tendance, mais pour le moins aventureux.
En revanche, je trouve que tu sous-exploites ton talent.
Tu as la veine classique. Ne t'en défends pas, cela s'entend dans tes rythmes.
Tu devrais t'y frotter sérieusement.
Crois-moi, contrairement à ce qu'en disent ses détracteurs, c'est un exercice tout à fait jubilatoire.
Rechercher l'imperfection, dans l'espoir d'apporter un surcroît d'émotion est très tendance, mais pour le moins aventureux.
En revanche, je trouve que tu sous-exploites ton talent.
Tu as la veine classique. Ne t'en défends pas, cela s'entend dans tes rythmes.
Tu devrais t'y frotter sérieusement.
Crois-moi, contrairement à ce qu'en disent ses détracteurs, c'est un exercice tout à fait jubilatoire.
Invité- Invité
Re: Canicule
Salut Arielle. J'aime beaucoup.
Legone- Nombre de messages : 1121
Age : 50
Date d'inscription : 02/07/2012
Re: Canicule
Je suis revenue lire ce poème pour le plaisir et, lisant les commentaires, je suis Tizef dans ses réflexions.
Je pense comme lui depuis longtemps. En observant les règles de la versification je ne pense pas que tu perdrais ton talent, bien au contraire, il serait mis en valeur, comme un beau bijou dans un bel écrin...
Je pense comme lui depuis longtemps. En observant les règles de la versification je ne pense pas que tu perdrais ton talent, bien au contraire, il serait mis en valeur, comme un beau bijou dans un bel écrin...
Invité- Invité
Re: Canicule
Tizef :
La jubilation qu'on peut éprouver en respectant scrupuleusement les règles de la versification classique ne fait aucun doute pour moi. En pratique, je commence habituellement à rédiger mes textes en tenant compte de ces règles, ce n'est que dans un deuxième temps que j'assouplis les rythmes et la rigueur des sonorités.
Je préfère l'assonance à la rime pure tout simplement parce qu'elle permet plus de précision, de concordance avec le sens. Quant au rythme (la musique est très importante pour moi en poésie), il reste toujours présent à l'oreille même si mes vers ne suivent pas la découpe originelle. J'essaie de concilier la ponctuation (ou plutôt son absence) avec une présentation visuelle plus aérienne et moins compacte sur la page.
Il me semble qu'en déshabillant le sonnet de ses règles classiques (de son écrin) on ne lui ôte rien d'autre qu'une certaine raideur pour lui rendre la souplesse, la légèreté initiales qui sont l'apanage de la poésie comme je le conçois. Mais c'est un point de vue qu'on pourrait discuter à l'infini ;-)
Merci legone et Iris pour votre passage amical
Embellie :Tu as la veine classique. Ne t'en défends pas, cela s'entend dans tes rythmes.
Tu devrais t'y frotter sérieusement.
Crois-moi, contrairement à ce qu'en disent ses détracteurs, c'est un exercice tout à fait jubilatoire.
Merci à vous deux pour ces remarques qui m'honorent connaissant votre propre démarche poétique à tous deux.En observant les règles de la versification je ne pense pas que tu perdrais ton talent, bien au contraire, il serait mis en valeur, comme un beau bijou dans un bel écrin...
La jubilation qu'on peut éprouver en respectant scrupuleusement les règles de la versification classique ne fait aucun doute pour moi. En pratique, je commence habituellement à rédiger mes textes en tenant compte de ces règles, ce n'est que dans un deuxième temps que j'assouplis les rythmes et la rigueur des sonorités.
Je préfère l'assonance à la rime pure tout simplement parce qu'elle permet plus de précision, de concordance avec le sens. Quant au rythme (la musique est très importante pour moi en poésie), il reste toujours présent à l'oreille même si mes vers ne suivent pas la découpe originelle. J'essaie de concilier la ponctuation (ou plutôt son absence) avec une présentation visuelle plus aérienne et moins compacte sur la page.
Il me semble qu'en déshabillant le sonnet de ses règles classiques (de son écrin) on ne lui ôte rien d'autre qu'une certaine raideur pour lui rendre la souplesse, la légèreté initiales qui sont l'apanage de la poésie comme je le conçois. Mais c'est un point de vue qu'on pourrait discuter à l'infini ;-)
Merci legone et Iris pour votre passage amical
Re: Canicule
Merci Dame ou Sieur Modé habillé de rouge.embellie a écrit:Ah, j'aime beaucoup, et surtout la dernière strophe,où l'on sent bien le contraste entre le brasier extérieur et la relative fraîcheur intérieure, grâce à la musique (en plus j'adore les sonorités du violoncelle)
"derrière les volets aux doigts du virtuose abreuvant l'ombre close", c'est très beau.
Ferrat a chanté "à l'ombre close des volets" dans "Mourir debout"
Ce sont les volets qui sont clos et non l'ombre. Cette figure de style doit bien avoir un nom, mais je ne le connais pas. En tout cas, c'est vachement poétique. Merci Arielle.
< NDLM : Il s'agit d'une hypallage. >
Invité- Invité
Re: Canicule
Merci pour tout le poème mais spécialement pour :
" toute vie pétrifiée cherche l'abri des murs" c'est une image qui paraît à la fois très recherchée et si simple, criante de vérité!
" toute vie pétrifiée cherche l'abri des murs" c'est une image qui paraît à la fois très recherchée et si simple, criante de vérité!
obi- Nombre de messages : 553
Date d'inscription : 24/02/2013
Re: Canicule
C'est trés beau.
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
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