Août
3 participants
Page 1 sur 1
Août
Le pont gronde sous le poids du tombereau.
Ô le chant des écluses. Les eaux.
Sous les frondaisons, c'est lui.
Assis, les pieds ballants, du haut d'une botte
De foin, dans laquelle j'avais planté ma fourche
Je regardais le paysage défiler.
D'abord, ce fut le chemin de hallage,
Puis la maison de l'éclusier,
Et enfin les jardins des particuliers.
Le monde va à cent à l'heure,
mais vous n'empêcherez jamais une vache de marcher à trois,
disait Fernand Léger.
Le monde est plus beau quand on suit le pas des chevaux.
Ô la jeune hollandaise, aurore blonde, comète, fanal,
derrière ses parents, des gens de la "haute"
sur le bord du canal, cueillant des fleurs,
Ô l'éclusier debout sur le pas de sa porte,
la tête au ciel, les mains à l'aine,
comme dans la peinture de Millet, l'angélus,
rejoint par sa femme,
séparant son regard d'une péniche au loin,
Ô les légumes grossis sous le poids des semaines,
et la binette posée contre une cabane construite avec des palettes
et le jardinier, torse nu irradiant, se passant sous le jet d'eau !
J'avais de l'or sous mes semelles, et des ampoules aux doigts,
en ce temps-là.
L'âge de l'innocence ( au regard d'aujourd'hui, tout est relatif ),
du coeur et sa loi,
Au premier verre de vin pourpre,
Aux premières bières d'or,
chaque fièvre est nouvelle.
Août. La fin des foins,
Pied-de-nez aux orages,
Sourire en coin,
Je suis en sueur, la peau me gratte.
Je pue certainement,
Mais je suis heureux :
J'ai quinze ans et je plais aux filles.
Je suis heureux, bel âge.
Pas de problème de rate.
Encore un peu de temps et l'échelle s'allongera pour remplir les deux greniers,
S'allongera comme le temps,
Que ne suis-je à nouveau là-haut,
Dans l'encadrement de la porte,
Splendide dans l'effort spontané,
Avec le sentiment du devoir accompli,
Ombre dans le jour et dans la beauté d'un mois août éternel.
Ô le chant des écluses. Les eaux.
Sous les frondaisons, c'est lui.
Assis, les pieds ballants, du haut d'une botte
De foin, dans laquelle j'avais planté ma fourche
Je regardais le paysage défiler.
D'abord, ce fut le chemin de hallage,
Puis la maison de l'éclusier,
Et enfin les jardins des particuliers.
Le monde va à cent à l'heure,
mais vous n'empêcherez jamais une vache de marcher à trois,
disait Fernand Léger.
Le monde est plus beau quand on suit le pas des chevaux.
Ô la jeune hollandaise, aurore blonde, comète, fanal,
derrière ses parents, des gens de la "haute"
sur le bord du canal, cueillant des fleurs,
Ô l'éclusier debout sur le pas de sa porte,
la tête au ciel, les mains à l'aine,
comme dans la peinture de Millet, l'angélus,
rejoint par sa femme,
séparant son regard d'une péniche au loin,
Ô les légumes grossis sous le poids des semaines,
et la binette posée contre une cabane construite avec des palettes
et le jardinier, torse nu irradiant, se passant sous le jet d'eau !
J'avais de l'or sous mes semelles, et des ampoules aux doigts,
en ce temps-là.
L'âge de l'innocence ( au regard d'aujourd'hui, tout est relatif ),
du coeur et sa loi,
Au premier verre de vin pourpre,
Aux premières bières d'or,
chaque fièvre est nouvelle.
Août. La fin des foins,
Pied-de-nez aux orages,
Sourire en coin,
Je suis en sueur, la peau me gratte.
Je pue certainement,
Mais je suis heureux :
J'ai quinze ans et je plais aux filles.
Je suis heureux, bel âge.
Pas de problème de rate.
Encore un peu de temps et l'échelle s'allongera pour remplir les deux greniers,
S'allongera comme le temps,
Que ne suis-je à nouveau là-haut,
Dans l'encadrement de la porte,
Splendide dans l'effort spontané,
Avec le sentiment du devoir accompli,
Ombre dans le jour et dans la beauté d'un mois août éternel.
Nathanaël Zenou- Nombre de messages : 206
Age : 43
Date d'inscription : 02/05/2010
Re: Août
Il y a quelques belles images; d'autres me paraissent un brin trop évidentes comme la présence d'une hollandaise.
C'est visuel, pas désagréable du tout mais il (me) manque une fluidité, quelque chose qui lierait l'ensemble. ici, ça me paraît être raconté sans réelle harmonie, succession de tableaux et d'impressions sans que tout cela ne prenne réellement corps; il suffirait sans doute de peu de choses.
C'est visuel, pas désagréable du tout mais il (me) manque une fluidité, quelque chose qui lierait l'ensemble. ici, ça me paraît être raconté sans réelle harmonie, succession de tableaux et d'impressions sans que tout cela ne prenne réellement corps; il suffirait sans doute de peu de choses.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Août
presque une nouvelle,
un roman
Guillaumain, Peguy, Pergaud, Genevoix, Mistral, Van der Meersch, Pagnol, ... etc...
ce texte, persoje,
je le diluerai en prose... c'est de la bonne racine, ça monsieur !
amitié
un roman
Guillaumain, Peguy, Pergaud, Genevoix, Mistral, Van der Meersch, Pagnol, ... etc...
ce texte, persoje,
je le diluerai en prose... c'est de la bonne racine, ça monsieur !
amitié
Re: Août
Je plussoie
J'ai savouré ce texte à la petite cuiller en regrettant seulement les aller-à-la-ligne
C'est de l'excellente poésie en prose
J'ai savouré ce texte à la petite cuiller en regrettant seulement les aller-à-la-ligne
C'est de l'excellente poésie en prose
Invité- Invité
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|