Ranger avant le désordre
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Ranger avant le désordre
- T'as rangé le parasol ?
- Oui
- Et les palmes ?
- Avec le tuba et la bouée de Noémie
- Le canard d'Anatole ?
- Sous le matelas de Pépé Museau
Ils transpirent, s'agitent.
Les derniers rayons du soleil dorent les valises et les sacs plastique de marque supérette gonflés à bloc.
Le sable lourd et humide colle aux chaussettes roulées sur les chevilles rougies.
Anatole, à genoux caillouteux, achève de dégonfler la bouée de la petite demi-sœur portion de peste bouclée. Ses lèvres serrées sifflent un air perdu. On entend les vagues molles, le cri des mouettes à cheval sur la liberté qui rôdent dans la tête de l'enfant penché sur le cou mort du canard aveugle.
Il presse de ses mains halées l'animal muet, les bains joyeux, les éclaboussures d'eau salée, les rires clairs, les cris, les battements de pieds. Il presse le temps rangé sagement dans les ustensiles des vacances cadencées que l'air immobilise.
Les parents, pressés, se hâtent de boucler les heures d'après contre celles d'avant.
Pépé Museau sans mémé, noue les rubans de ses grosses veines. Il jette un coup d'œil sur le camping. Soupire. Au-dessus de lui une ombre familière dessine ses arabesques.
On photographie.
Mitraille les vues sucées et resucées de l'aubaine temporelle.
Au loin les guerres grondent, les mondes se défont sans cesser de renouveler leurs chaines aux pieds.
Les orages amassent leurs grains de folie.
Les pattes creusent la fosse commune des agités de la vie.
Au loin, partout ailleurs, les étoiles sans lunes tournent le dos aux incertitudes.
On gratte.
On range.
On soupire.
- Les mouchoirs ?
- Oui
- Les shorts ?
- Dans les chapeaux
- Bon, alors on y va.
Le premier vent soulève la poussière de la concession sans mémoire...
- Oui
- Et les palmes ?
- Avec le tuba et la bouée de Noémie
- Le canard d'Anatole ?
- Sous le matelas de Pépé Museau
Ils transpirent, s'agitent.
Les derniers rayons du soleil dorent les valises et les sacs plastique de marque supérette gonflés à bloc.
Le sable lourd et humide colle aux chaussettes roulées sur les chevilles rougies.
Anatole, à genoux caillouteux, achève de dégonfler la bouée de la petite demi-sœur portion de peste bouclée. Ses lèvres serrées sifflent un air perdu. On entend les vagues molles, le cri des mouettes à cheval sur la liberté qui rôdent dans la tête de l'enfant penché sur le cou mort du canard aveugle.
Il presse de ses mains halées l'animal muet, les bains joyeux, les éclaboussures d'eau salée, les rires clairs, les cris, les battements de pieds. Il presse le temps rangé sagement dans les ustensiles des vacances cadencées que l'air immobilise.
Les parents, pressés, se hâtent de boucler les heures d'après contre celles d'avant.
Pépé Museau sans mémé, noue les rubans de ses grosses veines. Il jette un coup d'œil sur le camping. Soupire. Au-dessus de lui une ombre familière dessine ses arabesques.
On photographie.
Mitraille les vues sucées et resucées de l'aubaine temporelle.
Au loin les guerres grondent, les mondes se défont sans cesser de renouveler leurs chaines aux pieds.
Les orages amassent leurs grains de folie.
Les pattes creusent la fosse commune des agités de la vie.
Au loin, partout ailleurs, les étoiles sans lunes tournent le dos aux incertitudes.
On gratte.
On range.
On soupire.
- Les mouchoirs ?
- Oui
- Les shorts ?
- Dans les chapeaux
- Bon, alors on y va.
Le premier vent soulève la poussière de la concession sans mémoire...
Ba- Nombre de messages : 4855
Age : 71
Localisation : Promenade bleue, blanc, rouge
Date d'inscription : 08/02/2009
Re: Ranger avant le désordre
J'aime, j'aime, mille fois oui. C'est toujours revigorant de vous lire.
Invité- Invité
Re: Ranger avant le désordre
Moi aussi, beaucoup.
Loïc Relly- Nombre de messages : 120
Age : 31
Date d'inscription : 29/04/2013
Re: Ranger avant le désordre
On ne va surtout pas se plaindre que leur rentrée occasionne ton retour en prose.
Au loin les guerres grondent, les mondes se défont sans cesser de renouveler leurs chaines aux pieds.
Les orages amassent leurs grains de folie.
Les pattes creusent la fosse commune des agités de la vie.
Toujours la réflexion plus vaste en contrepoint, en complément du quotidien ; ou encore, le tunnel du quotidien comme prétexte/support à un vaste horizon... Quoiqu'il en soit, c'est signé et bien signé.
Au loin les guerres grondent, les mondes se défont sans cesser de renouveler leurs chaines aux pieds.
Les orages amassent leurs grains de folie.
Les pattes creusent la fosse commune des agités de la vie.
Toujours la réflexion plus vaste en contrepoint, en complément du quotidien ; ou encore, le tunnel du quotidien comme prétexte/support à un vaste horizon... Quoiqu'il en soit, c'est signé et bien signé.
Invité- Invité
Re: Ranger avant le désordre
Est ce qu'on vit nos rêves ou est ce qu'on rêve la vie ?
Quelle importance quand on doit plier nos armes avec nos larmes et bagages
et boucler nos valises à la pliure du temps et de l'espace
Ranger mais dans quel état j'erre ? a -t-on à peine le temps de se demander que l'affaire est déjà dans le sac.
Heureusement que sous les galets il y a parfois la page. Celle qu'écrit Ba qu'on ne se lasse pas de parcourir.
Quelle importance quand on doit plier nos armes avec nos larmes et bagages
et boucler nos valises à la pliure du temps et de l'espace
Ranger mais dans quel état j'erre ? a -t-on à peine le temps de se demander que l'affaire est déjà dans le sac.
Heureusement que sous les galets il y a parfois la page. Celle qu'écrit Ba qu'on ne se lasse pas de parcourir.
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: Ranger avant le désordre
message persoje à pépé muzo :
- accroche-toi, il paraît que l'année prochaine, le camping devient un club de vacances, ils vont engager des oldies-sitters de choix pour attirer les familles pouvoir-d'achat !
... j'aime bien les cartes postales,
merci !
- accroche-toi, il paraît que l'année prochaine, le camping devient un club de vacances, ils vont engager des oldies-sitters de choix pour attirer les familles pouvoir-d'achat !
... j'aime bien les cartes postales,
merci !
Re: Ranger avant le désordre
Cette scène de plage me paraît quand même surjouée, avec trop d'exagérations dans les effets de style. J'ai relevé ces deux phrases caractéristiques d'une écriture qui fait dans l'outrance, presque pompeuse :
« le cri des mouettes à cheval sur la liberté qui rôdent dans la tête de l'enfant »
« Il presse le temps rangé sagement dans les ustensiles des vacances cadencées que l'air immobilise. »
En voulant à tout prix produire du beau, vous êtes parvenu à l'effet inverse, quelque chose de lourd et d'indigeste. Car franchement, expliquez moi la dernière phrase, je n'y comprends rien !
Il n'y a rien de surréaliste là-dedans, juste des effets de manche. Le surréalisme ne cherche pas à enjoliver la réalité mais à la transfigurer par le renversement, le dévoiement des codes.
J'ai conscience que mon commentaire peut être dur mais ne croyez pas que je veuille vous blesser. Je vous livre simplement le fond de ma pensée sans l'enrober, en toute franchise.
« le cri des mouettes à cheval sur la liberté qui rôdent dans la tête de l'enfant »
« Il presse le temps rangé sagement dans les ustensiles des vacances cadencées que l'air immobilise. »
En voulant à tout prix produire du beau, vous êtes parvenu à l'effet inverse, quelque chose de lourd et d'indigeste. Car franchement, expliquez moi la dernière phrase, je n'y comprends rien !
Il n'y a rien de surréaliste là-dedans, juste des effets de manche. Le surréalisme ne cherche pas à enjoliver la réalité mais à la transfigurer par le renversement, le dévoiement des codes.
J'ai conscience que mon commentaire peut être dur mais ne croyez pas que je veuille vous blesser. Je vous livre simplement le fond de ma pensée sans l'enrober, en toute franchise.
Jano- Nombre de messages : 1000
Age : 54
Date d'inscription : 06/01/2009
Re: Ranger avant le désordre
Je ne sais plus trop où se situe la place pour répondre aux lecteurs, donc j'utilise cet espace pour saluer les petits yeux et doigts musclés qui ont pris la peine de lire le " ranger avant le désordre ". Je tiens à rassurer Jano et consorts, ceci n'est pas un portrait surréaliste...Ni une pipe d'ailleurs ;-)
Point de blessure d'ego, point de griffure de plume tout va bien.
Pour ce qui est de la "franchise", ma foi, elle ne s'adresse qu'à celui qui colle le timbre...
Point de blessure d'ego, point de griffure de plume tout va bien.
Pour ce qui est de la "franchise", ma foi, elle ne s'adresse qu'à celui qui colle le timbre...
Ba- Nombre de messages : 4855
Age : 71
Localisation : Promenade bleue, blanc, rouge
Date d'inscription : 08/02/2009
Arf,...
Bonjour Ba,
J'adore, et puis j'adore...parce que vous me rappelez une personne qui m'est chère, dans votre façon d'écrire.
Bienvenue chez nous, chez vous donc...
Marchevêque
J'adore, et puis j'adore...parce que vous me rappelez une personne qui m'est chère, dans votre façon d'écrire.
Bienvenue chez nous, chez vous donc...
Marchevêque
Marchevêque- Nombre de messages : 199
Age : 63
Date d'inscription : 08/09/2011
Re: Ranger avant le désordre
Votre/ton style unique mêle avec bonheur, dans un jeu malicieux, les profondeurs de champs, les changements brusques de point de vue, les précipités sensoriels et les failles spatio-temporelles.
Et moi j'aime beaucoup l'effet produit par ce kaléidoscope.
Et moi j'aime beaucoup l'effet produit par ce kaléidoscope.
Polixène- Nombre de messages : 3287
Age : 61
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
Re: Ranger avant le désordre
En quelques lignes, tu fais voyager et réfléchir, réagir aussi. La menace, sans cesse, qui plane sur ce petit monde qui remballe ses trucs de vacances quand d'autres tombent sous les balles et autre.
"Au loin les guerres grondent, les mondes se défont sans cesser de renouveler leurs chaines aux pieds."
Où on parle de "chaînes" quand, dans l'innocence de fin de vacances, on s'en attache une autour du cou : celle des habitudes.
Il y a une menace sourde qui parcourt le texte : j'aime.
"Au loin les guerres grondent, les mondes se défont sans cesser de renouveler leurs chaines aux pieds."
Où on parle de "chaînes" quand, dans l'innocence de fin de vacances, on s'en attache une autour du cou : celle des habitudes.
Il y a une menace sourde qui parcourt le texte : j'aime.
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 46
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: Ranger avant le désordre
Heureusement que ceci n'est pas une pipe ! Heureusement qu'il y a des gens comme toi qui laissent du jeu dans les mots au lieu de les asséner. On y gagne une certaine légèreté pour évoquer "du lourd", qui nous invite à réfléchir plutôt que de nous enjoindre de le faire !
Je n'ai jamais lu un texte signé Ba qui pèche par lourdeur, bien au contraire : finesse, malice et humanisme sont caractéristiques de ton style.
Il y a dans ce texte une fausse naïveté qui accentue le fossé entre ceux qui ramassent les jeux de plage et ceux qui ramassent les débris de leur maison... ou pire. Des concessions sans mémoire, et une mémoire sans concessions...
Je n'ai jamais lu un texte signé Ba qui pèche par lourdeur, bien au contraire : finesse, malice et humanisme sont caractéristiques de ton style.
Il y a dans ce texte une fausse naïveté qui accentue le fossé entre ceux qui ramassent les jeux de plage et ceux qui ramassent les débris de leur maison... ou pire. Des concessions sans mémoire, et une mémoire sans concessions...
Invité- Invité
Re: Ranger avant le désordre
Ce n'est pas très original Ba mais j'aime beaucoup, comme d'habitude, et j'aurais bien envie de copier-coller le commentaire de Coline tant il correspond à ce que j'ai envie de dire, donc je plussoie.
J'apprécie toujours ton sens du détail. Un mot, quelques lettres et c'est toute une scène qui s'esquisse sous nos yeux, dans les silences et la pudeur. Ce qui pourrait passer aux yeux de certains pour un surjeu m'apparaît au contraire comme une forme bien employée de la subtilité car derrière ce qui est asséné apparaît, en filigrane, ce qui est parfois si difficile à décrire ou expliquer... l'émotion.
J'apprécie toujours ton sens du détail. Un mot, quelques lettres et c'est toute une scène qui s'esquisse sous nos yeux, dans les silences et la pudeur. Ce qui pourrait passer aux yeux de certains pour un surjeu m'apparaît au contraire comme une forme bien employée de la subtilité car derrière ce qui est asséné apparaît, en filigrane, ce qui est parfois si difficile à décrire ou expliquer... l'émotion.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Ranger avant le désordre
Quand j'ai vu tous les commentaires dithyrambiques je me suis dit que j'étais passé à côté de quelque chose et j'ai relu attentivement. Rien à faire, ça ne passe pas ! J'ai toujours l'impression d'une accumulation de mots plus ou moins poétiques qui forment des phrases dénuées de sens. Par exemple je me creuse encore la tête pour déchiffrer ceci : "Mitraille les vues sucées et resucées de l'aubaine temporelle".
Bon, ça doit être une histoire de goût ...
Bon, ça doit être une histoire de goût ...
Jano- Nombre de messages : 1000
Age : 54
Date d'inscription : 06/01/2009
Re: Ranger avant le désordre
c'est dur le vélo.
moi j'ai beaucoup aimé.
les mondes se défont sans cesser de renouveler leurs chaines aux pieds
Beaucoup de choses me parlent, ce mouvement Camusien entre le tout proche et l'universel me plait.
pas à l'issu de mon plein gré, non.
moi j'ai beaucoup aimé.
les mondes se défont sans cesser de renouveler leurs chaines aux pieds
Beaucoup de choses me parlent, ce mouvement Camusien entre le tout proche et l'universel me plait.
pas à l'issu de mon plein gré, non.
Invité- Invité
Re: Ranger avant le désordre
Je suis un peu perplexe. La scène de genre presque triviale comme tremplin vers des réflexions quasi-métaphysiques ne me dérange pas, d'autant plus qu'elle est narrée non sans pertinence ni brio.
En revanche, je ne suis pas loin d'être d'accord avec Jano à propos du caractère obscur voire nébuleux de certaines de ces réflexions.
"...une ombre familière qui dessine ses arabesques..."
A part une arabesque, je ne vois pas ce qui pourrait donner une ombre d'arabesque.
"...les vues sucées et resucées de l'aubaine temporelle..."
Que je trouve limite charabia. Essayez de sucer une aubaine (temporelle ou pas) et vous verrez le résultat.
Et la dernière phrase :
"Le premier vent soulève la poussière de la concession sans mémoire..."
n'a strictement aucun intérêt. Tu aurais pu finir sur :
"- bon alors on y va"
une chute qui aurait eu le mérite de laisser le temps en supens, justement.
Bref, désolé, Ba, mais sur ce coup je n'accroche pas...
En revanche, je ne suis pas loin d'être d'accord avec Jano à propos du caractère obscur voire nébuleux de certaines de ces réflexions.
"...une ombre familière qui dessine ses arabesques..."
A part une arabesque, je ne vois pas ce qui pourrait donner une ombre d'arabesque.
"...les vues sucées et resucées de l'aubaine temporelle..."
Que je trouve limite charabia. Essayez de sucer une aubaine (temporelle ou pas) et vous verrez le résultat.
Et la dernière phrase :
"Le premier vent soulève la poussière de la concession sans mémoire..."
n'a strictement aucun intérêt. Tu aurais pu finir sur :
"- bon alors on y va"
une chute qui aurait eu le mérite de laisser le temps en supens, justement.
Bref, désolé, Ba, mais sur ce coup je n'accroche pas...
Gobu- Nombre de messages : 2400
Age : 69
Date d'inscription : 18/06/2007
Re: Ranger avant le désordre
Bien aimé.
La consigne est de ne pas chercher de midi à quatorze heures les significations de cette aubaine temporelle. Alors disons seulement que le passage entre les temps parallèles des vacances et de la vie laborieuse est très bien rendu.
Faut que je vienne plus souvent en prose. De jolies choses ici.
Invité- Invité
Re: Ranger avant le désordre
lire du Ba me réjouit et me donne toujours envie de prendre de la hauteur (dans tous les sens autorisés du mot)
Polixène- Nombre de messages : 3287
Age : 61
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
Re: Ranger avant le désordre
"hâlées"
"chaînes"
Il manque des points à la fin de certaines répliques.
Le charme particulier de ce texte tient pour beaucoup au jeu des figures de style qui mettent en perspective magie de l'instant et nécessité immédiate du retour.
Cependant, je m'arrêterai d'abord sur deux passages.
Ce groupe nominal élargi, construit en forme d'antithèse, offre une lecture ramassée pour le moins savoureuse du statut de la frangine.
"petite demi-sœur portion de peste"
Cette phrase...
"On entend les vagues molles, le cri des mouettes à cheval sur la liberté qui rôdent dans la tête / de l'enfant penché sur le cou mort du canard aveugle."
… procède par effet de déstructuration syntaxique progressive. Elle marque principalement une ligne de séparation ( / ) entre le monde enchanté, débordant d'images, du garçon et la représentation déceptive de l'objet, prémonitoire d'une chute brutale dans le quotidien le plus trivial.
"Il presse de ses mains hâlées l'animal muet, les bains joyeux, les éclaboussures d'eau salée, les rires clairs, les cris, les battements de pieds."
Le rapport tactile à l'objet fait se lever un travail allégorique par accumulation qui fixe l'enchantement, la durée magnifiée, comme suspendue, des heures passées.
Cette autre allégorie, au contraire, fixe l'effet de raccourci du temps précipité.
"Les parents, pressés, se hâtent de boucler les heures d'après contre celles d'avant."
Les personnifications qui se développent par la suite...
"... les mondes se défont sans cesser de renouveler leurs chaînes aux pieds."
"Les orages amassent leurs grains de folie."
"... les étoiles sans lunes tournent le dos aux incertitudes."
… appuient sur le réinvestissement inéluctable de l'agenda, sur l'esclavage, l'urgence du planning.
C'est surtout l'image de la tombe ("fosse commune", "concession sans mémoire") qui contribue à marquer l'enterrement d'un temps sans contraintes qui n'est d'ores et déjà plus perceptible que dans ce que le mitraillage photographique en aura conservé.
Merci pour ce partage !
"chaînes"
Il manque des points à la fin de certaines répliques.
Le charme particulier de ce texte tient pour beaucoup au jeu des figures de style qui mettent en perspective magie de l'instant et nécessité immédiate du retour.
Cependant, je m'arrêterai d'abord sur deux passages.
Ce groupe nominal élargi, construit en forme d'antithèse, offre une lecture ramassée pour le moins savoureuse du statut de la frangine.
"petite demi-sœur portion de peste"
Cette phrase...
"On entend les vagues molles, le cri des mouettes à cheval sur la liberté qui rôdent dans la tête / de l'enfant penché sur le cou mort du canard aveugle."
… procède par effet de déstructuration syntaxique progressive. Elle marque principalement une ligne de séparation ( / ) entre le monde enchanté, débordant d'images, du garçon et la représentation déceptive de l'objet, prémonitoire d'une chute brutale dans le quotidien le plus trivial.
"Il presse de ses mains hâlées l'animal muet, les bains joyeux, les éclaboussures d'eau salée, les rires clairs, les cris, les battements de pieds."
Le rapport tactile à l'objet fait se lever un travail allégorique par accumulation qui fixe l'enchantement, la durée magnifiée, comme suspendue, des heures passées.
Cette autre allégorie, au contraire, fixe l'effet de raccourci du temps précipité.
"Les parents, pressés, se hâtent de boucler les heures d'après contre celles d'avant."
Les personnifications qui se développent par la suite...
"... les mondes se défont sans cesser de renouveler leurs chaînes aux pieds."
"Les orages amassent leurs grains de folie."
"... les étoiles sans lunes tournent le dos aux incertitudes."
… appuient sur le réinvestissement inéluctable de l'agenda, sur l'esclavage, l'urgence du planning.
C'est surtout l'image de la tombe ("fosse commune", "concession sans mémoire") qui contribue à marquer l'enterrement d'un temps sans contraintes qui n'est d'ores et déjà plus perceptible que dans ce que le mitraillage photographique en aura conservé.
Merci pour ce partage !
jfmoods- Nombre de messages : 692
Age : 58
Localisation : jfmoods@yahoo.fr
Date d'inscription : 16/07/2013
Re: Ranger avant le désordre
Évidemment, je me suis vautré...
"petite demi-sœur portion de peste"
... n'est pas une antithèse, mais un parallélisme qui met joyeusement en perspective aspect physique et aspect moral.
Merci pour ce partage !
"petite demi-sœur portion de peste"
... n'est pas une antithèse, mais un parallélisme qui met joyeusement en perspective aspect physique et aspect moral.
Merci pour ce partage !
jfmoods- Nombre de messages : 692
Age : 58
Localisation : jfmoods@yahoo.fr
Date d'inscription : 16/07/2013
Re: Ranger avant le désordre
ce qui m'épate le plus est l'absence totale et délibérée de pelle à gâteau.
hi wen- Nombre de messages : 899
Age : 27
Date d'inscription : 07/01/2011
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