Table rase

[post scriptum]

Balancer ces objets
Loin de moi
Pour qu’ils claquent
En tombant sur un sol
Inerte et sans goût

Saccager
Les rimes
Et les rites
Enrobés
Par ces mots
Soupesés
Charmeurs cauteleux
Pour crétins
Habitués à mastiquer
La jolie et sonore
Mélodie du commun

Et le feu sous la table
En son centre jaillira
Pour briller et brûler
Une vie monotone
Maintenue à tout prix
Par ces mains ténues
Faibles prises

Quotidien
Engoncé
Comme un sonnet
Ficelé

Lucifer
Se moque
Des quatrains et tercets
Et du doigt les renverse
Et la table s’élève
Vive neuve passion
A gueuler

Le prochain
Coup de pied
Fera renaître
Pour un temps
Un bordel
Une rage
Dans le ventre du rêveur
Aux chemises
Passées
Repassées
Pliées
Et trop mises

Balancer ces objets
Qui rangent et rongent
Les mines grises
Aux yeux rouges et chauds
Reniflant
L’étincelle
Sous la table
A dresser

[Invité]

Bon, c'est l'automne et il fait froid un peu partout en France. Tu n'es pas de bonne humeur semble-t-il et c'est ton droit. Mais ce saccage ne me touche pas trop et je reste spectateur extérieur. Merci de ne pas oublier de laisser ce forum aussi propre en partant que vous auriez souhaité le trouver en entrant :-)

[Invité]

C'est horrible ! oui, brigand, jacobin, malandrin,
J'ai disloqué ce grand niais d'alexandrin ;


V. Hugo (le reste est pas mal non plus)
(http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/victor_hugo/quelques_mots_a_un_autre.html)

[Invité]

Nous sommes d'accord
en partie
mais seulement en partie
car si j'ai bien bien compris tu ne t'en prends qu'à la forme,
aux rimes et aux sonnets forcément "corsetés"

or ce qui fait qu'un poème est chiant (ce qui est à mon goût le cas pour plus de 80% de la production poétique, tous siècles et toutes formes confondues) c'est son contenu

ce sont toujours les mêmes sujets qui reviennent, plus ou moins bien traités : les sentiments, la beauté de la nature, la mort, la révolte, le mal-être,

ton poème par exemple, j'ai l'impression de l'avoir lu mille fois, tant il véhicule de poncifs

table rase donc, pourquoi pas, mais à condition de ne pas se tromper de cible

[post scriptum]

Tizef, ce qu'on comprend quand on lit un poème est souvent ce qu'on veut en comprendre. Ne voir que les poncifs est une lecture inaboutie et inutile.
Ce poème n'a pas pour sujet la poésie, c'est ici une métaphore. La pure et rigoureuse poésie est l'image des vies bien propres qui tentent de dénier le démon, les désirs, les pulsions vitales qui nous animent, parfois malgré nous.
Mais bon, ce thème est peut-être un lieu commun, je vous le concède.
Mais n'est pas un topos de penser que la littérature est une longue suite de topoî ?
Et surtout n'est-ce pas dommage de penser relire avant même d'avoir lu réellement ?

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