Fusées et crashs
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Fusées et crashs
Il était assez impressionnable pour agoniser dans une salle d'attente. Son cœur y grossissait à vue d’œil, gorgé d'hostilité. Ses nerfs, affectés par la rébellion du flux sanguin, battaient la mesure d'un compte à rebours. Il était aveuglé, assourdi, suant de tension contenu. La langue déliée, l'imagination entièrement démuselée, peut-être aurait-il aboyé que la file d'attente était destinée à la morgue, à servir de pâture aux examinateurs. Cependant le peu de bon sens qui lui restait brisait cet élan d’extra-lucidité, lui faisait entrevoir qu'un ameutement serait, en ce lieu, rayé. Pour s'en convaincre, il lui suffisait d'étudier la manière dont chacun portait la laisse de son uniforme : tandis que celle-ci l'étranglait, la plupart s'en accommodait, l'exhibait même farouchement comme s'il s'agissait d'une crinière. Il se sentait piégé dans une exposition de crocs de faïence, ridiculement désarmé [...]
Il plongeait en apnée dans un bureau, persuadé de perdre pied éventuellement. Cette économie du souffle, malgré tout, ne fructifiait pas son propos, au contraire, il avait le bonjour pauvre. D'autres formules aux sonorités noyées s'en suivaient, se débattaient, l'enfonçaient davantage dans un cauchemar dirigé. Il ne se réveillait que, trop tard, lorsque le croque-mitaine en question lui prenait le bras et le raccompagnait à la porte, sans aucune violence [...]
Le vendredi et le dimanche pointaient l'amont et l'aval de sa météorologie intime. Le premier jour l'ensoleillait de vigueur, et le second le criblait de prévisions catastrophiques. Il éruptait du cratère des jours ouvrables avec le déchaînement d'un revenant scrupuleux. Il se délectait de sa vitalité, se réjouissait du sursis qui lui était octroyé, dans une oisiveté attentive. Il s'endormait, au summum de la béatitude, et rouvrait les yeux, le samedi, l'humeur assombrie par les nuages du déluge. Le lendemain, pleuvaient les premières séquences du film qui se déroulerait le lundi : il se voyait piégé dans une queue, mendiant sa place dans un chenil [...]
Docteur Banania- Nombre de messages : 22
Age : 79
Date d'inscription : 22/05/2013
Re: Fusées et crashs
réveillait*
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(rectifié)
Docteur Banania- Nombre de messages : 22
Age : 79
Date d'inscription : 22/05/2013
Re: Fusées et crashs
Je me souviens de Henri Salvador qui chantait
"Le travail c'est la santé
Rien faire c'est la conserver
Les prisonniers du boulot
N' font pas de vieux os.
Ils bossent onze mois pour les vacances
Et sont crevés quand elles commencent
Un mois plus tard, ils sont costauds
Mais faut reprendre le boulot"
Pour ton héros
Le travail c'est l'insanité
Rien faire c'est y penser
Prisonnier du boulot et de son ciboulot
il a écopé de la peine maximale
J'aime beaucoup ce texte qui nous parle de l'attente comme d'un attentat permanent à la détente
"Le travail c'est la santé
Rien faire c'est la conserver
Les prisonniers du boulot
N' font pas de vieux os.
Ils bossent onze mois pour les vacances
Et sont crevés quand elles commencent
Un mois plus tard, ils sont costauds
Mais faut reprendre le boulot"
Pour ton héros
Le travail c'est l'insanité
Rien faire c'est y penser
Prisonnier du boulot et de son ciboulot
il a écopé de la peine maximale
J'aime beaucoup ce texte qui nous parle de l'attente comme d'un attentat permanent à la détente
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: Fusées et crashs
J'aime beaucoup ce texte qui fait comme une petite étude sur le stresse et l'importance d'un travail à notre époque. Son état au petit monsieur est semblable à celui de beaucoup de personne. Je vous remercie pour ce beau moment de lecture.
andrewalyacoub- Nombre de messages : 66
Age : 26
Localisation : Iraq
Date d'inscription : 01/05/2012
Re: Fusées et crashs
Ah tiens, ça me fait penser moi - et sûrement a contrario -, au film avec Noiret, Alexandre le bienheureux.
Sinon, je ne comprends pas trop les crochets, qui laissent supposer que des passages du texte ont été sciemment omis.
En tout cas, une nouvelle facette de ton écriture, Docteur Banania, ou plutôt de ton univers.
Sinon, je ne comprends pas trop les crochets, qui laissent supposer que des passages du texte ont été sciemment omis.
En tout cas, une nouvelle facette de ton écriture, Docteur Banania, ou plutôt de ton univers.
Invité- Invité
re : Fusées et crashs
La description d'un état d'attente... Choix intéressant. Mais j'aurais préféré un style plus simple. Phrases plus courtes, moins de circonvolutions... Il me semble qu'on y gagnerait, ton propos peut-être s'adresserait à nous avec plus de force, fragilité, nuances... Ce n'est que mon avis. Toutefois tu manies bien la forme. Merci.
Raoulraoul- Nombre de messages : 607
Age : 63
Date d'inscription : 24/06/2011
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