Ils s'aiment

[Kash Prex]

Un petit texte en prose comme j'en n'ai quasiment jamais faits... Bonne lecture =)

Ils s’aiment

Il l’aime.
Elle l’aime.
On pourrait imaginer ce couple si beau, on pourrait se demander quelle infâme barrière continue de les séparer, quelle infâme barrière ils se contentent de longer sagement.
Lui qui s’était habitué à ne pas pouvoir être compris, un jour il l’a rencontrée. Un œil qui écoute, l’autre qui s’aventure, ça a été un regard de quelques courtes heures. Cette fille comprenait. Plus besoin de se donner la peine de changer des pensées en mots insuffisants, trop ou pas assez, ou plein d’autres choses… Elle traduisait par elle-même, et elle répondait. Et il comprenait, enfin, lui qui ne cherchait qu’un esprit assez ouvert pour y déployer le sien.
Ce même jour, elle l’a rencontré aussi - cette précision n’est pas si évidente lorsqu’on y réfléchit. Un œil qui écoute, l’autre qui explore. Elle adorait explorer les gens, déceler le geste qui change tout, l’hésitation qui dénonce, le regard trop pudique pour ne pas être révélateur. Ce mec était d’une profondeur rare, peut-être magique, sans aucun doute exceptionnelle. Il avait condensé en lui un bout d’esprit intact, intouchable, il avait muni ses idées d’une marginalité caractérielle.
Elle l’aime.
Il n’a pas voulu l’aimer tout de suite. Ce n’était pas possible. On n’aime pas quelqu’un en un regard de quelques courtes heures. Surtout pas elle. Alors les regards ont récidivé, de plus en plus d’heures de plus en plus courtes. Les esprits se sont encore et encore déployés, les yeux ont exploré, les êtres se sont reposés.
Elle l’aime.
Les jours, les semaines passaient, les regards récidivaient et cette infâme barrière se dessinait. Bien sûr qu’il l’aimait, forcément il l’aimait. Mais ce n’était toujours pas possible, il n’était pas encore certain de savoir pourquoi. Il lui suffisait d’enjamber cette foutue barrière, il le savait bien. Et puis un jour il s’est arrêté de sagement la longer. Il a posé ses mains, passé vigoureusement sa jambe de l’autre côté, et… Et il l’a ramenée, doucement. Depuis, il longe la barrière, sagement.

Elle l’aime. Non, pas lui. Elle aime son « ange », comme elle dit. Son amoureux quoi. C’est par son ange qu’elle le connaît, lui. Ils sont les meilleurs amis du Monde, son ange et lui. Lui, il l’aime, et elle, elle aime son ange. Et son ange, c’est moi. La barrière.

Lui a de magnifiques valeurs morales. Il a décidé de longer la barrière. Il a décidé que l’amitié surpassait l’amour.

Ils longent sagement la barrière, ils la longeront peut-être jusqu’à sa chute. Ils la longeront peut-être jusqu’à avoir fait le tour de la Terre. Peut-être pas.

[Lifewithwords]

C'est le premier texte en prose que je lis de toi et ça n'est pas mal du tout ! J'ai trouvé le premier petit paragraphe assez convenu au niveau des idées mais j'ai ensuite beaucoup aimé l'idée de la barrière. Par contre je trouve que ça va un peu vite à la fin !

[hime]

j'ai adoré le début puis j'ai moins aimé ai finalement c'est la chute qui m'a le plus touché ... je ne sais pas trop pourquoi ...
peut etre parceque du haut de mes quinzes courtes années j'ai déjà vécu cela ...

[Zou]

Bravo de t'être lancé dans un genre qui n'est pas nécessairement familier, c'est courageux.
Sinon j'ai trouvé le texte très alambiqué, se sont ils oui ou non rejoints, ce n'est pas clair. L'impression aussi qu'alors que le texte dit traiter de sentiments, il n'y a rien d'autre que froideur et retenue. Donc ça n'a pas fonctionné chez moi. Et tout est relatif;-))))

[Lifewithwords]

Et tout est relatif;-))))

Si tout est relatif, cette phrase également donc c'est une phrase contradictoire en elle-même ! ;-)) Bon désolée, j'ai pas pu m'en empêcher...^^

[maniak']

Contrairement à Zou, je trouve que l'histoire est assez claire. Par ocntre, je suis d'accord sur le fait que là tu t'es compliqué la vie avec des phrases un peu trop compliquées. Et puis des expressions bizarres "les regards ont récidivé" par exemple.

En résumé, j'aime bien ce que tu fais en général. Mais ce texte-ci est celui que j'aime le moins.

Mais bon, ça n'engage que moi.

[ninananere]

J'ai trouvé que toi aussi tu te balladais le long de la barrière. Pour nous faire plus entrer dans ton texte, pour que l'on se sente un peu plus concerné et pas seulement sur le bord du chemin, il aurait peut-être fallut être plus explicite. Juste un petit avis...

[Invité]

Pas mal pour un début, en revanche tu n'as pas choisi un sujet facile.
Un des plus difficile d'ailleurs, que l'on discute depuis Platon.

[Kash Prex]

Merci pour vos commentaires, je suis globalement d'accord avec vos critiques. Ce texte manque d'application.
=)

[Krystelle]

Certaines choses sont bien vues dans ton texte: l'image de la barrière, cet oeil qui écoute, les heures qui se rétrécissent etc...
Et puis, à d'autres moments, l'écriture me semble fragile, l'expression maladroite : Elle traduisait par elle-même (pléonasme), il avait muni ses idées d’une marginalité caractérielle (impropre) etc...
D'une manière générale, la tournure un peu mystique que prend ton texte ne pas réellement emballée. D'autre part cette façon parfois objective et froide de retranscrire les sentiments ne me semble pas constituer une approche très pertinente.

[Sahkti]

Un beau texte! Un style quelque peu différent de ce que tu proposes ici habituellement, même si on y retrouve ton goût des mots et ta poésie. Beaucoup de sensibilité, une pointe de gravité et puis aussi, surtout, une belle écriture, Kash. J'aime la manière avec laquelle tu décris ses hésitations à lui devant l'amour, ses réticences, c'est finement observé. J'aime un peu moins la multiple présence du mot ange mais ça fait partie du récit.

[Invité]

de plus en plus d’heures de plus en plus courtes

J'ai vraiment aimé cet enchainement, où l'art de donner un rythme poétique à l'intérieur de la phrase.Je t'encourage à creuser dans cette voie.Pour que l'écriture ne soit pas un truc immobile qu'on lit de Pierre, de Paul et de Jacques en retrouvant les mêmes stéréotypes.

[Kash Prex]

Merci beaucoup pour votre attention =)

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