Pour toi la belle

[Frédéric Prunier]

colère
enfermée dans le corps
que je colle au hublot
je voudrai l’horizon
en percer le ballon
de ces putains de dieux
qui aiment tant les hommes
comme on aime au jardin
le fruitier qui va bien
la terre qui s’engraisse
et tous nos riches morts
désertiques
pyramides
à trésor
j’hurlerais de bonheur
si l’impuissance
était un doux plaisir
Pokig, Naméo,
m’envole toi par les mots
voyage en astronaute
échappée
colère

[Invité]

La belle s'est fait la belle
par un matin d'automne

Je ne cause pas le prunier
mais je le comprends
à mi-mots
et je le trouve très adapté en la circonstance

Merci M'sieur Frédo

[Invité]

Tu m'offres l'hospitalité, Fred ?

Elle est derrière la vitre, à les observer.
Elle a l'impression qu'ils ne vont pas fort.
Alors, rassemblant une fois encore son courage,
c'est elle qui leur sourit.
Pour les rassurer.
Sa bouche s'arrondit en YO, en Yop
Non, pas plop, s'il te plait, pas plop !

PLOP !

Non, Madame. Pas plop !
Vous êtes encrée dans les pages
ancrée dans le ciboulot de chacun
dans le ciboulot et en un endroit
qui bat, qui bat fort
Alors vous voyez ?
Il n'y a pas de plop qui tienne.
Naméo !

[Invité]

Je demande aussi l'hospitalité...

Vendredi 18 octobre, j'ai déposé ce texte sur ma page FB :

à tous mes amis poètes décédés...

Vous, touchés par l’aile
qui portiez au cœur l’infinité
et tant de tendresse,
je n’aime pas votre absence.

Je n’aime ni vos lèvres closes
ni vos mains délaissées
ni votre froide solitude
et l’idée de votre enfouissement.

Je n’accepte pas
que nos appels restent sans écho
sans vos mots pour nous tenir
pour nous harponner.

Je vous garde
au plus creux au plus doux
mais m’entendrez-vous
me répondrez-vous ?

[Invité]

.....Tu me transportes vers moi-même. J'ai peur des mots que j'écris ; ils ne pourront pas être justes. J'ai peur aussi de blesser ceux qui ont besoin de silence et de pudeur. T'ai-je vraiment connue ? 

.....Je t'ai toujours trouvée très belle. La première fois que je t'ai vue, c'était à Belleville. Tu étais de l'autre côté du passage-piéton, avec tes yeux bleu ciel et ton turban. Tu faisais partie de ces gens qui portent leurs rides à merveille, comme des fossettes qu'a creusées une joie paisible. Cette première fois, en posant ta pinte sur la table du bar, ma main avait beaucoup tremblé. Tu m'avais dit que le silence entre deux personnes ne te mettait pas mal à l'aise, qu'au contraire tu t'en amusais sereinement. Silhouette désarmante de limpidité, tu semblais tellement au clair avec toi-même, tellement entière dans ta façon de réagir, que cela te conférait une aura insoucieuse qui me donnait la liberté de pouvoir tout te dire sans ressentir jamais la peur d'être vulnérable. C'était comme si les soucis du paraître se désamorçaient pour laisser place à une forme de malice et de bienveillance maternelles. Mais tout à coup, cet après-midi-là, j'eus l'impression qu'une fatigue immense se substitua brusquement à ton rapport généreux et simple aux choses de la vie, pour ne te faire plus désirer qu'un peu de tranquillité et de solitude, qu'à ton soleil sage et compréhensif succéda une sorte de puissance capricieuse qui te rendit exigeante voire cruelle, comme peuvent l'être les enfants incommodés ou les femmes déçues.  

.....Lorsque j'ai appris ce matin que tu étais morte, je suis resté sur mon fauteuil et j'ai pleuré. Je me suis forcé à me rendre compte du vide que tu laisseras dans ma vie, puis je m'en suis empêché. Je suis allé lire des textes de toi. Je n'en ai fini aucun : chaque première ligne m'a fait fondre en larmes. J'ai bu mon café et je me suis souvenu d'un texte dans lequel tu écrivais qu'une nuit, tu avais veillé ta mère en buvant du rosé et du café. Puis je me suis souvenu de ton goût pour les forêts. L'image de la forêt peut-être te charriait vers un objet enfoui en toi, un objet perdu entre les arbres. Je t'ai rêvée petite fille qui joue ou qui pleure sous les ombres de la ramure, parmi les odeurs apaisantes de la cachette et du sommeil. Les chuchotis de la forêt encore aujourd'hui t'enveloppent de leur mystère rassurant et dangereux, comme des secrets se glissent sous la peau de l'enfance. 
.....J'ai mis longtemps à bouger de mon fauteuil. Je suis allé finir mon café et ma cigarette dehors. En me levant j'ai eu conscience de tous mes gestes, ils se sont décomposés. Dehors il fait beau il y a du soleil de la lumière blanche.

[Invité]

Sur le chiffre sept, tu t’es arrêtée ce matin.
Nous sommes lundi, mais la matinée n’en finit pas.
Un nuage d’étourneaux  se pose dans l’arbre du jardin. Ils sont vifs, pressés, et bavards.
Ça n’était jamais arrivé, si près, tout près de la fenêtre. À travers la vitre l’un d’eux me regarde, l'air de dire "naméo!",  "pokig?", "yo!",  et tous s’envolent brusquement. Quelques secondes je reste à les regarder partir: l’image est forte, un instant je veux y voir un signe. Un peu comme les messagers de ta migration, qui s’en iraient prévenir ailleurs. Le temps de redescendre sur terre, je réalise encore qu’on ne s’y reverra pas. C’était prévu pourtant, et trop court à chaque fois. Alors je pars à ta recherche dans dans les couloirs de VE, dans ma boîte mail où tu es mais où tu ne seras plus comme avant. Il va falloir s’y faire, ça risque de prendre un "petit" moment. Des images me reviennent, des paysages, de jolis tableaux : tes bouilles facétieuses, les instants partagés, ta famille, ta bienveillance, ta sensitivité. Tu es maline, curieuse, frondeuse, et même un poil timide, si si. Aimant aussi la solitude d’un déjeuner en paix, quand tu es bougonne polie. Parce que oui, toi il ne faut pas t'embêter au mauvais moment! C’est lors de notre première rencontre dans la Drôme, quelques heures calmes et très privilégiées, que j’ai pu le mieux profiter de ta présence. J'en garde un souvenir magique. Parce que la plupart du temps, tu étais toujours en mouvement, très active ou très entourée. Ton petit côté star, ici comme dans la vie.
Tu auras été très aimée, juste retour des choses.
C'est pourquoi je n'ose même pas imaginer combien tu doit manquer à ceux qui t'étaient bien plus proche que moi.
Un petit contretemps, oui. En ouvrant le livre, heureusement s’en échappe ta voix. Les voix d'Heaulminette, mais je sais que toutes tes facettes n’y sont pas, et je risque de relire beaucoup de textes de toi. Ainsi peut-être j'apprendrai à écrire, après avoir pris une leçon de vie.

[CROISIC]

Janis... l'autre !

Tu as coupé le cordon

ce matin à 7h00.

J'oscille entre larmes

et sourire.

Je suis triste

... à nouveau orpheline.

Je suis joyeuse

tu as quitté ta prison

d'os et de douleurs.

Je t'aime définitivement.

[Pussicat]

Elle ouvrit la fenêtre
le papillon s'envola
et le chagrin

[Invité]

A jamais
La rencontre

[Invité]

Il arrive
qu’on ne possède plus
qu’une force enlisée
qu’on ne discerne que le passage
vide déserté…

Alors on cherche
les mots humains
à dire…
Mais, rien.

On s’égare on se défait
on se dilue.
Rien ne reste
qu’une buée un étouffement.
On n’atteint plus
on n’entend plus
sinon le bruit des mains affolées
le froid d’une déchirure.
Sinon, rien.

On sait que tout sera
à reprendre
qu’il faudra porter
notre inertie ou l’ignorer.
On sait l’à peine frémissant
de notre existence.
On sait. On ne répond plus.

On sait l’appel
lointain inaccessible
infiniment résonnant
infiniment blessant.
On sait l’irréalité
l’absence insupportable
où une prière seule pourrait…
Mais, rien.

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