Maelström
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Pussicat
loic
Frédéric Prunier
Jano
8 participants
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Maelström
I : Origine
Je n'ai pas demandé à naître
de l'obscurité
Je n'ai pas demandé à sortir
couvert de sang
dans un monde de merde
« C'EST UN GARÇON »
La belle affaire !
Me voilà couillu
condamné à traîner un membre avide
comme un boulet
Un bouc
à la recherche de mamelles
de croupes
parce que c'est la nature
Les hormones ne pensent qu'à baiser.
.....................................e
...................................g
.................................n
J'aurais voulu être un a
II : Enfance
Mes jeunes années
dans une maison en pierres
ouverte sur la prairie
Heureux temps des jouets
des aventures extraordinaires
des jours sans souci
Mon père portait une barbe noire de six pieds six pouces et ma mère des lunettes gigantesques qu'elle égarait sans cesse
-_-_- Il paraît que nous devons aimer ceux qui nous ont donné le jour -_-_-
-_-_- En ce qui me concerne et sans dramatiser je passe mon tour -_ -_-
III : Adolescence
Mes cheveux ont poussé en suivant ma colère,
Sur mon blouson noir on pouvait lire FUCK OFF
Et comme il faut j'emmerdais le ciel et la terre.
Imprégné de vapeurs, de fumées et de sèves,
Je planais évanescent dans la stratosphère,
Endroit merveilleux où se consument les rêves.
Vendredi, chevauchant nos montures d'aciers,
Nous allions en bande compacte, têtes nues,
Pareil à des insectes vers les néons dorés.
*D*I*S*C*O*T*H*È*Q*U*E
Ô divin temple de la fête !
lourds décibels qui vrillent le crâne
alchimie de corps en fusion sur piste brûlante
qui crient se trémoussent qui s'agitent se reluquent
« Un Whisky Coca ! Un Gin Fizz ! Une Tequila ! »
Stroboscopie d'anatomies érotiques
- des culs des culs des culs -
Stromboli d'antinomies erratiques
- des queues des queues des queues -
Chaînes en or sur torses velus
mini mini mini maxi jupes
yeux fardés lèvres gourmandes
pénis lovés au fond du bois
« Un Mojito ! Un Ti' Punch ! Une Margarita ! »
Les genres se cherchent en musique
une fois trouvés se reniflent et se bécotent
puis s'accordent sur le parking gravillonné
sous le regard concupiscent des étoiles
oui
tout au
finit automobile rythme
sur d'une mécanique
la arrière des
banquette amortisseurs
C'est ainsi que j'ai connu ma femme
IV : Adulte
Au bout d'un an elle m'a dit :
« Arrête un peu tes conneries ! »
Amoureux fou je répondis :
« Bon, comme tu veux ma chérie. »
Alors ma cavalcade tumultueuse et frénétique se mua en une sérénade ennuyeuse et soporifique,
À regret j'abandonnais les démons de l'inutile pour rejoindre la cohorte des moutons dociles,
Chimères et mirages partirent au diable vauvert balayés par la misère du pointage,
Comme les autres je bâtis un foyer, assurai ma descendance et achetai une grande télé,
V : Vieillesse
Quand je ne serai plus que douleur
et maladie
J'espère avoir l'ultime honneur
PAN ! du fusil
{{ mais }}
mais rien n'est moins sûr
Les vieux s'accrochent à la vie comme des chiens sur leur os
VI : Mort
C'est la.......................................................... fin ?
Je n'ai pas demandé à naître
de l'obscurité
Je n'ai pas demandé à sortir
couvert de sang
dans un monde de merde
« C'EST UN GARÇON »
La belle affaire !
Me voilà couillu
condamné à traîner un membre avide
comme un boulet
Un bouc
à la recherche de mamelles
de croupes
parce que c'est la nature
Les hormones ne pensent qu'à baiser.
.....................................e
...................................g
.................................n
J'aurais voulu être un a
II : Enfance
Mes jeunes années
dans une maison en pierres
ouverte sur la prairie
Heureux temps des jouets
des aventures extraordinaires
des jours sans souci
Mon père portait une barbe noire de six pieds six pouces et ma mère des lunettes gigantesques qu'elle égarait sans cesse
Et puis
- chut -
caché dans la pénombre du couloir
- chut -
je l'entendais gémir
« HAN ! HAN ! HAN ! »
sous les assauts virils
- mais chut -
- chut -
caché dans la pénombre du couloir
- chut -
je l'entendais gémir
« HAN ! HAN ! HAN ! »
sous les assauts virils
- mais chut -
-_-_- Il paraît que nous devons aimer ceux qui nous ont donné le jour -_-_-
-_-_- En ce qui me concerne et sans dramatiser je passe mon tour -_ -_-
III : Adolescence
Mes cheveux ont poussé en suivant ma colère,
Sur mon blouson noir on pouvait lire FUCK OFF
Et comme il faut j'emmerdais le ciel et la terre.
Imprégné de vapeurs, de fumées et de sèves,
Je planais évanescent dans la stratosphère,
Endroit merveilleux où se consument les rêves.
Vendredi, chevauchant nos montures d'aciers,
Nous allions en bande compacte, têtes nues,
Pareil à des insectes vers les néons dorés.
*D*I*S*C*O*T*H*È*Q*U*E
Ô divin temple de la fête !
lourds décibels qui vrillent le crâne
alchimie de corps en fusion sur piste brûlante
qui crient se trémoussent qui s'agitent se reluquent
« Un Whisky Coca ! Un Gin Fizz ! Une Tequila ! »
Stroboscopie d'anatomies érotiques
- des culs des culs des culs -
Stromboli d'antinomies erratiques
- des queues des queues des queues -
Chaînes en or sur torses velus
mini mini mini maxi jupes
yeux fardés lèvres gourmandes
pénis lovés au fond du bois
« Un Mojito ! Un Ti' Punch ! Une Margarita ! »
Les genres se cherchent en musique
une fois trouvés se reniflent et se bécotent
puis s'accordent sur le parking gravillonné
sous le regard concupiscent des étoiles
oui
tout au
finit automobile rythme
sur d'une mécanique
la arrière des
banquette amortisseurs
C'est ainsi que j'ai connu ma femme
IV : Adulte
Au bout d'un an elle m'a dit :
« Arrête un peu tes conneries ! »
Amoureux fou je répondis :
« Bon, comme tu veux ma chérie. »
Alors ma cavalcade tumultueuse et frénétique se mua en une sérénade ennuyeuse et soporifique,
À regret j'abandonnais les démons de l'inutile pour rejoindre la cohorte des moutons dociles,
Chimères et mirages partirent au diable vauvert balayés par la misère du pointage,
Comme les autres je bâtis un foyer, assurai ma descendance et achetai une grande télé,
!
! PAUVRE !
! CON !
! PAUVRE !
! TYPE !
!
! PAUVRE !
! CON !
! PAUVRE !
! TYPE !
!
Voilà, pour m'enfuir je n'avais plus qu'un stylo, une feuille de papier,
un pinceau, une boîte à idées
un pinceau, une boîte à idées
V : Vieillesse
Quand je ne serai plus que douleur
et maladie
J'espère avoir l'ultime honneur
PAN ! du fusil
{{ mais }}
mais rien n'est moins sûr
Les vieux s'accrochent à la vie comme des chiens sur leur os
VI : Mort
C'est la.......................................................... fin ?
Jano- Nombre de messages : 1000
Age : 54
Date d'inscription : 06/01/2009
Re: Maelström
De la naissance à la fin, tu nous promènes sur les chemins désabusés de toute une vie. Aucune des étapes n'échappe au cours naturel des choses, avec toutefois un regard acerbe et lucide qui, bien plus que de nous faire sourire, nous fait prendre conscience de la vacuité de l'existence.
La mise en page apporte un intérêt bienvenu. Chaque "artifice" (sens non péjoratif) apporte du sens au sens.
Astucieuse, par exemple, la ligne ascendante du mot "ange".
La mise en page apporte un intérêt bienvenu. Chaque "artifice" (sens non péjoratif) apporte du sens au sens.
Astucieuse, par exemple, la ligne ascendante du mot "ange".
Invité- Invité
Re: Maelström
Jano, vous vous êtes bellement lâché, ici...!
c'est agréablement surprenant.
j'aime l'objet que forme le tout
comme une guirlande, un kit de (sur)vie.
la mise en page, tout.
vraiment bien, mais j'y reviendrai avec du recul.
je déteste le titre, en revanche, si pompeux, pompier, lourd...je ne suis pas sûre qu'il serve au mieux l'ensemble.
c'est agréablement surprenant.
j'aime l'objet que forme le tout
comme une guirlande, un kit de (sur)vie.
la mise en page, tout.
vraiment bien, mais j'y reviendrai avec du recul.
je déteste le titre, en revanche, si pompeux, pompier, lourd...je ne suis pas sûre qu'il serve au mieux l'ensemble.
Invité- Invité
Re: Maelström
Au sens propre, un maelstrom est un tourbillon qui se forme dans un courant de marée et qui entraîne vers le fond comme une baignoire qui se vide.
Dans ce récit, le maelstrom qui emporte le personnage a pour origine son taux de testostérone. Pour autant il n'a pas "une bite à la place du cerveau", au contraire, il est très lucide et voudrait "être un ange".
Ce conflit entre l'ange et la bête lui fait voir la vie sous son angle le moins favorable. Désabusé, il envisage même de se flinguer avant d'être vieux. Encore faudrait-il en avoir les coucougnettes. Et là il n'est plus très sûr.
Le personnage s'exprime crûment, comme dans la vie. C'est bien torché.
J'espère seulement, pour l'auteur, qu'il s'agit d'une fiction et non d'un autobio :o)
Dans ce récit, le maelstrom qui emporte le personnage a pour origine son taux de testostérone. Pour autant il n'a pas "une bite à la place du cerveau", au contraire, il est très lucide et voudrait "être un ange".
Ce conflit entre l'ange et la bête lui fait voir la vie sous son angle le moins favorable. Désabusé, il envisage même de se flinguer avant d'être vieux. Encore faudrait-il en avoir les coucougnettes. Et là il n'est plus très sûr.
Le personnage s'exprime crûment, comme dans la vie. C'est bien torché.
J'espère seulement, pour l'auteur, qu'il s'agit d'une fiction et non d'un autobio :o)
Invité- Invité
Re: Maelström
le commentaire de Tizef m'explique bien mieux le titre, qui m'était passé au-dessus.
concrètement, il illustre et suit la progression jusqu'à la noyade finale,
là où je ne voyais qu'une certaine grandiloquence titanesque inutile.
il tranche avec le langage cru, mais colle à l'aspect "dramatique". (sans péjoration)
concrètement, il illustre et suit la progression jusqu'à la noyade finale,
là où je ne voyais qu'une certaine grandiloquence titanesque inutile.
il tranche avec le langage cru, mais colle à l'aspect "dramatique". (sans péjoration)
Invité- Invité
Re: Maelström
je suis triste pour l'être vivant que tu décris
celui qui n'a pas supporté le plaisir entendu derrière une porte,
qui s'est construit avec la rancœur
la cause est à trouver dans la raison de l'insupportable
jalousie ? incompréhension du bonheur ? donc du plaisir ?
j'aime ce texte pour ce qu'il m'écrit et me montre de la vie des hommes qui construisent ce que doit être la morale des autres, ceux qui ne trouvent rien à redire au plaisir entendu.
amitié jano
celui qui n'a pas supporté le plaisir entendu derrière une porte,
qui s'est construit avec la rancœur
la cause est à trouver dans la raison de l'insupportable
jalousie ? incompréhension du bonheur ? donc du plaisir ?
j'aime ce texte pour ce qu'il m'écrit et me montre de la vie des hommes qui construisent ce que doit être la morale des autres, ceux qui ne trouvent rien à redire au plaisir entendu.
amitié jano
Re: Maelström
je salue ta colère, elle est commune aux introspectifs, elle est belle comme une cathédrale et structure nos errances
bravo et merci, pour cette page héroïque
bravo et merci, pour cette page héroïque
Re: Maelström
belle charpente, bien construite bien chevillée, mais comme inhabitable, inhabitée
Invité- Invité
Re: Maelström
beau texte,
belle construction,
je salue le travail de mise en page (je m'intéresse à l'écriture dans l'espace),
mais cela demeure pour moi un texte difficilement "pénétrable" par sa subjectivité.
La belle affaire !
Me voilà couillu
condamné à traîner un membre avide
comme un boulet
Un bouc
à la recherche de mamelles
de croupes
parce que c'est la nature
C'est la nature de naître hétérosexuel. C'est une question...
-_-_- Il paraît que nous devons aimer ceux qui nous ont donné le jour -_-_-
-_-_- En ce qui me concerne et sans dramatiser je passe mon tour -_ -_-
Donc tu aurais pu ne pas imiter ton père lorsque tu l'entendais :
...gémir
« HAN ! HAN ! HAN ! »
Je ne comprends pas la numérotation des étapes de vie, le chapitrage se suffit à lui-même.
belle construction,
je salue le travail de mise en page (je m'intéresse à l'écriture dans l'espace),
mais cela demeure pour moi un texte difficilement "pénétrable" par sa subjectivité.
La belle affaire !
Me voilà couillu
condamné à traîner un membre avide
comme un boulet
Un bouc
à la recherche de mamelles
de croupes
parce que c'est la nature
C'est la nature de naître hétérosexuel. C'est une question...
-_-_- Il paraît que nous devons aimer ceux qui nous ont donné le jour -_-_-
-_-_- En ce qui me concerne et sans dramatiser je passe mon tour -_ -_-
Donc tu aurais pu ne pas imiter ton père lorsque tu l'entendais :
...gémir
« HAN ! HAN ! HAN ! »
Je ne comprends pas la numérotation des étapes de vie, le chapitrage se suffit à lui-même.
Pussicat- Nombre de messages : 4841
Age : 56
Localisation : France
Date d'inscription : 17/02/2012
Re: Maelström
oubli :
Donc tu aurais pu ne pas imiter ton père lorsque tu l'entendais :
...gémir
« HAN ! HAN ! HAN ! »
et devenir un "ange"
.....................................e
...................................g
.................................n
J'aurais voulu être un a
Donc tu aurais pu ne pas imiter ton père lorsque tu l'entendais :
...gémir
« HAN ! HAN ! HAN ! »
et devenir un "ange"
.....................................e
...................................g
.................................n
J'aurais voulu être un a
Pussicat- Nombre de messages : 4841
Age : 56
Localisation : France
Date d'inscription : 17/02/2012
Re: Maelström
Une exploitation riche - et jamais ennuyeuse, jamais redondante - de l'espace d'écriture.
Mention spéciale pour le {{ mais }}
Ô mer tumultueuse ! Ô foutue colère !
Mention spéciale pour le {{ mais }}
Ô mer tumultueuse ! Ô foutue colère !
jfmoods- Nombre de messages : 692
Age : 58
Localisation : jfmoods@yahoo.fr
Date d'inscription : 16/07/2013
Re: Maelström
Beau travail de mise en page et en images, j'admire cette recherche.
Pour le "contenu" puisqu'il est assez distinct du "contenant", je le trouve bien caricatural, à la fois caricatural et ordinaire.
"À regret j'abandonnais les démons de l'inutile pour rejoindre la cohorte des moutons dociles,"
merci pour les montons dociles ! si vraiment vous n'aviez que cette alternative, c'est votre aveuglement. D'ailleurs tout cela est probablement faux puisque vous écrivez ici !!!
La seule idée pas trop banale :
"Les vieux s'accrochent à la vie comme des chiens sur leur os"
ce n'est pas nouveau mais rarement exprimé. On se demande bien ce qui les retient, ce qui les attache ... tant qu'on n'a pas le même âge.
J'aime trop la vie et le monde "avec ses traitres et ses reîtres" pour accepter de gaieté de cœur de les voir réduits à cette grimace. Il faut l'art d'un Soutine ou d'un Munch pour se le permettre.
Pour le "contenu" puisqu'il est assez distinct du "contenant", je le trouve bien caricatural, à la fois caricatural et ordinaire.
"À regret j'abandonnais les démons de l'inutile pour rejoindre la cohorte des moutons dociles,"
merci pour les montons dociles ! si vraiment vous n'aviez que cette alternative, c'est votre aveuglement. D'ailleurs tout cela est probablement faux puisque vous écrivez ici !!!
La seule idée pas trop banale :
"Les vieux s'accrochent à la vie comme des chiens sur leur os"
ce n'est pas nouveau mais rarement exprimé. On se demande bien ce qui les retient, ce qui les attache ... tant qu'on n'a pas le même âge.
J'aime trop la vie et le monde "avec ses traitres et ses reîtres" pour accepter de gaieté de cœur de les voir réduits à cette grimace. Il faut l'art d'un Soutine ou d'un Munch pour se le permettre.
Annie- Nombre de messages : 1452
Age : 73
Date d'inscription : 07/07/2010
Re: Maelström
Maelström est d'abord un jeu sur la typographie. Il y a longtemps que je voulais exploiter au maximum les possibilités du clavier pour renchérir un discours. Ensuite, j'ai retracé les grandes étapes de mon existence sans chercher à les édulcorer.
Ce n'est pas une fiction Tizef (quel intérêt ?) mais du vécu à 100%. J'ai aimé votre analyse pertinente qui me fait dire que vous avez bien cerné le message.
Attention aux interprétations hâtives Frédéric. Ces deux vers « Il paraît que nous devons aimer …. je passe mon tour » ne sont pas forcément à mettre en lien avec ce qui a été dit précédemment. Vous pensez bien qu'il faut un tout pour remettre en question l'amour filial. Je reconnais cependant qu'il peut y avoir confusion au regard de la place des vers incriminés.
Merci Iris, Igloo, Pussicat, Jfmoods d'être rentré dans un texte qui peut paraître agressif au premier abord. Dans la violence des expressions, j'ai voulu rendre la dureté du combat que nous menons tous pour avancer. Certains le font dans l'insouciance, d'autres se lamentent en brandissant le poing vers le ciel.
Je ne sais pas Loic si « la colère est commune aux introspectifs », le fait de porter un regard sur soi met sans doute à jour des vérités à crier. Je crois cependant que ma colère est davantage une tentative d'affranchissement des conditions du réel, de ce monde cynique auquel nous sommes enchainés. C'est certain, j'ai une vision pessimiste de l'existence et considère que l'art sous toutes ses formes est le seul moyen de s'en évader, de la transfigurer pour qu'elle devienne enfin acceptable.
Je comprends tout à fait Lambertheau que cette autobiographie soit « inhabitable » tant nos références personnelles nous empêchent de comprendre et de rentrer pleinement dans la vie d'autrui. Vous ne pouvez dire, par contre, qu'elle demeure « inhabitée ». Il me semble pourtant qu'on voit que j'y ai mis toutes mes tripes !
Je goûte peu Annie cette idée selon laquelle il faut s'appeler Soutine, Munch ou autres pour s'attaquer correctement à des sujets. C'est une vision élitiste, intellectuelle, assez méprisante pour le commun des mortels. J'ai les moyens dont je dispose et n'ai aucun complexe devant des gens qui ont peut-être de la notoriété mais restent mes égaux.
Pour en revenir aux « moutons dociles » qui vous ont tant offusqué, je signe et je persévère. De quelle marge de liberté disposons-nous ? La vie se résume la plupart du temps à une longue suite de contraintes (travail, famille, société) auxquelles il est difficile de déroger. Comme je disais à Loic, il n'y a véritablement que l'expression artistique qui permet de s'échapper un peu.
Un grand merci à tous pour vos lectures et n'allez pas croire que je suis un bonhomme aigri et sinistre ! J'aime endosser les oripeaux du poète maudit, feindre de gueuler mon désespoir du haut d'une falaise, simuler de battre la campagne un jour de grand vent. C'est davantage une posture qu'une réalité.
Ce n'est pas une fiction Tizef (quel intérêt ?) mais du vécu à 100%. J'ai aimé votre analyse pertinente qui me fait dire que vous avez bien cerné le message.
Attention aux interprétations hâtives Frédéric. Ces deux vers « Il paraît que nous devons aimer …. je passe mon tour » ne sont pas forcément à mettre en lien avec ce qui a été dit précédemment. Vous pensez bien qu'il faut un tout pour remettre en question l'amour filial. Je reconnais cependant qu'il peut y avoir confusion au regard de la place des vers incriminés.
Merci Iris, Igloo, Pussicat, Jfmoods d'être rentré dans un texte qui peut paraître agressif au premier abord. Dans la violence des expressions, j'ai voulu rendre la dureté du combat que nous menons tous pour avancer. Certains le font dans l'insouciance, d'autres se lamentent en brandissant le poing vers le ciel.
Je ne sais pas Loic si « la colère est commune aux introspectifs », le fait de porter un regard sur soi met sans doute à jour des vérités à crier. Je crois cependant que ma colère est davantage une tentative d'affranchissement des conditions du réel, de ce monde cynique auquel nous sommes enchainés. C'est certain, j'ai une vision pessimiste de l'existence et considère que l'art sous toutes ses formes est le seul moyen de s'en évader, de la transfigurer pour qu'elle devienne enfin acceptable.
Je comprends tout à fait Lambertheau que cette autobiographie soit « inhabitable » tant nos références personnelles nous empêchent de comprendre et de rentrer pleinement dans la vie d'autrui. Vous ne pouvez dire, par contre, qu'elle demeure « inhabitée ». Il me semble pourtant qu'on voit que j'y ai mis toutes mes tripes !
Je goûte peu Annie cette idée selon laquelle il faut s'appeler Soutine, Munch ou autres pour s'attaquer correctement à des sujets. C'est une vision élitiste, intellectuelle, assez méprisante pour le commun des mortels. J'ai les moyens dont je dispose et n'ai aucun complexe devant des gens qui ont peut-être de la notoriété mais restent mes égaux.
Pour en revenir aux « moutons dociles » qui vous ont tant offusqué, je signe et je persévère. De quelle marge de liberté disposons-nous ? La vie se résume la plupart du temps à une longue suite de contraintes (travail, famille, société) auxquelles il est difficile de déroger. Comme je disais à Loic, il n'y a véritablement que l'expression artistique qui permet de s'échapper un peu.
Un grand merci à tous pour vos lectures et n'allez pas croire que je suis un bonhomme aigri et sinistre ! J'aime endosser les oripeaux du poète maudit, feindre de gueuler mon désespoir du haut d'une falaise, simuler de battre la campagne un jour de grand vent. C'est davantage une posture qu'une réalité.
Jano- Nombre de messages : 1000
Age : 54
Date d'inscription : 06/01/2009
Re: Maelström
une association : je ne sais plus qui, à propos de l'histoire de Pinocchio, disait que le passage où les enfants (pas sages) se transforment peu à peu en ânes symbolisait le vécu de la puberté : velus, grotesques, butés, avec un sexe démesuré et des parties du corps qui s'allongent et se modifient au point qu'on se sente méconnaissable, mené on ne sait où malgré soi.
Il y a quelque chose de ça dans ce texte.
Il y a quelque chose de ça dans ce texte.
Re: Maelström
Bonjour Jano,
Merci pour la réponse
je n'ai pas dit que le squelette bien fait manquait de tripes ni de vérité intérieure, mais habiter est autre chose, une sorte d'effusion de l'être dans le dehors, ex-ister
bien amicalement
Merci pour la réponse
je n'ai pas dit que le squelette bien fait manquait de tripes ni de vérité intérieure, mais habiter est autre chose, une sorte d'effusion de l'être dans le dehors, ex-ister
bien amicalement
Invité- Invité
Re: Maelström
Vous avez évidemment la possibilité de vous attaquer à n'importe quel sujet, ce que j'ai cherché à exprimer c'est qu'il faut un grand talent pour faire un poème avec un sujet affreux. Je ne suis pas du genre à me limiter aux ciel bleu et aux petits oiseaux, mais je resterai prudente.Jano a écrit:cette idée selon laquelle il faut s'appeler Soutine, Munch ou autres pour s'attaquer correctement à des sujets
Quant à savoir si le personnage dont vous donnez la description est un affreux...? votre "travail, famille, société" est assez proche de " travail pour les autres, famille pour les bières et patrie pour le foot." (citation http://traction-brabant.blogspot.fr/) Je réaffirme qu'il est possible de vivre autrement qu'en mouton, sans parler d'une quantité de pauvres types qui n'ont même pas la possibilité de participer à la gigantesque procession, vu qu'ils sont matériellement et moralement sur les marges.
Mais bien sûr c'est une "pose", vous affirmez que c'est " du vécu à 100%." et un peu plus loin "davantage une posture qu'une réalité."
Réponse de la bergère :-)
Annie- Nombre de messages : 1452
Age : 73
Date d'inscription : 07/07/2010
Re: Maelström
C'est drôle, ce texte semble induire une sorte de réprobation. Moi, en tout cas, je le trouve assez profond. Il exprime bien ce que disait un des personnages de Michel Tournier, l'oncle homosexuel flamboyant des "Météores" quand il parlait avec un léger dédain des hétérosexuels "attachés au joug de la reproduction".
Tout adolescent éprouve je pense un moment de vertige, d'horreur viscérale devant le destin "commun" assigné par la libido.
Après.....c'est selon :-)
Et je trouve la mise en page très bien venue, parce que sa créativité et son humour allègent le propos.
Tout adolescent éprouve je pense un moment de vertige, d'horreur viscérale devant le destin "commun" assigné par la libido.
Après.....c'est selon :-)
Et je trouve la mise en page très bien venue, parce que sa créativité et son humour allègent le propos.
Re: Maelström
pas de réprobation en ce qui me concerne.
j'ai vraiment beaucoup aimé dés le début, ne serait-ce que cette désarmante franchise crue,
même si vêtue de mise en page.
mise en page du reste pertinente, aboutie.
mon préféré parmi tes textes, je crois.
parce que le plus sincère, nu,
malgré tout ce que tu en dis.
parfois on se passe bien d'auto-commentaire, quand le texte parle de lui même...
j'ai vraiment beaucoup aimé dés le début, ne serait-ce que cette désarmante franchise crue,
même si vêtue de mise en page.
mise en page du reste pertinente, aboutie.
mon préféré parmi tes textes, je crois.
parce que le plus sincère, nu,
malgré tout ce que tu en dis.
parfois on se passe bien d'auto-commentaire, quand le texte parle de lui même...
Invité- Invité
Re: Maelström
Salut,
Pour ma part, à la deuxième lecture, je suis mitigé : je trouve qu'il y a certains clichés dans les motifs exprimés, lesquels ne me font ni chaud ni froid et m'empêchent donc de partager le même enthousiasme que mes camarades ci-dessus, l'approche réductionniste au niveau de la pulsion, sous couvert de lucidité, me semble au contraire plus un écran ou une facilité qu'autre chose. Cela me laisse carrément sur ma faim. J'ai eu des difficultés à rentrer dans le texte, notamment parce que j'ai trouvé les deux premières parties trop fades et trop attendues. (Ceci dit, comme quelqu'un, plus haut, je pense que l'effet graphique de la décomposition du mot ange marche bien). De même, l'adultat est traité de manière beaucoup trop caricaturale selon moi, avec la petite critique attendue de la société de consommation, la critique un peu rétro-active de la normalisation des pratiques, une description trop facile de la rentrée dans la routine et le conformisme. Je trouve que ces passages nuisent vraiment à l'expression de la révolte en faisant passer vos jolies canines pour des dents de lait. C'est dommage, parce que j'ai apprécié les audaces graphiques.
Ceci dit, il y a un effet de contraste saisissant, parce que je trouve les parties III et V très réussies. Peut être parce que le travail rythmique est plus poussé, et parce que la partie III est le coeur de cette révolte qui vous pousse à écrire. L'animalité des espaces me prend à la gorge, la fureur explose dans les sons, notamment ici (mention spéciale pour cette belle image des sons qui vrillent le crâne, je vous envie ce vers ;)) :
Vendredi, chevauchant nos montures d'aciers,
Nous allions en bande compacte, têtes nues,
Pareil à des insectes vers les néons dorés.
*D*I*S*C*O*T*H*È*Q*U*E
Ô divin temple de la fête !
lourds décibels qui vrillent le crâne
alchimie de corps en fusion sur piste brûlante
qui crient se trémoussent qui s'agitent se reluquent
« Un Whisky Coca ! Un Gin Fizz ! Une Tequila ! »
Stroboscopie d'anatomies érotiques
- des culs des culs des culs -
Stromboli d'antinomies erratiques
- des queues des queues des queues -
Cette partie est aussi la plus longue, aussi centrale dans le texte que dans votre vie apparemment, et je trouve que vous lui rendez honneur en la traitant de la meilleure manière. Cela se laisse tout à fait gueuler cette histoire, et la jubilation sonore est bien là.
La partie sur la mort m'a déçu, mais celle sur la vieillesse prend l'exact contre-pied de la partie III : elle oppose à la copia de la colère la densité du désespoir, qui se dit en peu de mots parce qu'il ne croit plus en eux. Très beau vers, là encore, que celui-là : "Les vieux s'accrochent à la vie comme des chiens sur leur os". La vieillesse comme cynisme, qui vient du mot chien (kunos) en grec, ça m'a fait vibrer.
Je suis donc partagé, mais finalement, les parties que je trouve moins abouties sont pour moi comme les "d'ombres sur un tableau qui rehaussent la force des couleurs".
Furieusement,
Gemüth
PS : Une question : le nombre de point de suspension dans la partie "Mort" a-t-il un sens ? J'en compte 56, vous dites avoir 44 ans sur votre profil... tout cela est mystérieux !
Pour ma part, à la deuxième lecture, je suis mitigé : je trouve qu'il y a certains clichés dans les motifs exprimés, lesquels ne me font ni chaud ni froid et m'empêchent donc de partager le même enthousiasme que mes camarades ci-dessus, l'approche réductionniste au niveau de la pulsion, sous couvert de lucidité, me semble au contraire plus un écran ou une facilité qu'autre chose. Cela me laisse carrément sur ma faim. J'ai eu des difficultés à rentrer dans le texte, notamment parce que j'ai trouvé les deux premières parties trop fades et trop attendues. (Ceci dit, comme quelqu'un, plus haut, je pense que l'effet graphique de la décomposition du mot ange marche bien). De même, l'adultat est traité de manière beaucoup trop caricaturale selon moi, avec la petite critique attendue de la société de consommation, la critique un peu rétro-active de la normalisation des pratiques, une description trop facile de la rentrée dans la routine et le conformisme. Je trouve que ces passages nuisent vraiment à l'expression de la révolte en faisant passer vos jolies canines pour des dents de lait. C'est dommage, parce que j'ai apprécié les audaces graphiques.
Ceci dit, il y a un effet de contraste saisissant, parce que je trouve les parties III et V très réussies. Peut être parce que le travail rythmique est plus poussé, et parce que la partie III est le coeur de cette révolte qui vous pousse à écrire. L'animalité des espaces me prend à la gorge, la fureur explose dans les sons, notamment ici (mention spéciale pour cette belle image des sons qui vrillent le crâne, je vous envie ce vers ;)) :
Vendredi, chevauchant nos montures d'aciers,
Nous allions en bande compacte, têtes nues,
Pareil à des insectes vers les néons dorés.
*D*I*S*C*O*T*H*È*Q*U*E
Ô divin temple de la fête !
lourds décibels qui vrillent le crâne
alchimie de corps en fusion sur piste brûlante
qui crient se trémoussent qui s'agitent se reluquent
« Un Whisky Coca ! Un Gin Fizz ! Une Tequila ! »
Stroboscopie d'anatomies érotiques
- des culs des culs des culs -
Stromboli d'antinomies erratiques
- des queues des queues des queues -
Cette partie est aussi la plus longue, aussi centrale dans le texte que dans votre vie apparemment, et je trouve que vous lui rendez honneur en la traitant de la meilleure manière. Cela se laisse tout à fait gueuler cette histoire, et la jubilation sonore est bien là.
La partie sur la mort m'a déçu, mais celle sur la vieillesse prend l'exact contre-pied de la partie III : elle oppose à la copia de la colère la densité du désespoir, qui se dit en peu de mots parce qu'il ne croit plus en eux. Très beau vers, là encore, que celui-là : "Les vieux s'accrochent à la vie comme des chiens sur leur os". La vieillesse comme cynisme, qui vient du mot chien (kunos) en grec, ça m'a fait vibrer.
Je suis donc partagé, mais finalement, les parties que je trouve moins abouties sont pour moi comme les "d'ombres sur un tableau qui rehaussent la force des couleurs".
Furieusement,
Gemüth
PS : Une question : le nombre de point de suspension dans la partie "Mort" a-t-il un sens ? J'en compte 56, vous dites avoir 44 ans sur votre profil... tout cela est mystérieux !
Gemüth- Nombre de messages : 49
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Date d'inscription : 24/09/2012
Re: Maelström
J'aime bien, je ne vais pas commenter en détail. Beaucoup a déjà été dit. J'aime la mise en page, vaut une redite.
Je ne vais pas souvent en prose donc vous lis peu mais les qq textes que j"ai lu me font penser à des BD, et Jano c'est le nom d'un auteur de BD justement, hasard sans doute.
Je ne vais pas souvent en prose donc vous lis peu mais les qq textes que j"ai lu me font penser à des BD, et Jano c'est le nom d'un auteur de BD justement, hasard sans doute.
Invité- Invité
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