Lilifleur
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Lilifleur
La fraicheur de la pierre sous nos joues embrasées
Ce trou noir envoûtant à la margelle du puits
J’entends encore
Le miaulement rauque de la poulie rouillée
Et le doux sifflement de la corde qui fuit
Ton corps arcquebouté tournant la manivelle
La rosée de la sueur naissante entre tes seins
Je revois
La gerbe bleue du seau brusquement se renverse
Et ces éclaboussures barbouillant ton visage
Ce soir de lune pâle et de grillons silencieux
Ta silhouette nue enveloppée de nuit
Je me souviens
Avoir d’un nénuphar embrassé la corolle
Empreintes rouge sang à ta blancheur virginale
Ce trou noir envoûtant à la margelle du puits
J’entends encore
Le miaulement rauque de la poulie rouillée
Et le doux sifflement de la corde qui fuit
Ton corps arcquebouté tournant la manivelle
La rosée de la sueur naissante entre tes seins
Je revois
La gerbe bleue du seau brusquement se renverse
Et ces éclaboussures barbouillant ton visage
Ce soir de lune pâle et de grillons silencieux
Ta silhouette nue enveloppée de nuit
Je me souviens
Avoir d’un nénuphar embrassé la corolle
Empreintes rouge sang à ta blancheur virginale
mitsouko- Nombre de messages : 560
Age : 63
Localisation : Paris
Date d'inscription : 08/11/2008
Re: Lilifleur
à ma première lecture,
j'hésite
entre le flou du souvenir, façon photo David Hamilton
et
les éclaboussures du rire, de l'eau renversée
ce joint l'image du sang virginal
et ce puits béant commençant
le poème
d'où un petit porte à faux
...
sinon,
je dis oui à tous les éléments
c'est la mise en forme, comme un collage, le choix esthétique qui me désarçonne.
...
mais tout ceci n'est qu'une première lecture à froid.
je reviendrais vous lire.
amitié
j'hésite
entre le flou du souvenir, façon photo David Hamilton
et
les éclaboussures du rire, de l'eau renversée
ce joint l'image du sang virginal
et ce puits béant commençant
le poème
d'où un petit porte à faux
...
sinon,
je dis oui à tous les éléments
c'est la mise en forme, comme un collage, le choix esthétique qui me désarçonne.
...
mais tout ceci n'est qu'une première lecture à froid.
je reviendrais vous lire.
amitié
Re: Lilifleur
Un poème magnifique qui laisse entrevoir plusieurs strates d'interprétation.
jfmoods- Nombre de messages : 692
Age : 58
Localisation : jfmoods@yahoo.fr
Date d'inscription : 16/07/2013
Re: Lilifleur
Ce poème me parle énormément. La première strophe me renvoie dans mon enfance quand, juste après la guerre, je vivais dans une ferme où il fallait tirer l'eau du puits, et les deux vers :
"La gerbe bleue du seau brusquement se renverse
Et ces éclaboussures barbouillant ton visage"
me rappellent combien cette dure corvée pouvait provoquer de belles images...et des éclats de rire !
En lisant la fin, m'est apparue l'image de "La cruche cassée" de Greuse, magnifique tableau que j'aime énormément, dans lequel j'entrevois la perte d'une virginité.
Cher mitsouko, ton talent est tellement évocateur...
"La gerbe bleue du seau brusquement se renverse
Et ces éclaboussures barbouillant ton visage"
me rappellent combien cette dure corvée pouvait provoquer de belles images...et des éclats de rire !
En lisant la fin, m'est apparue l'image de "La cruche cassée" de Greuse, magnifique tableau que j'aime énormément, dans lequel j'entrevois la perte d'une virginité.
Cher mitsouko, ton talent est tellement évocateur...
Invité- Invité
Re: Lilifleur
plaisir de retrouver ton style, et sa musique qui pèse son poids.
j'aime tout, la description permet d'être au plus près du puits et des protagonistes,
comme avec une caméra.
ce qui n'empêche pas une vision d'ensemble.
si je peux me permettre, pour le rythme ici :
"Ce soir de lune pâle et de grillons silencieux"
j'aurais plus vu une virgule à la place du "et"
et là :
"Empreintes rouge sang à ta blancheur virginale"
pareil, le "à" au milieu casse le rythme.
mais bon...simple avis personnel.
j'aime beaucoup :
"J'entends encore"
"Je revois"
"Je me souviens"
qui introduisent des perceptions différentes à chaque fois,
le même tableau sous un autre angle.
j'aime tout, la description permet d'être au plus près du puits et des protagonistes,
comme avec une caméra.
ce qui n'empêche pas une vision d'ensemble.
si je peux me permettre, pour le rythme ici :
"Ce soir de lune pâle et de grillons silencieux"
j'aurais plus vu une virgule à la place du "et"
et là :
"Empreintes rouge sang à ta blancheur virginale"
pareil, le "à" au milieu casse le rythme.
mais bon...simple avis personnel.
j'aime beaucoup :
"J'entends encore"
"Je revois"
"Je me souviens"
qui introduisent des perceptions différentes à chaque fois,
le même tableau sous un autre angle.
Invité- Invité
Re: Lilifleur
"Ce soir de lune pâle et de grillons silencieux"
"Empreintes rouge sang à ta blancheur virginale"
J'ai plutôt l'impression d'une recherche de diérèses dans cette extension imprévue du vers.
"Empreintes rouge sang à ta blancheur virginale"
J'ai plutôt l'impression d'une recherche de diérèses dans cette extension imprévue du vers.
jfmoods- Nombre de messages : 692
Age : 58
Localisation : jfmoods@yahoo.fr
Date d'inscription : 16/07/2013
Re: Lilifleur
Ce qui marque d'abord la lecture du poème, c'est cette sensualité vive. Le toucher ("les éclaboussures", "embrassé") est également palpable dans un écho puissant de contrastes ("fraîcheur de la pierre" / "joues embrasées"). S'ajoute, évidemment, un jeu troublant de sonorités entre "embrasées" et "embrassé". La vue se trouve matérialisée par ce "trou noir envoûtant" qui se présente comme le coeur même du poème. L'ouïe s'avère incroyablement fine ("miaulement rauque", "doux sifflement"). L'évocation de la "sueur" convoque également le goût et l'odorat à cette fête des sens.
La femme dont il est question ici (et à laquelle le locuteur s'adresse) est une femme aimée. Sa présence imprègne intimement le passage du temps. Fille de l'aube (sa sueur est assimilée à une "rosée"), elle est également fille du crépuscule ("enveloppée de nuit").
Venons-en au puits. Il y a ce triple mouvement du seau qui descend ("la corde fuit"), puis remonte ("corps acquebouté tournant la manivelle") avant d'émerger du puits ("se renverse"). Le mouvement général semble prendre la forme d'une allégorie. L'adjectif "envoûtant" met en évidence la présence d'un mystère dans le passage progressif de la lumière à l'ombre, puis de l'ombre à la lumière. J'entrevois deux niveaux de lecture, complémentaires : la naissance du sentiment amoureux, le fruit de ce sentiment. Les "éclaboussures" de l'eau renvoient, au sens figuré, au bonheur qui éclabousse l'individu à chacun de ces stades. Les seins évoquent le désir, mais figurent également la nubilité, la maternité.
La perception de ce moment par le locuteur ("J'entends encore", "Je revois", "Je me souviens") marque une progressive mise à distance des choses. De la vivacité des sensations... à l'émotion pure qu'elles suscitent.
Le topos de la femme fleur (titre du poème, "nénuphar") dessine les prémisses de l'acte sexuel à venir. Le "rouge sang" est prémonitoire de la perte de la virginité. Les diérèses ("grillons si-len-ci-eux", "blancheur vir-gi-na-le") mettent en évidence le caractère sanctuarisé de ce moment. La nature elle-même se tait. Ces deux vers, comme les fruits d'un secret impossible à tenir plus longtemps, débordent du cadre de l'alexandrin qui corsète pour mieux faire entrer le lecteur dans la confidence du bonheur.
Merci pour le voyage !
La femme dont il est question ici (et à laquelle le locuteur s'adresse) est une femme aimée. Sa présence imprègne intimement le passage du temps. Fille de l'aube (sa sueur est assimilée à une "rosée"), elle est également fille du crépuscule ("enveloppée de nuit").
Venons-en au puits. Il y a ce triple mouvement du seau qui descend ("la corde fuit"), puis remonte ("corps acquebouté tournant la manivelle") avant d'émerger du puits ("se renverse"). Le mouvement général semble prendre la forme d'une allégorie. L'adjectif "envoûtant" met en évidence la présence d'un mystère dans le passage progressif de la lumière à l'ombre, puis de l'ombre à la lumière. J'entrevois deux niveaux de lecture, complémentaires : la naissance du sentiment amoureux, le fruit de ce sentiment. Les "éclaboussures" de l'eau renvoient, au sens figuré, au bonheur qui éclabousse l'individu à chacun de ces stades. Les seins évoquent le désir, mais figurent également la nubilité, la maternité.
La perception de ce moment par le locuteur ("J'entends encore", "Je revois", "Je me souviens") marque une progressive mise à distance des choses. De la vivacité des sensations... à l'émotion pure qu'elles suscitent.
Le topos de la femme fleur (titre du poème, "nénuphar") dessine les prémisses de l'acte sexuel à venir. Le "rouge sang" est prémonitoire de la perte de la virginité. Les diérèses ("grillons si-len-ci-eux", "blancheur vir-gi-na-le") mettent en évidence le caractère sanctuarisé de ce moment. La nature elle-même se tait. Ces deux vers, comme les fruits d'un secret impossible à tenir plus longtemps, débordent du cadre de l'alexandrin qui corsète pour mieux faire entrer le lecteur dans la confidence du bonheur.
Merci pour le voyage !
jfmoods- Nombre de messages : 692
Age : 58
Localisation : jfmoods@yahoo.fr
Date d'inscription : 16/07/2013
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