Mon angoisse
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Mon angoisse
M'accomplir en secret
Dans le noir d'une chambre
Allons jusqu'au bout pour grandir un peu
Allons jusqu'au bout pour mourir un peu
Pour naître demain
Abîmées l'une et l’autre
Un jour toi plus que moi
C'est en silence dans le plus grand secret
Dans le plus noir des labyrinthes
Que j'apprendrai à te perdre
A me trouver
Pour t'oublier
Dans le noir d'une chambre
Allons jusqu'au bout pour grandir un peu
Allons jusqu'au bout pour mourir un peu
Pour naître demain
Abîmées l'une et l’autre
Un jour toi plus que moi
C'est en silence dans le plus grand secret
Dans le plus noir des labyrinthes
Que j'apprendrai à te perdre
A me trouver
Pour t'oublier
Re: Mon angoisse
Il y a quelque chose d'étonnant dans ce court poème : on y est vraiment dans l'obscurité. Le noir absolu.
C'est beau, de laisser ainsi de côté la vision, ça fait parler les autres sens.
C'est beau, de laisser ainsi de côté la vision, ça fait parler les autres sens.
Re: Mon angoisse
j'aime,
les premiers vers sont éblouissants de noirceur hermétique,
je suis restée en panne après : Abîmées l'une et l’autre
Un jour toi plus que moi met un bâton dans les roues de ma bicyclette.
Et la fin ne m'apporte rien d'autre à manger... enfin, je dis ça,
j'aime,
les premiers vers sont éblouissants de noirceur hermétique,
je suis restée en panne après : Abîmées l'une et l’autre
Un jour toi plus que moi met un bâton dans les roues de ma bicyclette.
Et la fin ne m'apporte rien d'autre à manger... enfin, je dis ça,
j'aime,
Pussicat- Nombre de messages : 4841
Age : 56
Localisation : France
Date d'inscription : 17/02/2012
Re: Mon angoisse
Jolie façon de tirer ses marrons du feu en admettant qu'on se construit souvent dans la peine et que la perte peut nous enrichir. Sans aigreur ni pathos, juste ce qu'il faut pour rendre ce labyrinthe émouvant.
Re: Mon angoisse
L'analyse d'un texte ressemble à une enquête policière. Il s'agit de récolter un certain nombre d'indices. Ici, quelques points me semblent particulièrement notables...
- un nombre important de formes infinitives ("accomplir", "grandir", "mourir", "naître", "perdre", "trouver", "oublier")
- des pronoms personnels compléments qui se reflètent (" M' ", "moi", "me" / "t'", "te", "toi").
- le jeu des antithèses ("mourir" / "naître", "trouver" / "perdre")
- un seul pronom personnel sujet (" j' ") accompagné d'un verbe au futur.
- le procédé de mise en relief : "C 'est... que"
- une gradation agrémentée d'un superlatif ("Dans le noir d'une chambre", "Dans le plus noir des labyrinthes")
- une forme superlative ("en secret", "dans le plus grand secret")
- la répétition ("Allons..." x 2)
- les comparatifs d'égalité (" l'une et l'autre ") et de supériorité ("toi plus que moi")
- un nombre important de formes infinitives ("accomplir", "grandir", "mourir", "naître", "perdre", "trouver", "oublier")
- des pronoms personnels compléments qui se reflètent (" M' ", "moi", "me" / "t'", "te", "toi").
- le jeu des antithèses ("mourir" / "naître", "trouver" / "perdre")
- un seul pronom personnel sujet (" j' ") accompagné d'un verbe au futur.
- le procédé de mise en relief : "C 'est... que"
- une gradation agrémentée d'un superlatif ("Dans le noir d'une chambre", "Dans le plus noir des labyrinthes")
- une forme superlative ("en secret", "dans le plus grand secret")
- la répétition ("Allons..." x 2)
- les comparatifs d'égalité (" l'une et l'autre ") et de supériorité ("toi plus que moi")
jfmoods- Nombre de messages : 692
Age : 58
Localisation : jfmoods@yahoo.fr
Date d'inscription : 16/07/2013
Re: Mon angoisse
Manon-lune-Alice,
alors pardon mais pour être franche, c'est la première fois que
je trouve
ou
je ne trouve pas, plutôt
non, je n'entre pas parce que
tu es trop loin sur ce coup
du lecteur, je veux dire...
trop de focale, tu vois...pour moi, en tout cas !
alors je ne sais pas me sentir concernée...
alors pardon mais pour être franche, c'est la première fois que
je trouve
ou
je ne trouve pas, plutôt
non, je n'entre pas parce que
tu es trop loin sur ce coup
du lecteur, je veux dire...
trop de focale, tu vois...pour moi, en tout cas !
alors je ne sais pas me sentir concernée...
Invité- Invité
Re: Mon angoisse
Étrange comme les choses ici relatées sont présentées comme passives, subies. D'abord par l'emploi de pronoms personnels compléments (" M' ", "moi", "me", " t' ", "toi", "te"). On peut remarquer que ces pronoms sont en miroir exact les uns des autres. C'est, ensuite, l'abondance des formes infinitives ("accomplir", "grandir", "mourir", "naître", "perdre", "trouver", "oublier") qui signale le caractère non accompli, seulement envisagé, d'un processus. On constate la présence d'un seul pronom personnel sujet (" j' ") et encore est-il associé au futur ("apprendrai"), à l'image d'une conquête à échéance plus ou moins lointaine. L'utilisation de l'impératif et de l'anaphore ("Allons..." x 2) marque bien le choix du mouvement, une volonté forte d'avancer. Cette volonté se heurte, cependant, à l'apparente modestie du résultat escompté ("un peu"). Le procédé de mise en relief "C 'est... que...", en attirant notre attention, nous présente les dispositions particulières par lesquelles les choses pourront tendre au résultat visé par les trois compléments circonstanciels de but ("pour grandir", "pour mourir", "pour t'oublier"). Le jeu entremêlé du superlatif ("en secret" / "dans le plus grand secret") et de la gradation ("dans le noir d'une chambre" / "dans le plus noir des labyrinthes") met en effet en évidence les conditions extrêmes d'exigence par lesquelles le changement pourra s'opérer. De la même manière, le jeu des antithèses ("mourir" / "naître", "te perdre" / "me trouver") souligne les enjeux complexes et radicaux du processus. Tout cela nous à laisse à penser que ce changement dépasse de loin la simple volonté humaine et qu'il dépend de facteurs qui nous échappent largement. Mais quel est donc le processus qui se joue dans ce poème ? La forme pronominale "M'accomplir" signale, d'emblée, que c'est bien un rapport à soi qui est en jeu. Les notions de l'un et de l'autre visent donc le même sujet. Ce qui nous renvoie, forcément, au titre du poème lui-même. "Angoisse" est un mot qui possède déjà une puissance d'évocation considérable. Renforcé par l'adjectif possessif, il prend un caractère presque hyperbolique. L'angoisse est cette conscience de notre destinée personnelle qui nous tire à chaque instant du néant en ouvrant devant nous un avenir où notre existence se décide. Venons-en donc au passage clé du texte, qui répond si intimement, si vivement au titre...
"Abîmées l'une et l’autre
Un jour toi plus que moi"
Ce qui est en jeu, ici, c'est le vieillissement ("un jour"), l'idée d'une maturité, d'une mue obligée de soi à soi et de la souffrance, de l'usure que ce passage induit forcément ("abîmées"). Ma projection d'aujourd'hui dans l'être que je serai demain est déjà suffisamment douloureuse (comparatif d'égalité "l'une et l’autre")... mais elle n'est rien à l'aune du regard que l'individu que je me vois être demain portera rétrospectivement sur celui que je suis aujourd'hui ("toi plus que moi").
Étrange comme les choses ici relatées sont présentées comme passives, subies. D'abord par l'emploi de pronoms personnels compléments (« M' », « moi », « me », « t' », « toi », « te »). On peut remarquer que ces pronoms sont en miroir exact les uns des autres. C'est, ensuite, l'abondance des formes infinitives (« accomplir », « grandir », « mourir », « naître », « perdre », « trouver », « oublier ») qui signale le caractère non accompli, seulement envisagé, d'un processus. On constate la présence d'un seul pronom personnel sujet (« j' ») et encore est-il associé au futur (« apprendrai »), à l'image d'une conquête à échéance plus ou moins lointaine. L'utilisation de l'impératif (« Allons » x 2) et de l'anaphore (« jusqu'au bout ») marquent bien le choix du mouvement, une volonté forte d'avancer. Cette volonté se heurte, cependant, à l'apparente modestie du résultat escompté (« un peu »). À moins que ce « un peu » soit considéré comme suffisant, finalement... Le procédé de mise en relief « C 'est... que » nous en dit toutefois un peu plus sur les dispositions particulières par lesquelles les choses pourront tendre au résultat visé par les trois compléments circonstanciels de but (« pour grandir », « pour mourir », « pour t'oublier »). Le jeu entremêlé du superlatif (« en secret » / « dans le plus grand secret») et de la gradation (« dans le noir d'une chambre » / « dans le plus noir des labyrinthes ») met en effet en évidence les conditions extrêmes d'exigence par lesquelles le changement pourra s'opérer. De la même manière, le jeu des antithèses (« mourir » / « naître », « te perdre » / «me trouver » ) souligne les enjeux complexes et radicaux du processus. Tout cela nous à laisse à penser que ce changement dépasse de loin la simple volonté humaine et qu'il dépend de facteurs qui nous échappent largement. Mais quel est donc le processus qui se joue dans ce poème ? La forme pronominale « M'accomplir » signale, d'emblée, que c'est bien un rapport à soi qui est en jeu. Les notions de l'un et de l'autre visent donc le même sujet. Ce qui nous renvoie, forcément, au titre du poème lui-même. « Angoisse » est un mot qui possède déjà une puissance d'évocation considérable. Renforcé par l'adjectif possessif, il prend un caractère presque hyperbolique. L'angoisse est cette conscience de notre destinée personnelle qui nous tire à chaque instant du néant en ouvrant devant nous un avenir où notre existence se décide. Venons-en donc au passage clé du texte, qui répond si intimement, si vivement au titre...
« Abîmées l'une et l’autre
Un jour toi plus que moi »
Ce qui est en jeu, ici, c'est le vieillissement (« un jour »), l'idée d'une maturité, d'une mue obligée de soi à soi et de la souffrance, de l'usure que ce passage induit forcément (« abîmées »). Ma projection d'aujourd'hui dans l'être que je serai demain est déjà suffisamment douloureuse (comparatif d'égalité « l'une et l’autre »)... mais elle n'est rien à l'aune du regard que l'individu que je me vois être demain portera rétrospectivement sur celui que je suis aujourd'hui (« toi plus que moi »).
"Abîmées l'une et l’autre
Un jour toi plus que moi"
Ce qui est en jeu, ici, c'est le vieillissement ("un jour"), l'idée d'une maturité, d'une mue obligée de soi à soi et de la souffrance, de l'usure que ce passage induit forcément ("abîmées"). Ma projection d'aujourd'hui dans l'être que je serai demain est déjà suffisamment douloureuse (comparatif d'égalité "l'une et l’autre")... mais elle n'est rien à l'aune du regard que l'individu que je me vois être demain portera rétrospectivement sur celui que je suis aujourd'hui ("toi plus que moi").
Étrange comme les choses ici relatées sont présentées comme passives, subies. D'abord par l'emploi de pronoms personnels compléments (« M' », « moi », « me », « t' », « toi », « te »). On peut remarquer que ces pronoms sont en miroir exact les uns des autres. C'est, ensuite, l'abondance des formes infinitives (« accomplir », « grandir », « mourir », « naître », « perdre », « trouver », « oublier ») qui signale le caractère non accompli, seulement envisagé, d'un processus. On constate la présence d'un seul pronom personnel sujet (« j' ») et encore est-il associé au futur (« apprendrai »), à l'image d'une conquête à échéance plus ou moins lointaine. L'utilisation de l'impératif (« Allons » x 2) et de l'anaphore (« jusqu'au bout ») marquent bien le choix du mouvement, une volonté forte d'avancer. Cette volonté se heurte, cependant, à l'apparente modestie du résultat escompté (« un peu »). À moins que ce « un peu » soit considéré comme suffisant, finalement... Le procédé de mise en relief « C 'est... que » nous en dit toutefois un peu plus sur les dispositions particulières par lesquelles les choses pourront tendre au résultat visé par les trois compléments circonstanciels de but (« pour grandir », « pour mourir », « pour t'oublier »). Le jeu entremêlé du superlatif (« en secret » / « dans le plus grand secret») et de la gradation (« dans le noir d'une chambre » / « dans le plus noir des labyrinthes ») met en effet en évidence les conditions extrêmes d'exigence par lesquelles le changement pourra s'opérer. De la même manière, le jeu des antithèses (« mourir » / « naître », « te perdre » / «me trouver » ) souligne les enjeux complexes et radicaux du processus. Tout cela nous à laisse à penser que ce changement dépasse de loin la simple volonté humaine et qu'il dépend de facteurs qui nous échappent largement. Mais quel est donc le processus qui se joue dans ce poème ? La forme pronominale « M'accomplir » signale, d'emblée, que c'est bien un rapport à soi qui est en jeu. Les notions de l'un et de l'autre visent donc le même sujet. Ce qui nous renvoie, forcément, au titre du poème lui-même. « Angoisse » est un mot qui possède déjà une puissance d'évocation considérable. Renforcé par l'adjectif possessif, il prend un caractère presque hyperbolique. L'angoisse est cette conscience de notre destinée personnelle qui nous tire à chaque instant du néant en ouvrant devant nous un avenir où notre existence se décide. Venons-en donc au passage clé du texte, qui répond si intimement, si vivement au titre...
« Abîmées l'une et l’autre
Un jour toi plus que moi »
Ce qui est en jeu, ici, c'est le vieillissement (« un jour »), l'idée d'une maturité, d'une mue obligée de soi à soi et de la souffrance, de l'usure que ce passage induit forcément (« abîmées »). Ma projection d'aujourd'hui dans l'être que je serai demain est déjà suffisamment douloureuse (comparatif d'égalité « l'une et l’autre »)... mais elle n'est rien à l'aune du regard que l'individu que je me vois être demain portera rétrospectivement sur celui que je suis aujourd'hui (« toi plus que moi »).
jfmoods- Nombre de messages : 692
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Date d'inscription : 16/07/2013
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