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Des illusions sur canapé

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Message  Raoulraoul Dim 17 Nov 2013 - 10:02

Des illusions sur canapé
Dans une voiture bruyante, plus que jamais, on espère un éblouissement de paix.
Rocky et Cerise l’attendent aussi précieusement qu’une bouteille d’ivrogne.
Sous cet éclairage, ils sont les impatients voyageurs d’une quête infinie.
« Les philosophes ont-ils le secret du bonheur ? », c’est le thème de la conférence que Rocky et Cerise sont partis écouté à l’ombre des murs d’un auditorium solennel.
Ils arrivent. Une heure s’écoule entière avant qu’on leur annonce enfin que le conférencier ne viendra pas car il est malade. Déception, nuages de colère. Rocky et Cerise, une fois de plus ne connaîtront pas en quoi consiste le secret du bonheur. Ce fruit savoureux que chacun rêve de déguster.
Quand un imperceptible bruit tinte soudain à leur esprit. C’est l’appel irrésistible des imposants magasins. Ils sont tout proche dans le quartier de l’auditorium. Une petite chienne rousse fait ses besoins sur le trottoir. Qu’importe, Rocky et Cerise enjambent l’animal et se dirigent vers un grand magasin d’ameublement, plein de lumière comme un incendie bleu.
Elle franchit la porte, la première, Cerise, laissant la chienne rousse au pied d’un réverbère dans le chant des grillons du soir. A quelque distance Rocky accompagne Cerise.
Les ma gasins ont l’attrait des diamants. Celui-ci offre un paysage démesuré de canapés et de fauteuils vers lequel le couple quinquagénaire se précipite.
Après le repas, il faut nécessairement un excellent canapé, pense Rocky, avec des angles ronds et doux pour ne pas se cogner les genoux. Et il ne faut pas que le dos du canapé soit dur et raide comme le front d’une corniche.
Par une curieuse coïncidence, Rocky et Cerise tombent sur une araignée, courant sur les coussins d’un canapé. Les araignée sont de bonnes messagères sur la signification du monde. Il n’est pas facile de les ignorer. Leur toile filandreuse dessine un magnifique rideau qui vous éloigne de l’agitation et des fracas d’usine.
Brusquement à l’heure du thé, canapés et fauteuils s’avèrent être des compagnons indispensables même avec des araignées. Dedans on s’assoupit, sans fierté ni orgueil, et la sensation du canapé allument les premières étoiles de votre sieste. Cette épidémie de félicité mérite qu’on s’abandonne, comme dans de profonds bosquets où Rocky et Cerise aimeraient tant découvrir l’énigme heureuse du bonheur.
Juste au moment où Rocky s’allonge sur un canapé, la vision d’un magistral sépulcre le saisit dans sa posture de gisant. Un équipage de chevaux en pierre l’entraîne dans des royaumes indicibles. Au-dessus le ciel d’octobre lui ouvre la route vers sa céleste Cerise dont le ventre de falaise l’illumine d’une affriolante blancheur.
Ainsi il parle rarement, Rocky, au regard sombre de charbon. Mais à ses yeux, la vasque des canapés est le refuge des brumes enchanteresses. Il y a les lumières surnaturelles des magasins où tout miroite comme des feuillages. Chaque objet vous transmet le désir de la force. Celle de le posséder.
Sur ces derniers mots, Rocky enlace le visage de Cerise. Ils songent ensemble à leur vieux divan au matelas d’aiguilles qui encombre leur living.
Dans la chambre suivante, dans le magasin, c’est un torrent de literie qui submerge la moquette. De cruelles filles sautent sur les sommiers pour éprouver leur résistance.  
La matinée a été harassante.
Rocky et Cerise demeurent des oiseaux égarés dans le ciel d’automne.
C’est exact qu’ils espèrent toujours connaître la recette du bonheur. Une cloche lointaine vibre dans leur longue misère. C’est peut-être la voix des conférenciers dont ils n’entendent jamais le secret…
Il n’est pas facile de vivre en HLM, au-milieu du fracas des usines. Le soir, dans les rues, tous les réverbères sont éteints.
Dans sa voiture bruyante, Rocky est voyageur de commerce. Sa signification du monde est limitée. Quelle chose étrange pour Cerise, dans son F2 d’attendre chaque jour, sur son divan défoncé, le retour de Rocky. Parfois, elle voudrait se sauver pour aller se jeter du haut du front de la corniche. Elle emporterait avec elle sa petite chienne de race hollandaise. Elle franchirait la porte. Elle balancerait dans le caniveau l’unique diamant que Rocky lui a offert. A l’ombre des murs elle marcherait. Sous cet éclairage funeste, elle guetterait un éblouissement violent pour disparaître dans le paysage démesuré.
A quelque distance de là, Rocky rentrerait avec le désir de la force d’aimer encore sa Cerise. Il aurait lâché sa bouteille d’ivrogne et chercherait partout derrière les rideaux où se cache sa Cerise. C’est exact que des incendies bleus peuvent s’allumer dans les cerveaux quand le désespoir déboule aussi tumultueux qu’un torrent.
Une heure s’écoule avant que Rocky comprenne. Elle est alors partie la cruelle fille ! Des cloches infernales explosent entre ses tempes.
« Elle est devenue aussi glacée qu’un lévrier de marbre, ma Cerise ! Brusquement à l’heure du thé, son orgueil lui aura fait prendre cette terrible décision, rejoindre les nuages pour toujours… »
Par une curieuse coïncidence, une araignée tentaculaire escalade la face poreuse d’une orange. Le fruit savoureux dans la corbeille renvoie une lumière pulpeuse ; Rocky ressemble à cette araignée noire qui se lovait dans la lumière chaude et vivante de Cerise.
Mais une épidémie de malheurs ne se propage jamais seule. Bientôt Rocky perd son travail et son maigre matelas d’argent se transforme vite en matelas d’aiguilles. Rocky est à genoux, effondré. Ainsi il parle rarement. Pourtant il commence une bizarre prière, s’adressant à la première étoile qui perce la nuit, juste avant que ne cesse le chant des grillons. Sur ses derniers mots, une énigme heureuse pourrait s’éclaircir sur la route cabossée de Rocky.
Il retrouve l’envie de manger. Après ce repas il est ragaillardi. Ses longues misères s’atténuent. Il visite les sépulcres du cimetière. Au-dessus le ciel d’octobre le guide. Dans les feuillages, sur des chevaux en pierre, se dressent des silhouettes macabres. Quand un imperceptible bruit alerte Rocky. Un jappement plaintif mêlé au gazouillis des oiseaux, dans la brume enchanteresse qui recouvre le cimetière. Le jappement provient d’un sépulcre. Rocky s’approche et y pénètre surmontant sa crainte. Il parvient dans une première chambre. Dans la chambre suivante, soudain c’est le visage d’une femme qui apparaît, Elle est nue, son ventre de falaise a la rondeur d’une lune. Il y a la lumière de ses yeux, tels des charbons de braise qui brûlent Rocky.
« J’attends un enfant » dit la femme effrayée, serrant dans ses bras une petite chienne malingre. Rocky chuchote des mots de tendresse.
La matinée est un délice. Le ciel d’automne empourpre les bosquets. Tenant par la main sa Cerise retrouvée, Rocky prend la route vers les HLM. C’est la petite chienne hollandaise qui conduit la marche, avec de gais aboiements juvéniles.
Sous cet éclairage nouveau, un secret s’est livrée. Il se nomme « bonheur ».

**
Raoulraoul
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Message  Invité Dim 17 Nov 2013 - 11:13

pour le principe j'aime ce titre, et j'ai plaisir à retrouver Rocky et Cerise !

pour le sérieux, je reviendrai te commenter mieux, comme il se doit :
pour l'instant, je voulais juste laisser un "marque page".


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Message  Invité Dim 17 Nov 2013 - 13:11

C'est un peu "désillusions sur canapé".

L'idée et le cursus sont bons, mais je trouve qu'il y a un peu de maladresse à force de détails.

Par exemple dés le début :

"Dans une voiture bruyante, plus que jamais, on espère un éblouissement de paix.
Rocky et Cerise l’attendent aussi précieusement qu’une bouteille d’ivrogne ."


La première phrase me laisse dubitatif.

La seconde serait plutôt :

"Rocky et Cerise l’attendent aussi précieusement qu’un ivrogne une bouteille." (?)

"écouter à l'ombre"

"... nuages de colère" un peu fort, comme un "bruit imperceptible" qui "tinte".

...

Un texte plus aéré et simplifié laisserait peut être mieux transparaître cette quête du bonheur.

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Message  Raoulraoul Mer 20 Nov 2013 - 19:15

J'ai plombé l'ambiance. Plus personne ne veut faire un brin de causette sur mon canapé.
Je manque d'humour et de légèreté pour le climat du site. C'est de ma faute. J'ai bougé beaucoup en écrivant. J'écris trop long, quoi que... et trop souvent. C'est de la faute du site qui aime le changement, la nouveauté, plus rien à dire sur Raoul, on connaît, il ne surprend plus.
Dommage sans le site je n'écrirais plus.
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Message  seyne Mer 20 Nov 2013 - 21:22

Ben....non.
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Message  Invité Mer 20 Nov 2013 - 23:11

"Je manque d'humour et de légèreté pour le climat du site. C'est de ma faute. J'ai bougé beaucoup en écrivant. J'écris trop long, quoi que... et trop souvent. C'est de la faute du site qui aime le changement, la nouveauté, plus rien à dire sur Raoul, on connaît, il ne surprend plus."

mais non, pourquoi dis-tu ça Raoulraoul ?
tu n'as rien plombé du tout, hey !

en ce qui me concerne, il s'agit juste d'un manque de temps ces jours-ci.
or le texte n'est pas si simple à démêler, et je compte y consacrer le temps qu'il faut...voilà tout.

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Message  Louis Jeu 21 Nov 2013 - 0:13

On retrouve nos deux personnages, devenus familiers, Rocky et Cerise.

Ils attendent en vain une conférence sur le bonheur. Le conférencier, malade, n'est pas venu. Son absence, pour cause de maladie, pourrait s'entendre comme une réponse à la question du bonheur, celle que notre société, à l'écoute de Voltaire qui déclarait ingénument : « J'ai décidé d'être heureux parce que c'est bon pour la santé », celle que notre temps, hyper hygiénique, a de plus en plus tendance à prescrire : le bonheur, c'est la santé !

Faute de réponse théorique explicite à leur attente, nos deux personnages se laissent tenter par une pratique du bonheur elle aussi dictée par notre société, qui ajoute à l'hyper hygiénisme la particularité d'un caractère hyper marchand : être heureux, c'est être en bonne santé, c'est consommer toujours plus, et c'est être en bonne santé pour consommer toujours plus.

Cerise et Rocky répondent donc à « l’appel irrésistible des imposants magasins. »
Ils se dirigent vers un hypermarché où des canapés sont exposés à la vente. Peut-être se souviennent-ils de ce slogan hyper médiatisé il y a quelques années, hyper diffusé, hyper répété, hyper martelé sur toutes les ondes et tous les panneaux lumineux, ces phares de notre temps tout en hyper éclairant la voie du bonheur  : « Et si le bonheur, c'était un canapé ».
Non, le bonheur n'est pas dans le pré, il est dans le canapé, a dit la publicité.

Rocky teste l'hypothèse d'un bonheur cosy et d'une félicité sofa. « Dedans on s’assoupit, sans fierté ni orgueil, et la sensation du canapé allume les premières étoiles de votre sieste. Cette épidémie de félicité mérite qu’on s’abandonne... ». Bonheur dans la passivité, abandon dans les doux bras d'une Juliette Récamier. Quiétisme et apathie. Bonheur dans la paix, mais celle des cimetières.

Pas étonnant alors que Rocky ait cette « vision d’un magistral sépulcre » qui « le saisit dans sa posture de gisant. » Cette mort sur canapé, lascive autant que passive, est propice à la rêverie, aux illusions, « à ses yeux, la vasque des canapés est le refuge des brumes enchanteresses ». Rêverie qui ouvre à Rocky « la route vers sa céleste Cerise dont le ventre de falaise l’illumine d’une affriolante blancheur. »
Non, décidément, le bonheur n'est pas plus dans le pré qu'il n'est dans le canapé. Pas dans la paix des cimetières.

Mais « C’est exact qu’ils espèrent toujours connaître la recette du bonheur », Cerise et rocky.
«  Qui parle de bonheur a souvent les yeux tristes » écrivait Aragon. Et tristes, Cerise et rocky le sont. Rocky n'a pas seulement un « regard noir de charbon ». Leur vie se traîne, triste et misérable, dans un quartier HLM «  au milieu du fracas des usines », où  les lumières s'éteignent le soir en contraste avec « les lumières surnaturelles des magasins où tout miroite comme des feuillages. »

Le couple voudrait obéir à l'injonction : consommer pour être heureux, le bonheur est là.
Le désirable est indiqué par la pub, par toute la vie sociale : il est dans les objets de consommation. Ce qui est désirable est là, dans les magasins, et être heureux, n'est-ce pas satisfaire ses désirs ?  « Chaque objet vous transmet le désir de la force. Celle de le posséder. » mais Cerise et Rocky n'ont pas les moyens de satisfaire leur désir de canapé, « Ils songent ensemble à leur vieux divan au matelas d’aiguilles qui encombre leur living. » Perpétuelle frustration du désir de consommation. Perpétuelle frustration d'un bonheur manqué.

Un fantasme se met en place : Cerise se donnerait la mort par désespoir, pour quitter cette vie de misère qu'elle ne supporte plus. Rocky, nouvel Orphée, irait la libérer du royaume des morts, dans les « nuages pour toujours ».
Ainsi le bonheur peut être trouvé au bout du désespoir, de l'autre côté du désespoir qu'il a fallu traverser.
Cerise retrouvée ne s'est pas donné la mort, mais elle donne vie, elle est enceinte.
Au royaume des morts ne règne pas la paix des cimetières, au royaume des morts, la vie reprend, la vie renaît. Mais il fallait traverser le royaume, il fallait traverser le désespoir. Alors, le bonheur est trouvé, quand il n'est plus recherché, inespéré. Quand il n'y a plus d'espoir. Trouvé dans l'acceptation de la vie, malgré la mort, malgré la condition tragique de l'existence. Le bonheur est un oui à la vie, l'affirmation de la vie dans tous ses aspects.  

Pas de véritable bestiaire, cette fois dans ce texte, mais plusieurs animaux y jouent un rôle important : une chienne, une araignée, des grillons.

Une chienne rousse semble indiquer le chemin. Elle joue le rôle d'éclaireur. Le chemin des magasins n'est pas le bon chemin du bonheur, la chienne semble le savoir, et tente de retenir Rocky et Cerise, elle fait ses besoins à ce moment précis, quand ils vont pénétrer dans le supermarché, éjectant sa marchandise, comme pour exprimer qu'il n'y a là, dans toute marchandise, que mouscaille et cacade, « Une petite chienne rousse fait ses besoins sur le trottoir. Qu’importe, Rocky et Cerise enjambent l’animal et se dirigent vers un grand magasin d’ameublement ». Le couple passe outre les signaux de la chienne, et la laisse dans la rue, mais dans le chant des grillons : « Cerise, laissant la chienne rousse au pied d’un réverbère dans le chant des grillons du soir. », mais dans la lumière des réverbères, elle, l'éclaireuse.
La chienne semble attachée à Cerise. Dans le fantasme, elle suit Cerise jusque dans la mort : « Elle emporterait avec elle sa petite chienne de race hollandaise.»
Mais la chienne ne « suit » pas, elle devance, on la suit.
C'est elle qui guide Rocky-Orphée vers Cerise dans le pays des morts : «  Quand un imperceptible bruit alerte Rocky. Un jappement plaintif mêlé au gazouillis des oiseaux, dans la brume enchanteresse qui recouvre le cimetière. »
Quand Rocky retrouve Cerise, elle porte dans ses bras une chienne, et dans le ventre un enfant, « serrant dans ses bras une petite chienne malingre ».
Le bonheur enfin trouvé, « C’est la petite chienne hollandaise qui conduit la marche, avec de gais aboiements juvéniles. »

Comme la chienne, l'araignée est un signe, et fait signe. Si la chienne est un animal phare, l'araignée, elle, donne le fil à suivre. Sa toile est à comprendre comme un rideau, rideau qu'il faut tirer sur le monde apparent, et sur l'impulsion immédiate. S'orienter ailleurs, dit l'araignée-Ariane. Tirer le rideau sur le canapé, où elle apparaît d'abord. Se protéger du monde derrière un voile « qui vous éloigne de l’agitation et des fracas d’usine. » Et c'est derrière un rideau que Rocky, dans le fantasme, cherche d'abord Cerise  
L'araignée réapparaît sur un fruit. Le fruit : image du bonheur. Elle indique que le bonheur n'est pas ce « fruit savoureux ». L'araignée «  bonne messagère sur la signification du monde » signifie que le bonheur n'est pas plus dans un fruit qu'il n'est un canapé. N'est pas un fruit sur canapé.

Les grillons, comme la chienne, comme l'araignée, par leur chant guident Rocky. Elles lui donnent l'idée, le transforment en Orphée à la recherche de Cerise-Eurydice au pays des morts.
Les animaux ainsi figurent le bon sens, le bon fil, la bonne orientation.

Le texte présente, d'autre part, une particularité intéressante dans sa construction en spirale. Les mêmes thèmes, les mêmes images reviennent, non pas en boucle, non pas de façon circulaire, mais spiralée. Ils reviennent, investis de façon nouvelle, variations sur un même thème, et donnent un tour nouveau à la marche du récit.

Ainsi de l'éblouissement. Inondation de lumière d'abord espérée : « Dans une voiture bruyante, plus que jamais, on espère un éblouissement de paix. » Paix lumineuse, contre l'agitation bruyante, et de la voiture, et de la vie au travail,  milieu industriel où vivent Cerise et Rocky, et de l'agitation intérieure de chacun.
L' éblouissement  revient comme fulgurance, éclat  « violent », qui peut fondre Cerise « dans le paysage démesuré. »
L'éblouissement se déplace, avec en écho, « l'incendie bleu », « un grand magasin d’ameublement, plein de lumière comme un incendie bleu. », écho répété encore dans une variation sur l'embrasement du cerveau , « C’est exact que des incendies bleus peuvent s’allumer dans les cerveaux quand le désespoir déboule aussi tumultueux qu’un torrent. »
Le même mouvement en spirale se constate de l'image du « sépulcre » au cimetière, et d'autres thèmes encore.

Bravo Raoul pour cette belle construction à l'effet étourdissant autant que poétique.
 
PS : j'ai conscience que la lecture faite de ce texte est plus personnelle encore qu'elle n'a pu l'être pour d'autres textes. Mais tout en lui autorise cette lecture.

Louis

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Message  Jano Jeu 21 Nov 2013 - 6:53

Je vous reconnais bien là Raoulraoul. Dès que vous avez un texte qui recueille peu de commentaires vous nous sortez vos pleurnicheries en vous apitoyant sur vous-mêmes. Vous nous avez déjà fait le coup, ça ne prend plus.
Remettez-vous plutôt en question et cherchez à comprendre pourquoi vos textes n'attirent plus autant les lecteurs. Parallèlement il se peut que ça vienne du site, atone en ce moment, donc rien à voir avec vous !
De mon côté je suis peu présent car les textes proposés ne m'emballent pas. Juste une histoire de goût, pas de qualité. Je regrette par exemple que la science-fiction soit quasiment absente de Vosécrits.
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Message  Invité Jeu 21 Nov 2013 - 8:49

Raoulraoul, parfois, les textes ont besoin d'être relus plusieurs fois avant d'être commentés. Il en est ainsi des votres, qui sont souvent touffus en idées. Et cela n'a rien de péjoratif !
Je ne pense pas que les lecteurs se détournent (de) et négligent vos écrits, mais ils se donnent le temps d'intervenir.
Ne vous découragez pas, et continuez à écrire !

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Message  Invité Ven 22 Nov 2013 - 21:58

Heureusement qu'il y en a, comme toi, pour écrire un peu, l'inspiration se fait rare en ce moment ; alors pas de remise en cause trop sévère : écris !
Et si on ne te commente pas assez, mets ça sur le dos de la paresse des lecteurs, mais n'incrimine pas ton talent !

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Message  Invité Sam 23 Nov 2013 - 8:15

voilà une prose dont l'univers intime ne se laisse pas facilement apprivoiser...
il faut du temps pour pénétrer le tissage du texte, sa symbolique et sa signification,
pour en capter le message, et je ne suis même pas sûre d'y être parvenue après avoir tourné autour, puis être entrée.

mais j'aime justement, être obligée de tailler dans cette "jungle" (je le dis sans moquerie aucune), pour ce qui est du sens donné.
dans la forme, il y a des choses qui m'embrouillent, même si je comprends l'ordre dans lequel se déroulent les choses et ce qu'il se passe, comme par exemple dans ce passage :
"Quand un imperceptible bruit tinte soudain à leur esprit. C’est l’appel irrésistible des imposants magasins. Ils sont tout proche dans le quartier de l’auditorium. Une petite chienne rousse fait ses besoins sur le trottoir. Qu’importe, Rocky et Cerise enjambent l’animal et se dirigent vers un grand magasin d’ameublement, plein de lumière comme un incendie bleu.
Elle franchit la porte, la première, Cerise, laissant la chienne rousse au pied d’un réverbère dans le chant des grillons du soir. A quelque distance Rocky accompagne Cerise.
Les ma gasins ont l’attrait des diamants. Celui-ci offre un paysage démesuré de canapés et de fauteuils vers lequel le couple quinquagénaire se précipite."


cependant, il y a une originalité touchante dans cette manière de dire, qui est constitutive de l'identité de ton écriture, et fait appel à une démarche de la part du lecteur : celle de se rendre accessible au texte, et non l'inverse. ce que je fais volontiers, car c'est si particulier.

on pourrait croire que le bonheur c'est de consommer, à l'appel fascinant des néons.
mais il y a toute une notion de confort qui est développée, et qui renvoie à une certaine forme d'animalité première : l'humain à l'état naturel, au bord de sombrer dans un endormissement végétatif de "gisant" passif, gavé, sous perfusion, sans volonté car satisfait d'avoir son contant matériel.
or, cela ne suffit pas à nourrir l'esprit, qui demeurant insatisfait continue de battre la campagne.

j'ai énormément aimé l'image forte qui se dégage de cette phrase :
"Juste au moment où Rocky s’allonge sur un canapé, la vision d’un magistral sépulcre le saisit dans sa posture de gisant. Un équipage de chevaux en pierre l’entraîne dans des royaumes indicibles."

alors, il y a aussi ces vocables de falaises et corniches qui ne sont pas là par hasard...ils accompagnent le basculement qui se déroule au long du texte, entre les "pleins" et les "vides".
Rocky et Cerise vont-ils devoir "muer", abandonner le sordide, la fausse route de l'inutile pour l'étoile première essentielle...?
tuer quelque chose en eux, pour naître à nouveau dans un bonheur épuré, au naturel ?

une autre phrase m'a fait rire :
"Dans la chambre suivante, dans le magasin, c’est un torrent de literie qui submerge la moquette." (répétition de "dans" à arranger, sans doute)
et celle-ci, touchante :
"Rocky et Cerise demeurent des oiseaux égarés dans le ciel d’automne."

hum...j'espère ne pas m'être trop égarée dans les méandres de ma lecture...
je sens qu'il faudra peut-être que j'y revienne à froid.

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Message  Raoulraoul Mar 26 Nov 2013 - 14:44

Merci vivement à Seyne, Iris, Coline Dé, pour vos réactions spontanées et aussi Igloo pour ton commentaire intéressant et juste. Vous tous m'encouragez à donner un sens à mes journées par l'envie d'écriture. Soyons solidaires même si souvent solitaires.
Merci à Louis pour tes lignes qui prolongent les miennes. Je ne connaissais pas cette publicité ancienne associant "bonheur et canapé". Je trouve le lien que tu fais avec Orphée/Eurydice très beau, c'est un mythe qui me parle souvent. La construction en spirale de ce texte en effet est le projet que j'expérimente en ce moment sur quelques textes. Tu l'as pointé avec beaucoup de pertinence. La personnalisation de ton commentaire que tu évoques n'est peut-être pas surprenante, vu le thème auquel il est difficile d'échapper. Sa mise en situation que j'ai tentée évidemment laisse la porte ouverte encore à d'autres remarques que tu pressens, cela j'en suis sûr.
Parfois il me vient l'idée de faire un recueil de tous mes textes que tu as commentés, mon texte et en face ton commentaire (hypertexte). Cela serait formidable, mais aussi hélas, vanité, vanité... Pourtant il me semble à notre insu que nous écrivons ensemble une petite œuvre, un opuscule réactif qui à l'heure d'Internet, aurait son originalité, et qui du moins demande réflexion...
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Message  seyne Mar 26 Nov 2013 - 17:52

bonsoir Raoulraoul,

Vu ce qui se passe, j'aimerais bien que tu m'écrives sur le mail que j'ai donné, si ça t'intéresse aussi.
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