Rentrez !

[post scriptum]

Les pieds rangés sous les bureaux,
Cahiers fermés, pensée livrée,
Exécutée par les bourreaux
Blessant les ailes de leur craie.

Du casier à la sonnerie
Des vies classées, esprits cadrés
Par les fragiles savoirs gris
Glaçant aussi la cour cendrée.

Leçons, contrôles puis sanctions
Cognent les plumes cabossées.

Poids de l’ombre, sombre inspection.

Vieux reflet noir qui a froissé
Ses blancs désirs d’avion papier.

Mais en secret, se taille en fuite
Un cri récré bien déplié
Pour s’envoler, vivre sa suite.

Volets fermés d’un coup de règle
Phobie scolaire et vaste ciel,
Vite cacher
L’aigle
Eclairé,
Vif insoumis, né de nos fiels.

[post scriptum]

Vers 9 : "Leçons, contrôles puis sanctions"

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< OK. Corrigé.
La Modération. >

[jfmoods]

Le choix quasi-permanent des mode infinitif ("s'envoler", "cacher"), participe passé ("rangés", "classées", "fermés") et participe présent ("Blessant", "Glaçant") signale une mise à distance des choses, l'esprit "compte-rendu  à charge" du propos. Au-delà des thématiques croisées de l'oppression ("cadrées", "exécutées", "coup de règle") et de la liberté ("ailes", "avion papier", "fuite", "déplié", "s'envoler", "L'aigle"), c'est le jeu savant des sonorités qui fascine. Le choc régulier des principales labiales (b, p, v, f) donne un effet de sécheresse au poème. De même, le "c", répété, simule un claquement, le "s" un sifflement. Les occurrences du "r" ("fragiles savoirs gris" , "reflet noir qui a froissé") confèrent un effet rugueux, grinçant ou grondant. Concentrées dans les vers 9 à 11, les occurrences du son "on" (« Leçons », « contrôles », « sanctions », « ombre », « sombre », « inspection ») présentent un caractère lancinant et oppressant. Le " i ", récurrent ("désirs d’avion papier", "cri récré bien déplié", "Vif insoumis, né de nos fiels"), traduit la sensation d'une douleur ressentie. Les assonances et allitérations confirment le rapport de force violent institué par l'impératif du titre.

[seyne]

ce matin je réfléchissais à ce qui me pesait tant, et de quel chagrin, de quelle révolte secrète, l'école (malgré tous les bons souvenirs, malgré tout ce qui était - aussi - passion d'apprendre, jeu).

et ce poème parle de cela, je crois, cette indicible, intime protestation qu'on portait en secret, comme un deuil de la liberté, presque un seuil de soi. Un enfermement de l'enfance.
C'est très beau dit ainsi, par une forme classique, "contrainte", traversée de la liberté ailée des images.

[Soliflore]

L'école telle que Doisnaut a pu la photographier... Se mêlent aux odeurs de craie et d'encre qui sont les meilleurs souvenirs, les contraintes en tous genres pour obliger à apprendre à un gosse qui préfère les avions en papier... Je trouve que tout cela est très bien campé même si je trouve exagérés les "fiels". Quelques expressions qui me plaisent comme "les savoirs gris" qui montre le peu d'intérêt que leur accorde l'enfant ou bien "ses blancs désirs d'avion papier" et "les plumes cabossées", c'est dire s'il faut y mettre de la rage pour écrire quelques lignes.

Et maintenant, "sortez!"

Merci d'avoir dit ce que l'on n'ose plus s'avouer si tel est vrai qu'on occulte volontiers les moments nombreux où l'école était un calvaire.

[Annie]

Clic, clac
je crois entendre claquer le couvercle des plumiers
plumiers de bois ou métal, et blouse grise ou d'écossais...

Ce poème est plein de charme,
toutefois l'école ne m'a pas accablée, j'étais blindée je crois, indifférente tant cela me semblait plat, pas du fiel, de la bouillie.

[Arielle]

Rien que pour ces deux vers, je viens relire cette copie morose :

Vieux reflet noir qui a froissé
Ses blancs désirs d’avion papier.

Dans cette image je sens frémir toute la magie de l'enfance en butte aux contraintes.

[Annie]

avec Prévert et avec toi

http://eloge-de-l-arbre.over-blog.com/article-sans-titre-82225428.html

[pousse de bambou]

oui il est cool
j'aime beaucoup tous ces jeux de sonorités comme on aurait pu s'amuser de faire à l'école
et puis il y a un bel air de tendresse

[Lucy]

Je pense que Papa l'aimerait, celui-là. C'est même certain. J'ai cru le retrouver, sur les bancs de son école, dans ce poème.

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